samedi, mars 31, 2012

Hollande, le candidat sans charisme

S'il est est élu, François Hollande sera le premier président depuis Pompidou sans charisme. Il l'a d'ailleurs théorisé, et sans doute voulu, en se présentant comme un homme normal, ce que l'opposition a aussitôt traduit par insignifiant (transparent, voire, comme le dit Sarkozy qui ne le comprend vraiment pas, nul). Or, il est manifestement tout sauf cela. Intelligent et compétent, cela nul ne le lui retire, il aura su montrer tout au long de cette campagne deux qualités fortes : la maîtrise de ses émotions, à aucun moment il ne s'est laissé laissé entraîner dans la bataille de cour d'école dans laquelle voulait l'entraîner son adversaire, et la constance. Quoiqu'ait pu dire son adversaire dont on attend toujours le programme (en a-t-il seulement un?), il n'a pas dévié de sa ligne terriblement sérieuse. Pas si banal que cela, donc, pour un candidat "normal".

Il ne suscite pas l'enthousiasme comme avait su le faire en 2007 Ségolène Royal ou comme le réussit aujourdhui si bien Jean-Luc Mélenchon qui a su rendre confiance en eux-mêmes à ses 15% d'électeurs (15 ou 20?) qui se situent à la gauche de la gauche. Mais son adversaire est-il mieux loti? Il progresse dans les sondages, il grignote l'électorat tenté par Marine Le Pen, mais l'enthousiasme de ses meetings parait un peu poussif. Il est brutal, agressif, il s'agite, multiplie les propositions sans lendemain (combien de ses idées sont tout simplement irréalisables ou déjà actées?) mais qui a vraiment envie, dans son électorat, d'en reprendre pour cinq ans? S'il est élu, on saluera l'artiste, le combattant mais on se tournera vite vers autre chose.

Les commentateurs (et aussi sans doute beaucoup d'électeurs) sont nostalgiques des grandes gestes à la De Gaulle ou à la Mitterrand, des campagnes pleines de rebondissement à la Giscard et à la Chirac. Nous avons cette fois-ci tout autre chose. Une campagne de temps de crise où il est bien difficile de faire rêver avec la réduction des déficits.

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samedi, mars 24, 2012

Mario Draghi : le modèle social européen est mort

On a tort de ne pas lire le Wall Street Journal plus souvent. Le 23 février dernier trois de ses journalistes interviewaient Mario Draghi. Il leur expliqua que le modèle social européen était mort.

WSJ: Do you think Europe will become less of the social model that has defined it? 


Mario Draghi: The European social model has already gone when we see the youth unemployment rates prevailing in some countries. These reforms are necessary to increase employment, especially youth employment, and therefore expenditure and consumption.

Nous le devinions, il le confirme… Et tout le reste de l'entretien fait penser que François Hollande, s'il est élu, devra faire preuve de beaucoup de conviction pour atteindre ses objectifs.

PS Cet entretien avait fait en son temps l'objet d'un commentaire de Craig James Willy sur son blog.

Sarkozy, tuvalet kagidi (sic)

Tuvalet Kagidi veut dire en turc "papier hygiénique."


Ce produit made in Turkey est, depuis quelques jours, commercialisé par une société spécialisée dans les produits sanitaires dont le propriétaire était scandalisé par le texte sur le génocide arménien. Ce nom a été déposé à l'Institut turc des marques qui l'a accepté en moins de dix jours. Erol Kayseri, l'homme d'affaires à l'origine de ce produit a une double ambition : afficher ses opinions et gagner de l'argent avec tous ceux qui les partagent.

Mohamed Merah : les défaillances de l'Etat sécuritaire

Plus on avance dans l'affaire Merah plus il apparait que l'appareil sécuritaire a dysfonctionné. Mohamed Merah avait été identifié comme faisant problème par tous les services : services de renseignement militaire, DCRI, police locale (suite aux plaintes d'une mère de famille), services sociaux qui s'interrogeaient sur le train de vie d'une famille sans ressources officielles, psychiatres qui recommandaient un suivi psychologique, et il est passé au travers des mailles. Est-ce qu'il était, comme l'a assuré le patron de la DCRI totalement isolé? Mais comment, alors, expliquer qu'il ait trouvé de l'argent pour se procurer des armes? et qu'il ait su les trouver et les transporter, s'il est allé les chercher au Pakistan ou en Afghanistan? Son arsenal allait bien au delà de ce que possèdent les petits délinquants de banlieue.

On peut, comme certains responsables, expliquer qu'une société démocratique ne peut suivre tout le monde, mais Merah n'était manifestement pas tout le monde. On peut, comme l'a fait Nicolas Sarkozy, annoncer de nouveaux textes de loi. Mais on voit bien que tout ce que l'on a accumulé depuis dix ans n'a pas suffi. Et plutôt que de se précipiter et de voter de nouveaux textes, il faudrait comprendre ces dysfonctionnements qui ont probablement été à plusieurs niveaux.  Sont-ils le fait de négligences individuelles? sont-ils liés à des problèmes d'organisation et de coordination entre services? à des faiblesses dans les méthodes de travail? à un défaut de doctrine? Le champ d'investigation est large.

Il serait également utile de mieux comprendre ces phénomènes d'auto-radicalisation dont parle Bernard Squarcini dans son entretien au Monde : "Selon les déclarations qu'il a faites lors du siège par le RAID, il s'est autoradicalisé en prison, tout seul, en lisant le Coran. C'est un acte volontaire, spontané, isolé." Mais peut-on vraiment s'auto-radicaliser jusqu'à tuer de sang-froid des enfants en lisant le Coran? On fait parfois allusion à des phénomènes d'auto-radicalisation à partir d'internet, mais là… Connait-on d'autres exemples avec le Coran ou avec d'autres livres? S'agit-il d'auto-radicalisation ou de la recherche de justification de comportements qui n'ont rien à voir avec le contenu du livre? L'auto-radicalisation solitaire fait-elle partie des comportements que les psychologues observent régulièrement?

On le voit, cela fait beaucoup de questions auxquelles devraient s'attaquer rapidement une commission d'enquête.

vendredi, mars 23, 2012

Un nouveau scandale policier?

On avait eu le sentiment que la police avait bien travaillé dans l'affaire du tueur de Toulouse. Mais est-ce le cas? Les témoignages qui s'accumulent suggèrent une succession d'erreurs et d'approximations qui mettraient, si elles étaient confirmées, gravement en cause la gouvernance de cette institution :
- il y a le témoignage de cette mère de famille qui dit avoir à plusieurs reprises averti la police de la dangerosité du jeune homme, que cite le Télégramme,
- il y les critiques de Christian Prouteau , le fondateur du GIGN, qui s'interroge dans Oouest-France sur l'intervention du RAID et explique que l'on aurait pu prendre le tueur vivant si on l'avait inondé de gaz lacrymogènes,
- il y a dans Libération de ce matin, les interrogations de François Heisbourg sur le renseignement : "Merah, dit-il, n'a pas été adéquatement surveillé" Il souligne des incohérence :  la DCRI a interrogé Merah à l'automne et le procureur n'avait pas son adresse et rappelle qu'il était capital de le saisir vivant pour savoir qui l'a si bien formé…

Cela fait beaucoup d'échecs et dans des services différents d'une institution que le pouvoir en place contrôle depuis dix ans de très près. Cela mérite commission d'enquête parlementaire.

