jeudi, août 15, 2013

Et si c'étai tHollande qui avait "fuité" la lettre de Valls?

C'est l'été. Il ne se passe pas grand chose sur le front intérieur, les éditorialistes sont en vacances. Ceux qui sont restés à Paris s'ennuient un peu. Et puis voilà que Le Monde, dont on ne saluera jamais assez les efforts pour remplir l'actualité (rapport sur le voile à l'université…) publie le texte d'une lettre que Manuel Vals a adressée à François Hollande sans en avertir Christiane Taubira qui, en la découvrant, est, assez naturellement, tombée de sa chaise. Le conflit entre le ministre des policiers et celui des magistrats et de l'administration pénitentiaire n'est pas une nouveauté. Les policiers (ou, plutôt, leurs syndicats) sont en général favorable à des peines lourdes, les magistrats qui les prononcent, les fonctionnaires qui gèrent les prisons plutôt à la recherche de substituts plus efficaces et qui évitent la récidive. Mais en plein été, c'est pain béni pour tous les commentateurs qui se perdent en conjectures sur l'effet de cette brouille sur l'autorité du premier ministre, sur la solidarité gouvernementale, sur l'origine de cette fuite.

Celle-ci paraissant faire plutôt du tort à Valls, on ne le soupçonne pas d'être à son origine. Comme cette annonce est, par ailleurs, venue brouiller les efforts de Hollande pour reconquérir l'opinion alors même que l'INSEE annonçait un rebond inattendu de la croissance (rebond bien maigre, cependant), nul ne l'en a crédité. Et tous de s'interroger sur la manière dont il se sortira de ce mauvais pas : par un report? par une synthèse?

Par une synthèse, sans doute. Mais la synthèse qui est en passe de venir, à droite, un mot négatif, ne se limite pas à cet exercice académique qui vient clore les dissertations lycéennes, c'est aussi un exercice de mouvement qui consiste à déplacer les rapports de force. Valls est populaire, il occupe le terrain, on le voit partout. Il agace certainement. S'il avait voulu le déstabiliser, Hollande ne s'y serait sans doute pas pris autrement : en le mettant en faute par rapport au premier ministre, au garde des sceaux et en le forçant sinon à se rétracter du moins à nuancer son propos, à le banaliser, il l'aurait mis, dans cette hypothèse, en situation d'accepter ce que justement il critique dans ce texte.

Mais comme tout finit par se savoir, on saura bientôt d'où vient cette fuite.

samedi, août 03, 2013

Heidegger et le nazisme, une nouvelle fois


Le Monde publie aujourd'hui une tribune de Jean-Pierre Faye où il reprend sa bataille contre ces grands intellectuels, Heidegger, Carl Schmitt, Junger qui auraient, à l'entendre, favorisé l'arrivée au pouvoir de Hitler. L'article est assez décousu, s'en prend aussi bien à la déconstruction (sans citer Derrida) qu'à la pensée de Carl Schmitt et l'argumentation guère convaincante. S'il suffisait de quelques cours ou de quelques conférences devant des grands patrons pour fabriquer le totalitarisme, cela se saurait. Mais Faye cite dans son article plusieurs mots de Heideger, mots connus, qui déconsidèrent complètement la pensée de ce philosophe qui a tant fasciné l'intelligentsia française. Une seule suffit à couvrir de ridicule l'essentiel de son oeuvre : dans sa "Profession de foi en Adolf Hitler, la Bekenntnis zu Adolf Hitler il décrit le Führer comme l'instant de "retourner à l'essence de l'Etre".  Qu'il ait été ou non nazi importe au fond assez peu, mais qu'il ait pu ainsi confondre en une même phrase le "retour à l'être" qui revient en permanence dans ses textes et Hitler indique tout simplement la vacuité d'une pensée qui a fini à force de confondre poésie et philosophie par tourner en rond autour de quelques vieilles rengaines réactionnaires.