jeudi, décembre 31, 2009

Taxe carbone ; le Conseil Constitutionnel a bien fait

Dans sa dernière intervention de l'année, l'excellent Art Goldhammer, un américain qui tient l'un des meilleurs blogs sur la politique française, critique assez vivement la décision du Conseil Constitutionnel sur la taxe carbone. Je partage en général ses vues, mais je crois que là il se trompe.

Cet impôt était critiquable pour deux raisons majeures :
- il aurait été inefficace, ce qu'Art Goldhammer reconnait,
- il aurait été injuste puisqu'il aurait d'abord sanctionné ceux qui n'ont d'autres solutions que le transport automobile et le chauffage au fuel, c'est-à-dire ceux qui habitent en banlieue loin des centre-villes.

On sait depuis très longtemps que les dépenses de carburant et de chauffage sont peu sensibles au prix : les gens qui ont besoin de se déplacer et de se chauffer continuent de le faire. Un impôt ne fera, dans ces conditions, qu'appauvrir les plus pauvres. 

Si l'on veut effectivement réduire les consommations et modifier les comportements, il faut proposer des alternatives à  nos modes de consommation, des transports en commun, des véhicules plus économes et, surtout, un urbanisme mieux adapté à la nouvelle donne. Or, la taxe carbone ne permet rien de tout cela. C'est pourquoi on peut, on doit la critiquer. La lutte contre le réchauffement climatique passe beaucoup plus dans nos pays par une refonte des politiques d'occupation des sols que par une augmentation des prix déjà très élevés des produits pétroliers. Et tout cela, je le précise, n'a rien à voir avec l'opposition à Nicolas Sarkozy. 

PS J'ai été dés les premiers jours hostile à cette taxe, et pour des motifs qui n'ont que peu à voir avec une quelconque animosité à l'égard de Nicolas Sarkozy, ce que j'ai expliqué dans cette chronique de septembre dernier.

PS bis Bonne année Art et longue vie à votre blog!

mercredi, décembre 30, 2009

Identité nationale : le point de vue d'Aristote

Demander à Aristote un éclairage sur les questions de l'identité nationale peut sembler étrange. Il s'est, cependant, posé la question dans une période qui n'était pas sans rappeler la notre, avec une crise d'identité liée, d'une part, à la globalisation (les cités grecques entouraient toute la Méditerranée, allant jusqu'en Inde et en Afghanistan) et, d'autre part, à la secousse qu'ont été pour la société grecque l'interminable guerre du Péloponnès (qui a duré près de trente ans) et la crise intellectuelle et morale qui a suivi et s'est notamment traduite par la condamnation de Socrate accusé de corrompre les jeunes gens.

Dans son Traité de politique, Aristote consacre un chapitre (III, 3) à l'identité de la cité et deux autres au concept de citoyen (qui l'est, qui ne l'est pas? chap. 1 et 2 du même livre III), deux questions qu'il lie explicitement.

On y trouve des formulations voisines de ce que l'on peut entendre dans les débats organisés par Eric Besson : "sur le citoyen aussi il y a une controverse, puisque tout le monde n'est pas d'accord pour dire du même individu qu'il est citoyen; tel, en effet, qui est citoyen dans une démocratie souvent dans une oligarchie ne sera pas citoyen." (1274 - b, 40).

Il aborde la question centrale quoique non-dite de ces débats qui n'est pas l'immigration mais la citoyenneté des enfants nés en France de parents immigrés. Car, c'est bien à cela que reviennent tous les discours sur l'Islam, la racaille des banlieues et les casquettes à l'envers : ces jeunes gens nés en France de parents (ou de grands-parents) nés à l'étranger peuvent-ils vraiment être Français? "Dans la pratique, écrit-il, on définit un citoyen celui qui est né de deux citoyens et non pas d'un seul, père ou mère; mais il y en a qui demandent plus, par exemple deux aïeux ou trois au plus. Mais à ceux qui posent cette définition politique brute certains objectent : ce troisième ou quatrième aïeul de quel droit sera-t-il citoyen?" Traduit en français moderne : qu'est-ce qui autorise des gens qui sont Français depuis six ou sept générations à contester le droit de l'être à ceux qui ne le sont que depuis une génération?

