vendredi, décembre 24, 2010

Hortfeux porte plainte contre indymedia

Brice Hortefeux, le ministre que la justice a condamné pour racisme et atteinte à la présomption d'innocence, l'inénarrable inventeur de la présomption de culpabilité, veut, à la demande des syndicats de police, poursuivre en justice indymedia paris un site internet qui publie des photos de policiers en civil. Et ceci quelques jours seulement après que les mêmes syndicats (et le même ministre) aient toléré une manifestation de policiers protestant la condamnation de collègues qui avaient menti, commis des faux au risque d'envoyer en perpétuité en prison un innocent pour des faits commis par l'un des leurs. Ce qui pourrait donner quelques arguments à ceux qui veulent instaurer un contrôle citoyen sur la police.

Ce n'est pas la première fois que Hortefeux s'en prend à ce site si j'en crois cet article publié le 26 juillet dernier dans 20 minutes. Le même jour, il avait également annoncé qu'il porterait plainte contre deux entreprises spécialisés dans la volaille qui avaient joué avec le mot poulet. Le bruit fait autour de cette dernière plainte, l'oubli dans lequel était tombée celle de juillet fait penser qu'il pourrait ne s'agir que d'effets de manche, bien dans la manière de ce ministre dont le bilan en matière de sécurité n'est pas des plus glorieux.

Je ne connaissais pas Indymedia. Je suis allé le visiter. Il est vrai qu'il est vigoureusement engagé contre la loi Lopsi 2 et qu'il dénonce les violences policières. J'y ai trouvé quelques photos présentées comme de policiers mais aussi toute une série d'articles qui présentent les techniques de copwatch (de surveillance des policiers) inventées aux Etats-Unis il y a une quinzaine d'années. On comprend la colère des policiers, il est certainement très désagréable de se voir ainsi dénoncé, mais on aimerait qu'ils soient aussi en colère lorsque leurs collègues usent et abusent de leur pouvoir.

Indymedia.Paris est l'antenne française d'une organisation de presse alternative internationale : L'independent Media center qui a des antennes aux Etats-Unis, en Irlande, en Grèce, au Mexique, en Belgique… créé il y a une dizaine d'années il fonctionne de manière ouverte ("open publishing"), ce qui veut dire sans contrôle éditorial, d'où des dérives. Il publie de nombreuses informations de groupes contestataires de toutes sortes, souvent passionnantes et c'est certainement un excellent observatoire du radicalisme, mais il semble qu'il ne vérifie pas toujours l'exactitude des informations. D'où la présence sur ce site d'articles qui utilisent un vocabulaire pour le moins contestable (comme Zionazis pour décrire l'armée israélienne) et font circuler des thèses qui relèvent plus de la paranoïa que de l'exactitude journalistique.

Pour ce qui est de la police, il est vrai qu'elle n'est pas ménagée et que certains des textes paraissent plus inspirés par la colère que par la raison et le bon sens comme celui-ci : "Nous souhaitons apporter quelques précisions à ce travail de fond sur la police nationale. Depuis toujours la hiérarchie policière a tout fait pour montrer une bonne image d’elle même. Nous souhaitons montrer SON vrai visage, celui que la presse, volontairement, ne montre jamais. Oui la police nationale est une milice digne de celle de Joseph Darnand et alliance vire de plus en plus vers le FPIP (syndicat d’extrême droite de la police nationale). Lorsque celle ci tabasse des lycéens à coup de flashball…" Mais le web est plein de textes de ce tonneau qui ne méritent certainement pas des poursuites. 

Ces poursuites judiciaires sont évidemment destinées à calmer la grogne des policiers qui ne se sentent plus les privilégiés du régime mais elles posent un double problème :
- celui de la légitimité d'un contrôle citoyen de la police lorsque les institutions en charge de ce contrôle se révèlent défaillantes : pourquoi interdire aux citoyens victimes de violences policières de les dénoncer quand on sait que les policiers serrent systématiquement les rangs autour de leurs collègues coupables de ces mêmes violences?
- celui de la possibilité même d'interdire ce contrôle quand tous les citoyens sont équipés de matériel d'enregistrement, smartphones qui prennent des photos, filment et enregistrent et qu'ils ont tout à fait le droit de les utiliser sur la voie publique, comme le rappelait la commission de déontologie : "les journalistes et particuliers ont le droit de photographier et de diffuser des photos des forces de l’ordre si elles ne portent pas atteinte à la liberté de la personne ou au secret de l’instruction. Ces mêmes forces de l’ordre ne peuvent pas s’opposer à l’enregistrement de leur image ni confisquer les appareils ayant servi à cet enregistrement. Les seules exceptions sont les forces de l’ordre affectées dans des services d’intervention (Raid, GIGN, GIPN, BRI, sécurité du Président…), à la lutte anti-terrorisme ou au contre-espionnage, en vertu de l’arrêté du 27 juin 2008."