Comprendre ce jeune homme… Le peut-on?

Comment comprendre l'aventure de Mohammed Merah? Le traiter de dégénéré comme l'ont fait tant de commentateurs n'est certainement pas lui rendre justice, il n'était ni plus ni moins dégénéré que des milliers de jeunes en perdition. Parler de haine n'est pas non plus très éclairant. Décrire le processus qui l'a conduit là, ses séjours répétés dans des prisons devenues terreau islamiste peut aider à détruire une fabrique de terroristes mais n'aide pas comprendre ce qui peut amener un jeune homme par bien des cotés tout à fait normal à tuer de sang-froid des jeunes de son âge et des enfants? D'autant que ce jeune homme (appelons-le ainsi, ce qu'il fut quelques instants à la radio avant de devenir "individu" puis "forcené") ne ressemble à aucun profil connu de terroriste. Ce n'est ni un fou de Dieu ni un soldat perdu ni l'otage d'une organisation ou d'un groupe, comme les cobayes des expériences de Stanley Milgram. Et même s'il a été en contact avec des moudjahidines au Pakistan, il en était bien éloigné à Toulouse. On ne peut lui appliquer ni les schémas développés pour décrire les comportements des soldats allemands pendant la guerre ni ceux que l'on applique aux auteurs d'attentat suicide. C'était un homme seul (ou à peu près), semble-t-il, peu religieux et sans la moindre envie de mourir.

Qui peut donc nous aider à comprendre? Peut-être Levinas et sa théorie de la vision et du visage. La vision, explique-t-il, saisit les objets dans leurs qualités, leur taille, les situation dans l'espace… Le regard est perception, prise de connaissance. Le visage est tout autre chose : c'est l'infini qui troue la vision et qui nous révèle autrui.

Les textes de Levinas sont difficiles, souvent énigmatiques, mais si je ne les ai pas trop mal compris (et je suis loin d'en être certain), ils racontent une expérience quotidienne, celle qui fait que face à un visage, justement, nous voyons autre chose qu'un objet, un mystère dont on sait qu'on ne saura jamais le percer. C'est ce mystère, cet infini que Descartes trouvait dans notre conscience dans la troisième de ses Méditations (et qu'il appelait Dieu, ce que ne fait pas Levinas) qui nous interdit justement de traiter un visage comme n'importe quel objet. C'est bien pour cela, d'ailleurs, que Levinas parle à ce propos d'éthique, c'est-à-dire de responsabilité pour autrui. Si les visages deviennent objets, lorsqu'ils deviennent objets, plus aucune règle éthique ne s'applique. Et c'est peut-être ce qui est arrivé à Merah.

On nous a dit qu'il regardait beaucoup de jeux vidéos violents. Or dans ces jeux, on n'a pas en face de soi des visages mais des dessins, des images numériques qui peuvent représenter ce que l'on veut, un enfant, un extra-terrestre… devant lesquelles on n'éprouve aucune émotion, aucune compassion. Et, en ce sens, tuer un "objet enfant" c'est un peu la même chose que tuer un "extra-terrestre" numérique. Cela ne porte pas à conséquence. Seuls comptent la performance, le record, le nombre d'objets tués, la difficulté de l'épreuve. Toutes choses qui renvoient au sujet qui tire, manie la manette ou le pistolet.

Merah s'est comporté comme si ses cibles n'étaient que cela : des cibles, des objets à viser, toucher et non des visages devant lesquels on éprouve des émotions qui peuvent aller de la compassion à la haine. Est-ce en prison qu'il s'est transformé? au Pakistan? au terme d'un parcours personnel? tout se passe comme s'il avait cessé de voir autrui derrière ses cibles. En un sens son expérience rappelle celle de ces pilotes qui bombardent des villes abstraites, points sur une carte, à ceci qu'ils ne sont pas en face de leurs victimes et qu'ils sont pris dans une structure hiérarchique qui les amène à renverser le sens des valeurs (le respect des ordres passe avant celui de la vie humaine), ce qui n'était pas son cas.

Je ne sais si l'on peut vérifier cette hypothèse, mais si elle n'est pas complètement fausse, si les militaires et les enfants étaient, aux yeux de Merah, rien de plus que des points sur un écran, comme les immeubles sur ceux des pilotes de bombardiers, toutes les raisons qu'on avance, haine, vengeance, fondamentalisme religieux ne seraient qu'habillage idéologique, plus récits d'auto-justification que motifs ou causes de ses actes. Ce serait, dès lors, une erreur de croire qu'il suffirait de combattre l'intégrisme musulman ou l'apologie du terrorisme pour en finir à jamais avec ce type de massacre.

jeudi, mars 22, 2012

La police aurait-elle pu faire plus vite?

C'est ce que suggère Jean-Marc Manach, journaliste spécialisé dans les questions de sécurité internet, dans  son blog : Owni.

"D’ordinaire, écrit-il en s'appuyant sur  une source policière, ce genre d’opérations ne prend que quelques minutes. Une autre source, proche de ceux qui répondent à ce type de réquisitions judiciaires, indique de son côté qu’elles sont traitées “en 48h maximum“. Or, selon nos informations, ce n’est que le vendredi 16 mars, soit cinq jours après le premier meurtre, et trois jours après que la piste, considérée comme l’une des “priorités” des enquêteurs, ait été évoquée dans la presse, que la liste des 576 adresses IP a été transmise aux fournisseurs d’accès à l’internet (FAI). Ces adresses IP identifient les ordinateurs sur les réseaux, permettant donc de remonter jusqu’aux utilisateurs."

mercredi, mars 21, 2012

Le Grand Homme est prudent…

C'est le Canard Enchaîné qui nous l'apprend : Dominique de Villepin aurait bien obtenu ses 500 signatures (il aurait recueilli 600 parrainages), mais il aurait préféré jeter l'éponge "plutôt que de subir au premier tour un score humiliant  et, en conséquence, de ne pas être remboursé de ses frais de campagne, faute d'avoir atteint la barre des 5%." N'est pas grand homme qui veut!

Comment être Président quand on est candidat?

Les tueries de Toulouse rendent assez naturellement sa stature de Président à Nicolas Sarkozy. Il est à sa place, dans son rôle et les succès de la police redorent une image que de récents scandales avaient écornée. La difficulté est pour François Hollande, Bayrou et les autres. Que faire? Comment ne pas être relégué au rang de spectateur? Comment continuer de peaufiner, malgré tout, son image de présidentiable?

François Hollande a choisi de faire comme s'il était Président avec un discours qui rassemble, qui félicite et remercie. Ils nous donne une idée de ce qu'il sera en pareille circonstance quand il sera élu, s'il l'est. On remarquera qu'il n'y a pas grande différence avec Nicolas Sarkozy, comme si la gravité de l'heure leur donnait à tous deux une nouvelle dimension.


En ce sens, ils se détachent nettement des autres candidats qui sont, chacun à sa manière, restés fidèles à leur rhétorique. La plus grotesque a certainement été Marine Le Pen qui demande des excuses "aux salauds" et le plus décevant Bayrou qui n'a pas su prendre de la hauteur. On aurait aimé que Mélenchon soit plus convaincant mais parler d'un "criminel dégénéré", comme il a fait, n'est ni très heureux, ni très convaincant.

