Dans un précédent message j'indiquais que l'anglais n'était pas la langue naturelle des affaires, à l'inverse de ce que disait le responsable d'une école de langue et de ce que pensent (ou semblent penser) un nombre croissant de responsables. Je voudrais ici mettre l'accent sur une difficulté rarement soulignée : celle des faux amis. Et je le ferai en prenant trois exemples :
- celui de l'engagement. Il y a quelques semaines, un cabinet américain spécialisé dans les ressources humaines, Towers-Perrin, a publlié une étude dont les résultats indiquaient que 20% des travailleurs français étaient peu "engagés". S'il avait fait l'effort de traduire le mot "engagement" il aurait parlé "d'implication" ce qui n'a pas tout à fait le même sens, est moins fort. Cela aurait évité aux journalistes trop rapides quelques déclarations définitives sur le mal français. Mais je me demande surtout ce que ce même sondage aurait donné si l'on s'était méfié de ce faux-ami (l'engagement est en français un mot fort : on s'engage dans l'armée, dans un parti politique, pour une cause, pas dans son travail!) Peut-être aurait posé des questions plus conformes à l'expérience et à la compréhension des locuteurs français et aurait-on obtenu des résultats différents ;
- celui de client : il ne se passe de semaine qu'un tract de syndicat de fonctionnaires ne dénonce la volonté des pouvoirs publics de privatiser des pans entiers de la fonction publique, de remplacer les usagers par des clients. Cette crainte serait sans doute moins vive si leurs auteurs savaient que ce mot "client" utilisé dans les programmes qualité (et c'est là qu'on le rencontre le plus souvent dans l'administration) ne veut pas dire consommateur comme nous l'entendons (les anglais et les américains ont pour cela le mot "customer") mais usager au sens où l'on parle de client dans une architecture informatique client-serveur;
- et puisque je parle d'informatique, je ne résiste pas au plaisir de me rappeler les très longues et très oiseuses conversations de spécialistes à la recherche de nuances entre l'outsourcing et l'externalisation. Il s'agissait bien évidemment de la même chose, mais dans un cas en anglais et dans l'autre en anglais.