Xavier Darcos vient d'imaginer de valoriser les diplômes avec des médailles, "peut-être sur le mode des médailles sportives, or, argent, bronze, selon la mention obtenue." Idée incongrue, un peu stupide qui amène à s'interroger sur le public auquel elle est destinée. Aux jeunes, élèves ou étudiants? Certainement pas. Chacun sait bien que ce n'est pas cela qui les fera plus et mieux travailler. Ce n'est pas cela non plus qui rendra plus heureux d'avoir réussi un concours difficile.
Les seuls que cela peut séduire ce sont les vieux, ceux qui n'ont plus de contact depuis longtemps avec l'institution universitaire et scolaire, sinon de manière indirecte, qui se souviennent peut-être des distributions de prix dans la grande salle du lycée même si déjà dans les années 50, cette pratique était en perdition. Il se trouve que ces "vieux" sont les premiers électeurs de Nicolas Sarkozy. De là à penser que cette annonce qui ne sera probablement suivie d'aucun effet n'avait pour but que de séduire cet électorat il n'y a qu'un pas que je franchirai allègrement.
Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
lundi, septembre 15, 2008
vendredi, septembre 12, 2008
Le Pape sous mes fenêtres
Le Pape en route vers le Collége des Bernardins vient de passer sous mes fenêtres. Peu de monde sur son chemin, aucun applaudissement. La France est décidément peu chrétienne alors que la foi semble dans tant d'autres pays bien vivante. Mais pourquoi? Beaucoup s'en tiennent, comme le rappelle Arthur Goldhammer dans son blog, à la thèse de Tocqueville.
Les traditionalistes penchent plutôt pour la responsabilité d'un clergé moderniste. Sous couvert de modernisation, l'Eglise se serait coupée des milieux, dont elle était le plus proche : monde rural, bourgeoisie provinciale ou parisienne qu'ont décrite les romanciers des années 30, Mauriac et plus encore, peut-être, Roger-Martin du Gard.
Je pencherai, pour ma part, pour une troisième explication. La séparation de l'Eglise de l'Etat a eu pour effet de transférer à l'Etat des missions jusqu'alors déléguées à l'Eglise: éducation, santé, aide sociale. Les rapports que les citoyens entretenaient avec l'Eglise et le clergé se sont naturellement distendus. La pression sociale qui force ailleurs des "croyants mous" à participer à la vie de l'Eglise a disparu. Et comme la société a inventé des cérémonies laïques pour ceux qui le souhaitaient (mariage, baptême laïque, cérémonie au cimetière…), l'Eglise est devenue pour beaucoup un lieu qu'on ne fréquente que lorsqu'on les visite, pendant les vacances.
La communauté des fidèles s'est d'autant plus facilement délitée que, religion dominante, le catholicisme n'a pas eu à se battre contre d'autres confessions, comme ce peut être le cas dans les pays protestants où la concurrence vive des différentes sectes favorise la "consommation" de services spirituels.
Les traditionalistes penchent plutôt pour la responsabilité d'un clergé moderniste. Sous couvert de modernisation, l'Eglise se serait coupée des milieux, dont elle était le plus proche : monde rural, bourgeoisie provinciale ou parisienne qu'ont décrite les romanciers des années 30, Mauriac et plus encore, peut-être, Roger-Martin du Gard.
Je pencherai, pour ma part, pour une troisième explication. La séparation de l'Eglise de l'Etat a eu pour effet de transférer à l'Etat des missions jusqu'alors déléguées à l'Eglise: éducation, santé, aide sociale. Les rapports que les citoyens entretenaient avec l'Eglise et le clergé se sont naturellement distendus. La pression sociale qui force ailleurs des "croyants mous" à participer à la vie de l'Eglise a disparu. Et comme la société a inventé des cérémonies laïques pour ceux qui le souhaitaient (mariage, baptême laïque, cérémonie au cimetière…), l'Eglise est devenue pour beaucoup un lieu qu'on ne fréquente que lorsqu'on les visite, pendant les vacances.
