mercredi, juin 30, 2010

Woerth, pelote de fil : et maintenant les comptes de l'UMP

L'extraordinaire dans des affaires comme celle de Woerth est qu'elles sont comme une pelote dont on tire un fil… toujours plus long. Voici que le Canard Enchaîné enquête sur Eric Woerth, reconstitue sa carrière et retrouve sur son chemin quelques personnages sulfureux, comme Jean-François Mancel ou… Louise-Yvonne Casetta, la fameuse cassette. C'est le système de financement de l'UMP qui se retrouve aujourd'hui sous les projecteurs. Ce qui est une très mauvaise nouvelle pour Eric Woerth (et expliquerait que l'on entende des craquements dans sa défense) d'autant que son dossier s'enrichit d'une nouvelle affaire qui mérite, pour le moins, explication : la succession Wildenstein traitées par l'administration fiscale avec un bien étrange indulgence.

Maintenant que le financement de l'UMP (et donc de la prochaine campagne présidentielle) est sorti de l'ombre, on peut penser que les jours de Woerth au gouvernement sont comptés. Reste à savoir s'il tiendra jusqu'au 14 juillet ou s'il sera forcé de démissionner avant que cette affaire ne crée trop de dégâts collatéraux.

mardi, juin 29, 2010

Il faut changer de gouvernement

Combien de temps ce gouvernement peut-il encore tenir? Le climat politique s'est en quelques semaines tant dégradé que l'on ne peut que s'interroger sur la capacité de l'équipe en place à gouverner.

Les soupçons sur Eric Worth vont compliquer les négociations sur les retraites. Je doute que Bernard Thibault demande au ministre des nouvelles de Mme Bettencourt, comme le suggère Thierry Desjardins dans son blog, il est trop bien élevé pour cela, mais les difficultés du ministre rendront plus difficiles les compromis. Les syndicalistes sont plus que d'autres sensibles aux rapports de force, ils ont été nourris de cela, et les scandales actuels renforcent l'exaspération de leurs mandants en même temps qu'ils affaiblissent un gouvernement qui a d'autant plus besoin de succès rapides qu'il est dans la nasse. C'est peu de choses, mais cela rend les négociations plus tendues.

Mais il n'y a pas que lui. L'un des effets secondaires de ce climat est de compliquer les relations toujours difficiles entre les ministères et leurs administrations qui ont presque toujours tendance à résister aux impulsions venues d'en haut et qui résistent d'autant mieux qu'elles sentent les ministres fragiles (ces résistances sont naturelles et inévitables : le temps long de l'administration et des carrières des fonctionnaires n'est pas celui, forcément très court des politiques). En d'autres mots, plus il y a de scandales, plus il est difficile de se faire entendre de l'administration.

Au Parlement, ce n'est pas mieux : les scandales libèrent la parole de ceux qui, dans la majorité, désapprouvent, s'inquiètent ou, plus simplement, rencontrent des électeurs. Difficile dans ces conditions de gouverner.

Pour tous ces motifs, Nicolas Sarkozy devrait changer de gouvernement et en profiter pour tirer les leçons de la séquence que nous venons de vivre, en donnant quelques règles précises (logements de fonction, déplacements, véhicules, taille des cabinets, rémunérations…) et en élaborant des éléments de déontologie (conflits d'intérêt, utilisation de l'argent public).

Mais s'en rend-il seulement compte alors qu'il préfère regarder un match de foot plutôt que de recevoir la présidente de la Confédération Helvétique?

lundi, juin 28, 2010

Il faut en finir avec ce gouvernement de tricheurs

Eric Woerth se débat comme un beau diable ans un bénitier. On veut bien croire qu'il n'ait rien commis de répréhensible mais le spectacle qu'il nous donne l'accable :
- sa femme, d'abord, recrutée par la société qui gère les comptes de Mme Bettencourt alors qu'il est ministre du budget puis nommée, il y a quelques semaines, au conseil de surveillance de Hermès. L'aurait-elle été si elle n'avait été la femme du ministre du budget?
- ses dîners ensuite : combien de contribuables en difficulté peuvent espérer dîner dans l'intimité avec le ministre du budget à quelques jours d'un contrôle fiscal? et si dans ces dîners on n'y parle pas un peu d'argent, alors il faudra nous raconter la conversation,
- ses mensonges (demi-vérités ou oublis) enfin : il n'était pas au courant du dossier de Mme Bettencourt mais il avait demandé une enquête fiscale sur François-Marie Basnier… Tien donc!