Le tueur identifié, individu ou jeune homme?

Le tueur de Toulouse a été identifié, la police (particulièrement efficace) le traque, les journalistes commentent sur place (mais à bonne distance) et dans les studios parisiens. Ils le font avec précaution tant ils disposent de peu d'informations, mais à mesure que le temps passe leur vocabulaire évolue lentement et leurs commentaires se font plus fermes : le "jeune homme" de 24 ans de 6h30 (sur France Inter) devient un "individu" vers 6h45. Il est une fois "suspect", une autre "présumé coupable." Ce n'est que vers 7 heures que l'on apprend son prénom (Mohammed), sa nationalité (française) et que l'on nous donne une amorce de biographie (séjours en Afghanistan, membre présumé d'une association islamiste interdite en janvier dernier, en difficulté avec sa sa mère qui refuse de lui parler, proche sans doute de son frère…). Nous écoutons, soulagés.

Il n'y a pas que la radio, il y a aussi Twitter qui nous donne, au milieu de commentaires qui ne sont pas tous d'une grande finesse, l'adresse du petit immeuble où serait retranché le tueur, rue Vigné à Toulouse, avec des photos prises sur Googleview :


Meurtres d'enfants

Tous les commentateurs insistent sur la dimension raciste, antisémite (indéniable!) de ces meurtres, mais ce qui frappe et touche le plus, ce que l'on retient d'abord, ce sont ces meurtres d'enfants exécutés de sang-froid qui réveillent, pour moi au moins, le souvenir de la tuerie d'Auriol en 1981. Il n'y a aucun rapport, juste cette sidération devant des actes qu'aucune haine ne peut expliquer. Seule une rationalité folle peut justifier ces crimes insensés. Dans le cas d'Auriol, il fallait éliminer un témoin, dans celui-ci, on ne sait, mais  il y a derrière tout cela un projet, un message. Ce tueur a quelque chose à nous dire, quelque chose que nous sommes, et c'est une chance, incapables de comprendre, de saisir, d'imaginer. Il aurait pu écrire un tract que personne n'aurait lu, il a préféré utiliser des armes. Bien loin d'être fou, comme on nous le dit, il est formidablement sérieux et sans doute très ennuyeux.

Nous ne comprenons toujours pas ce qu'il veut, nous ne le comprendrons sans doute jamais, mais nous pleurons avec les parents des enfants, les familles des soldats…

lundi, mars 19, 2012

Une carte du patrimoine immobilier de l'Etat

Nous savions l'Etat riche malgré ses difficultés financières. Data Publica vient de publier une carte mondiale du patrimoine immobilier de l'Etat qui impressionne. En voici un extrait : 



A propos des sondages

Les sondages ont envahi les commentaires politiques, rendant à peu près inaudibles les propositions ses candidats. Nous avons tous en tête les sondages de Bayrou mais qui peut citer une seule de ses propositions? Les hésitations de ces derniers jours ont relancé les interrogations sur leur fiabilité, mais c'est leur usage qui parait surtout problématique.

D'abord, comme le souligne ce matin Daniel Schneiderman dans sa chronique de Libé en reprenant les propos d'une auditrice de RTL, les journalistes qui les commentent si longuement se gardent bien d'annoncer les marges d'erreur. Les rappeler rendraient les commentateurs plus prudents

Ensuite, ces mêmes journalistes se sont trouvés de nouveaux collègues, les sondeurs, rebaptisés lorsqu'ils sont à la retraite politologues. Ils envahissent les plateaux politiques et nous livrent en direct une version littéraire de leurs études, version affadie mais pas moins intéressante que les commentaires des journalistes politiques. En fait, on ne voit le plus souvent pas grande différence. Mais à quoi bon cette concurrence? Est-ce l'obligation de trouver des intervenants "neutres" qui amène les télévisions à les inviter si souvent?

Le résultat est que l'on n'envisage les propositions des candidats que sous l'angle tactique, on s'interroge sur leur impact sur les sondages, rarement sur leur pertinence. Comme si l'élection était une compétition sportive dont le seul objet était la victoire. Alors, qu'il s'agit tout de même de choisir quelqu'un qui gouvernera pendant cinq ans.

Si les journalistes politiques et les sondeurs ont une responsabilité, ils sont bien aidés par les conseils en communication qui entourent les politiques. Ils sont devenus maîtres dans l'art d'exploiter ces chiffres qui sortent tous les deux jours. On voit aujourd'hui comment ils utilisent des sondages plus favorables au Président sortant pour remobiliser ses troupes et inquiéter celles de son adversaire. On devine qu'ils ont utilisé ceux calamiteux de Dominique de Villepin pour inciter des élus à ne pas lui accorder leur parrainage : à quoi bon parrainer quelqu'un qui ne représente personne? Dans l'autre camp, le gain d'un demi point donne à  Mélenchon des ailes et l'on commence à entendre quelques sons discordants du coté des socialistes depuis que la coté de Hollande s'effrite. C'est de bonne guerre, mais cela peut aussi être dangereux, comme l'a appris à ses dépens en 2007 DSK. Ses conseillers en communication nous avaient convaincu qu'il était celui que les Français attendaient. Mais, c'étaient les socialistes qui votaient et ils ont fait un autre choix.

dimanche, mars 18, 2012

Angela Merkel furieuse…

C'est le Spiegel qui le rapporte : les dernières annonces de Nicolas Sarkozy sur l'Europe, le traité de Schengen et le protectionisme ont tout simplement rendu Angela Merkel furieuse.  Au début de l'année, quand il était encore européen, Nicolas Sarkozy l'avait sollicitée pour participer à plusieurs réunions de campagne en sa compagnie, elle l'a comme on sait accepté d'en faire une, elle l'a même annoncé en public, puis elle a refusé de recevoir François Hollande (à la demande de Nicolas Sarkozy? nous l'ignorons). Fin février, Nicolas Sarkozy a décommandé cette première réunion. Quelques jours plus tard, à Bruxelles, une autre date est retenue puis il y a le discours sur l'Europe de Villepinte qui ne pouvait que fortement déplaire à la chancelière… Angela Merkel n'aurait aujourd'hui qu'un souhait : éviter un meeting qui l'obligerait à cautionner des positions qu'elle désapprouve complètement. Disons que malgré leur grande "amitié", elle connaissait mal Nicolas Sarkozy…

samedi, mars 17, 2012

L'intervention de DSK à Cambridge

On a beaucoup parlé de ces étudiants qui refusaient de recevoir DSK à Cambridge, on n'a pas dit un mot de sa conférence :  A tale of three trilemmas, texte passionnant, qui confirme sa très bonne connaissance de la littérature économique, sa véritable ouverture d'esprit (tout le monde ne cite pas l'économiste turc Dani Rodrik, l'un des critiques les plus subtils de la mondialisation) et un plaidoyer très convaincant en faveur de la création d'une union fiscale en Europe. S'il continue sur ce chemin, DSK peut espérer être souvent invité dans les meilleures universités. A quand une conférence au collège de France ou à l'Ecole d'Economie de Paris.

