dimanche, décembre 25, 2005

Combien de temps dure Noël?

Je passe, ce 25 décembre, vers 16h50 rue Saint-Guillaume. La nuit n'est pas encore tombée, Paris est vide, mais je croise un habitant de cette petite rue qui vient jeter à la poubelle, dans le sac plastique doré de rigueur, son sapin de Noël. Il en est pour qui la fête ne dure pas très longtemps. Il est vrai que ce brave homme n'est plus, depuis longtemps, d'âge à croire au Père Noël.

Le piratage et le juste prix

Alors qu'au Parlement, on se préoccupe beaucoup de téléchargement, on parle moins des motifs pour lesquels on pirate. Or, là est peut-être la réponse aux questions que l'on se pose. J'avancerai deux motifs :
- la disponibilité : on trouve sur internet des choses qu'on ne trouve pas dans le commerce, et on les télécharge parce qu'on n'a pas d'autre manière de se les procurer. L'exemple le plus courant est celui des séries télévisées qui passent aux Etats-Unis et qu'on n'a pas en France ou (autre cas de figure) qu'on ne peut avoir qu'en s'abonnant à Canal Plus, ce qui fait un peu cher pour voir une émission, mais il y a d'autres exemples : Amazon, itunes et tous les distributeurs sur internet font pus de la moitié de leur chiffre d'affaires avec des disques, des livres… qu'on ne trouve pas dans le commerce (Amazon réalise un plus gros chiffre d'affaires avec les livres qui ne sont pas en vente chez Barnes Nobles qu'avec les 130 références que possède le grand libraire américain ;
- le coût trop élevé. Les éditeurs de disques, de films, de livres… vendent aux distributeurs sur internet à des coûts correspondant à leurs prix de vente en gros de leurs produits dans les circuits traditionnels. Apple achèrait les chansons qu'il vend 0,99$, 0,65$. L'objectif est, bien évidemment, déviter une révolte de leurs distributeurs, mais c'est évidemment bien trop cher et n'a aucun rapport avec ce que devrait être le prix d'une chanson prise sur internet.
On sait que les téléchargements pirates sont lents, très lents, prennent beaucoup plus de temps que les téléchargements payants.
Si l'on s'en tient à l'analyse économique, les pirates acceptent de travailler dans de mauvaises conditions (avec un ordinateur dont les performances sont ralenties) pour deux motifs :
- ils ne trouvent pas ailleurs le produit qu'ils recherchent,
- le prix à payer dans le circuit officiel ne compense les coûts qu'il y a à se fournir sur lecircuit parallèle : temps de connexion, ordinateur ralenti, attente du produit.
Le piratage cessera le jour où les producteurs se comporteront autrement qu'en défenseurs du passé.

samedi, décembre 24, 2005

Une exposition à ne pas manquer : Photo de ma photo

Il s'agit d'une exposition de photographie de quelqu'un qui n'a jamais été photographe au sens où tant d'autres ont pu l'être. Maurice Lemaitre dont on pourra début janvier voir un peu plus de 50 ans de photos à la galerie Christian Siret, dans les jardins du Palais-Royal, est plutôt un peintre qui s'est amusé avec la photographie, qui y a gllissé des signes, des lettres, des mots inventés, qui a joué en laboratoire. Le résultat est souvent étonnant et mérite d'être vu. J'ajouterai que ceux qui connaissent un peu l'oeuvre de Maurice Lemaitre, qu'il s'agisse de ses peintures, de ses films ou de ses poèmes phonétiques, letttristes, seront probablement surpris de découvrir que c'est dans cet art "mineur' (mineur pour lui en tout cas) qu'il a donné le meilleur de lui-même. Je ne suis pas certain que Maurice Lemaitre ait, demain, une grande place dans les histoires de l'art (s'il me lit, il va me jeter un sort!), sinon pour ces photos.

mercredi, décembre 21, 2005

Un nouveau navigateur

Je viens de découvrir un nouveau navigateur, encore à l'état de développement, tout à fait remarquable qui permet de stocker les signets sur la toile (et donc de les partager, mais aussi de les exploiter de manière infiniment plus commode que lorsqu'on les stocke sur son propre ordinateur), de rédiger des notes sur son blog et plein d'autres choses…

son nom : Flock. Je n'en ai pas encore fait le tour, je dois vérifier qu'il est plus rapide et aussi fiable que Safari, Camino ou Firefox que j'utilise régulièrement, mais il est sur plusieurs points déjà plus avancés que chacun de ces produits dont je pensais encore hier qu'ils étaient ce que l'on peut faire de mieux.