jeudi, décembre 23, 2010

Un nouveau scandale pour Nicolas Sarkozy : l'affaire Servier

Après l'affaire Bettencourt (qui, il est vrai, ne le mettait que très indirectement et sans doute de manière injuste en cause ) et l'affaire Karachi (qui, pour le coup, le mettait au centre des interrogations), voici l'affaire Servier qui met de nouveau en première ligne Nicolas Sarkozy puisqu'il a longtemps été l'avocat du groupe et qu'il s'est à plusieurs reprises présenté comme l'ami personnel de son fondateur. Comme dans l'affaire Karachi, il y a mort d'hommes.

J'imagine que dans les jours et semaines qui viennent, journalistes, inspecteurs de l'IGAS et juges vont mettre à jour les relations étroites que Nicolas Sarkozy a entretenus avec les acteurs de ce drame. Cela n'en fait évidemment pas un coupable, pas même un responsable de ce qui s'est produit. Reste que son nom va être une nouvelle fois associé à une vilaine affaire qui n'est plus, cette fois-ci, politique.

Même s'il a été dans cette dernière affaire absolument impeccable (je n'imagine pas d'autre hypothèse), cela fait beaucoup et amène à s'interroger moins sur sa personne que sur la confusion des genres qu'autorisent les doubles carrières. Avocat d'affaires réputé et homme politique ambitieux, cela ne fait pas un bon cocktail, pas plus que trésorier d'un parti politique (Woerth) ou animateur d'une campagne présidentielle et ministre du budget.

Ne serait-ce que pour éviter d'être accusé, l'ex-avocat du groupe Servier qu'est Nicolas Sarkozy peut être tenté de détourner l'attention de l'opinion et la porter du coupable (le laboratoire) vers l'administration. C'est exactement le tour de magicien qu'il est en train de jouer. Je ne suis pas sûr que la vérité ait grand chose à gagner à ces tours de passe passe. Et comme il y a mort d'hommes, on peut penser que les victimes et leur famille ne lâcheront pas le morceau. Sa campagne présidentielle commence sous de drôles d'auspices.

lundi, décembre 20, 2010

La neige, révélateur…

J'ai passé hier quatre heures à Londres à attendre pour prendre un Eurostar qui n'avait plus rien d'un train à grande vitesse. J'ai passé la semaine dernière trois heures dans des trains, des autobus pour aller d'Haarlem à Amsterdam (20 kilomètres). Une neige, deux pays, mais bien des similitudes. Dans les deux cas, j'ai observé :
- le même manque crucial d'informations, le pompon allant aux chemins de fer néerlandais dont les écrans continuaient d'afficher des trains alors que ceux-ci ne partaient plus depuis une bonne heure. Au moins Eurostar parle à Londres deux langues mais son français est à peu près incompréhensible,
- le manque criant voire l'absence de personnel : je n'ai pas vu un seul agent dans les gares d'Amsterdam et d'Haarlem ; à Londres, il n'y avait que des agents de sécurité débordés et des policiers,
- l'absence totale de coordination entre les différents opérateurs. A Londres, la queue était remplie de gens qui avaient manqué leur avion, qui n'avaient pas de billets : ils se sont faits refouler après plusieurs heures d'attente,
- l'inanité des services internet dont les messages lénifiants n'incitaient pas à retarder son départ,
- l'indifférence au confort des passagers : est-il donc si difficile d'offrir une tasse thé ou de café à des gens qui attendent dans le froid?
- le respect scrupuleux des règles tarifaires : des enfants pouvaient se geler dans la queue, pas question de leur permettre d'emprunter le couloir réservé aux premières classes.

