Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
dimanche, août 31, 2008
A force de gouverner dans la précipitation…
Nicolas Sarkozy nous a habitué à agir rapidement, à prendre des décisions dans la précipitation. Mais on pouvait penser que le fiasco annoncé de sa réforme de la télévision l'avait un peu assagi, avait enseigné à ses collaborateurs la vertu des dossiers bien préparés. L'annonce de la taxe de 1,1% sur les revenus du patrimoine pour financer le RSA montre que la leçon na pas été retenue. Le Monde nous apprend, en effet, dans son édition du 31 août que de 50 à 60% des ménages pourraient être touchés par cette mesure qui concerne aussi bien l'assurance vie, l'épargne retraite volontaire que les livrets d'épargne. A l'inverse de ce que l'on pu un instant penser, ce ne sont pas les riches qui ont bénéficié des premières mesures fiscales de l'ère Sarkozy qui vont payer, mais bien tous ceux qui épargnent, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Ce n'était certainement pas le message que voulait faire passer Nicolas Sarkozy. Une maladresse de plus à mettre au compte de cette manière impulsive de gouverner, de réagir au quart de tour, de trancher au plus vite, de prendre des décisions sans laisser le temps aux experts d'en mesurer les effets.
vendredi, août 29, 2008
Discours politiques : Denver n'est pas en France
Internet nous permet d'écouter et de lire dans leur version intégrale les discours de la convention démocrate de Denver. Et c'est une excellente occasion de voir ce qui nous distingue des Américains.
Ces discours sont de toutes sortes. Certains ressemblent à ce que nous pouvons entendre en France, comme celui, très politique de John Kerry, d'autres pourraient, à quelques nuances près être prononcés par un européen, comme le très brillant, très amusant et solide discours de Bill Clinton. D'autres ne pourraient jamais être donnés chez nous sans susciter des commentaires ironiques. Je pense notamment à celui de Joe Biden.
De bonne tenue quoiqu'un peu terne sinon dans sa critique, incisive, de la politique étrangère de l'administration Bush, ce discours commence par un long développement sur la famille du candidat, ses enfants, son père, sa mère présente dans la salle et que la caméra montre émue (ce qu'elle est sans doute) pendant que son fils parle d'elle. Tout se passe comme si ce n'était pas un candidat seul que l'on choisissait, mais un candidat et sa famille.
Cela ne se passerait évidemment pas comme cela en Europe, même si Blair ou Sarkozy se sont engagés dans cette voie. Cette insistance sur la famille explique peut-être les réactions outrées des Américains lorsqu'ils apprennent que l'un de leurs politiques a eu des maîtresses. Ce n'est pas tant leurs aventures qu'ils condamnent que l'écart entre ces déclarations d'amour familial et leurs comportements. Si nous sommes plus tolérants avec nos élus, c'est peut-être tout simplement qu'ils nous font grâce de ces apologies des vertus familiales.
Joe Biden ne se contente pas de nous présenter sa famille, il nous dit qu'il est fier de ses fils, de sa femme. La formule "I am proud of…" revient constamment dans ces discours. De la même manière, Obama évoque son grand-père, sa mère, sa grand-mère.
Ces hommes ne manquent pas une occasion de le rappeler : ils sont fiers de leur famille, de leur parcours personnel, de l'histoire et des valeurs de l'Amérique. Ils ne doutent pas, ils ne s'interrogent pas. On les imagine mal allant, comme Nicolas Sarkozy, à Londres ou Berlin expliquer leur admiration pour des sociétés étrangères. Aucun pays ami n'est d'ailleurs cité directement dans ces discours : l'étranger n'est cité que lorsqu'il est perçu comme une menace. Ils sont Américains, surs d'eux-mêmes. Même s'ils ont le sentiment que cette promesse américaine, ce rêve américain auxquels ils font constamment référence sont menacés, ont été mis à mal par 8 ans d'administration Bush."Keep the american dream alive" dit Obama.
La rhétorique est également différente. Jean Véronis a montré que les discours écrits par Henri Guaino pour Nicolas Sarkozy usaient et abusaient de de l'anaphore (figure qui consiste répéter les débuts de phrase) que l'on retrouve chez Obama, mais on devine, chez d'autres orateurs, l'influence de l'office du dimanche. Joe Biden multiplie les épistrophes (répétition d'un mot ou groupe de mots à la fin de plusieurs membres de phrases pour obtenir un effet incantatoire ou insistant) qui incitent la foule à reprendre ses mots, figure directement empruntée aux prédicateurs.
Autre différence notable mais qui surprend moins quiconque s'est promené aux Etats-Unis : l'abondance de drapeaux dans l'assistance et l'insistance sur le patriotisme que l'on retrouve dans tous les discours, patriotisme qui paraitrait, chez nous, au mieux un peu ridicule, mais serait plus sûrement associé à l'extrême-droite.
Un mot, enfin, sur les applaudissements. Ils sont nourris, nombreux, ils sont aussi un indice de la popularité des personnalités (voir le succès de Clinton), mais aussi de ce qu'attendent les électeurs et montrent là-encore des différences sensibles. On associe souvent, de ce coté -ci de l'Atlantique, les démocrates et la gauche telle que l'incarne un parti comme le PS. C'est probablement une simplification. L'une des parties du discours de Barack Obama les plus applaudies est celle dans laquelle il en appelle à la responsabilité individuelle, notamment à la responsabilité parentale qui serait chez nous plutôt un thème de droite (même si Ségolène Royal a développé dans la campagne un thème voisin). L'Amérique n'est certainement pas l'Europe. Quoiqu'on ait pu dire de la globalisation, les différences persistent.
Ces discours sont de toutes sortes. Certains ressemblent à ce que nous pouvons entendre en France, comme celui, très politique de John Kerry, d'autres pourraient, à quelques nuances près être prononcés par un européen, comme le très brillant, très amusant et solide discours de Bill Clinton. D'autres ne pourraient jamais être donnés chez nous sans susciter des commentaires ironiques. Je pense notamment à celui de Joe Biden.
De bonne tenue quoiqu'un peu terne sinon dans sa critique, incisive, de la politique étrangère de l'administration Bush, ce discours commence par un long développement sur la famille du candidat, ses enfants, son père, sa mère présente dans la salle et que la caméra montre émue (ce qu'elle est sans doute) pendant que son fils parle d'elle. Tout se passe comme si ce n'était pas un candidat seul que l'on choisissait, mais un candidat et sa famille.
Cela ne se passerait évidemment pas comme cela en Europe, même si Blair ou Sarkozy se sont engagés dans cette voie. Cette insistance sur la famille explique peut-être les réactions outrées des Américains lorsqu'ils apprennent que l'un de leurs politiques a eu des maîtresses. Ce n'est pas tant leurs aventures qu'ils condamnent que l'écart entre ces déclarations d'amour familial et leurs comportements. Si nous sommes plus tolérants avec nos élus, c'est peut-être tout simplement qu'ils nous font grâce de ces apologies des vertus familiales.
Joe Biden ne se contente pas de nous présenter sa famille, il nous dit qu'il est fier de ses fils, de sa femme. La formule "I am proud of…" revient constamment dans ces discours. De la même manière, Obama évoque son grand-père, sa mère, sa grand-mère.
