mercredi, juillet 17, 2013

Les réactions des lecteurs sont trop souvent déprimantes

La lecture des réactions des lecteurs que les versions électroniques de nos journaux mettent à la suite de leurs articles a quelque chose de déprimant. Je prendrais, exemple entre mille, celles qui suivent un article du Monde racontant la déposition de Pierre Moscovici hier devant la commission Cahuzac. Qu'en retenir? sinon que ces lecteurs n'ont pas lu l'article, n'ont pas suivi la déposition (qui n'était, je crois, pas télévisée), qu'ils expriment des idées qu'ils avaient la veille et l'avant-veille, qu'ils auront encore sans doute demain, qui ne nous éclairent en rien. Je ne suis même pas sûr que cela nous éclaire sur l'état de l'opinion en France.

C'est d'autant plus dommage que le courrier des lecteurs peut être instructif (voir, par exemple, celui qui suit les chroniques de Paul Krugman), mais peut-être faudrait-il que les journaux les modèrent, fassent un tri, ne retiennent que celles qui présentent un quelconque intérêt.

ROGER BONHOMME 17/07/2013 - 07h15
Francois, le joueur de fluteau dans son parc: "Dormez en paix braves gens , tout va bien !" Les sbires Pierre et Manuel s enfoncent un peu plus dans la mare Cahuzac, pataugeant dans la douleur devant la commission d'enquête parlementaire. Supers menteurs ? pas morts !
 
A J Julianto 17/07/2013 - 06h19
C'est quand même une bonne bande de guignols qui s'arrangent ! Cahuzac n'aurait jamais du avoir lieu, ce président et son gouvernement ne valent plus rien de ce simple fait ! Et nous avons été nombreux a voter pour eux ! On avait assez du polichinelle excité et on se retrouve avec des branquignoles. Tu parles d'une élite ! Quels modèles ! Et comment se fait t'il que Le Monde et la justice n'enquêtent pas plus sur les comptes offshore ??
 
Pepef- le-Brun 17/07/2013 - 04h12
"J'avais confiance en Jérôme #Cahuzac mais mon devoir de ministre était le doute": le "mais" est de trop. Il dit tout et son contraire, c'est a dire rien. C'est vraiment se foutre de la gueule du monde.
 
Lo 17/07/2013 - 01h15
Je ressens une irritation croissante devant la forme de collage de tweets que prennent de plus en plus d'articles du Monde.fr. Il faut choisir : ou bien vous citez le tweet in extenso, ou bien vous le reproduisez, mais les deux ça fait vraiment double emploi et paraphrase.
 
Didier Dufour 16/07/2013 - 23h31
Enfin! Cela suffit !! Il est évident que Mosco a tout fait pour protéger l'avant dernier strauskanien. Le dernier, c'est lui !
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mercredi, juillet 03, 2013

La refondation de la droite

Au delà des interrogations sur les échecs répétés du Front Républicain et du transfert d'une partie des voix de gauche vers les candidats du Front National, la gauche devrait s'inquiéter d'un phénomène nouveau : la refondation de l'idéologie conservatrice autour de nouveaux thèmes.

L'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 avait amené la droite à découvrir ou redécouvrir le libéralisme qui a nourri sa pratique pendant les décennies qui ont suivi. Quelques personnalités avaient alors joué un rôle important : Alain Madelin, du coté des politiques, Henri Lepage, Alain Laurent, Philippe Nemo du coté des intellectuels. Journaliste bon connaisseur des travaux de l'école de Chicago, Lepage avait résumé dans de nombreux articles et ouvrages publiés en livre de poche les idées des économistes néo-classiques, Nemo avait contribué à faire connaître et traduire Hayek, Laurent a fait de même avec Ayn Rand et les classiques du libéralisme. Le même phénomène est, semble-t-il, en train de se produire.

Si la droite politique est aujourd'hui en lambeaux, toute entière occupée par ses batailles de présidentiables, on voit se développer les bases d'une refondation de la pensée et de l'idéologie conservatrice qui n'emprunte plus au modèle américain et à la théorie économique comme ce fut le cas dans les années 80, mais qui regarde plutôt du coté de la philosophie.

Les manifestations contre le mariage pour tous ont mis en évidence un des thèmes de cette refondation en cours : la nature. Le mariage homosexuel, l'adoption d'enfants par des couples homosexuels serait contre-nature. Il y a des réalités contre lesquelles on ne peut rien parce qu'elles relèvent de la nature : la différence des sexes serait de celles-là. D'où les attaques répétées contre ce que ses adversaires appellent la théorie du genre (selon laquelle les traits féminins ou masculins seraient moins affaire de différence des sexes que d'éducation, de culture) et contre un "égalitarisme dévoyé".

Un autre thème de cette refondation est la réécriture de la laïcité qui ne serait plus une conquête des adversaires du goupillon comme on le pensait, mais le résultat de ce que Jean-Louis Harouel appelle le "vrai génie du christianisme" : la disjonction du politique et du religieux. "Le royaume de Dieu est, dit-il, céleste et non terrestre ; Dieu et César sont séparés." Ce qui permet de critiquer l'Islam pour lequel il n'y aurait pas d'action profane mais aussi de s'en prendre à ces nouvelles "religions d'Etat" que seraient "l'écologisme" et le "droit de l'hommisme", un thème que l'on retrouve chez Patrick Buisson (qui l'emprunte à Jen-Louis Harouel, ce qui lui a valu des accusations de plagiat). Ce qui permet également de renouveler la thématique de l"intégration des étrangers et de leurs enfants, de renouer avec les critiques du multiculturalisme.