mardi, mars 13, 2012

Buisson, Sarkozy, les étrangers et les frontières


Le Monde publie ce soir une très intéressante interview de Patrick Buisson, présenté comme le stratège de Nicolas Sarkozy, mais que l'on pourrait aussi, à le lire, présenter comme celui qui a, dans son entourage, l'approche idéologique la plus cohérente. Une approche qu'il résume dans ce passage de l'entretien : "Le projet que porte Nicolas Sarkozy s'adresse à tout l'électorat populaire. Il est clairement le candidat d'une Europe des frontières.C'est en cela qu'il est le candidat du peuple qui souffre de l'absence de frontières et de ses conséquences en chaîne : libre-échangisme sans limites, concurrence déloyale, délocalisation de l'emploi, déferlante migratoire. Les frontières, c'est la préoccupation des Français les plus vulnérables. Les frontières, c'est ce qui protège les plus pauvres. Les privilégiés, eux, ne comptent pas sur l'Etat pour construire des frontières…"

Ce qui frappe à la lecture est, d'abord, combien ce discours s'inscrit dans la tradition de la droite la plus nationaliste. On attendrait presque qu'il accuse les privilégiés de cosmopolitisme… Combien il va également à l'encontre de la pratique politique de Nicolas Sarkozy qui a tout au long de son quinquennat, et pas seulement à ses débuts, mis en scène son amitié avec les Dassault, Bouygues, Lagardère… avec tous ceux qui, justement, dirigent des entreprises multinationales. Combien, encore, il est proche du fonds du discours du Front National. On ne sera donc pas étonné d'apprendre que la presse internationale le rapproche de Le Pen au point de l'appeler, comme le Wall Street Journal, Nicolas Le Pen.

Mais ce qui frappe surtout, c'est combien ce discours parait à coté de la plaque. Où donc est le peuple dont parle Patrick Buisson? Lui arrive-t-il de se promener dans la rue ? de prendre le métro? Il verrait que le peuple est infiniment plus varié, bigarré, riche de différences qu'il ne l'imagine. Quelques conversations dans la rue, dans le train, quelques promenades dans les grandes surfaces lui feraient découvrir que la France d'aujourd'hui entretient des liens étroits avec l'étranger. Nos enfants vont tous ou presque passer quelques mois en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux Etats-Unis, et pas seulement les plus riches. 80 000 étudiants français poursuivent aujourd'hui leurs études à l'étranger. Chaque année 28 000 étudiants partent poursuivre leurs études hors de nos frontière avec Erasmus, ce qui fait de la France le premier utilisateur de ce dispositif. Combien vont tomber amoureux d'un étranger ou d'une étrangère qu'ils voudront épouser mais auxquels les dispositions annoncées à Villepinte sur l'immigration interdiront de rentrer en France?

Sait-il qu'en année moyenne, de 30 à 40 000 couples mixtes se marient en France, ce qui représente de 12 à 15% des mariages? Tous ne sont évidemment pas blancs.

A-t-il un jour consulté les statistiques sur les déplacements des Français à l'étranger? Sait-il que les déplacements professionnels de Français à l'étranger représentent 2 millions de nuitées? que les Français ont réalisé en 1998, d'après la SOFRES, 16 millions de séjour à l'étranger? Ils n'étaient que 13 millions en 1993.

Les frontières ne sont plus ce qu'elles étaient. Elles ont perdu beaucoup de leur sens. Elles n'ont certainement pas disparu, mais elles ont perdu cette fonction protectrice qu'il leur prête. Qui, d'ailleurs, croit une seconde que la fermeture de nos frontières créerait le moindre emploi en France? A-t-on vu un employeur préférer, à compétences et salaire équivalent, un Marocain à un Français? On parle aujourd'hui beaucoup de protectionnisme mais où sont les services ou les produits qui ne comportent pas des composants venus d'ailleurs?

Quant aux étrangers, l'abondance des mariages mixtes montre qu'ils sont parfaitement tolérés.

Le Monde souligne que Patrick est de culture maurassienne. C'est l'évidence, mais faut-il le rappeler? Mauras sent plutôt la naphtaline et la France qu'il connaissait n'a plus grand chose à voir avec celle d'aujourd'hui.


lundi, mars 12, 2012

Khadafi a-t-il financé la campagne de Nicolas Sarkozy en 2006?

Mediapart continue son travail d'investigation en sortant, cette fois-ci une note de la police suggérant que la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 aurait été financée par Khadafi, via les bons offices du très sulfureux Ziad Takieddine. "Le 18 octobre 2011, explique l'article, les policiers ont versé au dossier d’instruction une note de synthèse sur laquelle figure une référence « GEN/ NS V. MEMO DG », qui contient sans les expliciter les initiales du président de la République. Cette note a été rédigée et remise aux enquêteurs par un témoin du dossier, Jean-Charles Brisard, ancien membre de l’équipe de campagne d’Edouard Balladur, en 1995, aujourd’hui dirigeant d’une société de renseignements privée. Le document contient aussi les références du compte suisse de la sœur de Jean-François Copé, le patron de l’UMP, dont M. Brisard est un proche. Mediapart s’est procuré l’intégralité de la note « GEN/ NS V. MEMO DG », qui n’a pas été communiquée aux enquêteurs par M. Brisard. Son contenu est explosif. Il s’agit des confessions de Didier Grosskopf, « DG », l’ancien médecin personnel de Ziad Takieddine, qui l’a accompagné à plusieurs reprises en Libye, pour y soigner des membres de la famille Kadhafi. Ces confessions ont été recueillies le 20 décembre 2006, à Lausanne, en Suisse, par M. Brisard."

On y apprend que tout serait passé au travers de Didier Grosskopf, neuro-chirurgien, ami de Jean-François Coppé qui aurait soigné Takieddine avant d'être poursuivi par lui en justice (faut-il rappeler que Jean-François Coppé est lui-même fils d'un professeur de médecine, proctologue réputé, et bien introduit dans ces milieux?).

Les informations de Mediapart se sont jusqu'à présent révélées justes mais leur impact politique est le plus souvent resté en deçà de ce que l'on pouvait attendre (ou craindre). Sans doute parce que Nicolas Sarkozy reste crédité dans l'opinion, malgré toutes ses faiblesses, d'une certaine honnêteté. Comme il est peu probable que la gauche exploite cette nouvelle embrouille, il n'est pas certain qu'il en sorte grand chose. Reste qu'il y a quelque chose d'un peu pénible à voir le candidat à l'élection présidentielle d'un parti puissant aller chercher des financements chez le moins fréquentable des dictateurs.

dimanche, mars 11, 2012

Villepinte : une prestation un peu triste

On nous avait promis un programme avec des mesures fortes. Il y a eu beaucoup de monde, beaucoup de drapeaux et de retraités et quelques jeunes très bruyants, une très vieille dame, Bernadette Chirac, et une brochette un peu pitoyable de soutiens très has been du showbiz (qui a eu l'idée de sortir Enrico Macias de la naphtaline, on se serait cru chez Drucker un dimanche après-midi, et d'inviter l'énorme et Depardieu? Ne manquait que Line Renaud!). Quant aux mesures…

Revenir sur l'espace Schengen déclaré cause nationale? Mais qui ce matin encore s'en souciait? Et la manière! Voilà que l'on veut imposer à nos partenaires européens de renégocier un traité qui fonctionne! Comment les conseillers de Nicolas Sarkozy, tout à leur obsession du Front National, n'ont-ils pas vu que faire cette proposition c'était se tirer une balle dans le pied et se retirer un des meilleurs arguments contre le projet de François Hollande de renégocier le dernier traité européen?