Ces hommes ne manquent pas une occasion de le rappeler : ils sont fiers de leur famille, de leur parcours personnel, de l'histoire et des valeurs de l'Amérique. Ils ne doutent pas, ils ne s'interrogent pas. On les imagine mal allant, comme Nicolas Sarkozy, à Londres ou Berlin expliquer leur admiration pour des sociétés étrangères. Aucun pays ami n'est d'ailleurs cité directement dans ces discours : l'étranger n'est cité que lorsqu'il est perçu comme une menace. Ils sont Américains, surs d'eux-mêmes. Même s'ils ont le sentiment que cette promesse américaine, ce rêve américain auxquels ils font constamment référence sont menacés, ont été mis à mal par 8 ans d'administration Bush."Keep the american dream alive" dit Obama.
La rhétorique est également différente. Jean Véronis a montré que les discours écrits par Henri Guaino pour Nicolas Sarkozy usaient et abusaient de de l'anaphore (figure qui consiste répéter les débuts de phrase) que l'on retrouve chez Obama, mais on devine, chez d'autres orateurs, l'influence de l'office du dimanche. Joe Biden multiplie les épistrophes (répétition d'un mot ou groupe de mots à la fin de plusieurs membres de phrases pour obtenir un effet incantatoire ou insistant) qui incitent la foule à reprendre ses mots, figure directement empruntée aux prédicateurs.
Autre différence notable mais qui surprend moins quiconque s'est promené aux Etats-Unis : l'abondance de drapeaux dans l'assistance et l'insistance sur le patriotisme que l'on retrouve dans tous les discours, patriotisme qui paraitrait, chez nous, au mieux un peu ridicule, mais serait plus sûrement associé à l'extrême-droite.
Un mot, enfin, sur les applaudissements. Ils sont nourris, nombreux, ils sont aussi un indice de la popularité des personnalités (voir le succès de Clinton), mais aussi de ce qu'attendent les électeurs et montrent là-encore des différences sensibles. On associe souvent, de ce coté -ci de l'Atlantique, les démocrates et la gauche telle que l'incarne un parti comme le PS. C'est probablement une simplification. L'une des parties du discours de Barack Obama les plus applaudies est celle dans laquelle il en appelle à la responsabilité individuelle, notamment à la responsabilité parentale qui serait chez nous plutôt un thème de droite (même si Ségolène Royal a développé dans la campagne un thème voisin). L'Amérique n'est certainement pas l'Europe. Quoiqu'on ait pu dire de la globalisation, les différences persistent.
mercredi, août 27, 2008
Sarkozy, le PS et le cynisme
Les observateurs de notre vie politique ne manquent pas une occasion d'attribuer à Nicolas Sarkozy des intentions politiciennes. Les mesures qu'il prend seraient souvent conçues pour gêner, dérouter la gauche et le PS. On l'a beaucoup dit à propos de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques. Aujourd'hui même, ce mécanisme est évoqué par le Canard Enchaîné et Arthur Godhammer.
D'après l'hebdomadaire, Nicolas Sarkozy n'aurait imposé un vote a chambre après les débats sur l'Afghanisan que pour mieux piéger la gauche. "Si, aurait-il dit, le PS votre contre, il fera preuve d'un manque de solidarité avec nos soldats engagés en Afghanistan, et ce sera mal pris dans le pays. S'il vote pour, ce sera interprété comme un soutien à mon action."
Quant à Arthur Goldhammer, l'auteur d'un des blogs les plus intéressants sur la vie politique française, il salue l'habileté de la mesure qui consisterait à taxer les revenus du capital pour financer le RSA. "It is also, écrit-il, an incredibly astute political move as the Socialists maneuver in advance of their convention. It undercuts their most potent attack againstSarkozy, that the TEPA was a giveaway to the rich whose cost has hamstrung government action on other fronts. "
Dans tous ces cas, ce réflexe "politicien" est plausible. Pourtant, ces explications ne me paraissent jamais complètement satisfaisantes.
Nicolas Sarkozy a été élu dans des conditions telles, il dispose de telles majorités au Sénat et à l'Assemblée Nationale qu'il n'a pas besoin de piéger une opposition en lambeaux. A moins qu'il ne soit complètement obsédée par elle, il peut consacrer son temps à autre chose qu'à comploter avec ses conseillers dans l'ombre de l'Elysée contre un adversaire dont la presse dit chaque jour qu'il a la tête sous l'eau.
Il y a, de plus, à chaque fois un prix à payer. Le vote au Parlement va le forcer à réunir son camp plus divisé qu'on ne dit (voir, par exemple, la rapprochement effectué par Jean-Pierre Soisson entre les événements d'Afghanistan et la guerre d'Algérie). la taxation du patrimoine, même si elle est faible (on parle de 1%) va agacer tous ceux qui paient un impôt sur la fortune et, au delà, tous ceux qui possèdent quelques biens dont ils tirent des revenus.
On ne peut, enfin, exclure des dommages collatéraux : il n'est pas un spécialiste de la télévision qui ne parie sur une catastrophe si le projet de supprimer toute publicité sur les chaînes publiques est mené à son terme.
Ces décisions ont certainement été prises pour d'autres motifs, pour prouver que la révision constitutionnelle apportait plus de démocratie, pour résoudre la quadrature du cercle qu'était devenu le financement du RSA, pour aider Bouygues à sortir par le haut de l'audiovisuel pour mieux investir dans le nucléaire… La gêne créée pour l'opposition n'est qu'un bénéfice secondaire dont il aurait tort de se priver. Reste que l'insistance des observateurs renvoie à quelque chose de nouveau. Les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy savaient eux aussi profiter des bénéfices politiques secondaires de leurs actions. Mais ils évitaient de s'en vanter et interdisaient à leurs conseillers d'aller partout se féliciter du bon coup fait à l'opposition. Nicolas Sarkozy est tout simplement un peu plus cynique qu'eux.
D'après l'hebdomadaire, Nicolas Sarkozy n'aurait imposé un vote a chambre après les débats sur l'Afghanisan que pour mieux piéger la gauche. "Si, aurait-il dit, le PS votre contre, il fera preuve d'un manque de solidarité avec nos soldats engagés en Afghanistan, et ce sera mal pris dans le pays. S'il vote pour, ce sera interprété comme un soutien à mon action."
Quant à Arthur Goldhammer, l'auteur d'un des blogs les plus intéressants sur la vie politique française, il salue l'habileté de la mesure qui consisterait à taxer les revenus du capital pour financer le RSA. "It is also, écrit-il, an incredibly astute political move as the Socialists maneuver in advance of their convention. It undercuts their most potent attack againstSarkozy, that the TEPA was a giveaway to the rich whose cost has hamstrung government action on other fronts. "
Dans tous ces cas, ce réflexe "politicien" est plausible. Pourtant, ces explications ne me paraissent jamais complètement satisfaisantes.