PS. Oh J'oubliais : le train Londres Paris n'était pas plein. Il y avait quelques places vides (sans doute des places réservées pour des voyageurs qui devaient monter à Asford et qui ont au dernier moment annulé leur départ).

dimanche, décembre 19, 2010

Neige : qui fait pire?

J'étais il y a dix jours à Amsterdam pendant une tempête de neige : ville bloquée, plus de trains, personne dans les rues pour nettoyer pendant plusieurs jours, quatre heures pour rentrer d'Haarlem, d'ordinaire à vingt minutes. Les jours qui suivent, c'est au tour de Paris et de l'Ile de France d'être bloqués. C'est depuis hier Londres dont on ne sale pas, me dit-on, les rues faute de... sel. Plus d'avions, trains immobilisés par quelques centimètres de poudreuse. On savait que l'Europe allait mal, mais à ce point!

Ce qui, au delà de ces difficultés frappe est la différence des réactions. A Paris, les difficultés de circulation ont presque créé une crise politique, à Amsterdam, on sortait les luges et on continuait de circuler à bicyclettes comme si l'atonie des services publics était un fait de la vie, à Londres, chacun prend son mal en patience, radios et télévisions invitent à rester chez soi tout en s'inquiétant de l'impact de cette neige sur le chiffre d'affaires des commerces en cette veille de Noël. Il est vrai qu'on y a d'autres soucis, comme la prochaine hausse de la TVA et ces chiffres sur la pauvreté sortis en même temps que la tempête de neige (on est passé de 1,3 à 3,6 millions de pauvres en quelques mois).

- Posted using BlogPress from my iPad

samedi, décembre 18, 2010

Hortefeux : un ministre du désordre

Condamné une première pour racisme, une seconde fois pour atteinte à la présomption d'innocence, cela fait beaucoup pour un ministre de l'intérieur, beaucoup trop pour le patron d'une administration qui, plus que toute autre, du fait même de ses activités court le risque du racisme (il commence avec le simple délit de faciès) et de l'oubli de la présomption d'innocence. On ne saurait avoir une bonne police avec pareil individu à sa tête. Hortefeux doit démissionner ou plutôt être licencié pour ce que l'on appellerait dans le monde du travail une faute professionnelle lourde.


- Posted using BlogPress from my iPad

jeudi, décembre 16, 2010

Fillon, Hortefeux et la rhétorique

On se demande parfois pourquoi François Fillon est plus populaire que Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux et alii. C'est peut-être, tout simplement, qu'il a mieux compris les principes de la rhétorique classique, cet art de l'éloquence politique dont la première règle était, selon les anciens, la "captatio benevolentiae", gagner la confiance des auditeurs. C'est ce qu'il a fait à deux reprises cette semaine en disant tout simplement la vérité : les comportements des policiers condamnés étaient inexcusable, la gestion des chutes de neige a été calamiteuse. On éprouve spontanément plus de sympathie et de confiance pour celui qui dit tout simplement la vérité qui pour celui qui à force de mentir nous prend, comme fit à plusieurs reprises ces derniers jours Hortefeux, pour des imbéciles. Ce n'est pas grand chose, cela ne veut pas dire qu'on partage plus ses opinions, mais cela suffit…

lundi, décembre 13, 2010

L'Amérique, la France les immigrés

Wikileaks a publié un rapport secret de l'Ambassades Etats-Unis à Paris qui donne une image de l'action des Etats-Unis en Europe à des lieues de celle que véhicule depuis cinquante ans l'anti-américanisme. Bien loin d'être l'allié de la droite la plus bornée, l'ambassade américaine s'inquiète des difficultés de la société française à intégrer les immigrés. Elle y voit une des sources des tensions à venir et veut aider à les éviter. Ingérence dans les affaires françaises, il y a certainement, mais là où on ne l'attendait pas même si quelques articles publiés dans la presse il y a quelques mois (comme ici ou ), articles sans doute soufflés aux journalistes par l'Ambassade, nous avaient prévenus. Mais voici quelques extraits d'un câble rédigé en janvier dernier qui éclairent cette politique :

-"We believe that if France, over the long run, does not successfully increase opportunity and provide genuine political representation for its minority populations, France could become a weaker, more divided country, perhaps more crisis-prone and inward-looking, and consequently a less capable ally. To support French efforts to provide equal opportunity for minority populations, we will engage in positive discourse to set a strong example; implement an aggressive youth outreach strategy; encourage moderate voices; propagate best practices; and deepen our understanding of the underlying causes of inequality in France. We will also integrate the efforts of various Embassy sections, target influential leaders among our primary audiences, and evaluate both tangible and intangible indicators of the success of our
strategy."