Il n'y a peut-être pas d'enrichissement personnel, pas d'intervention illégale auprès des services fiscaux, mais il y a bien connivence avec les plus fortunés et exploitation de ces relations pour faire avancer (ne serait-ce que de manière passive) la carrière de ses proches, en l'espèce de sa femme.

On nous dit qu'Eric Woerth est attaqué pour la réforme des retraites. S'il y tenait vraiment, il partirait. Et Nicolas Sarkozy renverrait ce gouvernement qui prend l'eau de toutes parts. Des cigares de l'un aux voyages de l'autre, en passant par les permis de construire douteux, les nominations farfelues (comme celle du fils de l'ineffable Bachelot) et par les dîners privés du ministre du budget, il y a motif à changer une équipe qui ressemble de plus en plus à celle qui nous a mené au désastre en Afrique du Sud.

dimanche, juin 27, 2010

Le Monde a donc choisi…

Les personnels du Monde ont donc choisi. Et ce qu'on en lit dans la presse, dans Le Monde, d'abord, ne suscite pas l'enthousiasme. Les scores, d'abord, inquiètent : 90,24% en faveur de la solution BNP (Bergé, Niel, Pigasse) à la SRM, 82,5% pour la société des personnels, 85% pour la société des lecteurs, 92% pour les salariés de la Vie Catholique… Les plébiscites ne sont jamais bon signe. Comme on ne peut pas reprocher aux organisateurs de ces votes d'avoir triché et que l'on imagine mal que Perdriel et les représentants de Prisa et de France Telecom aient été exceptionnellement mauvais (ce que ne suggère aucun article), d'autres facteurs ont du jouer. On pense à l'effet Sarkozy. Convoquer le directeur du Monde pour lui dire qu'il ne voulait pas de l'association BNP à la tête du journal était la meilleure manière de convaincre journalistes et lecteurs de la choisir au nom de l'indépendance éditoriale, mais ont-ils bien fait?

Demander à des assemblées de choisir dans l'urgence un repreneur parmi des candidats qui n'ont pas eu le temps (tout le monde le dit) de travailler leur projet était une erreur. Y ajouter la crainte d'une main mise du pouvoir (main mise qu'il convient de relativiser, le service public ne fait pas aujourd'hui particulièrement de cadeaux au pouvoir en place comme on peut le voir en regardant la manière dont les journaux télévisés traitent l'affaire Woerth) était masquer un peu plus les enjeux.

A l'inverse de ce que pensent, semble-t-il, la plupart des journalistes et lecteurs du Monde, l'indépendance éditoriale n'est plus aujourd'hui la question centrale. Pour une raison toute simple : il ne peut y avoir d'indépendance éditoriale s'il n'y a d'indépendance économique. Ce sont les comptes qui font la différence. Un journal qui gagne de l'argent n'a pas, dans nos sociétés ouvertes, besoin d'obéir aux pouvoirs en place, que ceux-ci soient politiques ou économiques! Or, rien de ce que l'on devine des projets n'explique comment le Monde dans de nouvelles mains gagnera de l'argent.

Il est vrai que le choix n'était pas facile avec d'un coté, une offre de deux professionnels de la presse qui ont fait leurs preuves, ce qui aurait du être un atout, mais dont le leader, Perdriel, n'est plus de toute première jeunesse et, de l'autre, des financiers dont l'expérience dans le domaine de la presse est à peu près inexistante (malgré les quelques aventures dans le domaine de Pigasse que ceux qui l'ont pratiqué présentent volontiers comme un redoutable tueur).

Dans chaque offre, il y avait un spécialiste des nouvelles technologies, France Télécom, d'un coté, Free, de l'autre. Deux sociétés très différentes tant par leur histoire que par leur culture mais qui ont un point commun : elles n'ont, ni l'une ni l'autre, aucune expérience de la gestion des contenus, or c'est ce que produisent les journaux : des contenus.

