lundi, mars 09, 2009

Psychanalyse, manipulation mentale

Que la psychanalyse soit un exercice de manipulation mentale n'est pas vraiment un scoop pour qui s'en est toujours méfié, mais il reste surprenant d'en avoir confirmation, comme ce fut le cas, ce week-end, dans une conversation privée.

Je suis à table avec quelques amis, dont une analysée, M, et un analyste de renom, autorité universitaire admiré de tous que j'appellerai P. L'amie analysée raconte qu'elle a envie d'arrêter son analyse, qu'elle l'a dit à son analyste : "Cela fait sept ans que nous sommes ensemble, vous ne pouvez plus rien pour moi, je veux arrêter." Ce à quoi l'analyste lui aurait répondu : "Mais si je peux encore beaucoup pour vous." Réponse qui suscite aussitôt l'indignation de P : "Cela ne me parait déontologique." Et lorsque nous lui demandons ce qu'il aurait répondu à la place de l'analyste, la réponse fuse : "Mais qui donc voulez-vous quitter?" Nuance? Sans doute, mais qui modifie complètement les interrogations de M. De questions sur les capacités de l'analyste ou de l'analyse, on serait passé à une interrogation sur la solidité des liens avec ses proches et, notamment, de ceux qu'elle a noués avec un homme qui la rend heureuse. Ce qui l'aurait, évidemment, fait beaucoup plus souffrir. Je ne suis pas sûr que la déontologie soit là où la cherchait P.

J'ajouterai, pour conclure, que j'ai eu une nouvelle fois eu l'impression que l'analyse enferme les analysés dans leurs difficultés, qu'elle gonfle leur ego devenu leur premier sujet de conversation. Tous les analystes disent que les patients qui viennent les voir souffrent. C'est très probable. Encore faudrait-il qu'ils n'ajoutent pas à leur souffrance, qu'ils ne l'entretiennent pas.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

P semble avoir fait un faut pas… l’erreur est humaine.
Mais cela ne veut pas dire pour autant que votre conclusion est juste.
Ce qui s’est passé à votre table n’a rien à voir avec ce qui se joue lors d'une séance.
Tout est question de contexte.

Ça n’est pas très malin d’avoir piégé P. en lui demandant ce que lui aurait répondu ("nous lui demandons… ") juste par respect pour M.

En passant… Il ne manquerait pas un mot dans : "Cela ne me paraît déontologique." ?

;-)

Anonyme a dit…

Merci monsieur pour cette réflexion, qui résonne fortement en moi. Pour des raisons très personnelles que je ne souhaite pas évoquer ici.
J'ai exprimé très récemment cette expérience manipulatoire sous la forme d'un court texte sur mon blog Anciens mondes.
A vous d'apprécier, malgré l'aspect artisanal de mes articles, le contenu de cet écrit (je ne revendique aucune prétention littéraire autre que le plaisir d'écrire).
http://barraban.eklablog.com/de-l-analyse-1-a118037656
Cordialement,
Barraban