Idem pour le protectionisme. Croit-on que l'on avancera loin seul sur ce dossier quand il n'existe plus de produit qui ne soit mondial dans sa conception et ses composants? Toutes l'industrie, en France et ailleurs, s'y opposera. Quant au Buy European act (pourquoi ne pas le dire en français?), on peut s'interroger sur son efficacité sorti du domaine militaire.  

Nicolas Sarkozy donne de plus en plus le sentiment d'un canard qui continue de courir alors qu'on lui a coupé la tête. Il a toujours autant d'énergie et de talent. Son discours était bien tourné, bien donné, mais il n'a plus d'idées, plus d'ambition, plus de projet. Ce n'est pas tant la faute de son bilan, qu'il ne défend même plus, que de la crise dont il n'arrive pas à nous faire un récit convaincant.

vendredi, mars 09, 2012

Nicolas Sarkozy est-il stratège? habile tacticien ou balloté à tous vents?

Les déclarations de Nicolas Sarkozy sur ce qu'il ferait après les élections s'il était battu intriguent. D'un coté on voit bien comment l'on pourrait construire un scénario où ces déclarations successives seraient voulues et mises en scène : d'abord le teasing dans un entretien off, puis la confirmation, dans une émission de radio, avant la mise en scène d'une posture : la détermination d'aller jusqu'au bout. Mais, d'un autre, on s'interroge sur la pertinence de ce choix.

Est-ce stratégie à la manière de De Gaulle disant "moi ou le chaos", formule sur laquelle il est, on s'en souvient, revenu dans de passage d'un entretien pendant la campagne présidentielle avec Michel Droit : "Comme vous l'avez remarqué, je ne l'ai pas dit, "moi", et je n'ai pas dit "le chaos". J'ai dit et je répète ceci : S'il devait arriver le 19 décembre que le peuple français décidât d'écarter De Gaulle, c'est-à-dire, tranchons le mot, de renier ce qui est une partie de son histoire, et je le crois, excusez-moi, encore aujourd'hui, pour le moment, une nécessité nationale. Si le peuple français en décidait ainsi, je suis convaincu que le régime des partis revenant, ainsi que je l'ai expliqué tout à l'heure, ce serait, pour le pays, un immense malheur. J'ai dit pourquoi et je ne vois pas, encore une fois, qu'il puisse en être autrement, dès lors que, moi parti, ceux que nous savons, les fractions que nous savons, reviendraient les maîtres de l'Etat et de la République. Alors on dit : " Oui, mais votre succession ? ", parce que ça ne pourra pas durer toujours. Je suis le premier à savoir que ça ne durera pas toujours. Et bien, ma succession pour le moment n'est pas ouverte, à moins naturellement que le peuple français, encore une fois, l'ouvre lui-même dimanche prochain. Sinon, elle n'est pas ouverte. Et par conséquent, pour un temps dont je n'apprécie pas la durée, il sera possible à l'actuel Président de la République de le demeurer."

Mais comme le rappelle cette longue citation, De Gaulle développait un argumentaire sophistiqué, il opposait la Vème République au régime des partis et à leur chaos. On ne trouve rien de pareil chez Nicolas Sarkozy qui tente plutôt d'opposer sa personnalité à celle, supposée plus faible, de son principal adversaire.

Est-ce tactique, manière de reprendre la main dans les médias, d'occuper l'espace des journaux et de rendre inaudibles pendant quelques heures les propositions de François Hollande et François Bayrou? si tel est l'objectif, il est atteint, mais c'est au prix de l'inquiétude de son camp.

Reste une hypothèse : l'improvisation, la réaction à l'événement, la construction au tout dernier moment d'une campagne qui ne prend pas. A s'être laissé aller à des confidences sur son sort après les élections, Nicolas Sarkozy s'est exposé à des questions sur l'après-Elysée, et sauf à se dédire, il ne pouvait que confirmer. Restait à trouver comment tourner cela positivement. Après un début poussif (la séquence bruxelloise sympathique, amusante mais un peu insultante pour les responsables de l'Europe) cela a été fait de manière plutôt habile, en insistant sur la normalité (moi aussi, je peux être licencié, il faut bien alors que je fasse autre chose) et sur la détermination (je n'envisage pas la défaite), mais… le passif est si lourd : changer de métier? oui, mais pour quoi faire? Pour gagner de l'argent, pour en gagner autant que Clinton, Blair ou Schröder? Il n'y a certainement pas là de quoi faire rêver les électeurs.


Je laisse de coté, naturellement, l'hypothèse de la conduite d'échec qu'évoquait Dominique de Villepin. Elle peut séduire les amateurs de psychanalyse et serait certainement la plus désespérante pour la droite. Remarquons, toutefois, que ce serait, après DSK, le seconde remontée de l'inconscient dans cette élection.  

jeudi, mars 08, 2012

Un Sarkozy trop agressif?

Les commentateurs se partagent pour savoir qui de Nicolas Sarkozy ou Laurent Fabius a emporté le débat de l'autre soir. Mais au delà de ce calcul des points, des personnalités se sont révélées.

Nicolas Sarkozy a révélé un pan de sa personnalité qui n'était pas apparu si nettement en 2007. On l'a vu, dans ce débat mais aussi tout au long de la soirée, combatif, énergique, ce qui est plutôt positif, ne lâchant rien, toujours prêt à mordre son adversaire, ce qui est utile en campagne électorale, mais aussi agressif, violent, jamais avare d'insultes, méprisant à l'égard de son adversaire, qu'il soit journaliste ou homme politique. Autant de traits de caractère que l'on pouvait deviner au travers de mille échos de presse (ministre se demandant comment Guéant pouvait supporter d'être si mal traité, Fillon traité de collaborateur, humiliations répétées de ses proches…) et qui risquent de le desservir :
- le mépris peut, d'abord, le conduire à mésestimer son adversaire. A force de dénigrer François Hollande il risque de prendre au sérieux ses jugements publics,
- sa brutalité peut ensuite choquer une opinion inquiète qui préférerait sans doute un Président qui écoute à un Président qui affirme, clive, oppose,
- confondre culture et cuistrerie comme il l'a fait dans la séquence Tartuffe ne peut que lui aliéner un peu plus tous ceux qui, à gauche comme à droite, reste attachés à une certaine qualité scolaire.

Le Sarkozy bling bling a beaucoup choqué, mais on pouvait en sourire comme on sourit des facéties des personnages de la Vérité si je mens. Il n'est plus d'actualité, et c'est une bonne chose, mais il n'est pas certain que le nouveau Sarkozy soit beaucoup plus sympathique.

mercredi, mars 07, 2012

Immigration, toujours plus près du FN, toujours plus loin des Français

Nicolas Sarkozy a donc choisi de coller au FN dans sa politique de l'immigration. Non seulement il veut réduire de moitié (ou presque) le nombre d'immigrés, mais il souhaite réduire leur accès aux prestations sociales, au minimum vieillesse (une mesure demandée il y a quelques mois par des députés de la droite populaire et qui rapporterait à les entendre 200 millions d'€), au RSA… ce qui devrait tout simplement, si cette mesure était appliquée, augmenter le nombre de personnes âgées pauvres et remplir un peu plus les restos du coeur et autres structures caritatives.