Nicolas Sarkozy a été élu dans des conditions telles, il dispose de telles majorités au Sénat et à l'Assemblée Nationale qu'il n'a pas besoin de piéger une opposition en lambeaux. A moins qu'il ne soit complètement obsédée par elle, il peut consacrer son temps à autre chose qu'à comploter avec ses conseillers dans l'ombre de l'Elysée contre un adversaire dont la presse dit chaque jour qu'il a la tête sous l'eau.
Il y a, de plus, à chaque fois un prix à payer. Le vote au Parlement va le forcer à réunir son camp plus divisé qu'on ne dit (voir, par exemple, la rapprochement effectué par Jean-Pierre Soisson entre les événements d'Afghanistan et la guerre d'Algérie). la taxation du patrimoine, même si elle est faible (on parle de 1%) va agacer tous ceux qui paient un impôt sur la fortune et, au delà, tous ceux qui possèdent quelques biens dont ils tirent des revenus.
On ne peut, enfin, exclure des dommages collatéraux : il n'est pas un spécialiste de la télévision qui ne parie sur une catastrophe si le projet de supprimer toute publicité sur les chaînes publiques est mené à son terme.
Ces décisions ont certainement été prises pour d'autres motifs, pour prouver que la révision constitutionnelle apportait plus de démocratie, pour résoudre la quadrature du cercle qu'était devenu le financement du RSA, pour aider Bouygues à sortir par le haut de l'audiovisuel pour mieux investir dans le nucléaire… La gêne créée pour l'opposition n'est qu'un bénéfice secondaire dont il aurait tort de se priver. Reste que l'insistance des observateurs renvoie à quelque chose de nouveau. Les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy savaient eux aussi profiter des bénéfices politiques secondaires de leurs actions. Mais ils évitaient de s'en vanter et interdisaient à leurs conseillers d'aller partout se féliciter du bon coup fait à l'opposition. Nicolas Sarkozy est tout simplement un peu plus cynique qu'eux.
mardi, août 26, 2008
Les Français et la guerre en Afghanistan
Le gouvernement n'aura pas attendu longtemps pour réagir au sondage de CSA sur l'engagement français en Afghanistan que le Parisien Libéré a publié le 22 août : il y aura débat a Parlement et, dans la foulée, vote le 22 septembre. Il est vrai que c'est l'un des fondements de la politique internationale de Nicolas Sarkozy qui est en jeu. Alors qu'il avait, jusqu'à présent, plutôt cumulé les succès en ce domaine , il bute sur une vraie difficulté : l'opposition de l'opinion à l'intervention en Afghanistan.
On se souvient que, d'après le sondage du Parisien Libéré, 55% des Français sont hostiles à l'engagement de la France dans ce pays de crainte que la France ne "s'enlise dans un conflit sur lequel elle n'a pas de prise". 36% pensent "qu'il faut maintenir les troupes, car elles participent à la lutte contre le terrorisme international". 9% seulement ne se prononcent pas, ce qui est peu pour un sujet aussi complexe.
Ce sondage ayant été réalisé au lendemain de l'annonce de la mort de dix soldats français, on pourrait en imputer les résultats à l'émotion. S'en tenir à cette explication est cependant un peu court. En mars dernier, BVA a réalisé pour Sud-Ouest un sondage donnant des résultats tout aussi hostiles à la guerre : les deux tiers des Français désapprouvaient la décision de Nicolas Sarkozy d’envoyer de nouvelles troupes à Kaboul, seuls 15% la soutenaient. Au-delà de l’engagement militaire français, c’est la guerre elle-même menée par les Occidentaux en Afghanistan qui est en cause aux yeux des Français. 65% d’entre eux jugent ainsi erronée l’attitude américaine.
Le sondage du Parisien est moins mauvais pour le pouvoir, mais le réflexe légitimiste fréquent dans ce genre de situation n'a pas joué. 48% seulement des Français font confiance au Président pour gérer ce dossier contre 46% qui lui refusent leur confiance : les dix jeunes soldats tués dans cette embuscade n'ont pas suffi à réunir l'opinion autour du Président, comme cela avait été le cas en 1983 lors de l'attentat du Drakkar. Au delà du pacifisme de l'opinion, le doute sur l'opportunité et les motifs de cette intervention semble dominer une opinion qui s'interroge et se pose des questions :
- a-t-on quelque chance de gagner cette guerre alors que les conflits asymétriques de ce type sont de ceux que l'on ne gagne jamais?
- est-ce en se battant en Afghanistan que l'on peut gagner la guerre contre le terrorisme? Les derniers attentats commis en Afrique du Nord ou en Europe l'ont été par des groupes locaux qui se réclamaient d'Al Qaida mais disposaient d'une grande autonomie ;
- le terrorisme est-il le premier risque que courent nos sociétés? On peut le contester : la déconstruction des Etats à l'Est de l'Europe, leur émiettement avec ce que cela entraîne de guerres civiles, de déplacements de populations, éventuellement de génocides et de renforcement de la puissance russe paraissent aujourd'hui plus inquiétants qu'un terrorisme venu de l'extérieur ;
- le rapprochement avec les Etats-Unis justifie-t-il que l'on mette en danger la vie de nos soldats?
- l'intervention en Afghanistan est-elle indispensable au maintien du rang international de la France?…
Une majorité se dégagera naturellement au Parlement en faveur de la politique menée par le gouvernement. Les débats donneront aux parlementaires de la majorité l'occasion de développer des arguments en faveur de l'intervention, mais aussi aux sceptiques, tant à gauche qu'à droite (il y en a, comme Pierre Lellouche ou Dominique de Villepin ) de faire valoir les leur. Cela suffira-t-il? C'est peu probable. Reste à savoir ce que fera Nicolas Sarkozy. Suivra-t-il l'exemple de François Mitterrand qui avait retiré les troupes françaises du Liban quelques mois après avoir déclaré que "l'assassinat des 58 soldats ne resterait pas impuni", ou persévérera-t-il dans ce qui est aux yeux de l'opinion une erreur? Beaucoup dépendra de la politique de la prochaine administration américaine. Si celle-ci s'enferme dans cette guerre il lui sera plus difficile de lever le pied. Au risque de nouveaux morts. Si elle comprend que la guerre en Afghanistan n'est pas aussi stratégique que l'affirment aujourd'hui les candidats, il pourra plus facilement désengager nos troupes de ce que Pierre Lellouche appelle déjà un "bourbier".
On se souvient que, d'après le sondage du Parisien Libéré, 55% des Français sont hostiles à l'engagement de la France dans ce pays de crainte que la France ne "s'enlise dans un conflit sur lequel elle n'a pas de prise". 36% pensent "qu'il faut maintenir les troupes, car elles participent à la lutte contre le terrorisme international". 9% seulement ne se prononcent pas, ce qui est peu pour un sujet aussi complexe.
Ce sondage ayant été réalisé au lendemain de l'annonce de la mort de dix soldats français, on pourrait en imputer les résultats à l'émotion. S'en tenir à cette explication est cependant un peu court. En mars dernier, BVA a réalisé pour Sud-Ouest un sondage donnant des résultats tout aussi hostiles à la guerre : les deux tiers des Français désapprouvaient la décision de Nicolas Sarkozy d’envoyer de nouvelles troupes à Kaboul, seuls 15% la soutenaient. Au-delà de l’engagement militaire français, c’est la guerre elle-même menée par les Occidentaux en Afghanistan qui est en cause aux yeux des Français. 65% d’entre eux jugent ainsi erronée l’attitude américaine.