L'alliance tuyaux-contenus peut paraître séduisante de prime abord, mais l'est-elle vraiment? Faut-il rappeler qu'elle n'a jamais marché, que tous ceux qui l'ont tentée d'AOL à Yahoo se sont plantés, tout simplement parce qu'elles sont contradictoires : le fournisseur de tuyaux doit, s'il veut attirer des clients, refuser toute discrimination entre contenus.

On aurait aimé savoir comment les uns et les autres envisageaient de générer du chiffre d'affaires, ce qui veut dire comment financer une activité, la production d'informations, qui coûte trop cher à produire pour être vendue à son prix réel et qui doit être, d'une manière ou d'une autre, subventionnée : par la publicité (qui représente à peu près la moitié des revenus de beaucoup de titres), par des fondations, par l'Etat… Nous n'avons eu là-dessus malheureusement aucune information alors même que les nouvelles technologies, internet, réduisent considérablement les coûts de diffusion et rendent d'autant plus difficile la vente à son coût réel des informations. Et je ne suis pas sûr que la réflexion de l'équipe BNP soit sur ces sujets beaucoup plus avancée que celle de l'offre concurrente. Je crains même qu'elle soit, sur ce sujet, le seul qui compte vraiment, très en retard.

En fait, le seul élément favorable en faveur de la solution BNP me parait être la position très particulière de Pierre Bergé : il a 80 ans (il est né en 1930), n'a semble-t-il pas d'héritiers naturels et pourrait très bien être tenté de confier sa fortune à une fondation, ce qui serait une bonne manière de faire évoluer la structure capitalistique du journal et de lui donner cette assise financière qui lui fait défaut.

samedi, juin 26, 2010

L'amérique, les Frac et la France profonde

Le 5 mars dernier Le Monde publiait un papier d'Emmanuelle Lequeux au titre délicieusement provocant : L'amérique en pince pour les FRAC à l'occasion d'une exposition itinérante de quelques pièces tirées des collections de ces Fonds régionaux d'art contemporain qui couvrent la France et donnent la possibilité de voir de l'art contemporain un peu partout. Les spécialistes qui connaissent bien le marché n'ont pas manqué d'ironiser : l'Amérique redécouvre les vertus des subventions publiques lorsque les marchés s'effondrent et que les institutions comme les Frac restent les dernières à acheter des oeuvres à ses artistes.

Cette ironie est de bonne guerre et probablement justifiée. Reste qu'il est agréable pour qui se promène en France de découvrir, dans les endroits les plus insolites ces lieux où l'on expose ce qui se fait de plus nouveau. Les bâtiments sont en général de grande qualité, les collections toujours intéressantes (même si, effet inattendu de cet art de conservateur, on ne connaît pasla plupart des artistes qui y sont présentés) et l'environnement agréable. Il n'y a que les textes qui qui accompagnent les oeuvres et tentent de les expliquer qui laissent rêveurs. Mais peut-être faut-il les prendre pour ce qu'ils sont : un exercice poétique un peu maladroit.

Il y a les Frac, bien sûr, mais pas seulement. Me promenant il y a quelques jours en Creuse, le département le plus dépeuplé, le plus vide de France, j'ai découvert sur une île, dans le lac de Vassivière, à des kilomètres de la moindre ville de quelque importance, un Centre international d'art et du paysage qui présentait, à coté d'oeuvres d'une artiste italienne qui joue avec des projecteurs de cinéma, Rosa Barba (quel nom charmant pour une artiste dont l'oeuvre pourrait à la longue nous barber), une belle collection de land art dispersée tout autour de l'île. Il n'y avait pas quatre visiteurs, mais cela ajoutait au plaisir de la découverte (et qu'on ne me dise pas qu'en ces temps de disette budgétaire, il faut couper dans ces dépenses, elles ne nous coûtent guère plus cher que les déplacements privés de certains de nos ministres et sont ouvertes à tous).

J'ai pris quelques (mauvaises) photos de ce joli lieu. J'aimerais qu'elles donnent envie à quelques lecteurs de ce blog de faire un détour par ce Centre.




vendredi, juin 25, 2010

Santé : des alternatives inquiétantes

Je participais ce matin à une émission de radio sur la santé. J'y étais convié pour avoir écrit, il y a quelques années, un livre sur le cancer aujourd'hui épuisé mais que l'on peut trouver sur internet (Dernière Conversation) aux coté de Martine Laval, auteur d'un livre sur le management qui traite longuement des professions médicales (N'écoutez pas trop votre cerveau).