La communauté des fidèles s'est d'autant plus facilement délitée que, religion dominante, le catholicisme n'a pas eu à se battre contre d'autres confessions, comme ce peut être le cas dans les pays protestants où la concurrence vive des différentes sectes favorise la "consommation" de services spirituels.
Meyssan, Bigard, Sarkozy et la CIA
Jean-Marie Bigard, que l'on connaissait pour la subtilité de son humour mais aussi pour ses dérapages anti-immigrés, plus proches du lepenisme que de tout autre chose, s'est tout récemment illustré en reprenant à son compte, à la télévision, les thèses de Meyssan sur le 11 septembre. En viendra-t-il, un jour prochain, à faire siennes, cette autre "thèse" du même Meyssan selon laquelle son ami Sarkozy (souvenons nous qu'il était du voyage présidentiel au Vatican) serait, en réalité, un agent de la CIA? Peut-être pourrait-il en faire un sketch…
Nicolas Sarkozy aurait été recruté très jeune par la deuxième épouse de son père qui a épousé en secondes noces, le fils d'un dirigeant historique de la CIA. Cette thèse qui circule actuellement sur le web ferait sourire si elle ne confirmait cette tendance que nous avons tous à trop souvent préférer le raisonnement par le complot ou la conspiration au raisonnement rationnel, tendance qu'ont confirmée tout récemment les résultats d'un sondage tout simplement hallucinant sur le 11 septembre publié il y a quelques jours. On y apprend que Al Qaïda n'est citée comme responsable des attentats de New-York que par 56% des Britanniques et des Italiens, 63% des Français et 64% des Allemands. Quant aux Egyptiens, ils seraient, toujours d'après ce sondage, 43% à penser qu'Israël en est l'organisateur.
Il est vrai que le raisonnement conspirationniste a de nombreux avantages :
- il permet de conforter ses préjugés,
- il conforte l'idée que nous serions manipulés,
- il donne à celui qui l'expose la possibilité de passer pour plus malin que ses interlocuteurs ("vous êtes bien naïfs de croire ce que l'on vous dit"),
- il est paresseux (pas besoin de faire beaucoup d'effort : le coupable est désigné d'avance, il s'agit en général des pays les plus puissants et des forces obscures qui les contrôlent avec, naturellement, toujours en toile de fond un parfum d'antisémitisme),
- il est, enfin, imparable puisqu'il fait appel à des informations que l'on ne peut pas contrôler puisque tout est toujours secret.
Nicolas Sarkozy aurait été recruté très jeune par la deuxième épouse de son père qui a épousé en secondes noces, le fils d'un dirigeant historique de la CIA. Cette thèse qui circule actuellement sur le web ferait sourire si elle ne confirmait cette tendance que nous avons tous à trop souvent préférer le raisonnement par le complot ou la conspiration au raisonnement rationnel, tendance qu'ont confirmée tout récemment les résultats d'un sondage tout simplement hallucinant sur le 11 septembre publié il y a quelques jours. On y apprend que Al Qaïda n'est citée comme responsable des attentats de New-York que par 56% des Britanniques et des Italiens, 63% des Français et 64% des Allemands. Quant aux Egyptiens, ils seraient, toujours d'après ce sondage, 43% à penser qu'Israël en est l'organisateur.
Il est vrai que le raisonnement conspirationniste a de nombreux avantages :
- il permet de conforter ses préjugés,
- il conforte l'idée que nous serions manipulés,
- il donne à celui qui l'expose la possibilité de passer pour plus malin que ses interlocuteurs ("vous êtes bien naïfs de croire ce que l'on vous dit"),
- il est paresseux (pas besoin de faire beaucoup d'effort : le coupable est désigné d'avance, il s'agit en général des pays les plus puissants et des forces obscures qui les contrôlent avec, naturellement, toujours en toile de fond un parfum d'antisémitisme),
- il est, enfin, imparable puisqu'il fait appel à des informations que l'on ne peut pas contrôler puisque tout est toujours secret.
jeudi, septembre 11, 2008
Tapie devant les députés
L'audition de Bernard Tapie par la Commission des finances fut un véritable spectacle. Elle nous a montré un Bernard Tapie au mieux de sa forme, connaissant sur le bout des doigts son dossier, face à des députés souvent incisifs, revenant sur leurs questions lorsqu'il "oubliait" d'y répondre.
