dimanche, avril 18, 2010

Est-ce le poisson qui pourrit par la tête ou la démocratie qui progresse?

Thierry Desjardins, essayiste, polémiste de cette droite traditionnelle qui reproche à Nicolas Sarkozy sa vulgarité, signale dans son blog la dérive de nos élites :  "Cette semaine, écrit-il, nous avons eu droit à un général condamné à dix mois de prison (avec sursis) pour détention d’images pédo-pornographiques, à une préfète arrêtée pour avoir barboté du mobilier (national) dans sa propre préfecture et à une députée dont on a levé l’immunité parlementaire parce qu’elle aurait piqué 700.000 euros dans la caisse du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Sans parler de Charles Pasqua dont la condamnation à dix-huit mois de prison (avec sursis, lui aussi) pour l’affaire du casino d’Annemasse (faux, abus de confiance, etc.) a été confirmée par la Cour de cassation." "Ce n’est pas, ajoute-t-il, la première fois qu’un parlementaire est poursuivi pour détournement de fonds publics. Mais jusqu’à présent on n’avait jamais vu d’officiers généraux ou de membres du corps préfectoral traînés devant les tribunaux." "Le poisson, conclut-il, pourrit par la tête."

A le lire, et parce que j'aime bien le contredire, je me me dis que s'il a, en apparence, un peu raison, il a probablement tort sur le fond. Non que regarder des images pédopornographiques, s'approprier le mobilier national ou détourner de l'argent soient des pratiques insignifiantes qui mériteraient notre onction. Mais qui dit que les élites se comportaient autrement hier ou avant-hier? Elles n'étaient probablement guère plus vertueuses, mais étaient mieux protégées de la curiosité et les tribunaux plus prudents. Les magistrats savaient, lorsque nécessaire, se censurer. Si un préfet détournait quelques meubles de sa résidence, son successeur se gardait bien de porter l'affaire devant la justice, se contentant de le raconter à ses collègues et amis sur le ton de la confidence graveleuse.  Quant aux gendarmes! Auraient-ils hier mis dans l'embarras un général de la carrure de Germanos?


Ces affaires qui désolent tant Desjardins témoignent en réalité des changements de notre société, du progrès des valeurs démocratiques et de la plus grande efficacité du contrôle des citoyens sur les dirigeants. Nos institutions se sont démocratisées, elles ne respectent plus autant les élites et n'hésitent à leur appliquer la loi commune lorsqu'elles franchissent les clous. Bizarre, paradoxal, pénible? Sans doute. Mais plutôt sain, non?






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