Pour ce qui est de réduire le nombre d'immigrés, il compte s'attaquer au regroupement familial et aux dispositions qui permettent aux étrangers qui épousent des Français d'acquérir notre nationalité.

Il fait tout cela pour séduire les électeurs de Marine Le pen, qui s'empressera dés aujourd'hui, j'imagine, d'expliquer qu'il ne s'agit là que de demi-mesures. Dans la course à l'échalote, elle sera toujours en tête… Mais à trop vouloir séduire ces électeurs, il risque de s'aliéner bien d'autres Français. Le cas du mariage est typique. Sait-il qu'aujourd'hui le mariage avec des étrangers n'est plus seulement le fait d'enfants d'immigrés qui retournent prendre époux ou épouse au pays, mais aussi, de plus en plus de Français de souche qui rencontrent époux ou épouse lors d'études qui les amènent de plus en plus souvent à l'étranger? Sait-il que chez les jeunes étudiants les récits des difficultés que rencontrent époux et épouses étrangers pullulent et exaspèrent aussi bien les jeunes que des parents qui découvrent à cette occasion la réalité de la lutte contre l'immigration.

Il indiquait hier que nous vivions dans des sociétés ouvertes. Il a raison. Mais qu'est-ce qu'une société ouverte qui se ferme aux autres? Cette politique est doublement absurde : non seulement nous avons besoin d'immigrés, mais les flux de population sont, on le sait depuis longtemps, bien plus puissants que les barrières administratives : la lutte contre l'immigration ne réduit pas le nombre d'étrangers en France, elle fabrique des clandestins.

Sarkozy, Fabius

Que dire de cette longue soirée, commencée par de longs développements du Président sortant sur ses difficultés familiales, presque indécentes, disons plutôt gênantes, suivie par des échanges avec des journalistes plus incisifs que d'ordinaire, et par un débat qui fut, pour l'essentiel, à l'avantage de Laurent Fabius, avec ce moment délicieux sur Tartuffe, le normalien renvoyant son interlocuteur, condamné à dire, de manière un peu puérile qu'il l'avait lue lui aussi (mais Nicolas Sarkozy fit ce soir, à plusieurs reprises puéril), à cette lettre sur la comédie de l'imposteur qui la précède? Qu'en dire donc, sinon que Nicolas Sarkozy fut à plusieurs reprises inutilement agressif et que François Hollande a eu raison d'envoyer au front Laurent Fabius dont l'élégance, la culture et la distance tranchaient avec la brutalité d'un adversaire qui fit, ce soir, étrangement, aussi mine basse qu'il y a cinq ans devant Ségolène Royal, ce qui, faut-il le rappeler? ne lui réussit pas si mal.

mardi, mars 06, 2012

La campagne est ennuyeuse?

Voilà le nouveau thème de la semaine : la campagne serait ennuyeuse. Ce qui donne aux commentateurs politiques de quoi s'interroger doctement. Ce serait, nous disent-ils, de la faute des candidats, de Nicolas Sarkozy qui recycle sans succès ses idées d'il y a cinq ans, de François Hollande qui ne voudrait surtout pas prendre le risque d'une erreur. Mais une campagne électorale, ce sont des politiques et… des journalistes. Si la campagne s'attarde sur des sujets insignifiants comme la viande hallal, c'est bien que les journalistes font tourner sans fin cette question idiote.

Il leur serait assez simple de rendre la campagne intéressante : qu'ils cessent d'interroger les candidats sur les propositions les plus stupides de leurs concurrents et qu'ils les forcent à développer ce qu'il peut y avoir d'intéressant et d'original dans leur programme. Exemple : la proposition sur le logement de Nicolas Sarkozy (augmenter de 30% les surfaces constructibles). L'idée mériterait d'être précisée, développée… mais non, on la laisse filer. Idem, la proposition de mettre un taux d'imposition à 75% pour les revenus les plus élevés. Un journaliste un peu versé en économie pourrait pousser Hollande à préciser ce qu'il attend de cette mesure astucieuse et, je crois, pertinente, mais qui ne va pas de soi… Mais non, ils jouent au mistigri et s'étonnent ensuite que la campagne soit ennuyeuse…

Le n°2 de l'OAS parle

Bertrand Le Gendre qui fut longtemps journaliste au Monde vient de publier un livre d'entretiens avec Jean-Jacques Susini qu'il présente comme le n°2 de l'OAS. Livre qui nous replonge dans ces années de plomb et qui nous donne surtout l'occasion de regarder, comme au travers d'un trou de serrure, ce que peut être la vision de l'histoire d'un terroriste rangé des affaires mais responsable, directement et indirectement, de centaines de morts.


On n'est pas déçu. Non seulement il n'a rien regretté (sinon l'attentat contre André Malraux organisé par quelques étudiants parisiens et l'assassinat de six éducateurs à Chateau Royal, à coté d'Alger, un centre fondé par Germaine Tillon), mais il a toujours la même haine. "En quittant mon pays et les miens, je songe, dit-il en conclusion de ce livre, au serment d'Hannibal : haïr Rome jusqu'à son dernier souffle."

Issu d'une famille très conservatrice, pétainiste, voire fasciste  (il avait un oncle qui gardait dans son bureau une photo de Mussolini), il entame des études de médecine et plonge vite dans l'activisme avec une idée en tête, une seule, semble-t-il, mais très fixe : conserver l'Algérie française. Lorsque l'OAS se crée il en devient le n°2 chargé de la propagande. Et lorsqu'il revient sur cette aventure, cinquante ans plus tard, il n'éprouve pas le besoin de porter le moindre jugement politique sur ce que fut son action. Ses analyses portent exclusivement sur les faiblesses organisationnelles de l'armée secrète, faiblesses qu'il décrit longuement et attribue pour l'essentiel à la tradition militaire de la plupart de ses membres (arrogance, bureaucratie…) et à l'indiscipline brouillonne et fanfaronne de ses camarades pieds-noirs.

On devine, à le lire, que s'il a beaucoup réfléchi à cet échec, il ne s'est intéressé qu'à sa dimension technique sans jamais remettre en cause le projet politique. Lorsque Bertrand Le Gendre lui fait remarquer que le FLN était poussé par le vent de l'histoire, il répond : "Les choses auraient pu tourner autrement. De Gaulle aurait pu disparaître, victime d'un accident, d'un problème de santé ou d'un attentat."

Pourquoi l'OAS n'a-t-elle pas plus séduit les pieds-noirs? Pourquoi a-t-elle suscité aussitôt la répulsion des métropolitains, l'opposition du contingent et les réticences de l'essentiel de l'armée professionnelle? Quelle est sa responsabilité dans l'exode massif des pieds-noirs? Autant de questions qu'il semble ne s'être jamais posées alors même que c'est de ce coté qu'il faudrait chercher des éléments d'explication.