Le dossier est manifestement très complexe et on se perdait facilement dans les longues réponses de Tapie dont toute l'argumentation peut être rapidement résumée en ces quelques propositions :
- son groupe n'a jamais été en difficultés financières. Il n'a vendu ses actions que parce qu'il voulait devenir ministre ;
- le Crédit Lyonnais l'a roulé dans la farine, il ne s'en est rendu compte que trop tard ;
- il n'a demandé et accepté un arbitrage que parce que la procédure judiciaire menaçait de durer de longues années, alors qu'il a déjà 65 ans ;
- le CDR avait, lui aussi, intérêt à l'arbitrage qui limitait, notamment, les risques que présentait la procédure judiciaire qui menaçait, en cas d'échec, de coûter beaucoup plus cher à l'Etat. Il n'y a donc pas eu d'intervention politique.
Argumentation qui invite à de nouvelles questions :
- comment Bernard Tapie a-t-il redressé en quelques mois une entreprise (Adidas) qui perdait tant d'argent en une entreprise florissante?
- quel entrepreneur de bon sens abandonnerait une entreprise florissante pour devenir ministre?
- n'y avait-il pas d'autre solution que la vente des action de Bernard Tapie Finance et d'Adidas pour concilier ambitions politiques et protection du patrimoine professionnel?
Le seul point vraiment convaincant de toute son argumentation était le développement sur son âge.
Mais le plus frappant dans cette audition, ce fut certainement le talent de débatteur Tapie qui tout au long de cette très longue séance a mêlé tout à la fois :
- diversions, en entraînant les députés dans les méandres techniques du dossier, en leur présentant des pièces nouvelles qu'ils ne pouvaient pas lire, diversions qui lui permettaient de ne pas répondre aux questions les plus précises et surtout de ne pas traiter le sujet de l'audition : l'organisation de l'arbitrage ;
- intimidation par le geste, la parole et, surtout, l'expression familière, virile, brutale, ne respectant ni la syntaxe ni le langage policé. Tapie n'a pas hésité à évoquer "sa femme chialant dans les chiottes", la supposée connerie de Dreyfus…
- santé de fer face à des députés aux visages marqués par la fatigue comme par autant de coups de poing. On sentait qu'il voulait et pouvait les avoir à l'usure.
Le dossier est manifestement très complexe et on se perdait facilement dans les longues réponses de Tapie dont toute l'argumentation peut être rapidement résumée en ces quelques propositions :
- son groupe n'a jamais été en difficultés financières. Il n'a vendu ses actions que parce qu'il voulait devenir ministre ;
- le Crédit Lyonnais l'a roulé dans la farine, il ne s'en est rendu compte que trop tard ;
- il n'a demandé et accepté un arbitrage que parce que la procédure judiciaire menaçait de durer de longues années, alors qu'il a déjà 65 ans ;
- le CDR avait, lui aussi, intérêt à l'arbitrage qui limitait, notamment, les risques que présentait la procédure judiciaire qui menaçait, en cas d'échec, de coûter beaucoup plus cher à l'Etat. Il n'y a donc pas eu d'intervention politique.
Argumentation qui invite à de nouvelles questions :
- comment Bernard Tapie a-t-il redressé en quelques mois une entreprise (Adidas) qui perdait tant d'argent en une entreprise florissante?
- quel entrepreneur de bon sens abandonnerait une entreprise florissante pour devenir ministre?
- n'y avait-il pas d'autre solution que la vente des action de Bernard Tapie Finance et d'Adidas pour concilier ambitions politiques et protection du patrimoine professionnel?
Le seul point vraiment convaincant de toute son argumentation était le développement sur son âge.