mardi, décembre 20, 2005

2 semaines de silence et… un livre

Je suis resté deux semaines sans intervenir sur ce blog. C'est long, trop long, mais j'ai une excuse : j'étais occupé à écrire et corriger le manuscrit d'un livre qui doit sortir en janvier aux éditions les Points sur les i sur les émeutes de novembre. Ma thèse en deux mots : nous avons assisté à deux mouvements simultanés : une insurrection des jeunes qui n’en peuvent plus du harcèlement policier, de l’échec scolaire et de tout ce qu’ils vivent comme des injustices, le ras le bol de leurs parents et de leurs « grands frères » qui ne supportent plus les discriminations et le soupçon qui les accompagnent en permanence. Tout le livre consiste à analyser en parallèle ces deux mouvements. A très bientôt en librairie…

La technologie aura-t-elle la peau des auteurs?

Je me souviens d'avoir lu, il y a une quinzaine d'années, peut-être plus, dans une revue américaine d'intelligence artificielle (elle s'appelait, je crois, tout simplement IA) un bel article racontant comment l'épouse d'un chercheur en informatique devenu amnésique avait demandé à ses collègues, amis, cousins… de raconter les aventures qu'ils avaient vécues ensemble sur un programme informatique. Elle pensait qu'en relisant son histoire vue par d'autres son mari retrouverait la mémoire. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de cette expérience, mais je retrouve ce principe sur un site consacré à l'histoire du Macintosh, Folklore.org, qui demande aux acteurs de raconter l'histoire de leur point de vue, de se compléter et se corriger éventuellement. On n'est pas très loin de Wipikedia, l'encyclopédie qui se construit de manière collective et anonyme (les articles ne sont pas signés). Sans doute voit-on d'ailleurs, au travers de ces différentes expériences s'évanouir la notion d'auteur dont Roger Chartier avait raconté l'émergence dans un beau livre trop méconnu : L'ordre des livres, publié aux éditions Alinéa en 1992, dans lequel il fait l'histoire du concept d'auteur et montre comment il est apparu au XVIIIème siècle avec la professionnalisation de l'écriture.

jeudi, décembre 01, 2005

La renationaliation de la musique contemporaine

Le compositeur Philippe Hurel que je rencontrais hier pour préparer un hommage à Ivo Malec, me disait les difficultés que ses collègues et lui-même avaient à se faire jouer à l'étranger, notamment en Grande-Bretagne. Pierre Boulez s'en est, me dit-il, récemment ému, comparant l'ouverture internationale de sa génération à la fermeture actuelle.
Phiippe Hurel explique cela par la réduction des budgets. Lorsqu'ils sont trop faibles, on tente de les garder pour soi et on évite de les laisser partir à l'étranger.
Comme quoi, la mondialisation n'est pas ce long fleuve tranquille qu'on nous décrit parfois.

Internet va-t-il améliorer la presse écrite?

Si la nouvelle formule du Monde a été conçue pour résister à la déferlante Internet, c'est une réussite : articles plus riches, plus longs, qu'on lit moins bien sur un écran, papiers plus approfondis qui marquent la différence avec les à peu près des blogs et autres journalistes de forutune que l'on trouve sur le net, information plus variée (dans le numéro daté d'aujourd'hui une double page sur le procés d'Outreau et une autre sur les collectionneurs d'art contemporain), toutes ces innovations qui vont à l'encontre de ce que l'on a souvent entendu (les lecteurs aimeraient des papiers plus courts, comme si l'on pouvait, en faisant plus court, faire concurrence à la radio ou à la télé?) améliorent incontestablement la qualité du journal.

Elles procédent de deux mécanismes :
- mimétisme du journalisme internet : multiplication des informations, des points de vue qui permet au lecteur qu'un sujet intéresse de l'approfondir,
- exploitation des atouts du papier : il est plus facile et agréable de lire sur papier que sur écran, meilleur contrôle et donc fiabilité de l'information.

On verra si la nouvelle formule de Libération s'oriente dans la même direction. Reste à la presse à résoudre deux problèmes :
- inventer une articulation entre sa version imprimée et sa version électronique : les blogs des journalistes que proposent Le Monde et Libération sont une première piste intéressante, mais il y a encore beaucoup à faire (comme, par exemple, une meilleure exploitation des archives) ;
- résoudre le problème de sa distribution. Même lorsque l'on vit au centre de Paris, on n'est pas assuré de trouver facilement un quotidien (pour ne citer que cet exemple, il m'arrive d'aller à pied de Saint-Germain des Près à Boulogne. Je traverse la moitié de Paris sans passer devant un kiosque).