Lorsqu'il parle des musulmans, ce pied-noir qui avoue être resté toute sa jeunesse enfermé dans la villa familiale, révèle une méconnaissance abyssale de ceux qu'il combattait. Ses jugements sont on ne peut plus sommaire quant ils ne frôlent pas une forme inconsciente de racisme comme dans ce passage où on l'interroge sur le FLN : "Il y a une différence : le fanatisme religieux qui, souvent, anime les musulmans pro-FLN. Chez les Européens, il y a beaucoup de gens résolus mais ça s'arrête là (…) Le fanatisme nous est étranger. Nous refusons des commettre des attentats-suicides. On ne peut pas attendre des Européens la même résistance au combat que des musulmans. Et à la torture le cas échéant. Nous n'appartenons pas à la même civilisation, à la même culture. C'est un trait fondamental."

Ce jugement faussé s'applique également à ce qu'il dit de ses camarades. Il trace de Degueldre, responsable des commandos Delta chargés des assassinats un portrait aimable, presque fleur bleue (il était amoureux…) . Même chose pour Claude Piegts, autre terroriste condamné à mort pour avoir participé à l'exécution d'un policier et au massacre de Chateau-Royal.

On retiendra de ce livre deux autres éléments : le portrait qu'il trace du général Salan qui parait s'être lancé dans une aventure à laquelle il ne croyait pas et le récit qu'il fait de sa tentative désespérée et absurde de nouer des liens avec le FLN à la toute fin. Tentative qui lui sera reprochée par ses amis d'extrême-droite et qui confirme ce qui transparait au travers tout ce livre : le terrorisme n'est pas une pensée politique mais une dérive obsessionnelle qui aveugle sur à peu près tout, ses ennemis, ses adversaires, ses soutiens potentiels… La leçon vaut probablement pour bien d'autres mouvements extrémistes.


dimanche, mars 04, 2012

Coalition conservatrice européenne contre Hollande

D'après le Spiegel de ce week-end, Angela Merkel, Davide Cameron, Mario Monti et Mariano Rajoy se sont concertés et entendus pour ne pas recevoir François Hollande pendant la campagne électorale, choisissant ainsi, au rebours des usages internationaux les mieux respectés, d'intervenir directement dans la campagne électorale. On peut imaginer qu'ils l'ont fait à la demande expresse de Nicolas Sarkozy et sous l'impulsion d'Angela Merkel qui s'est la première engagée en faveur du Président sortant. Le motif avancé est qu'ils  qu'ils veulent sauvegarder l'accord européen que François Hollande dit vouloir renégocier. Reste qu'il s'agit d'une drôle de manière de défendre l'Europe. S'ils voulaient apporter des munitions à tous ceux qui dénoncent le déficit démocratique de la construction européenne, ils ne s'y prendraient pas autrement. Après avoir imposé leur gouvernement aux Grecs et aux Italiens, voilà qu'ils voudraient nous imposer leur candidat. C'est naturellement inadmissible et imbécile : croient-ils une seconde que cela va faciliter l'élection de Nicolas Sarkozy? ou convaincre François Hollande de changer de posture?

Espérons que les protestations que ce comportement va susciter dans les jours qui viennent tant en France qu'ailleurs en Europe leur permettront de trouver quelques heures pour recevoir celui que tous les instituts de sondage annoncent comme le prochain Président de la France.

Sarkozy : une barre à droite qui déboussole l'électorat conservateur

Nicolas Sarkozy a donc choisi de mettre la barre à droite au risque de prendre à revers un électorat conservateur qui, à l'inverse de ce que disent beaucoup de journalistes, aurait plutôt tendance à dériver vers le centre. C'est du moins le sentiment que donnent les conversations que l'on peut avoir avec des électeurs de son bord qui s'étonnent de ses choix et avouent ne pas les comprendre. "Mon problème, me disait ce soir un chirurgien, ancien élu de l'UMP en province, ce ne sont pas les immigrés mais ma fille qui, malgré un bac + 5, ne trouve pas d'emploi."

Cela n'en fera pas un électeur de François Hollande ni même de François Bayrou mais pas, non plus, un propagandiste de Nicolas Sarkozy. Et c'est sans doute cela qui manquera le plus au candidat président : des électeurs convaincus. Plus il penchera à droite, plus il instillera le doute chez ces électeurs, les empêchant de faire l'effort de convaincre leurs proches de voter pour lui.

samedi, mars 03, 2012

Crise financière : deux phrases qui disent (presque) tout

Il est des chiffres et des phrases qui sonnent tellement justes qu'on ne peut les oublier. J'en ai rencontré deux au fil de mes lectures de ces derniers jours qui me paraissent particulièrement significatives.

La première est extraite d'une libre-opinion publiée dans le New-York Times (Phil Angelides, Will Wall Street ever face Justice?). Son auteur se demande si les responsables de la crise financière seront un jour jugés et il écrit : "The Financial Crisis Inquiry Commission ... was given a budget of $9.8 million — roughly one-seventh of the budget of Oliver Stone’s “Wall Street: Money Never Sleeps.”" Le budget de la commission chargée d'enquêtée sur l'origine de la crise financière qui ruiné des millions d'Américains est le septième de celui du film d'Oliver Stone qui dénonce cette même crise. Hollywood trouve plus d'argent pour dénoncer les criminels que la justice américaine pour les identifier. N'est-ce pas cela aussi le populisme? On donne au peuple l'envie de crier contre des responsables que l'on ne se donne pas les moyens de poursuivre.

La seconde est une phrase, semble-t-il célèbre aux Etats-Unis, que j'ai trouvée en épigraphe d'un article savant d'Augustin Landier sur l'évasion fiscale : "We don't pay taxes. Only the little people pay taxes." Une phrase prononcée par une milliardaire américaine, Leona Helmsley, condamnée à plusieurs mois de prison il y a quelques années pour ce que nous appelons de ce coté-ci de l'Atlantique abus de biens sociaux. "Nous les riches, nous ne payons pas d'impôts, seuls les pauvres en paient." Ce qui n'est probablement pas tout à fait faux s'il est vrai comme l'indique Gabriel Zucman dans un papier étonnant publié il y a quelques mois, que 8% de la richesse des ménages est placée dans des paradis fiscaux.

vendredi, mars 02, 2012

Marine Le Pen : une campagne qui dévisse mais…

Marine Le Pen était très bien partie, on lui promettait même d'être présente au second tour mais depuis quelques jours plus rien ne va. Elle se tasse dans les sondages, est rappelée par son père (ses propos sur Brasillach) et quelques électeurs avinés (les insultes racistes à l'égard d'Arnaud Montebourg et Audrey Pulvar) au pire de l'extrême-droite et s'efface, enfin, devant Jean-Luc Mélenchon qui l'attaque de cette manière virile que les électeurs du FN apprécient tant. Pour compliquer les choses, elle n'est pas sûre d'avoir ses 500 parrainages et doit abandonner des meetings en province faute d'argent, les banques hésitant à prêter à une candidate qui n'est pas sûre de pouvoir concourir, et donc rembourser.

Peut-elle reprendre la main? Ce n'est pas certain tant sa campagne parait mal engagée. Elle a voulu cibler les classes populaires, les ouvriers, or, il apparait que ceux-ci ne lui font pas confiance pour les défendre. Elle a voulu dédiaboliser le FN, faire oublier son antisémitisme pour le remplacer par l'anti-islamisme déguisé en laïcité, elle a oublié que ses militants, ceux qui se rendent dans ses meetings, qui distribuent ses tracts, participent à l'activité du FN et répondent aux journalistes, les plus visibles, les plus bavards, donc, restent très marqués à droite et sont plus dans la tradition poujadiste que dans une tradition ouvriériste.