- "The National Assembly, among its 577 deputies, has a single black member from metropolitan France (excluding its island territories), but does not have any elected representatives of Muslim or Arab extraction, though this minority group alone represents approximately 10 percent of the population. The Senate has two Muslim Senators (out of 343), but no black representatives and only a few Senators hail from other ethnic or religious minorities. (…) none of France's approximately 180 Ambassadors is black, and only one is of North African descent. Despite Sarkozy's appointment of leaders such as Rachida Dati, Fidela Amara and Rama Yade, minorities continue to confront a very thick glass ceiling in France's public institutions."

Cet intérêt n'est sans doute pas innocent. Les Etats-Unis sont engagés dans une bataille longue contre le terrorisme islamiste et voient dans le mécontentement de communautés immigrées musulmanes mal traitées une source de problèmes : constitution d'une classe de révoltés susceptibles de s'enrôler dans des mouvements radicaux et d'autant plus difficiles à contrôler qu'ils ont la nationalité de pays amis et ne peuvent être facilement refoulés. "Social exclusion, écrit l'auteur de ce câble, has domestic consequences for France, including the alienation of some segments of the population, which can in turn adversely affect our own efforts to fight global networks of violent extremists." Comment lui donner tort?

Nos politiques de droite qui flirtent si souvent avec l'islamophobie seraient bien inspirés d'écouter ce qu'ont à leur dire ces diplomates et de prendre modèle sur la politique en sept points que ce câble décline en sept points :
- engage in a positive discourse,
- set a strong example,
- launch agressive youth outreach,
- encourage moderate voices,
- propagate best practices
- deepen our understanding of the problem,
- integrate, target and evaluate efforts.

La vision américaine de l'Europe

La lecture des rapports de Wikileaks est absolument passionnante. Elle nous montre que les Américains ont une vision souvent très originale et moderne de l'Europe. Je pense à quelques phrases d'un câble consacré à la lutte contre le terrorisme en Espagne.

Son auteur propose de créer à Barcelone un "hub" anti-terroriste. Pourquoi Barcelone? Parce que c'est une ville dynamique, un port important, avec des communautés immigrées qui vivent en marge de la société et sont donc susceptibles de verser dans le radicalisme (il fait état de 60 000 paskitanais, le plus souvent célibataires et sans emploi installés en Catalogne), des groupes mafieux qui s'y sont installés pour développer leurs activités (trafic de drogue, de femmes…) et blanchir leur argent (25% des billets de 500€ qui circulent en Espagne se trouveraient dans la région de Barcelone). Mais Barcelone n'est pas la capitale de l'Espagne. Les Américains ne l'ignorent évidemment pas. C'est même à leurs yeux plutôt un atout, au point que ce hub qu'ils imaginent dans la capitale de la Catalogne (un officier accompagné de 7 attachés chargés de traiter, en collaboration avec les autorités locales des dossiers spécifiques) pourrait servir de modèle à des coopérations ailleurs en Europe : "The hub concept can also serve as a potential model of how we can work with our European allies in common purpose on law enforcement, security, and intelligence initiatives away from the more bureaucratic and politicized world of capital cities." Dit autrement, les spécialistes de la lutte contre le terrorisme américain ont pris acte de l'émiettement en cours de l'Europe, ils l'ont compris bien avant beaucoup d'Européens et sont prêts à (ou ont commencé de) ajuster leur politique en conséquence.