Le sondage du Parisien est moins mauvais pour le pouvoir, mais le réflexe légitimiste fréquent dans ce genre de situation n'a pas joué. 48% seulement des Français font confiance au Président pour gérer ce dossier contre 46% qui lui refusent leur confiance : les dix jeunes soldats tués dans cette embuscade n'ont pas suffi à réunir l'opinion autour du Président, comme cela avait été le cas en 1983 lors de l'attentat du Drakkar. Au delà du pacifisme de l'opinion, le doute sur l'opportunité et les motifs de cette intervention semble dominer une opinion qui s'interroge et se pose des questions :
- a-t-on quelque chance de gagner cette guerre alors que les conflits asymétriques de ce type sont de ceux que l'on ne gagne jamais?
- est-ce en se battant en Afghanistan que l'on peut gagner la guerre contre le terrorisme? Les derniers attentats commis en Afrique du Nord ou en Europe l'ont été par des groupes locaux qui se réclamaient d'Al Qaida mais disposaient d'une grande autonomie ;
- le terrorisme est-il le premier risque que courent nos sociétés? On peut le contester : la déconstruction des Etats à l'Est de l'Europe, leur émiettement avec ce que cela entraîne de guerres civiles, de déplacements de populations, éventuellement de génocides et de renforcement de la puissance russe paraissent aujourd'hui plus inquiétants qu'un terrorisme venu de l'extérieur ;
- le rapprochement avec les Etats-Unis justifie-t-il que l'on mette en danger la vie de nos soldats?
- l'intervention en Afghanistan est-elle indispensable au maintien du rang international de la France?…
Une majorité se dégagera naturellement au Parlement en faveur de la politique menée par le gouvernement. Les débats donneront aux parlementaires de la majorité l'occasion de développer des arguments en faveur de l'intervention, mais aussi aux sceptiques, tant à gauche qu'à droite (il y en a, comme Pierre Lellouche ou Dominique de Villepin ) de faire valoir les leur. Cela suffira-t-il? C'est peu probable. Reste à savoir ce que fera Nicolas Sarkozy. Suivra-t-il l'exemple de François Mitterrand qui avait retiré les troupes françaises du Liban quelques mois après avoir déclaré que "l'assassinat des 58 soldats ne resterait pas impuni", ou persévérera-t-il dans ce qui est aux yeux de l'opinion une erreur? Beaucoup dépendra de la politique de la prochaine administration américaine. Si celle-ci s'enferme dans cette guerre il lui sera plus difficile de lever le pied. Au risque de nouveaux morts. Si elle comprend que la guerre en Afghanistan n'est pas aussi stratégique que l'affirment aujourd'hui les candidats, il pourra plus facilement désengager nos troupes de ce que Pierre Lellouche appelle déjà un "bourbier".
lundi, août 25, 2008
Espaces pietonniers, tramways et urbanisme
Je rentre de Strasbourg, ville superbe dans sa partie la plus ancienne, autour de la cathédrale, comme chacun sait, mais saccagée par ses municipalités successives dans sa partie plus moderne, notamment entre la cathédrale et la gare par la multiplication des zones piétonnes et des rues réservées aux tramways.
Rues piétonnes et tramways sont de bonnes idées, encore faut-il les mettre en oeuvre avec talent, éviter de créer d'immenses espaces vides sinistres et des galeries marchandes à ciel ouvert. Les édiles de Strasbourg n'ont pas évité ces écueils.
Rues piétonnes et tramways sont de bonnes idées, encore faut-il les mettre en oeuvre avec talent, éviter de créer d'immenses espaces vides sinistres et des galeries marchandes à ciel ouvert. Les édiles de Strasbourg n'ont pas évité ces écueils.
Think tanks de gauche et plafond de verre
Le Monde 2 publie un intéressant article de Frédéric Joignot sur les think tanks de gauche. Sont-ils trop nombreux comme le suggère Arthur Goldhammer dans son blog en même temps qu'il regrette l'absence d'un responsable politique capable de porter ces idées (mais n'est-ce pas ce qu'avait entrepris de faire à contretemps et avec une certaine maladresse mais pas mal de vigueur Ségolène Royal?)?
Cet article a en tout cas l'avantage de mettre l'accent sur le foisonnement d'idées à gauche, en marge du parti socialiste, mais aussi sur quelques chiffres qui restent pénibles : je pense notamment à ces 55% de femmes qui n'accomplissent pas des carrières qui correspondent à leurs études. Un phénomène que l'on a longtemps attribué au plafond de verre qui parait aujourd'hui bien fissuré (le nombre de femmes qui sont passées par dessus ne cesse d'augmenter dans tous les domaines, culturel, économique, politique) et que l'on serait bien inspiré d'attribuer à des mécanismes plus fins :
- des effets silo : les jeunes femmes sachant qu'elles auront plus de difficultés que les garçons à faire carrière, se tournent plus volontiers vers des formations de spécialistes (comme les formations en RH ou en communication) qui leur permettent de trouver un emploi mais les enferment dans des services, d'où plus de difficultés pour grimper dans la hiérarchie des grandes entreprises qui privilégient les collaborateurs qui ont une expérience variée ;
- des effets de substitution : lorsqu'il n'y a pas de crèche ou lorsque celles-ci sont trop chères, les jeunes mères s'éloignent provisoirement du marché du travail, d'où des retards dans les carrières qu'il est difficile de rattraper ;
- des effets de spécialisation dans des secteurs industriels qui privilégient les temps partiels ou l'intérim ;
- des effets de genre : les emplois ont souvent un genre, genre qui évolue dans le temps (les RH étaient hier un emploi typiquement masculin, elles sont devenues féminines, l'informatique était mixte elle tend à devenir une spécialité masculine…) qui renvoient, probablement, à des choix faits lors de la formation.
Cet article a en tout cas l'avantage de mettre l'accent sur le foisonnement d'idées à gauche, en marge du parti socialiste, mais aussi sur quelques chiffres qui restent pénibles : je pense notamment à ces 55% de femmes qui n'accomplissent pas des carrières qui correspondent à leurs études. Un phénomène que l'on a longtemps attribué au plafond de verre qui parait aujourd'hui bien fissuré (le nombre de femmes qui sont passées par dessus ne cesse d'augmenter dans tous les domaines, culturel, économique, politique) et que l'on serait bien inspiré d'attribuer à des mécanismes plus fins :
- des effets silo : les jeunes femmes sachant qu'elles auront plus de difficultés que les garçons à faire carrière, se tournent plus volontiers vers des formations de spécialistes (comme les formations en RH ou en communication) qui leur permettent de trouver un emploi mais les enferment dans des services, d'où plus de difficultés pour grimper dans la hiérarchie des grandes entreprises qui privilégient les collaborateurs qui ont une expérience variée ;
- des effets de substitution : lorsqu'il n'y a pas de crèche ou lorsque celles-ci sont trop chères, les jeunes mères s'éloignent provisoirement du marché du travail, d'où des retards dans les carrières qu'il est difficile de rattraper ;
- des effets de spécialisation dans des secteurs industriels qui privilégient les temps partiels ou l'intérim ;
- des effets de genre : les emplois ont souvent un genre, genre qui évolue dans le temps (les RH étaient hier un emploi typiquement masculin, elles sont devenues féminines, l'informatique était mixte elle tend à devenir une spécialité masculine…) qui renvoient, probablement, à des choix faits lors de la formation.