On devine dans tout cela, tout à la fois un retour distancié du catholicisme, de la tradition et une attaque contre l'égalité et la modernité dont l'expression politique n'est pas encore pleinement définie même si on la devine en germe chez certains membres de l'UMP et au FN.

lundi, juillet 01, 2013

Quand la gauche ne fait plus barrage au FN

Le Monde publie cet après-midi une étude qui montre que 63% des électeurs de gauche de Villeneuve sur Lot ont voté blanc ou se sont abstenus au deuxième tour de l'élection qui opposait un candidat UMP très à droite à un jeune loup du FN. Des chiffres comparables à ceux d'études réalisées sur l'électon dans l'Oise d'il y a quelques semaines. Faut-il être surpris alors que la droite s'est, avec Nicolas Sarkozy, terriblement droitisée tandis que le FN mettait (au moins en apparence) de l'eau dans son vin? Pour beaucoup d'électeurs de gauche l'UMP d'aujourd'hui et le FN, c'est un peu, comme disait en d'autres temps Jacques Duclos, blanc bonnet et bonnet blanc.

Plus troublant, cet autre chiffre : 15% des électeurs de gauche auraient, comme dans l'élection dans l'Oise, reporté leur vote sur le candidat FN. Est-ce confusion mentale d'électeurs qui ne feraient plus la différence entre les différentes offres politiques? haine de l'UMP, comme il put y avoir dans les années soixante haine du gaullisme chez les partisans de l'Algérie française? volonté de lancer un signal, une manière de dire : attention! plus rien ne va? ou, plus simplement, accord avec certains points du programme du FN sur l'Europe, le protectionnisme? On ne sait, mais c'est en tout cas un signe de désaffiliation croissante des électeurs qui ne se reconnaissent plus vraiment dans les catégories politiques.

Espionnage de l'UE, de l'ambassade de France et de quelques autres alliés

Les Etats-Unis ont donc espionné leurs alliés les plus proches, posé des micros dans leurs ambassades, lu leurs courriels, écouté leurs conversations téléphoniques et celles de leurs citoyens. Les réactions sont vives en Europe. Cela choque semble-t-il moins aux Etats-Unis. On attend toujours la réaction de Barack Obama qui déçoit, décidément, chaque jour un peu plus. Même les défenseurs affichés (j'allais écrire professionnels) de la protection des données privées semblent prendre cela à la légère. Je pense à la réaction de Lauren Weinstein, l'un des fondateurs de People for Internet Responsibility, qui a fait profession de se battre contre les intrusions de l'industrie dans la vie privée de chacun. Il vient de publier sur son blog un post, False indignation and spy vs spy d'où il ressort :

  • que les Etats-Unis ont toujours espionné ses alliés comme le prouve un article publié en 2000 dans le Wall Street Journal par un ancien directeur de la CIA : Why we spy on our allies, article qui rappelle que le programme Echelon avait alors soulevé la même indignation depuis bien retombée,
  • que tous les pays font de même,
  • que ce n'est en définitive pas si grave que cela.
Weinstein qu'on a connu mieux inspiré s'amuse de la réaction indignée des Européens et rappelle l'excellente bande dessinée "spy vs spy" qui fit les beaux jours de Mad Magazine dans les années soixante. On y voyait deux espions, l'un habillé en blanc, l'autre en noir, dont on ne savait à peu près rien, et surtout pas le pays pour lequel ils travaillaient, sinon qu'ils étaient passablement ridicules.


Le problème, et Lauren Weinstein devrait le savoir mieux qui quiconque, est que nous avons changé de monde, qu'avec le numérique on est passé d'un espionnage artisanal à un espionnage industriel, que toutes les communications, même les plus privées, peuvent être dorénavant interceptées par des services officiels mais aussi par des entreprises privées. Et que cela demande 
  • des moyens techniques considérables que tous les pays n'ont pas et ne peuvent pas avoir,
  • des législations laxistes, peu soucieuses de la protection de la vie privée, ce qui est le cas aux Etats-Unis, ce qui l'est moins en Europe qui a échappé au Patriot Act.
Il y a là une asymétrie que les non-Américains ne sauraient tolérer. Pas plus, d'ailleurs, que les Américains ne tolèrent les intrusions des Chinois dans leurs systèmes informatiques. D'où l'importance des discussions en cours actuellement sur la protection des données privées qui ne concernent actuellement que les entreprises privées (Google, Facebook, Amazon…) mais qui devront demain concerner les Etats et leurs services de renseignement.

Il n'y a qu'un point sur lequel Lauren Weinstein a raison, c'est lorsqu'il souligne que la NASA , ne devait guère s'inquiéter des retombées de la divulgation de l'espionnage des Européens pour l'avoir confié au collaborateur plutôt junior d'un lointain sous-traitant. Ce n'est pas le plus rassurant.