Quand ils se réunissent nos dirigeants nous assurent haut et fort qu'ils vont punir les coupables de la crise, que ces banquiers trop avides seront sévèrement sanctionnés, mais dés qu'ils rentrent chez eux, c'est à ces mêmes banquiers qu'ils font appel pour régler la crise. C'est un peu comme si l'on demandait aux pyromanes d'éteindre le feu qu'ils ont allumé.
C'est ce qui ressort d'un article très fouillé publié hier dans Financial News, une revue professionnelle, où l'on apprend, je cite, que "Working for the government pays off" lorsque l'on est un spécialiste de la banque d'investissement. Tous les grands Etats font appel à ces spécialistes qui nous ont mis dans la panade pour nous sortir de la crise. Les anglo-saxons, bien sûr, mais aussi les Belges, les néerlandais et les luxembourgeois et les Français. Des collaborateurs de Merril Lynch et de la BNP-Paribas ont travaillé avec le gouvernement français sur le dossier Dexia. Et un responsable de Morgan Stanley a conseillé le gouvernement belge dans l'affaire Fortis.
Tout cela a naturellement un coût. Ces banquiers, qui ne manquent pas d'air, reprochent aux gouvernements d'être radins. Les Américains paient 95 000$ l'intervention de ces "experts", les Français, infiniment plus généreux, dépensent 500 000€ pour avoir l'avis des banquiers d'investissement.
Je n'ai qu'une question : est-ce bien raisonnable?
Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
mercredi, octobre 08, 2008
lundi, octobre 06, 2008
Sur Sarkozy, Besancenot et les occasions manquées
Samedi, Nicolas Sarkozy réunit quatre dirigeants européens à Paris. Grand succès clament aussitôt des journalistes amis, à commencer par Claude Askolovitch qui ajoute à son papier du Journal du Dimanche, dix raisons de ne pas paniquer.
A force d'entendre répéter ces commentaires on aurait presque fini par les croire. Dommage que la bourse se soit empressée de s'effondrer renvoyant l'exercice diplomatique du week-end à son insignifiance réelle tandis que les sondages nous montrent que les consommateurs sont de plus en plus inquiets.
L'illusion aura été de courte durée Les mesures annoncées samedi apparaissent, pas même 48 heures plus tard, pour ce qu'elles sont : des mots qui masquent mal l'incapacité des Européens à prendre la mesure de la crise de confiance qui s'est emparée de nos sociétés. Crise de confiance des citoyens envers leurs banques et, plus grave peut-être encore, crise de confiance des banquiers entre eux.
Libération nous dit ce matin que c'est tout bénéfice pour Olivier Besancenot. A voir. J'ai cru, en le voyant hier sur Ripostes, entendre Sarah Palin : même niveau de généralité, même absence de propositions. Qu'il ait un boulevard devant lui, c'est probable, encore faudrait-il qu'il ait un véhicule à conduire, je veux dire un programme, des idées. Or, je ne vois pas qu'il en ait beaucoup plus que les socialistes. Ce n'est pourtant pas si difficile : il suffit de piocher dans la vieille tradition de gauche ou, plus simplement, dans le programme commun de 1981.
Notre jeune révolutionnaire aurait, par exemple, pu proposer la nationalisation de secteur bancaire et assortir cette proposition de deux arguments et de quelques exemples de poids :
- la nationalisation (comme le fit la Grande-Bretagne avec Nothern Rock) ramène la confiance des épargnants qui savent leurs avoirs garantis par l'Etat, mais aussi celle des banquiers qui ne craignent plus de prêter de l'argent à une banque dont le premier actionnaire est l'Etat,
- elle introduit des contrôles directs sur le management des banques, puisque des représentants de l'Etat entrent dans leur conseil d'administration et peuvent facilement imposer le respect de ces règles que tout le monde appelle de ses voeux.
"Une solution : la nationalisation", criait-on dans les défilés dans les années 70. Olivier Besancenot pourrait le remettre au goût du jour. Mais il n'ose pas. Est-ce parce que cela évoque trop ce programme commun que la LCR trouvait alors trop réformiste?