Mais le plus frappant dans cette audition, ce fut certainement le talent de débatteur Tapie qui tout au long de cette très longue séance a mêlé tout à la fois :
- diversions, en entraînant les députés dans les méandres techniques du dossier, en leur présentant des pièces nouvelles qu'ils ne pouvaient pas lire, diversions qui lui permettaient de ne pas répondre aux questions les plus précises et surtout de ne pas traiter le sujet de l'audition : l'organisation de l'arbitrage ;
- intimidation par le geste, la parole et, surtout, l'expression familière, virile, brutale, ne respectant ni la syntaxe ni le langage policé. Tapie n'a pas hésité à évoquer "sa femme chialant dans les chiottes", la supposée connerie de Dreyfus…
- santé de fer face à des députés aux visages marqués par la fatigue comme par autant de coups de poing. On sentait qu'il voulait et pouvait les avoir à l'usure.
mardi, septembre 09, 2008
Madame Nunuche
Carla Bruni Sarkozy est belle, élégante, elle a de jolies manières mais que de perles elle enfile!
Elle était dimanche chez Michel Drucker tout occupée à faire tout à la fois la promotion de son dernier disque et celle de son présidentiel époux. L'exercice est certainement très difficile, mais si l'on avait un conseil à lui donner, ce serait de s'en abstenir à l'avenir et de se tenir autant que possible éloignée des micros, car au festival des platitudes et des phrases bien tournées qui ne veulent rien dire, elle a battu, avec grace et sourire, un record. Au point qu'un seul mot venait à l'esprit pour la décrire : nunuche…
Elle était dimanche chez Michel Drucker tout occupée à faire tout à la fois la promotion de son dernier disque et celle de son présidentiel époux. L'exercice est certainement très difficile, mais si l'on avait un conseil à lui donner, ce serait de s'en abstenir à l'avenir et de se tenir autant que possible éloignée des micros, car au festival des platitudes et des phrases bien tournées qui ne veulent rien dire, elle a battu, avec grace et sourire, un record. Au point qu'un seul mot venait à l'esprit pour la décrire : nunuche…
vendredi, septembre 05, 2008
Paris-Match a eu raison de publier les photos de talibans
En publiant des photos de talibans habillés d'uniformes français et équipés d'armes que l'on devine prises au combat, Paris-Match s'est attiré la réprobation des familles des soldats victimes de l'embuscade d'il y a une dizaine de jours, ce qui est compréhensible, mais aussi celle des politiques de tous bords, du ministre de la défense à Daniel Cohn-Bendit. Ce qui est plus surprenant.
En publiant ces photos, le magazine a fait son travail. Il a produit une information : les talibans sont puissants. Il a mis en évidence ce que l'on devinait depuis quelques temps : cette guerre est loin d'être gagnée par la coalition. Que ces images renforcent la position des talibans, qu'elle les aide dans cette autre guerre qu'est celle de l'opinion occidentale est possible. Mais pourquoi s'en offusquer? Pour autant que l'on puisse en juger, il n'y a pas tromperie sur la marchandise. Les soldats qui posent sont bien des talibans. Quant à l'opinion elle est composée de citoyens qui ont leur mot à dire dans un engagement de ce type.
Comment traduire maverick en français?
Mc Cain est présenté aux Etats-Unis comme un "maverick", ce qui donne lieu à des jeux de mots sur le bétail et les ranches que l'on ne comprend pas lorsque l'on ne sait pas que ce mot a pour origine le nom d'un rancher texan qui ne marquait pas ses animaux.
Le mot en est venu à signifier "an unorthodox or independent-minded person : a free-thinking maverick, a person who refuses to conform to a particular party or group." Mais comment le traduire? Libération parle ce matin de franc-tireur. Hier, à la télévision (C dans l'air), on penchait plutôt pour électron libre. Sans doute pourrait-on aussi dire : forte-tête, esprit libre, anti-conformiste ou, dans une version moins aimable, incontrolable.
Toutes ces traductions ne sont, bien sûr, pas équivalentes. Il est vrai que le comportement de Samuel Maverick, le rancher, se prête à des interprétations contradictoires : était-il un esprit libre? un obstiné ou simplement un conservateur attaché aux vieilles méthodes d'élevage?
