Brice Hortefeux, le ministre que la justice a condamné pour racisme et atteinte à la présomption d'innocence, l'inénarrable inventeur de la présomption de culpabilité, veut, à la demande des syndicats de police, poursuivre en justice indymedia paris un site internet qui publie des photos de policiers en civil. Et ceci quelques jours seulement après que les mêmes syndicats (et le même ministre) aient toléré une manifestation de policiers protestant la condamnation de collègues qui avaient menti, commis des faux au risque d'envoyer en perpétuité en prison un innocent pour des faits commis par l'un des leurs. Ce qui pourrait donner quelques arguments à ceux qui veulent instaurer un contrôle citoyen sur la police.
Ce n'est pas la première fois que Hortefeux s'en prend à ce site si j'en crois cet article publié le 26 juillet dernier dans 20 minutes. Le même jour, il avait également annoncé qu'il porterait plainte contre deux entreprises spécialisés dans la volaille qui avaient joué avec le mot poulet. Le bruit fait autour de cette dernière plainte, l'oubli dans lequel était tombée celle de juillet fait penser qu'il pourrait ne s'agir que d'effets de manche, bien dans la manière de ce ministre dont le bilan en matière de sécurité n'est pas des plus glorieux.
Je ne connaissais pas Indymedia. Je suis allé le visiter. Il est vrai qu'il est vigoureusement engagé contre la loi Lopsi 2 et qu'il dénonce les violences policières. J'y ai trouvé quelques photos présentées comme de policiers mais aussi toute une série d'articles qui présentent les techniques de copwatch (de surveillance des policiers) inventées aux Etats-Unis il y a une quinzaine d'années. On comprend la colère des policiers, il est certainement très désagréable de se voir ainsi dénoncé, mais on aimerait qu'ils soient aussi en colère lorsque leurs collègues usent et abusent de leur pouvoir.
Indymedia.Paris est l'antenne française d'une organisation de presse alternative internationale : L'independent Media center qui a des antennes aux Etats-Unis, en Irlande, en Grèce, au Mexique, en Belgique… créé il y a une dizaine d'années il fonctionne de manière ouverte ("open publishing"), ce qui veut dire sans contrôle éditorial, d'où des dérives. Il publie de nombreuses informations de groupes contestataires de toutes sortes, souvent passionnantes et c'est certainement un excellent observatoire du radicalisme, mais il semble qu'il ne vérifie pas toujours l'exactitude des informations. D'où la présence sur ce site d'articles qui utilisent un vocabulaire pour le moins contestable (comme Zionazis pour décrire l'armée israélienne) et font circuler des thèses qui relèvent plus de la paranoïa que de l'exactitude journalistique.
Pour ce qui est de la police, il est vrai qu'elle n'est pas ménagée et que certains des textes paraissent plus inspirés par la colère que par la raison et le bon sens comme celui-ci : "Nous souhaitons apporter quelques précisions à ce travail de fond sur la police nationale. Depuis toujours la hiérarchie policière a tout fait pour montrer une bonne image d’elle même. Nous souhaitons montrer SON vrai visage, celui que la presse, volontairement, ne montre jamais. Oui la police nationale est une milice digne de celle de Joseph Darnand et alliance vire de plus en plus vers le FPIP (syndicat d’extrême droite de la police nationale). Lorsque celle ci tabasse des lycéens à coup de flashball…" Mais le web est plein de textes de ce tonneau qui ne méritent certainement pas des poursuites.
Ces poursuites judiciaires sont évidemment destinées à calmer la grogne des policiers qui ne se sentent plus les privilégiés du régime mais elles posent un double problème :
- celui de la légitimité d'un contrôle citoyen de la police lorsque les institutions en charge de ce contrôle se révèlent défaillantes : pourquoi interdire aux citoyens victimes de violences policières de les dénoncer quand on sait que les policiers serrent systématiquement les rangs autour de leurs collègues coupables de ces mêmes violences?
- celui de la possibilité même d'interdire ce contrôle quand tous les citoyens sont équipés de matériel d'enregistrement, smartphones qui prennent des photos, filment et enregistrent et qu'ils ont tout à fait le droit de les utiliser sur la voie publique, comme le rappelait la commission de déontologie : "les journalistes et particuliers ont le droit de photographier et de diffuser des photos des forces de l’ordre si elles ne portent pas atteinte à la liberté de la personne ou au secret de l’instruction. Ces mêmes forces de l’ordre ne peuvent pas s’opposer à l’enregistrement de leur image ni confisquer les appareils ayant servi à cet enregistrement. Les seules exceptions sont les forces de l’ordre affectées dans des services d’intervention (Raid, GIGN, GIPN, BRI, sécurité du Président…), à la lutte anti-terrorisme ou au contre-espionnage, en vertu de l’arrêté du 27 juin 2008."
1 commentaire:
il faudrait porter plainte contre ce monsieur aussi pour dissimulation des chiffres des voitures incendiées (comprendre actes de terrorisme), c'est comme si le ministre du travail refusait d'indiquer les chiffres du chômage !
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