Toute la difficulté revient, explique-t-il, à savoir si l'on peut être injustement citoyen? Réponse : bien sûr que non. La preuve : il y a de mauvais magistrat (élus, jurés) et jamais on ne s'interroge sur leur appartenance à la cité. Ces jeunes gens qui mettent leur casquette à l'envers, ces jeunes filles qui portent un voile ne respectent peut-être pas les règles usuelles de comportement dans l'espace pubic, mais ils sont citoyens au même titre que n'importe qui d'autre.

Cette discussion sur la citoyenneté en amène, chez Aristote comme chez nous, une autre sur ce qu'est la cité (la nation, en vocabulaire contemporain). On retrouve dans ses propos des questions voisines de celles qui ont agité la classe politique il y a quelques années : fallait-il nous excuser pour les fautes commises par Vichy (thèse de Chirac qui l'a amené à affirmer la complicité de l'état français)? ou, au contraire, refuser de le faire au motif que la République n'a rien à voir avec l'Etat français de Pétain (thèse de Mitterrand)? "Certains, nous dit Aristote, sont d'avis qu'il ne faut pas honorer les contrats du fait que ce n'est pas la cité qui les a passés mais le tyran." Ce qui le conduit à cette question qui nous ramène au débat sur l'identité nationale : "d'après quel critère faut-il dire que la cité est la même ou n'est pas la même mais une autre?"

Ce n'est en tout cas pas "du fait de ses murailles, car on pourrait entourer le Péloponnèse d'une muraille sans en faire pour autant une cité." Ce ne sont pas nos frontières qui font l'identité. Ce n'est pas non plus la race ni la population puisque celle-ci change en permanence (les individus naissent et meurent). C'est la constitution, son organisation qui assurent l'identité de la société. Mais ces constitutions peuvent évoluer, changer.

En changeant de régime en 1940, la France a plus sûrement saccagé son identité qu'en accueillant des étrangers, polonais, espagnols ou italiens. Les débats actuels pourraient nous faire croire le contraire.

Chine : Savoir dire non

L'exécution en Chine de Akmal Shaikh, le passeur de drogue britannique, devrait être l'occasion pour les Européens qui partagent la même horreur de la peine de mort, de dire son fait à la Chine et de lui rappeler nos valeurs. Les britanniques sont furieux à juste titre. Nos dirigeants devraient faire preuve de fermeté et leur apporter un soutien solide. Ils pourraient, par exemple, convoquer l'ambassadeur de Chine dans leurs pays respectifs pour leur enseigner quelques points de morale élémentaire. Comme le dit très justement The Economist, la Chine se comporte en "bad boy" sur trop de fronts : il est temps de rappeler à ses dirigeants que le commerce et les produits bon marché n'excusent pas tout. Ce serait le meilleur service à rendre aux Chinois et à nous-mêmes.

A ne rien dire, on prend tout simplement le risque de laisser la Chine en prendre chaque jour un peu plus à son aise à nos dépens.

mardi, décembre 22, 2009

Le Figaro a aussi des lecteurs antisémites

J'imagine que les journalistes du Figaro lisent les commentaires que leurs articles suscitent sur internet et qu'il leur arrive d'être… mal à l'aise quand, auteur d'un article sur Pie XII, ils lisent ce que l'on peut lire ici. Il suffit de si peu de choses pour donner aux antisémites l'occasion de donner de la voix.

lundi, décembre 21, 2009

Echec de Copenhague : une chance pour Sarkozy?

L'échec de Copenhague pourrait bien se révéler une chance pour Nicolas Sarkozy. Il a été, on le sait, en pointe sur ce dossier. Il a avancé de nombreuses propositions qui n'ont, semble-t-il, même pas été discutées (comme ces fameux financements innovants dont ne parle que la presse française) mais qui avaient l'avantage de lui valoir des sympathies bien au delà de son camp. Il pourrait dans les semaines qui viennent en annoncer d'autres qui auraient le grand avantage 1) de le conforter dans sa position de leader européen sur ce sujet et 2) de lui attirer les faveurs de larges pans de l'opinion en France.