Marine Le Pen ou l'épuisement des signes

Nous pensions en avoir fini avec les références à la seconde guerre mondiale dans la politique. Mais non, les voici de retour et de la manière la plus inattendue. Grâce à Marine Le Pen, la représentante d'une famille politique qui s'est plus illustrée dans la collaboration avec l'occupant que dans la résistance. "Il y a dix ou quinze endroits où de manière régulière un certain nombre de personnes viennent pour accaparer les territoires (…) s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c’est une occupation du territoire. (…) Certes y’a pas de blindés, y’a pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants." Le pense-t-elle vraiment? Peu importe : il lui faut durcir son discours pour séduire la frange ultra du FN et l'outrance islamophobe ne peut, dans le contexte des primaires (ou guerre de succession) à l'extrême droite que servir ses ambitions. Reste que l'on peut se demander à quoi rime ce retour insistant de la seconde guerre mondiale dans notre vie politique et ce qu'il nous dit de sa place dans notre imaginaire.

Nous avons connu la France du déni, celle toute résistante des gaullistes, l'aveu pompidolien de 1972 (il faut "jeter le voile", beaucoup de Français ont collaboré, des horreurs ont été commises des deux cotés, il serait temps d'oublier), aveu intéressé puisque, nous l'avons appris hier au détour d'une conversation sur l'épuration, son oncle paternel avait été condamné à mort, la "période Shoa" (les Français ont collectivement fermé les yeux sur les crimes commis en leur nom), l'hymne à la résistance (la Nouvelle Résistance des maoïstes du début des années 70), la saison de l'ambiguïté illustrée par le parcours de François Mitterrand, séduit par le pétainisme avant de devenir résistant et la reconnaissance de la responsabilité française avec le discours de Jacques Chirac sur le Vel d'hiv.

Henri Rousseau dit tout cela infiniment mieux que moi dans Le syndrome de Vichy. Dans ce livre paru au Seuil en 1997, il distingue quatre périodes : le deuil inachevé de l'immédiat après-guerre (de 1944 à 1954), le refoulements (de 1954 à 1971), le  miroir brisé (de 1971 à 1974), 'obsession (depuis le milieu des années 1970).

Et voici la sortie de Marine Le Pen. Avec tout ce qu'ils colportent d'absurdité historique, de brouillage maladroit des symboles, ses propos sont à ce point absurdes qu'ils me font penser que la charge émotionnelle de cette période s'est tout simplement évanouie. Quand les signes n'ont plus de sens on peut leur faire dire n'importe quoi. Et c'est bien ce qu'a fait la future candidate à l'élection présidentielle du FN.

Hier soir, trois films à la télévision en prime time se déroulaient pendant la seconde guerre mondiale. Trois divertissements insignifiants, inutiles que personne n'a remarqués.

vendredi, décembre 10, 2010

Histoires de neige

Arthur Goldhammer se moque de la panique qui a saisi Paris et l'Ile de France avant hier avec cette neige. Il a raison, c'était ridicule. Et plus ridicules encore les dénégations des ministres.

Cet incident devrait amener les autorités à s'interroger sur la gestion de ces incidents climatiques qui semblent se multiplier et révèlent à chaque fois un peu plus la fragilité de nos sociétés contemporaines. Cette réflexion devrait être collective parce que je ne suis pas sûr que nous soyons les seuls à rester ainsi tétanisés devant quelques centimètres de neige. J'étais la semaine dernière à Amsterdam. Il y a neigé comme à Paris. Et les trains ont cessé de fonctionner. Impossible de se rendre de Haarlem à Amsterdam (25 kilomètres, une vingtaine de minutes d'habitude). Les rues d'Amsterdam sont restées couvertes de neige glacée pendant trois jours. On dira qu'Amsterdam n'a pas l'habitude de la neige, mais je me souviens de Genève complètement coincé pendant deux jours par une vingtaine de centimètres de neige Plus rien ne fonctionnait dans une ville qui sait pourtant ce qu'est le froid. Et je ne parle pas de Montréal dont les trottoirs sont restés en février dernier couverts de neige glacée pendant plusieurs jours dans certains quartiers (le dessalement y est réalisé par des sociétés privées et organisé par arrondissement, résultat : certains arrondissements attendent plusieurs jours pour déneiger). Pour ce qui est des Etats-Unis, je me souviens de nuits passées à attendre un avion qui ne partait pas du fait de la neige à Atlanta, à Boston et à New-York. Chez les autres, ce n'est pas mieux. Mais ce n'est évidement pas une excuse. Plutôt que de se défendre, les spécialistes de ces questions devraient revoir leurs méthodes et regarder ce que font ceux qui s'en tirent mieux (les Russes ou les Polonais peut-être?).