Vers un nouveau Monde
Marianne vient de publier la liste des journalistes qui vont dans les semaines qui viennent quitter Le Monde dans le cadre du programme de redressement économique du journal. On y retrouve beaucoup de signatures connues. Pour juger pleinement de ce plan de départ, il faudrait disposer de plus d'informations, connaître, l'âge des journalistes (ce n'est pas la même chose de partir à 60 ans, à la veille de la retraite et à 40) mais aussi les effectifs de chaque service.
En tout état de cause, ces coupes franches dans les effectifs semblent annoncer une évolution éditoriale du journal, avec un allégement de la partie internationale (8 départs dans ce service), de la partie culturelle (4 départs dans la rubrique culture) et, plus surprenant de ses activités de "service au lecteur" qui avaient pris, ces dernières années, une place accrue (5 départs dans la rubrique Et vous, 4 dans la rubrique Radio-Télévision). Le secteur économie est, à l'inverse, épargné (1 seul départ), tout comme les pages sport (aucun départ).
Le plus inquiétant, pour le lecteur, est certainement l'international. La tentation risque, en effet, d'être grande de remplacer des spécialistes maison par des communiqués d'agence et des pigistes de luxe façon BHL. C'est la qualité et, surtout, la variété de l'information sur ce qui se passe à l'extérieur qui risquent d'en souffrir.
A contrario, les coupes dans le secteur culture peuvent être une bonne chose si elles amènent le journal à réfléchir au traitement à apporter à la culture, notamment à la littérature Malgré des changements récents, le supplément littéraire présente toujours aussi peu d'intérêt. On aimerait conseiller à la direction du Monde de s'inspirer d'exemples étrangers, notamment du TLS.
Le Monde 2 va aussi souffrir (5 départs), ce qui devrait se traduire par une accentuation de sa tendance à devenir un catalogue de photos (mais, après tout, pourquoi pas?).
C'est, très probablement, un autre journal qui sortira de ce remède de cheval. Malheureusement, comme souvent dans les entreprises en difficulté, les réductions d'effectifs semblent s'être faites sans réflexion sur leurs effets sur la qualité du produit.
En tout état de cause, ces coupes franches dans les effectifs semblent annoncer une évolution éditoriale du journal, avec un allégement de la partie internationale (8 départs dans ce service), de la partie culturelle (4 départs dans la rubrique culture) et, plus surprenant de ses activités de "service au lecteur" qui avaient pris, ces dernières années, une place accrue (5 départs dans la rubrique Et vous, 4 dans la rubrique Radio-Télévision). Le secteur économie est, à l'inverse, épargné (1 seul départ), tout comme les pages sport (aucun départ).
Le plus inquiétant, pour le lecteur, est certainement l'international. La tentation risque, en effet, d'être grande de remplacer des spécialistes maison par des communiqués d'agence et des pigistes de luxe façon BHL. C'est la qualité et, surtout, la variété de l'information sur ce qui se passe à l'extérieur qui risquent d'en souffrir.
A contrario, les coupes dans le secteur culture peuvent être une bonne chose si elles amènent le journal à réfléchir au traitement à apporter à la culture, notamment à la littérature Malgré des changements récents, le supplément littéraire présente toujours aussi peu d'intérêt. On aimerait conseiller à la direction du Monde de s'inspirer d'exemples étrangers, notamment du TLS.
Le Monde 2 va aussi souffrir (5 départs), ce qui devrait se traduire par une accentuation de sa tendance à devenir un catalogue de photos (mais, après tout, pourquoi pas?).
C'est, très probablement, un autre journal qui sortira de ce remède de cheval. Malheureusement, comme souvent dans les entreprises en difficulté, les réductions d'effectifs semblent s'être faites sans réflexion sur leurs effets sur la qualité du produit.
mercredi, août 20, 2008
A quoi jouent les pharmaciens?
Je suis un traitement médical basé sur le Sutent, un médicament récent, très coûteux (la boite de 30 gélules coûte 5675€!), que les pharmaciens ne gardent pas en stock. Celui chez lequel je me fournit sans difficultés étant en vacances, j'ai voulu en acheter chez un autre pharmacien proche de chez moi, place de Québec (Saint-Germain des Près) au coin de la rue Bonaparte, une pharmacie ouverte tous les soirs jusqu'à minuit. La pharmacienne me dit qu'elle ne l'a pas en stock, je lui propose de le commander, elle m'explique que c'est compliqué (sic)… Je lui demande de remettre à jour ma carte vitale, comme recommande de le faire la Sécurité Sociale dans ses courriers. Elle n'a pas la machine! et me conseille de m'adresser à son collègue, un peu plus haut dans la rue Bonaparte, au coin de la rue Dufour.
Il s'agit d'un véritable drugstore à l'américaine plein de monde comme un grand magasin le premier jour des soldes. Une fois trouvé l'endroit où l'on traite les ordonnances et quelques minutes de queue, je tombe sur une pharmacienne qui m'explique qu'elle ne l'a pas en stock, qu'il faut qu'elle téléphone, ce qu'elle va faire à l'autre bout du magasin (une absence d'une bonne dizaine de minutes), qui revient enfin pour me dire, là encore très aimablement, qu'elle peut le commander mais que mon ordonnance (pourtant rédigée par un médecin hospitalier spécialiste de ces traitement qu'il prescrit plusieurs fois par semaine) n'est pas réglementaire. Dit autrement : passez votre chemin… Deux grosses pharmacies : deux refus de vente!
Ce quartier étant, par chance, rempli de pharmacies, il me suffit de remonter de quelques dizaines de mètres la rue Dufour pour trouver une officine plus calme qui prend, sans sourciller, mon ordonnance, commande le produit et me donne rendez-vous pour le lendemain.
Ce n'est qu'une mésaventure sans importance mais qui amène à s'interroger : à quoi jouent les pharmaciens qui ont le plus de clients? ont-ils décidé de ne plus vendre que les médicaments de confort? de refuser tout ce qui sort un peu de l'ordinaire?
PS. Pour dire vrai, ce n'est pas une nouveauté. Il y a une dizaine d'années, cherchant en soirée de la morphine pour une malade qui en avait vraiment besoin, j'ai dû aller jusqu'à Montparnasse, les deux pharmacies les plus proches, celle du défunt drugstore et celle de la place de Québec refusant de m'en vendre.
Il s'agit d'un véritable drugstore à l'américaine plein de monde comme un grand magasin le premier jour des soldes. Une fois trouvé l'endroit où l'on traite les ordonnances et quelques minutes de queue, je tombe sur une pharmacienne qui m'explique qu'elle ne l'a pas en stock, qu'il faut qu'elle téléphone, ce qu'elle va faire à l'autre bout du magasin (une absence d'une bonne dizaine de minutes), qui revient enfin pour me dire, là encore très aimablement, qu'elle peut le commander mais que mon ordonnance (pourtant rédigée par un médecin hospitalier spécialiste de ces traitement qu'il prescrit plusieurs fois par semaine) n'est pas réglementaire. Dit autrement : passez votre chemin… Deux grosses pharmacies : deux refus de vente!