Il pourrait, notamment, pousser à l'instauration de taxes, tarifs et mesures discriminatoires aux frontières de l'Europe à l'égard des produits industriels dont l'empreinte écologique serait trop médiocre. Cela irait contre les règles de l'OMC, mais qui pourrait lui en vouloir :
- de frapper ceux (les Chinois, mais aussi les Américains) qui ont le plus freiné à Copenhague,
- de prendre des mesures protectionnistes susceptibles de protéger l'industrie française (et l'agriculture : hier dans une grande surface de province, j'ai trouvé des haricots blancs venant de Chine à coté de lentilles cultivées en Argentine!)?

Cela lui serait d'autant plus facile que les affaires étrangères sont le domaine par excellence des Présidents français pour des motifs institutionnels : c'est leur chasse gardée, ils ne sont pas, comme les Présidents américains, entravés par le Parlement. Indépendamment de leurs qualités personnelles, cette liberté explique pour beaucoup le poids qu'ils ont dans les affaires internationales.

Des mesures de ce type lui vaudraient une large sympathie allant des protectionnistes classiques, à la FN, aux écologistes. De quoi reconstruire une popularité un peu comme sut faire Chirac avec l'Irak.

samedi, décembre 12, 2009

Clip des jeunes UMP : le corps en politique

Le clip des jeunes de l'UMP est bien plus subtil qu'il apparaît à premier coup si l'on en juge par ce décryptage de Marianne. Pour ma part, je n'avais remarqué que l'épisode Besson (variations sur la veste retournée qui mériterait une explication psychanalytique tant il parait énorme) et le passage avec Sarkozy et Obama, mais il y en avait bien d'autres : effeuillage de la rose, presse aux ordres…

Il est vrai que j'ai une double excuse, tout cela a été conçu de manière quasi subliminale et le premier réflexe est de regarder nos ministres dans leur corps. Trois seulement s'en sortent à peu près bien, Nadine Morano, la seule qui ne soit pas ridicule, dont on comprend que c'est la culture, Jean-Pierre Raffarin qui s'est sans doute souvenu qu'il a chanté dans sa jeunesse dans un orchestre rock, et Valérie Pécresse qui a dû être cheftaine d'une troupe scout. Pour les autres, c'est une catastrophe alors même qu'ils sont souvent plutôt bons à la télévision (ou, en tout cas, pas si mauvais).

Au delà de ce qu'il a de ridicule et de consternant, ce clip révèle sans doute la place nouvelle prise par le corps en politique. On se souvient du pas de coté de Nicolas Sarkozy lors d'un jogging, de ses gestes pour s'approprier la popularité de Dany Boon lors d'une remise de médaille. Autant de gestes qui en disaient autant sur sa personnalité que ses mots. Le cas de Raffarin est intéressant : ce Monsieur Prudhomme sait bouger, il a appris dans sa jeunesse, à l'inverse d'Eric Woerth. L'attitude de Christine Lagarde est elle aussi intéressante : on devine dans ses gestes, dans sa maladresse, une difficulté à aller vers les autres, à prendre le rythme, à être à l'aise avec les autres. Ce n'est pas une politique.

Ce n'est pas tout à fait une première, mais c'est une expérience intéressante qui devrait, au delà de la consternation, enseigner aux politiques que leur corps parle aussi et en dit souvent autant sur eux que de longues phrases. Et qu'en ces temps de médias omniprésents, ils ne peuvent plus le cacher.

vendredi, décembre 11, 2009

Un clip… consternant

Les jeunes UMP ont donc réalisé un clip. Cela s'appelle, parait-il, un lip-dubb. Lip pour lèvres et dubb pour doublage (j'imagine), ce qui pour un parti qui prône le débat sur l'identité nationale laisse déjà rêveur. Nos jeunes UMP seraient-ils donc incapables de parler français et d'inventer, si nécessaire des mots dans notre langue?


Mais au delà de cette déficience lexicale, que penser de ministres s'essayant à cet étrange jeu. Qu'ils sont ridicules? C'est l'évidence. Qu'ils en souffrent? C'est probable. Comment imaginer que Christine Lagarde ait pu prendre plaisir à cet exercice qui la rend grotesque et, plus encore, la révèle telle qu'en elle même : formidablement coincée?