Est-ce à dire que son projet politique est condamné? Non. Les Présidentielles seront sans doute difficiles et décevantes pour le FN, mais l'après-présidentielle reste prometteuse. Si Nicolas Sarkozy est battu, et Marine Le Pen y contribuera qu'elle participe ou pas à l'élection, il y a de fortes chances que la droite implose et se recompose autour des deux ou trois pôles que l'on voit aujourd'hui se dessiner : un pôle nationaliste autour du FN et de la droite populaire, un pôle néo-gaulliste autour de Dupont-Aignan et Dominique de Villepin et un pôle conservateur autour de Wauquiez, Bertrand, Coppé, Raffarin…Cela commencera par des alliances avec le FN que les uns accepteront et que d'autres refuseront, cela continuera par des batailles pour les postes et les candidatures plus difficile à éviter lorsque l'on est dans l'opposition sans chef incontesté. Parce qu'on l'aura remarqué, dans chacune de ces familles plusieurs peuvent prétendre au statut de leader.

jeudi, mars 01, 2012

Peut-on défendre l'imposition à 75% des très hauts revenus?

François Hollande a supris tout le monde et déchaîné à droite une véritable bronca en annonçant qu'il envisageait de taxer à 75% les revenus annuels supérieurs à 1 million d'euros. C'était sans doute l'objectif tactique et de ce point de vue, ce fut pleinement réussi. La droite qui s'offusquait hier encore des retraites chapeau et des bonus se voit aujourd'hui condamnée à défendre ceux qui les perçoivent et renvoyée au bouclier fiscal et autres mesures en faveur des riches.

Ses principaux arguments, relayés par la presse économique et… les organisations de footballeurs tiennent en quelques mots :
- cette mesure entraînera l'exil fiscal des plus grosses fortunes,
- dans un environnement de concurrence internationale, on ne peut pas faire autrement que les autres (qui ne taxent au plus que de 56% les hautes fortunes),
- le rendement sera faible, tant les hauts revenus ont à leur disposition de solutions pour échapper à l'impôt,
- la morale n'est pas un argument économique
- ces hauts salaires rémunérèrent des compétences et des responsabilités exceptionnelles.

Tous ces arguments ne sont pas faux. Le rendement de cet impôt sera probablement faible et il contribuera sans doute à accélérer un exil fiscal déjà bien engagé. Mais tous ne sont pas justes non plus :

-  la concurrence internationale ne concerne qu'un nombre très limité de professions. Il existe effectivement un marché mondial des sportifs, mais c'est à peu près tout. On connait peu de dirigeants de grandes entreprises allemandes de nationalité française, anglaise ou américaine, on ne connaît de dirigeants d'entreprises italiennes, britanniques ou américaines qui soient français, allemands ou espagnols. Le marché des cadres dirigeants reste étonnamment national.

- rien ne justifie que les compétences ou responsabilités exceptionnelles soient si bien rémunérées. Louis Gallois expliquait l'autre jour qu'il gagnait, comme Président d'EADS, 2, 6 millions d'euros par an, soit dix foix plus que lorsqu'il était Président de la SNCF. A-t-il aujourd'hui dix fois plus de responsabilité et est-il dix fois plus efficace? Bien malin qui pourrait le prouver.

- la morale compte en politique. Surtout dans les périodes de crise où l'on demande à chacun de faire des efforts considérables. Il y a quelques années, Paul Davidson, un économiste post-keynesien, avait montré que c'était dans les Etats américains qui avaient le plus baissé les impôts qu'il y avait le plus de fraude fiscale (in Economics for a Civilized Society, 1996). Bien loin de réduire celle-ci, les baisses d'impôts avaient convaincu les citoyens qu'il n'était pas naturel d'en payer. Plus près de nous, Paul Piff de l'université de Californie a montré, en s'appuyant sur des expériences, que plus on est riche, plus on est à même de tricher : " plus on est riche, dit-il, plus on a  une perception favorable de la cupidité." (Higher social class predicts increased unethical behavior)

Une imposition forte des plus hauts revenus est sans doute le meilleur moyen de lutter contre les inégalités qui se sont développées à mesure que l'on a réduit les impôts, comme le suggère la comparaison de ces deux graphiques qui représentent, le premier, l'évolution du taux marginal d'imposition aux Etats-Unis et le second la montée des inégalités toujours aux Etats-Unis : plus le premier baisse, plus le second progresse :





Ce qui se conçoit intuitivement assez bien : plus l'impôt est élevé sur les hauts revenus, moins il est intéressant d'en percevoir et plus il est tentant de chercher d'autres satisfactions (titres, honneurs…).

Ces revenus très élevés présentent, par ailleurs, plusieurs inconvénients :

- ils entretiennent l'inflation sur le marché de l'immobilier dans les centres ville, comme l'illustre à merveille le cas de Londres, ce qui accentue la ségrégation sociale et complique la vie des moins fortunés qui doivent se loger de plus en plus loin des centres ville où ils travaillent,

- ils favorisent la dégradation des services publics. Les plus riches ne supportent pas les inconvénients de la vie en collectivité. Puisqu'ils en ont les moyens, ils veulent pouvoir y échapper en payant. Qui prend l'avion régulièrement peur le voir sur un exemple insignifiant : les queues pour l'enregistrement. Mais il est d'autres exemples plus inquiétant dans la santé ou l'éducation : les banquiers français installés à Londres voudraient tous mettre leurs enfants au lycée français. Il se trouve que celui-ci ne peut recevoir tout le monde. Etant gratuit, il doit sélectionner les élèves sur des critères du type "enfant ayant commencé ses études en France" qui ne favorisent pas les banquiers installés depuis longtemps qui aimeraient pouvoir acheter leur place au lycée puisqu'ils en ont les moyens et militent donc pour que le lycée devienne payant…

- ils créent et annoncent la création d'une classe de rentiers. Tous les enfants de ces super-riches seront eux aussi très riches et n'auront évidemment pas besoin de travailler. Où est là le mérite? et l'intérêt pour l'économie?

- ils entretiennent les difficultés économiques de nombre d'entreprises. Le cas du football est caractéristique : on sait que beaucoup de clubs de football sont très endettés : les clubs anglais cumulent une dette de près de 4 milliards d’euros, l’Espagne flirte avec la barre du milliard d’euros, et l’Italie s’approche du demi milliard,  ils le seraient certainement moins s'ils payaient de manière plus raisonnable leurs joueurs.

Enfin, ces inégalités sont prometteuses de turbulences sociales dans des périodes de très forte tension budgétaire. Or, on sait, depuis les travaux de Ponticelli et Voth (Austerity and Anarchy : Budget Cuts and Social Unrest in Europe, 1919-2008) que les périodes de coupes budgétaires sont associées à des moments de forte turbulence sociale.

Pour tous ces motifs, cette mesure est bonne. Son principal inconvénient est l'exil fiscal. Mais n'est-il pas déjà réalisé pour les plus grosses fortunes? Et ne serait-il pas temps de faire preuve d'un peu moins de complaisance avec tous ces sportifs, chanteurs et autres vedettes qui doivent leur carrière à la France et qui trouvent bon de s'installer en Suisse, à Monaco ou ailleurs?