Ce quartier étant, par chance, rempli de pharmacies, il me suffit de remonter de quelques dizaines de mètres la rue Dufour pour trouver une officine plus calme qui prend, sans sourciller, mon ordonnance, commande le produit et me donne rendez-vous pour le lendemain.
Ce n'est qu'une mésaventure sans importance mais qui amène à s'interroger : à quoi jouent les pharmaciens qui ont le plus de clients? ont-ils décidé de ne plus vendre que les médicaments de confort? de refuser tout ce qui sort un peu de l'ordinaire?
PS. Pour dire vrai, ce n'est pas une nouveauté. Il y a une dizaine d'années, cherchant en soirée de la morphine pour une malade qui en avait vraiment besoin, j'ai dû aller jusqu'à Montparnasse, les deux pharmacies les plus proches, celle du défunt drugstore et celle de la place de Québec refusant de m'en vendre.
mardi, août 19, 2008
Inflation : l'effet contagion
Familles Rurales vient de réaliser une étude intéressante que publie La Croix : on y apprend notamment que les prix des fruits et légumes ont augmenté en France (hors Ile de France les grandes villes) en moyenne respectivement de 15,4 et 10, 5%, augmentations que les raisons climatiques avancées par le ministère de l'agriculture ne justifient qu'à moitié (les raisons climatiques n'expliqueraient, d'après Familles Rurales, que 5% de ces hausses de prix).
Augmentations qui n'ont, par ailleurs, rien à voir avec celles des produits laitiers qui avaient fait la une au printemps et qui étaient, on s'en souvient, liées à la hausse des coûts de production (hausse du prix des céréales). L'article fourmille d'exemples : "Ainsi le prix de la tomate a pu varier de 1,29 € le kilo dans les Côtes- d’Armor à 3,30 € dans la Marne. Autre exemple, le melon qui a fait le yo-yo en juin entre 1,50 € la pièce dans le Finistère et 3,50 € en Gironde. Les relevés ont montré qu’un même produit dans une même surface de vente a pu passer du simple au double selon le département." Familles Rurales qui a créé son observatoire des prix en 2006 conclue qu'il faudrait s'interroger sur l'opacité des réseaux de distribution.
Cette étude est d'autant plus intéressante que cette organisation familiale (180 000 familles adhérentes, 45 000 bénévoles, 20 000 salariés) publie en générale des analyses très fines des prix des produits alimentaires. Dans son rapport de 2007, l'association s'interrogeait sur les stratégies des grands distributeurs en matière de gestion des produits premier prix : "La faible augmentation voire la diminution du prix moyen du panel « 1er prix » au cours de l’année 2007 cache en réalité une hausse entre 2006 et 2007. Accroître les prix en début d’année n’est-il pas une façon d’échapper aux indices économiques calculés pendant l’année ? Les familles les plus modestes, qui achètent en grande majorité ces produits, subissent-elles les augmentations que les distributeurs ne peuvent pas effectuer sur les produits de « grandes marques » ?"
L'étude de cette année met en évidence un effet de contagion : les prix des fruits et légumes augmentent parce que ceux des autres produits alimentaires ont augmenté. Tout se passe comme si ceux qui construisent les prix (essentiellement les distributeurs) se disaient : "mais pourquoi pas un coup de pousse sur les fruits et les légumes? Les consommateurs n'y verront que du feu". Ces hausse sont d'autant plus faciles à faire passer qu'on peut leur donner une explication rationnelle. Cette année, les conditions climatiques ont fait l'affaire. Reste que ces hausses sont inégalement réparties. Il y a ceux qui ont du mal à les faire passer, les producteurs confrontés aux acheteurs des grands distributeurs à la recherche des meilleurs prix, capables de faire jouer la concurrence, et ceux qui ont plus de liberté : ces mêmes grands distributeurs qui échappent, grâce à leurs monopoles locaux, à la concurrence.
Ces hausses massives nous rappellent opportunément que l'inflation est aussi construite par les distributeurs, quoique veuillent nous faire croire Michel-Edouard Leclerc et tous ses collègues qui se présentent si volontiers en chevaliers blancs du pouvoir d'achat.
Augmentations qui n'ont, par ailleurs, rien à voir avec celles des produits laitiers qui avaient fait la une au printemps et qui étaient, on s'en souvient, liées à la hausse des coûts de production (hausse du prix des céréales). L'article fourmille d'exemples : "Ainsi le prix de la tomate a pu varier de 1,29 € le kilo dans les Côtes- d’Armor à 3,30 € dans la Marne. Autre exemple, le melon qui a fait le yo-yo en juin entre 1,50 € la pièce dans le Finistère et 3,50 € en Gironde. Les relevés ont montré qu’un même produit dans une même surface de vente a pu passer du simple au double selon le département." Familles Rurales qui a créé son observatoire des prix en 2006 conclue qu'il faudrait s'interroger sur l'opacité des réseaux de distribution.
Cette étude est d'autant plus intéressante que cette organisation familiale (180 000 familles adhérentes, 45 000 bénévoles, 20 000 salariés) publie en générale des analyses très fines des prix des produits alimentaires. Dans son rapport de 2007, l'association s'interrogeait sur les stratégies des grands distributeurs en matière de gestion des produits premier prix : "La faible augmentation voire la diminution du prix moyen du panel « 1er prix » au cours de l’année 2007 cache en réalité une hausse entre 2006 et 2007. Accroître les prix en début d’année n’est-il pas une façon d’échapper aux indices économiques calculés pendant l’année ? Les familles les plus modestes, qui achètent en grande majorité ces produits, subissent-elles les augmentations que les distributeurs ne peuvent pas effectuer sur les produits de « grandes marques » ?"
L'étude de cette année met en évidence un effet de contagion : les prix des fruits et légumes augmentent parce que ceux des autres produits alimentaires ont augmenté. Tout se passe comme si ceux qui construisent les prix (essentiellement les distributeurs) se disaient : "mais pourquoi pas un coup de pousse sur les fruits et les légumes? Les consommateurs n'y verront que du feu". Ces hausse sont d'autant plus faciles à faire passer qu'on peut leur donner une explication rationnelle. Cette année, les conditions climatiques ont fait l'affaire. Reste que ces hausses sont inégalement réparties. Il y a ceux qui ont du mal à les faire passer, les producteurs confrontés aux acheteurs des grands distributeurs à la recherche des meilleurs prix, capables de faire jouer la concurrence, et ceux qui ont plus de liberté : ces mêmes grands distributeurs qui échappent, grâce à leurs monopoles locaux, à la concurrence.