Conversation intéressante mais qui m'a laissé un sentiment de malaise. Mon interlocutrice est proche de David Servan-Schreiber, elle cite abondamment le professeur Cayatte, célèbre patron du service oncologie de la Pitié Salpétrière qui insiste, lui aussi, sur les vertus d'une bonne alimentation pour lutter contre le cancer, et insiste sur les effets délétères des chimiothérapies. Discours que l'on entend de plus en plus souvent qui associe critique des médecins, de la technologie, des laboratoires pharmaceutiques et éloge de médecines plus "naturelles" et de la prévention. Discours qui recueille un soutien fort dans l'opinion comme en témoignent le succés de librairie de tous ceux qui traitent de ces sujets, de Servan-Schreiber et Cayatte, bien sûr, mais aussi dans un registre un peu différent (plus écologiste, moins bobo consumériste) de Barbier et Farrachi.

Je sais bien les méfaits des chimiothérapies, combien elles épuisent et je suis aussi convaincu que quiconque que les méthodes des médecins sont perfectibles. Mais à entendre mon interlocutrice de ce matin, je ne pouvais m'empêcher de me demander si ces discours qui expliquent que mieux vaudrait, dans certains cas, ne pas soigner plutôt que de de faire souffrir, n'apportent pas de l'eau au moulin de tous ceux qui aimeraient bien contingenter les dépenses de santé. Après tout, le meilleur moyen de lutter contre les méfaits des chimiothérapies et les stratégies des laboratoires, ce serait de ne plus se soigner. Ou, plutôt, de ne réserver ces soins, qui coûtent forcément cher, à une minorité (ceux qui ont une chance de s'en sortir, ceux qui ont les moyens, les plus jeunes…).  

On peut reprocher beaucoup de choses aux médecins, mais leur mission reste tout de même de nous soigner sans discrimination de sexe, de race, de revenus ou d'âge.

jeudi, juin 24, 2010

Le goût des traitres

Les remous à France inter, la bronca anti Hess et Val  invitent une nouvelle fois à jeter un regard sur l'étrange gestion des ressources humaines que pratique Nicolas Sarkozy puisque c'est, une nouvelle fois de lui qu'il s'agit (il a nommé les dirigeants de la radio publique).

Cette gestion me parait marquée de deux traits contradictoires et insolites :

- une certaine faiblesse à l'égard de ses collaborateurs et notamment de ses ministres qu'il conserve même lorsqu'ils dérapent ou prennent des positions qui vont à l'encontre de la sienne. Le cas de Rama Yade est dans tous les esprits, mais on pense aussi bien à Rachida Dati qu'il a conservée à son poste bien au delà du raisonnable et à quelques autres dont Hortefeux : conserver un ministre de l'intérieur condamné pour racisme n'est-ce pas se mettre dans le cas de voir un policier raciste tirer argument des propos de son ministre pour se justifier? Tout se passe comme s'il avait du mal à licencier, à rompre (une faiblesse que l'on retrouve chez nombre de chefs d'entreprise), et lorsqu'il s'y résigne enfin, il fait tout pour que ses victimes ne lui en veuillent pas trop (les cas tout récents de Boutin et Darcos sont, de ce point de vue, exemplaire).

- un goût particulier pour les traitres, les renégats (ou, si l'on préfère un vocabulaire moins brutal, ceux qui tournent leur veste) de Besson à Val (qui a dirigé un journal satirique plus proche de l'extrême-gauche de l'UMP) en passant par Kouchner auxquels on peut confier les tâches les plus difficiles sachant qu'ils ne peuvent refuser et qu'ils mèneront leur mission avec d'autant plus d'énergie qu'ils ont brûlé tous leurs vaisseaux et n'ont à attendre aucune complaisance de personne, ni de leurs anciens amis ni de leurs nouveaux collègues qui les méprisent et leur reprochent d'occuper des places qu'ils auraient aimé garder.