A force d'entendre répéter ces commentaires on aurait presque fini par les croire. Dommage que la bourse se soit empressée de s'effondrer renvoyant l'exercice diplomatique du week-end à son insignifiance réelle tandis que les sondages nous montrent que les consommateurs sont de plus en plus inquiets.
L'illusion aura été de courte durée Les mesures annoncées samedi apparaissent, pas même 48 heures plus tard, pour ce qu'elles sont : des mots qui masquent mal l'incapacité des Européens à prendre la mesure de la crise de confiance qui s'est emparée de nos sociétés. Crise de confiance des citoyens envers leurs banques et, plus grave peut-être encore, crise de confiance des banquiers entre eux.
Libération nous dit ce matin que c'est tout bénéfice pour Olivier Besancenot. A voir. J'ai cru, en le voyant hier sur Ripostes, entendre Sarah Palin : même niveau de généralité, même absence de propositions. Qu'il ait un boulevard devant lui, c'est probable, encore faudrait-il qu'il ait un véhicule à conduire, je veux dire un programme, des idées. Or, je ne vois pas qu'il en ait beaucoup plus que les socialistes. Ce n'est pourtant pas si difficile : il suffit de piocher dans la vieille tradition de gauche ou, plus simplement, dans le programme commun de 1981.
Notre jeune révolutionnaire aurait, par exemple, pu proposer la nationalisation de secteur bancaire et assortir cette proposition de deux arguments et de quelques exemples de poids :
- la nationalisation (comme le fit la Grande-Bretagne avec Nothern Rock) ramène la confiance des épargnants qui savent leurs avoirs garantis par l'Etat, mais aussi celle des banquiers qui ne craignent plus de prêter de l'argent à une banque dont le premier actionnaire est l'Etat,
- elle introduit des contrôles directs sur le management des banques, puisque des représentants de l'Etat entrent dans leur conseil d'administration et peuvent facilement imposer le respect de ces règles que tout le monde appelle de ses voeux.
"Une solution : la nationalisation", criait-on dans les défilés dans les années 70. Olivier Besancenot pourrait le remettre au goût du jour. Mais il n'ose pas. Est-ce parce que cela évoque trop ce programme commun que la LCR trouvait alors trop réformiste?
vendredi, octobre 03, 2008
Palin vs Biden
J'ai regardé cette nuit, sur BFM, en direct le débat entre Biden et Palin. Comme le dit ce matin la presse américaine, la gouverneure de l'Alaska a été infiniment meilleure que prévu. Et Biden très différent du gaffeur qu'on nous annonçait. Ceci dit, Biden me parait, comme semble-t-il à beaucoup d'Américains, l'avoir emporté, tout simplement parce qu'il parlait des sujets quand elle donnait l'impression d'être enfermée dans le populisme et dans cet Alaska qu'elle a cité un nombre incalculable de fois.
Si elle n'a pas commis de bourde majeure, elle a tout de même révélé les faiblesses de la candidature républicaine qui semble, sur de nombreux sujets, ne pas avoir imaginé d'autre solution que de nouvelles baisses d'impôts. C'était particulièrement visible sur le réchauffement climatique. Elle ne croit pas qu'il soit exclusivement d'origine humaine (ce qui est après tout possible) mais, comme le lui fit remarquer Biden, s'il n'est pas d'origine humaine, que faire? Il est vrai que le seul point fort de son programme, le lancement de l'exploration pétrolière en Alaska, serait bien compromis si elle reconnaissait que le réchauffement climatique est d'origine humaine.
Si elle n'a pas commis de bourde majeure, elle a tout de même révélé les faiblesses de la candidature républicaine qui semble, sur de nombreux sujets, ne pas avoir imaginé d'autre solution que de nouvelles baisses d'impôts. C'était particulièrement visible sur le réchauffement climatique. Elle ne croit pas qu'il soit exclusivement d'origine humaine (ce qui est après tout possible) mais, comme le lui fit remarquer Biden, s'il n'est pas d'origine humaine, que faire? Il est vrai que le seul point fort de son programme, le lancement de l'exploration pétrolière en Alaska, serait bien compromis si elle reconnaissait que le réchauffement climatique est d'origine humaine.
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