J'en retiendrai pour ma part autre chose : ce genre d'exercice est assez fréquent dans les séminaires qu'organisent les grandes entreprises. Chacun s'y sent un peu ridicule, surtout qui a passé l'âge de prendre plaisir aux soirées du Club Med, mais on s'y prête, par complaisance, parce qu'il parait que cela fait branché, dans le coup. Et on l'oublie aussitôt. Cela ne sort pas des caméscopes des participants.

Que des ministres, et non des moindres, aient accepté de jouer ce jeu consternant pour un clip appelé à être diffusé largement suggère qu'ils ne font plus tellement la différence entre ce qui peut passer lorsque l'on est entre soi (entre militants UMP) et ce que l'on doit aux Français que l'on prétend représenter. Cette absence de respect de soi et, donc, des autres est tout simplement consternant.

mercredi, décembre 09, 2009

Le dernier papier de Guaino?

On dit un peu partout qu'Henri Guaino est de plus en plus isolé à l'Elysée (voir, notamment le papier du Monde sur le départ d'Emmanuelle Mignon de l'Elysée). Je ne sais pas si c'est vrai, mais il a en tout cas perdu beaucoup de son brio s'il est bien, comme on le dit, l'auteur du pensum sarkozien publié hier dans Le Monde (Respectez ceux qui arrivent, respectez ceux qui accueillent).

Cet article sensé réagir aux dérapages répétés des débats sur l'identité nationale est l'exemple même de la mauvaise dissertation : platitude sur truisme, idée générale inconsistante, sujet pas traité On ne sait d'ailleurs meme pas de quoi son auteur parle : des minarets? de la Suisse? de l'Islam? de la tolérance? C'est tellement filandreux et mou que l'on n'a meme pas envie de critiquer.

Ce ratage n'est évidemment pas un hasard. Le gouvernement a ouvert avec ces débats une boite à Pandore et la votation suisse l'a un peu plus encore mis dans l'embarras. Il ne sait comment s'en sortir sans, d'un coté, désespérer ces électeurs de la droite profonde qu'il veut séduire ni, de l'autre, se couper complètement de ces électeurs musulmans qui ne sont probablement pas moins nombreux. La difficulté est d'autant plus réelle que Nicolas Sarkozy est l'un des premiers politiques à avoir vraiment pris la mesure de la diversité de la société française et à en avoir tiré des conséquences positives. Mais il arrive qu'à vouloir être trop habile on se prenne les pieds dans le tapis.

dimanche, décembre 06, 2009

Pascal Dumay et l'incontinence

Frédéric Mitterand vient donc de suspendre Pascal Dumay, le patron du Conservatoire National Supérieur de Musique, soupçonné d'avoir consulté mais aussi, semble-t-il, fait circuler des photos pedo-pornographiques. A l'occasion de cette affaire on apprend incidemment qu'une équipe de gendarme est chargée de surveiller la toile. On aimerait savoir ce qu'elle surveille exactement. Parce qu'après tout, il en va de nos libertés. On découvre également une présomption d'innocence à géométrie variable, mais Frédéric Mitterrand n'avait sans doute pas d'autre solution que cette suspension. Je serais bien surpris qu'on la lui reproche même si, sur le fond, il est un peu gênant de voir le soupçon l'emporter sur toutes autres considérations.

Ce qui me surprend le plus c'est l'attitude de Pascal Dumay s'il est avéré qu'il a consulté et fait circuler des images pédo-pornographiques. Il n'est certainement pas sans savoir que cela suscite une formidable réprobation dans notre société, il sait également qu'il occupe un poste relativement sensible et cependant il continue. On est en plein dans ce qu'Aristote appelait l'incontinence (akrasia) ou faiblesse de la volonté que des philosophes comme Donald Davidson, Amélie Rorty ou Richard Holton, entre bien d'autres, ont cherché à comprendre. Je n'entrerai pas ici dans le détail des analyses des uns et des autres dont on peut trouver un aperçu sur Wikipedia, je voudrais seulement souligner la force des passions, du désir lorsqu'ils sont confrontés à la rationalité et combien, malgré tous nos efforts, ils peuvent nous entraîner à faire le contraire de ce que nous jugeons, par ailleurs, juste et bon.