Tout cela fait un étrange mélange de sentimentalisme et d'habileté tactique que l'on ne trouvait pas chez ses prédécesseurs qui avaient d'autres défauts : Mitterrand s'entourait d'intellectuels à la Debray qui n'hésitaient pas, une fois quittés les palais de la République, à le démolir, Chirac  faisait peut-être un peu trop confiance à ses amis de trente ans…

mardi, juin 22, 2010

La presse et l'Equipe

Il y avait hier, dans le Monde, un étrange article des deux correspondants du journal en Afrique du Sud qui, sous couvert d'analyser la catastrophe médiatique de ces derniers jours, critiquait à mi-mot le journal L'Equipe et ses journalistes."Les critères habituels d'une bonne information – fiable, donc recoupée, sourcée – ne sont pas forcément retenus par des reporters très jeunes, à qui l'on demande un labeur proche de l'abattage." écrivent en conclusion Gérard Davet et Bruno Lesprit qui s'en prennent également aux divers consultants que les chaines de télévision emploient pour couvrir cette coupe du monde.

Ces remarques sont assez en phase avec ce que pensent beaucoup de journalistes "sérieux" qui n'ont guère apprécié les derniers titres de L'Equipe. Ils reprochent au quotidien sportif de prendre modèle sur la presse britannique dans ce qu'elle a de moins reluisant au risque de dégrader un peu plus l'atmosphère au sein d'une équipe qui allait mal depuis longtemps. Sans doute ont-ils raison, mais leur analyse aurait gagné à tenir compte de ce que la presse sportive vit des événements sportifs et des succès des équipes nationales. Les résultats catastrophiques de l'équipe de France annonçaient un véritable manque à gagner pour ce quotidien et son éditeur (qui est certainement intervenu dans le choix du titre) a pu trouver dans la publication des propos orduriers de Nicolas Anelka, propos qui seraient en d'autres circonstances restés confidentiels, une manière de relancer les ventes. Les journalistes ont trop tendance à l'oublier : faire un journal, c'est aussi vendre du papier. Et on peut penser que cette "mascarade" lui en a fait vendre beaucoup.

Je n'irai pas jusqu'à dire que les journalistes de L'Equipe ont choisi de mettre les insultes d'Anelka en titre pour vendre plus de papier, c'est la préoccupation de leur éditeur. Ils ont recherché, trouvé, mis en valeur et donné un sens à ce qui aurait pu n'être qu'une altercation de fin de march, comme il en existe sans doute, mille autres, que parce que les joueurs, l'entraîneur les traitent depuis des années de manière indigne. Ils se sont vengés des mauvaises manières de Domenech à leur égard. Ni plus ni moins.

samedi, juin 12, 2010

Le départ de 200 réformateurs, Eluard…

Le départ des 200 communistes "réformateurs" me fait penser à cette remarque de José Corti sur Paul Eluard dans ses Souvenirs désordonnés : "Après la Libération, il ne demeurait plus attaché à ses camarades que parce que, s'il avait perdu la foi (Parti, mon Parti), il ne se reconnaissait pas le droit d'ébranler la leur, leur seul soutien." Cette amitié profonde, ce respect des militants qui continuaient de croire et de se battre malgré tout fut sans doute un des ciments de ce Parti qui n'en finit pas de mourir, dont les derniers lambeaux s'abandonnent à un populiste, ex-trotskyste (Mélenchon) pour on ne sait quelle aventure qui ne les mènera sans doute pas très loin.

lundi, juin 07, 2010

La réforme des retraites sera-t-elle le tombeau de Sarkozy?

A lire les commentaires de Libération sur le dernier sondage Viavoice pour ce journal qui montre une nouvelle chute de popularité du chef de l'Etat (64% d'opinions négatives), on peut se demander si cette réforme tant voulue ne sera pas fatale au chef de l'Etat. Il est vrai qu'elle est terriblement mal partie.

Balladur et Fillon avaient su nous convaincre, lors des précédentes réformes, qu'il était juste de modifier le système des retraites tant nous risquions de faire du tort aux générations futures. Argument typiquement utilitariste (si on fait la somme des peines et plaisirs des générations successives…) que l'on n'entend plus beaucoup aujourd'hui.