Le mot en est venu à signifier "an unorthodox or independent-minded person : a free-thinking maverick, a person who refuses to conform to a particular party or group." Mais comment le traduire? Libération parle ce matin de franc-tireur. Hier, à la télévision (C dans l'air), on penchait plutôt pour électron libre. Sans doute pourrait-on aussi dire : forte-tête, esprit libre, anti-conformiste ou, dans une version moins aimable, incontrolable.
Toutes ces traductions ne sont, bien sûr, pas équivalentes. Il est vrai que le comportement de Samuel Maverick, le rancher, se prête à des interprétations contradictoires : était-il un esprit libre? un obstiné ou simplement un conservateur attaché aux vieilles méthodes d'élevage?
jeudi, septembre 04, 2008
La Hune en grève
Il est rare que les libraires se mettent en grève. C'est ce qu'ont fait ce soir les salariés de La Hune, la librairie Flammarion de Saint-Germain des Prés pour protester contre une réduction des effectifs décidée par leur direction : ils passeraient ainsi de 18 à 16. Cette réduction devrait se faire sans licenciements par départs volontaires, mais cela ne calme pas les libraires qui disent leur inquiétude dans un tract dont le style littéraire tranche sur l'ordinaire de cette littérature et nous donne une image crue de leur métier : "Quand les livres en bas attendront qu'on les déballe, que déballés attendront qu'on les monte, que montés, qu'on les place, qu'on les range, qu'on les signale."
On est naturellement de tout coeur avec eux.
On est naturellement de tout coeur avec eux.
mercredi, septembre 03, 2008
Après le bling-bling, le fait du prince
Nicolas a réussi à se détacher de son image de bling-bling. Ce ne fut pas sans mal, mais c'est fait. Voilà que lui colle à la peau une nouvelle image pas beaucoup plus aimable : celle du Président qui utilise les moyens de l'Etat pour satisfaire son ambition ou les intérêts de ses proches, famille, amis…
On l'a compris, je parle de l'affaire corse, du limogeage du responsable de la sécurité en Corse, après l'occupation de la villa de Christian Clavier. Ce n'est pas la première fois, on se souvient du scooter de son fils, des nominations à TF1 et dans le groupe Lagardère, mais jusqu'à présent, on était dans le soupçon. Cette fois-ci, c'est clair : l'Elysée assume et le dit haut et fort.
Les avocats de Nicolas Sarkozy diront qu'il n'est pas le premier, qu'il a le mérite de ne pas se cacher. Sans doute, mais comment ne pas voir le risque politique qu'il prend. Ces comportements :
- créent un sentiment d'injustice chez les citoyens qui ne sont pas si bien traités,
- rappellent de mauvais souvenirs, de l'Etat-RPR aux gendarmes affectés à la protection de Mazarine,
- suscitent l'agacement des fonctionnaires de police et de leurs syndicats jusqu'alors bien disposés à son égard,
- créent le soupçon même là où il n'y a pas eu intervention.
Peut-être finira-t-il, comme pour le bling-bling, à entendre ses collaborateurs que l'on devine mal à l'aise. Mais d'ici là combien de nouvelles affaires du même type?
On l'a compris, je parle de l'affaire corse, du limogeage du responsable de la sécurité en Corse, après l'occupation de la villa de Christian Clavier. Ce n'est pas la première fois, on se souvient du scooter de son fils, des nominations à TF1 et dans le groupe Lagardère, mais jusqu'à présent, on était dans le soupçon. Cette fois-ci, c'est clair : l'Elysée assume et le dit haut et fort.
Les avocats de Nicolas Sarkozy diront qu'il n'est pas le premier, qu'il a le mérite de ne pas se cacher. Sans doute, mais comment ne pas voir le risque politique qu'il prend. Ces comportements :
- créent un sentiment d'injustice chez les citoyens qui ne sont pas si bien traités,
- rappellent de mauvais souvenirs, de l'Etat-RPR aux gendarmes affectés à la protection de Mazarine,
- suscitent l'agacement des fonctionnaires de police et de leurs syndicats jusqu'alors bien disposés à son égard,
- créent le soupçon même là où il n'y a pas eu intervention.