J'ajouterai, enfin, que grâce à Internet on peut facilement avoir des portraits de Pascal Dumay et que rien, mais vraiment rien sur son visage n'annonce le pervers (on peut également y découvrir que ce pianiste que la presse nous présente comme un grand interprète a quitté le monde de l'interprétation il y a plus de vingt ans pour devenir un fonctionnaire de la musique, mais c'est autre chose). Un mystère, donc. Ou plutôt un fait avec lequel il faut vivre.

L'opposition dans les médias audiovisuels

Une des innovations bienvenues du sarkozysme est le développement (involontaire et certainement pas souhaité) de la critique politique dans les médias audiovisuels. L'émission de Yann Barthès sur Canal + et les éditoriaux de France Inter se situent clairement dans l'opposition au gouvernement. Ces médias nous avaient habitué à plus de respect du pouvoir en place. La critique existait bien autrefois, mais elle était pour l'essentiel confinée dans les émissions satiriques (Bébéte show, Guignols de l'info). Ce n'est plus le cas. Barthès pratique une sorte de sémiologie critique du discours audiovisuel du pouvoir dominant originale. Les éditoriaux de France Inter sont plus dans la tradition de la presse d'opinion, mais les uns et les autres tranchent agréablement avec ce qui se faisait.




Le phénomène n'est pas propre à la France. Mais il a pris chez nous une tournure particulière du fait de la révérence traditionnelle de nos journalistes audiovisuels à l'égard du pouvoir en place.

A quoi est-ce que cela tient? Sans doute à l'effet internet. Les journalistes sont en compétition avec tous ceux qui s'expriment sur ce nouveau média en toute liberté, sans le moindre contrôle. La liberté sur internet les a sans doute désinhibés et incités à multiplier les décryptages et à faire preuve de plus d'audace.

vendredi, décembre 04, 2009

Les effets inattendus du débat sur l'identité nationale

Le débat sur l'identité nationale tournerait-il mal pour la majorité? Les réactions, tant à droite qu'à gauche, au vote suisse sur les minarets et aux réactions de Xavier Bertrand, les réactions du gouvernement suite aux dérapages des débats sont les premiers signes visibles de ce qui apparaitra peut-être demain comme une erreur politique majeure. La majorité est mal à l'aise avec cette thématique et pas seulement parce que tout le monde a compris ses visées électoralistes. Et elle a de bonnes raisons de l'être. Ce débat prend une tournure qui ne lui est pas du tout favorable.

En donnant un espace à l'expression de toutes les xénophobies, il a fait sortir le Front National du trou dans lequel il était. Plusieurs sondages indiquent qu'il remonte dans les intentions de vote pour les régionales au point de rendre difficile voire impossible la reconquête de régions par la droite. On l'avait oublié, la droite l'a remis en selle en reprenant une de ses thématiques préférées.

De l'autre, cette même confusion de l'identité nationale et de la lutte contre l'immigration a requinqué la gauche, lui a donné l'occasion d'afficher ses valeurs, ce qu'a fait Martine Aubry dans son discours d'il y a quelques jours en parlant de la France qu'elle aime. Des valeurs que toute la gauche partage et sur lesquelles il n'y a pas de débat son sein.

mardi, décembre 01, 2009

Le site de Besson, publication raciste?

Il n'y a pas que cela sur le site d'Eric Besson consacré au débat sur l'identité nationale, mais il y a aussi cela :

domi83
30/11/09 à 13:20

Etre Français, c’est se sentir bien dans son pays, sans crainte, ni peur. Etre fier de la France, de nos magnifiques régions, d’attirer tant de touristes. Mais ce qui me peine beaucoup, et je ne suis plus fière d’être française, c’est d’attirer tous ces étrangers qui profitent du social, ces gens là ne travaillent pas !! ils vivent grace aux allocations familiales et autres aides diverses, que nous propres français, nous n’y avons pas droit car nous travaillons. Je paye un impôt social pour la sécu et les services sociaux, mais j’en ai franchement MARRE de devoir travailler et d’être prise pour une vache à lait. QUELLE DEVIENT MOCHE LA FRANCE, J’AI HONTE POUR ELLE ET J’AI HONTE D’ETRE FRANCAISE !! Voilà ma bien triste opinion de la France. QUEL GACHIS

valynette
30/11/09 à 13:14

aux armes citoyens
Regarder ce qui vient de se passer en suisse ! eux au moins le courage de leurs opignons a savoir non aux mosquées et au signe instantatoires de tous ordres. On cri haro sur eux je crois qu’illes s’en fissent comme de l’an 40. Auront nous le même courage et surtout nos politiqes je ne crois pas et pourtant -de 1% de la population suisse est magrébine alors que dire chez nous ou dans certains quartiers on se sent en minorité et ou en permanence l’insulte de ces gens nous sert de garde robes et ou le voile la robe noire et la totla sont aujourd’hui courant (dans ma ville doit se trouver les 2200 emballages complets que soit disant il y a en france).
Pour eux la France n’est qu’un tiroir caisse pu l’on pratique le holdop permanent.