Ces hausses massives nous rappellent opportunément que l'inflation est aussi construite par les distributeurs, quoique veuillent nous faire croire Michel-Edouard Leclerc et tous ses collègues qui se présentent si volontiers en chevaliers blancs du pouvoir d'achat.
lundi, août 18, 2008
Une politique économique prise à contre-pied
La récession annoncée prend à contre-pied la politique économique de Nicolas Sarkozy basée, pour ce qui est du pouvoir d'achat, sur toute une série de mesures qui visaient à lier les revenus des salariés aux performances des entreprises. C'est le sens des dispositions en faveur des heures supplémentaires que l'employeur ne demande que lorsqu'il a du travail ou des projets sur l'intéressement ou la participation qui visent à intégrer ces revenus liés aux résultats de l'entreprise dans la rémunération annuelle du salarié. Toutes mesures qui ont toutes chances d'être favorablement accueillies dans les périodes fastes mais qui sont sans effet sur les revenus réels dans les périodes plus difficiles.
Or, récession ou pas, c'est bien dans cette dernière direction que nous allons : les entreprises ne vont pas demander à leurs collaborateurs de faire des heures supplémentaires si leurs stocks sont pleins (comme le suggèrent les dernières enquêtes de la Banque de France) ou leurs carnets de commandes vides. Elles ne distribueront pas d'intéressement ou de participation si leurs résultats seront médiocres. Autant dire que le pouvoir d'achat des salariés a peu de chance de s'améliorer si la situation économique ne s'améliore pas rapidement (et personne ne parie là-dessus).
Plus grave peut-être pour le gouvernement, sa politique sur les 35 heures risque de lui revenir en boomerang à la figure. Il y a deux manières de sortir des 35 heures :
- par le haut, si les entreprises échangent une augmentation du temps de travail contre des augmentations de salaire ou des avantages sociaux (amélioration de la couverture sociale…),
- par le bas, si les entreprises demandent aux salariés de travailler plus pour éviter des licenciements, comme cela a été le cas dans quelques cas abondamment documentés par les médias.
Si la situation économique s'y était prêtée, les salariés auraient probablement accepté sans trop rechigner (encore que…) une sortie par le haut. La récession dont on nous parle annonce plutôt la multiplication des "sorties par le bas" qui ne peuvent que mettre à mal l'image sociale du gouvernement et renforcer l'impression qu'il est du coté des riches.
Or, récession ou pas, c'est bien dans cette dernière direction que nous allons : les entreprises ne vont pas demander à leurs collaborateurs de faire des heures supplémentaires si leurs stocks sont pleins (comme le suggèrent les dernières enquêtes de la Banque de France) ou leurs carnets de commandes vides. Elles ne distribueront pas d'intéressement ou de participation si leurs résultats seront médiocres. Autant dire que le pouvoir d'achat des salariés a peu de chance de s'améliorer si la situation économique ne s'améliore pas rapidement (et personne ne parie là-dessus).
Plus grave peut-être pour le gouvernement, sa politique sur les 35 heures risque de lui revenir en boomerang à la figure. Il y a deux manières de sortir des 35 heures :
- par le haut, si les entreprises échangent une augmentation du temps de travail contre des augmentations de salaire ou des avantages sociaux (amélioration de la couverture sociale…),
- par le bas, si les entreprises demandent aux salariés de travailler plus pour éviter des licenciements, comme cela a été le cas dans quelques cas abondamment documentés par les médias.
Si la situation économique s'y était prêtée, les salariés auraient probablement accepté sans trop rechigner (encore que…) une sortie par le haut. La récession dont on nous parle annonce plutôt la multiplication des "sorties par le bas" qui ne peuvent que mettre à mal l'image sociale du gouvernement et renforcer l'impression qu'il est du coté des riches.
Le retour d'un catholicisme exigeant dans les classes aisées?
Avec la visite du pape à Lourdes (et à l'Elysée mais semble-t-il en catimini pour cause de double divorce de Nicolas Sarkozy) on va beaucoup entendre parler de religion ans les semaines qui viennent.
Ayant été amené, cet été, à assister à quelques cérémonies religieuses catholiques, j'ai été frappé par l'expression d'une foi qui me parait assez nouvelle (il est vrai que je fréquente d'ordinaire peu les églises). Deux phénomènes ont particulièrement retenu mon attention : le retour de pratiques anciennes dans les cérémonies, le latin, la communion agenouillé avec l'hostie glissé dans la bouche (deux pratiques récemment autorisées par Benoit XVI mais dont je ne pensais qu'elles reviendraient aussi vite dans une église dont les prêtres ont été, pour la plupart, formés après Vatican II) et l'affluence à la communion (la quasi totalité des participants à la messe allant communier quand seule une minorité s'avançait autrefois). J'y ajouterai des comportements individuels, comme l'agenouillement pendant le service…
Ces comportements suggèrent un retour à une pratique plus rigoureuse et plus dynamique de la religion chez les fidèles. Au moins chez les plus aisés que j'ai pu observer lors de ces cérémonies. Ce qui parait, à première vue, aller à l'encontre de toutes les statistiques qui indiquent le recul de la pratique religieuse en France.
Il serait assez tentant d'expliquer cette évolution des comportements des catholiques pratiquants par un réflexe de minorité assiégée : plus on se sent minoritaire plus on durcit ses positions. Mais c'est loin d'être l'impression que donnaient ces fidèles. Ils semblaient, au contraire, à l'aise dans leur foi et plutôt conquérants (je pense, notamment, à un mariage célébré par un "petit gris", un membre de la Communauté Saint-Jean que l'on sait aussi dynamique que contestée ). On pourrait également expliquer cette exigence par l'enthousiasme de néophytes, mais les fidèles que j'ai pu observer appartiennent à des familles catholiques et depuis longtemps pratiquantes. J'avancerai une autre hypothèse : le développement d'un décalage accru entre les comportements et les pratiques des classes aisées (qui assistaient à ces messes dont je parle, restées ou redevenues pratiquantes) et le reste de la population.
Un phénomène qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler ce que décrit, pour les Etats-Unis, Larry M.Bartels dans son dernier livre (Unequal democracy ) : c'est dans les classes aisées beaucoup plus que dans les classes populaires qu'on observe des évolutions dans le domaine moral et culturel (opinion sur l'avortement…) et un retour à des valeurs plus traditionnelles.
Si cette hypothèse était vérifiée, si l'on observait, par exemple, une modification des comportements en matière de divorce selon les milieux sociaux, il faudrait, comme pour les Etats-Unis, en conclure à une retour d'une société de classes, classes dont les différences de comportement s'étaient estompées ces cinquante dernières années.
Ayant été amené, cet été, à assister à quelques cérémonies religieuses catholiques, j'ai été frappé par l'expression d'une foi qui me parait assez nouvelle (il est vrai que je fréquente d'ordinaire peu les églises). Deux phénomènes ont particulièrement retenu mon attention : le retour de pratiques anciennes dans les cérémonies, le latin, la communion agenouillé avec l'hostie glissé dans la bouche (deux pratiques récemment autorisées par Benoit XVI mais dont je ne pensais qu'elles reviendraient aussi vite dans une église dont les prêtres ont été, pour la plupart, formés après Vatican II) et l'affluence à la communion (la quasi totalité des participants à la messe allant communier quand seule une minorité s'avançait autrefois). J'y ajouterai des comportements individuels, comme l'agenouillement pendant le service…
Ces comportements suggèrent un retour à une pratique plus rigoureuse et plus dynamique de la religion chez les fidèles. Au moins chez les plus aisés que j'ai pu observer lors de ces cérémonies. Ce qui parait, à première vue, aller à l'encontre de toutes les statistiques qui indiquent le recul de la pratique religieuse en France.