Peut-être finira-t-il, comme pour le bling-bling, à entendre ses collaborateurs que l'on devine mal à l'aise. Mais d'ici là combien de nouvelles affaires du même type?
mardi, septembre 02, 2008
L'émiettement de l'Europe
C'est la rentrée. J'ai repris mes chroniques sur Aligre FM. Celle de ce matin traitait de l'émiettement de l'Europe. On peut la lire et l'entendre ici.
La gauche n'a pas tout faux
En cette saison de curée sur le PS, j'ai envie de défendre, sinon ce parti qui étale ses divisions et ambitions avec tant de bonheur, du moins la gauche, qui a sans doute plus d'atouts que ne veulent bien le dire les commentateurs.
Elle dispose, d'abord, d'un vivier de dirigeants de qualité comme on en a rarement vu. Je ne suis pas sûr qu'il y ait souvent eu dans l'histoire autant de gens qui ont fait leurs preuves, qui ont montré leur capacité à gouverner qu'aujourd'hui à gauche. Cela ne durera d'ailleurs sans doute pas très longtemps : Fabius, Straus-Khan, Lang, Aubry approchent ou dépassé la soixantaine. Ils seront dans dix ans trop âgés pour prétendre aux plus hautes fonctions. Cette richesse est une raison des difficultés actuelles. Si aucun dirigeant ne se dégage, c'est qu'ils sont trop nombreux à pouvoir prétendre à la direction du parti.
Elle dispose, par ailleurs, d'un vivier d'intellectuels, économistes, sociologues qui réécrivent, brique après brique, non pas le programme du PS mais celui d'une gauche adaptée à son temps, quand la droite moderne ne fait que reprendre inlassablement les mêmes recettes (la réduction des cotisations sociales dernièrement). Les travaux de Piketty sur la fiscalité, ses analyses impeccables du RSA, sont une illustration de ce renouveau que Ségolène Royal a su, la première, exploiter.
Le décalage entre son idéologie et ce que serait sa pratique au gouvernement s'est considérablement réduit. Michel Rocard l'a dit à La Rochelle. Revoir à la télévision Mitterrand prêcher la révolution rappelle ce qu'a pu être ce décalage source de toutes les déceptions des années 80.
Elle est, enfin, en phase avec l'opinion, avec ceux qui travaillent sur l'un des sujets qui comptent : la vie au travail. Les socialistes ont compris ce que la droite persiste à ne pas voir : la vie dans les entreprises est dure, difficile et les Français, bien loin de vouloir travailler plus pour gagner plus sont attachés aux 35 heures et à la retraite à 60 ans, les deux dernières grandes conquêtes sociales, avancées obtenues toutes deux sous des gouvernements socialistes.
Le PS a donné de lui-même à La Rochelle une image attristante, mais derrière, il y a des bases solides. Il suffirait de peu de choses, qu'un dirigeant s'impose pour que ce parti que l'on présente si souvent comme malade se réveille.
Elle dispose, d'abord, d'un vivier de dirigeants de qualité comme on en a rarement vu. Je ne suis pas sûr qu'il y ait souvent eu dans l'histoire autant de gens qui ont fait leurs preuves, qui ont montré leur capacité à gouverner qu'aujourd'hui à gauche. Cela ne durera d'ailleurs sans doute pas très longtemps : Fabius, Straus-Khan, Lang, Aubry approchent ou dépassé la soixantaine. Ils seront dans dix ans trop âgés pour prétendre aux plus hautes fonctions. Cette richesse est une raison des difficultés actuelles. Si aucun dirigeant ne se dégage, c'est qu'ils sont trop nombreux à pouvoir prétendre à la direction du parti.
Elle dispose, par ailleurs, d'un vivier d'intellectuels, économistes, sociologues qui réécrivent, brique après brique, non pas le programme du PS mais celui d'une gauche adaptée à son temps, quand la droite moderne ne fait que reprendre inlassablement les mêmes recettes (la réduction des cotisations sociales dernièrement). Les travaux de Piketty sur la fiscalité, ses analyses impeccables du RSA, sont une illustration de ce renouveau que Ségolène Royal a su, la première, exploiter.