Est-ce bien le rôle d'un ministre que de donner à ce genre de propos l'occasion de s'afficher?

Sur le protectionnisme

Dans mon précédent post à propos des minarets, je parlais du protectionnisme. Je viens à l'instant de découvrir un excellent post de Paul Krugman sur le même sujet dans son blog. Il faut le lire, mais aussi lire les commentaires où l'on découvre :
- que la mondialisation peut être synonyme de constitution de monopoles mondiaux et donc de réduction de la concurrence,
- que le sentiment protectionniste n'est pas inconnu aux Etats-Unis : "We cannot continue to create jobs in China and subtract jobs in the U.S. The next new wave of technology must create jobs here at home" dit un lecteur de Paul Krugman,
- que la protection de l'environnement pourrait passer pour une manière acceptable de faire passer la pilule : " We can trade with them, but only if they abide by the same production rules that we do; otherwise, we become China," dit un autre.

Minarets : Bertrand se trompe

Le vote des Suisses sur les minarets a donné à Xavier Bertrand une idée, une sacrée bonne idée : pourquoi ne pas voter sur les minarets en France? Il n'a pas dit tout à fait cela, il a procédé par allusion : il n'est pas, nous a-t-il dit, "certain que l'on ait forcément besoin de minarets" pour pratiquer l'islam. Mais tout le monde a compris ce qu'il voulait dire.

Tout cela me rappelle cette bourgeoisie bien pensante qui n'est pas antisémite mais qui ne manque jamais l'occasion d'une allusion à la puissance des juifs, à leur goût de l'argent… cette même bourgeoisie qui pense comme Bernanos que le premier tort d'Hitler est d'avoir rendu les antisémites infréquentables (cet écrivain par ailleurs très estimable disait également : "Je ne suis ni antijuif, ni antisémite, mais j'ai toujours cru qu'il y a un problème juif"). Le Figaro, qui n'en manque pas une, en fait son titre ce matin et lancé un sondage sur internet (Faut-il interdire la construction de minarets en France?) avec, lorsque je l'ai consulté, un résultat attendu : 77% des internautes ont répondu par l'affirmative. Tout cela est, bien sûr, très déplaisant. Et stupide.

L'objectif est, bien sûr de rameuter les électeurs du Front National que la politique de Nicolas Sarkozy a éloignés de la majorité. Tout comme les mesures prises contre l'immigration clandestine ou ces débats absurdes sur l'identité nationale. Mais cela repose, je crois, sur une formidable erreur politique. A l'inverse de ce que l'on a si souvent dit, l'électorat du Front National est composite. Il est formé pour une part de gens d'extrême-droite, racistes, antisémites… et pour une autre d'électeurs issus des classes populaires qui ne sont pas spécialement racistes, qui ne le sont en tout cas ni de manière systématique ni de manière idéologique. Ils vivent, plus que la bourgeoisie et les classes moyennes, dans une société mixte et s'en accommodent très bien. S'ils ont voté pour le Front National, c'est qu'il a longtemps été le seul parti à soutenir une politique protectionniste. C'est cela qu'ils appréciaient chez lui et qu'ils ne trouvaient pas ailleurs, ni à gauche ni à droite. Ce n'est pas en agitant l'immigration clandestine ou les minarets que la droite regagnera leurs voix. Ce serait en prenant des mesures protectionnistes ou, à défaut, en développant un discours de ce type. Mais… c'est ce qu'elle ne peut pas faire car ce serait se mettre à dos le Medef et risquer de perdre tous ceux qui dans son électorat profitent ou s'accommodent de la mondialisation, du libre-échange et de l'ouverture des frontières.