Il serait assez tentant d'expliquer cette évolution des comportements des catholiques pratiquants par un réflexe de minorité assiégée : plus on se sent minoritaire plus on durcit ses positions. Mais c'est loin d'être l'impression que donnaient ces fidèles. Ils semblaient, au contraire, à l'aise dans leur foi et plutôt conquérants (je pense, notamment, à un mariage célébré par un "petit gris", un membre de la Communauté Saint-Jean que l'on sait aussi dynamique que contestée ). On pourrait également expliquer cette exigence par l'enthousiasme de néophytes, mais les fidèles que j'ai pu observer appartiennent à des familles catholiques et depuis longtemps pratiquantes. J'avancerai une autre hypothèse : le développement d'un décalage accru entre les comportements et les pratiques des classes aisées (qui assistaient à ces messes dont je parle, restées ou redevenues pratiquantes) et le reste de la population.
Un phénomène qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler ce que décrit, pour les Etats-Unis, Larry M.Bartels dans son dernier livre (Unequal democracy ) : c'est dans les classes aisées beaucoup plus que dans les classes populaires qu'on observe des évolutions dans le domaine moral et culturel (opinion sur l'avortement…) et un retour à des valeurs plus traditionnelles.
Si cette hypothèse était vérifiée, si l'on observait, par exemple, une modification des comportements en matière de divorce selon les milieux sociaux, il faudrait, comme pour les Etats-Unis, en conclure à une retour d'une société de classes, classes dont les différences de comportement s'étaient estompées ces cinquante dernières années.
lundi, août 11, 2008
La popularité de Nicolas Sarkozy
Les sondages les plus récents semblent indiquer une remontée de la popularité de Nicolas Sarkozy. A l'inverse de nombre de commentateurs, je pense que ce n'est probablement qu'un début. Et cela pour cinq motifs :
- Nicolas Sarkozy a, d'abord, connu au début de l'été, quelques beaux succès, le plus visible étant, bien sûr, la réunion d'une quarantaine de chefs d'Etat à Paris à l'occasion du 14 juillet. Disons-le simplement : il fallait le faire. Ces succès l'emporteront certainement dans l'opinion sur les maladresses et bafouillages de la politique chinoise ;
- le calme sur le front du bling-bling, grâce à une politique de communication plus discrète et à l'offensive de charme (élégance, distinction, intelligence et discrétion) de Carla Bruni ;
- la banalisation de l'anti-sarkozysme. La presse en a tant fait que ses électeurs se sont repris tandis que ses adversaires se sont épuisés ;
- une présence de tous les instants sur les terrains qui préoccupent ou inquiètent l'opinion. Que l'Elysée ait fait savoir que le général de la gendarmerie devait tous les soirs rendre compte de l'enquête sur la disparition du petit Louis, cet enfant de deux ans disparu quelques heures pendant les vacances donne le sentiment que l'on est gouverné (sentiment perdu dans les dernières années du chiraquisme) ;
- et, enfin, une meilleure compréhension des réformes.
La multiplication des réformes dans toutes les directions a d'abord troublé. Puis, au fil des mois, chacun a pu les classer en trois catégories :
- les réformes mineures qui ne changeront probablement pas grand chose, comme celle des institutions, comme le service minimum ou les 35 heures ;
- les réformes prometteuses comme celle de l'université (prometteuse ne veut pas dire qu'elles seront efficaces mais qu'elles peuvent l'être et méritent donc d'être tentées malgré les oppositions) ou celle de l'Etat ;
- les réformes nuisibles ou désagréables, comme la fermeture de casernes de l'armées de terre, la suppression d'emplois à l''Education Nationale ou la suppression de la publicité à la télévision et ses conséquences.
Dit autrement : ses réformes et sa politique sont devenues plus lisibles. Chacun a, naturellement, son palmarès, mais cette typologie, mineures/prometteuses/nuisibles joue en faveur de Nicolas Sarkozy, elle revient à dire : "il n'y a pas que de mauvaises choses dans sa politique".
Tout cela ne rendra pas Nicolas Sarkozy très populaire, mais cela lui permettra de reconquérir une partie de cette popularité qu'il avait au tout début de son mandat. Et c'est, sans doute, de son point de vue l'essentiel. Cela devrait inciter les socialistes à recentrer leurs critiques sur celles de ces réformes que l'électorat de gauche juge le plus nuisible.
- Nicolas Sarkozy a, d'abord, connu au début de l'été, quelques beaux succès, le plus visible étant, bien sûr, la réunion d'une quarantaine de chefs d'Etat à Paris à l'occasion du 14 juillet. Disons-le simplement : il fallait le faire. Ces succès l'emporteront certainement dans l'opinion sur les maladresses et bafouillages de la politique chinoise ;
- le calme sur le front du bling-bling, grâce à une politique de communication plus discrète et à l'offensive de charme (élégance, distinction, intelligence et discrétion) de Carla Bruni ;
- la banalisation de l'anti-sarkozysme. La presse en a tant fait que ses électeurs se sont repris tandis que ses adversaires se sont épuisés ;
- une présence de tous les instants sur les terrains qui préoccupent ou inquiètent l'opinion. Que l'Elysée ait fait savoir que le général de la gendarmerie devait tous les soirs rendre compte de l'enquête sur la disparition du petit Louis, cet enfant de deux ans disparu quelques heures pendant les vacances donne le sentiment que l'on est gouverné (sentiment perdu dans les dernières années du chiraquisme) ;
- et, enfin, une meilleure compréhension des réformes.
La multiplication des réformes dans toutes les directions a d'abord troublé. Puis, au fil des mois, chacun a pu les classer en trois catégories :
- les réformes mineures qui ne changeront probablement pas grand chose, comme celle des institutions, comme le service minimum ou les 35 heures ;
- les réformes prometteuses comme celle de l'université (prometteuse ne veut pas dire qu'elles seront efficaces mais qu'elles peuvent l'être et méritent donc d'être tentées malgré les oppositions) ou celle de l'Etat ;
- les réformes nuisibles ou désagréables, comme la fermeture de casernes de l'armées de terre, la suppression d'emplois à l''Education Nationale ou la suppression de la publicité à la télévision et ses conséquences.
Dit autrement : ses réformes et sa politique sont devenues plus lisibles. Chacun a, naturellement, son palmarès, mais cette typologie, mineures/prometteuses/nuisibles joue en faveur de Nicolas Sarkozy, elle revient à dire : "il n'y a pas que de mauvaises choses dans sa politique".
Tout cela ne rendra pas Nicolas Sarkozy très populaire, mais cela lui permettra de reconquérir une partie de cette popularité qu'il avait au tout début de son mandat. Et c'est, sans doute, de son point de vue l'essentiel. Cela devrait inciter les socialistes à recentrer leurs critiques sur celles de ces réformes que l'électorat de gauche juge le plus nuisible.
Inscription à :
Articles (Atom)