Le décalage entre son idéologie et ce que serait sa pratique au gouvernement s'est considérablement réduit. Michel Rocard l'a dit à La Rochelle. Revoir à la télévision Mitterrand prêcher la révolution rappelle ce qu'a pu être ce décalage source de toutes les déceptions des années 80.
Elle est, enfin, en phase avec l'opinion, avec ceux qui travaillent sur l'un des sujets qui comptent : la vie au travail. Les socialistes ont compris ce que la droite persiste à ne pas voir : la vie dans les entreprises est dure, difficile et les Français, bien loin de vouloir travailler plus pour gagner plus sont attachés aux 35 heures et à la retraite à 60 ans, les deux dernières grandes conquêtes sociales, avancées obtenues toutes deux sous des gouvernements socialistes.
Le PS a donné de lui-même à La Rochelle une image attristante, mais derrière, il y a des bases solides. Il suffirait de peu de choses, qu'un dirigeant s'impose pour que ce parti que l'on présente si souvent comme malade se réveille.
lundi, septembre 01, 2008
Quand Daniel Schneidermann dérape
Dans Libé de ce matin, Daniel Schneidermann s'en prend à Claude Askolovitch, journaliste du Nouvel Observateur que le groupe Lagardère vient de nommer tout à la fois directeur politique du Journal du Dimanche et éditorialiste sur Europe n°1. D'après Schneiderman, ces nominations seraient liées à l'intervention pro-Jean Sarkozy de ce journaliste après les propos de Siné sur celui-ci (c'est Askolovitch qui a lancé l'affaire).
C'est possible, c'est même plausible tant Askolovitch s'est révélé ces dernières années un allié objectif de la droite (c'est lui qui avait révélé la jeunesse trotskyste de Jospin, il n'a cessé d'attaquer Ségolène Royal, a co-écrit le livre où Eric Besson trahissait la candidate socialiste…) Le problème est que Schneidermann n'avance aucune preuve. Il le reconnait d'ailleurs paisiblement lorsqu'il écrit : "Reste une inconnue - de taille. Sa Majesté a-t-elle explicitement donné consigne de faire nommer Askolovitch au firmament du groupe de son ami Arnaud Lagardère, pour service rendu la famille? Ou bien dans l'état-major de Lagardère, a-t-on précédé ses désirs?"
Ainsi va le journalisme à la française : des soupçons, mais pas de preuve, pas de vérification des informations. Venant d'un journaliste qui se présente comme le gardien de l'éthique journalistique, cela surprend désagréablement.
C'est possible, c'est même plausible tant Askolovitch s'est révélé ces dernières années un allié objectif de la droite (c'est lui qui avait révélé la jeunesse trotskyste de Jospin, il n'a cessé d'attaquer Ségolène Royal, a co-écrit le livre où Eric Besson trahissait la candidate socialiste…) Le problème est que Schneidermann n'avance aucune preuve. Il le reconnait d'ailleurs paisiblement lorsqu'il écrit : "Reste une inconnue - de taille. Sa Majesté a-t-elle explicitement donné consigne de faire nommer Askolovitch au firmament du groupe de son ami Arnaud Lagardère, pour service rendu la famille? Ou bien dans l'état-major de Lagardère, a-t-on précédé ses désirs?"
Ainsi va le journalisme à la française : des soupçons, mais pas de preuve, pas de vérification des informations. Venant d'un journaliste qui se présente comme le gardien de l'éthique journalistique, cela surprend désagréablement.
Georges Bush au téléphone
Il y a dans Libération une chronique hebdomadaire qui consiste à décrypter ou, plutôt, à commenter une photo publiée dans la semaine dans le journal. C'est un exercice auquel j'ai eu envie de me prêter en voyant cette photo de Georges Bush que publie Paul Krugman dans son blog. On y voit le Président au téléphone. La légende nous dit :
Ready for the war on weather
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