jeudi, décembre 09, 2010

On peut aussi aimer Sarkozy

J'ai croisé hier des sarkozystes, deux jeunes femmes charmantes, de droite, catholiques, de milieu traditionnel mais actives, rien à voir avec Nadine Morano, plutôt le genre Valérie Pécresse. C'était dans un de ces dîners entre invités qui ne se connaissent pas et ne se reverront probablement jamais où la conversation, à force de passer d'un sujet à l'autre, finit par tomber sur notre Président. Rien d'agressif dans les propos des uns et des autres, plutôt de la réserve et si la critique était, chez plusieurs convives, à fleur de peau, elle prenait la forme de l'ironie, de l'amusement lorsque ces deux jeunes femmes nous dirent qu'elles l'appréciaient tout particulièrement. C'est si étonnant en ces jours de sondages calamiteux que force fut de leur demander pourquoi. Leur réponse : il parle bien.

Elles auraient pu citer son dynamisme, sa manière de faire avancer les dossiers, son efficacité, ses réformes, l'un ou l'autre de ces arguments qu'avancent les militants UMP (ce qu'elles ne sont pas). Non, elles nous ont parlé de la manière dont il s'exprime. Et comme nous étions tous plutôt d'accord pour dire que la grammaire et l'élégance du style ne sont pas ses premières vertus, elles nous ont expliqué qu'elles comprenaient ce qu'il dit. Il est vrai qu'il n'y a chez lui ni la délicieuse ambiguité de Mitterrand ni la clarté trompeuse de Giscard ni la componction ennuyeuse de Balladur ni l'invention verbale de Ségolène Royal ni, bien sûr, le brouillamini technocratique de Rocard. Il y a autre chose, une autre chose qui ressemble assez bien au discours franc et carré, dynamique et entraînant de ces patrons de choc qui adorent jouer au tribun dans les réunions de cadres.

Je dis cela sans ironie. Sarkozy est moderne en ce qu'il parle aussi mal mais avec autant de conviction, de franchise et d'engagement personnel qu'un patron de PME qui n'a pas fait l'ENA et s'en félicite. C'est sans doute ce que ces deux jeunes femmes appréciaient chez lui. C'est aussi ce qui en exaspère plus d'un.

mardi, décembre 07, 2010

Que nous a appris Wikileaks?

Ai-je été le seul? J'ai bien aimé les révélations de Wikileaks. Et pour je crois de bonnes raisons. Les révélations du site nous ont, en fait, enseigné plein de choses. Dans le désordre :
- que la diplomatie sert à quelque chose. Si on se demandait à quoi elle servait, on a là une belle réponse : elle informe le pouvoir et de manière le plus souvent intelligente,
- que les diplomates américains travaillent et sont souvent aussi subtils que les meilleurs journalistes et bloggers,
- que les dirigeants américains que l'on accuse si souvent de provincialisme sont, en réalité, très bien informés de ce qui se passe à l'extérieur,
- que les puissances, toutes, les plus petites comme les plus grandes, n'hésitent pas à manipuler une Amérique qui n'a pas la liberté sur la scène internationale que l'on dit,
- que Barack Obama est un réaliste déguisé en gentil garçon : il veut bien négocier avec tout le monde mais a toujours un plan de rechange en préparation. Il est tout saut naïf!
- que les zones de friction se sont déplacées, que le Brésil et, surtout, la Chine posent aux Etats-Unis des problèmes nouveaux et réels,
- que l'Iran affole ses voisins arabes tout autant qu'Israël,
- que la maîtrise des technologies joue un rôle déterminant dans les relations internationales. Tout ce que l'on a appris de la bataille entre la France et les USA pour la vente d'avions de combats au Brésil porte sur son transfert : c'est à qui en donnera le moins,
- que beaucoup de décisions importantes se prennent derrière notre dos (comme celle qui concerne la livraison de pétrole à la Chine en provenance d'Arabie Saoudite pour l'inciter à modérer sa défense de l'Iran),
- que nos politiques, et c'est sans doute le plus important méritent mieux que l'image qu'on en a parfois : ils ne pensent pas forcément au court terme et s'intéressent aussi au long terme. Ils apparaissent dans ces cables souvent plus responsables qu'on le dit d'ordinaire.