Le débat s'est porté sur la justice au sein des générations actuelles, entre ceux qui ne souffriront pas de ces réformes (parce qu'ils ont un capital, la possibilité de travailler plus longtemps…) et ceux, beaucoup plus nombreux, qui en souffriront. Et sur ce champ de la justice, la position gouvernementale est beaucoup plus difficile à tenir. Ne serait-ce que parce qu'il suffit de se reporter à son vécu pour voir que cette réforme ne peut que dégrader les conditions de la majorité des retraités. Il n'est pas besoin d'aller chercher très loin. Nous savons tous d'expérience :
- que l'age d'entrée dans le monde du travail est en permanence retardé (allongement des études, difficulté de trouver un premier emploi) alors même que l'âge de départ de la vie active reste désespérément bas : les entreprises ne recrutent pas de seniors et chacun devine que c'est pour de "bonnes raisons" (dans un monde de renouvellement rapide des technologies, il est difficile d'échapper au turn-over des compétences) : il sera donc de plus en plus difficile de cotiser assez longtemps pour toucher une pension pleine,
- que le travail fatigue et use : si les salariés sont si heureux de partir tôt à la retraite, ce n'est pas qu'ils sont paresseux mais qu'ils n'en peuvent plus, physiquement, mais aussi mentalement : la structure hiérarchique de nos organisations use! Retarder l'âge légal du départ en retraite ne peut que pénaliser ceux qui auront eu la chance de commencer de cotiser suffisamment (c'est-à-dire, pour l'essentiel, ceux qui ont commencé de travailler tôt).

L'un des résultats les plus significatifs de ce sondage est le comportement des plus jeunes : 67% des 18-24 ans sont hostiles au report de l'âge légal. Résultat surprenant si l'on songe qu'ils en sont très loin, mais que l'on comprend mieux si l'on tient compte de leur double inquiétude :
- des salariés qui restent plus longtemps au travail risquent de rendre plus difficile une entrée déjà très difficile sur le marché du travail,
- la multiplication des retraites incomplètes de leurs parents devrait les forcer à aider ceux dont les revenus seront insuffisants.

Si cette réforme donne tant le sentiment d'injustice, c'est que chacun que devine que c'est l'équilibre entre générations qu'elle risque de profondément modifier. Sous couvert de régler un problème comptable, c'est la conception du dernier âge de la vie qui est en passe de profondément changer. On associait hier facilement la retraite à un certain confort de vie, on pourrait très bien l'associer demain à la pauvreté. On voit, d'ailleurs, se mettre en place toute une série de mécanismes conçus pour permettre aux plus âgés de compenser des retraites trop faibles :
- possibilité donnée aux retraités de poursuivre une activité professionnelle tout en touchant leur retraite,
- création du statut d'auto-entrepreneur qui permet de travailler sans facturer la TVA (ce qui en gros veut dire sans faire de comptabilité) jusqu'à 30 000€ de chiffre d'affaires annuel, de quoi arrondir des pensions trop faibles chez les plus jeunes retraités,
- développement des offres de viager hypothécaire qui permettent de recevoir un capital ou une rente en hypothéquant un bien immobilier.

C'est un modèle qu'on trouve ailleurs dans le monde. Il n'est pas sûr que l'importer chez nous soit la meilleure idée.

PS J'en profite pour signaler la sortie, aux éditions Connaissances et Savoirs, d'un livre collectif dirigé par Dan Sylvain et Joerg Tremmel : Générations équitables, auquel j'ai donné une contribution sur ce sujet : Réforme des retraites : entre justice inter et intragénérationnelle.

jeudi, juin 03, 2010

Le corps de Sakozy

Je voyais hier, sur Canal +, un journaliste expliquer qu'il faudrait augmenter les impôts (ce que tout le monde nous dit aujourd'hui) suivi d'une rediffusion d'une séquence où Nicolas Sarkozy expliquait que, justement, il n'en était pas question, qu'il n'avait pas été élu pour cela. Ce qui m'a frappé, ce n'est pas que Nicolas Sarkozy doive se résoudre à ce qu'il jugeait hier impossible : après tout, la situation a changé, mais que son corps, la manière dont il affirmait que jamais il ne le ferait en se mettant tout entier en avant pour mieux nous convaincre (vieux truc de rhétorique) se révèle aujourd'hui si contre-productif. Alors que l'on pourrait comprendre que la situation l'ait fait changer d'avis, le fait qu'il ait exprimé son refus en y mettant tout son corps, rend son reniement d'autant plus brutal et insupportable. Cet homme sera sanctionné, puni par ce qui fut sa première qualité : sa capacité à incarner physiquement son engagement.