jeudi, avril 04, 2013

Affaire Cahuzac : Un tsunami? pas si sûr

Plusieurs lecteurs de ce blog m'ont reproché mon interprétation relativement "optimiste", comme dit James  Brown, de l'affaire Cahuzac. Il est vrai qu'au vu des réactions de la presse française et internationale, mes analyses peuvent paraître décalées mais il me semble que la presse en fait un peu trop :

  • ce n'est pas le premier scandale que nous connaissons. L'affaire de la DCN avec ses morts et les soupçons de financement de la campagne d'Edouard Balladur était certainement plus grave puisqu'elle impliquait non pas une personne mais plusieurs hauts personnages de l'Etat, or l'on a bien vu que l'opinion n'en a pas fait grand cas. Je ne serais pas surpris qu'il y ait un  décalage entre les réactions de la presse et celles de l'opinion et qu'on ait dans quelques semaines oublié cette affaire, 
  • François Hollande est aujourd'hui en première ligne, mais ce scandale risque de toucher bien au delà du PS. Le Front National est déjà mis en cause et continuera sans doute de l'être s'il est vrai que l'on trouve dans l'entourage de Marine Le Pen des avocats qui se sont faits une spécialité de l'évasion fiscale (ou, pour employer leur vocabulaire, de la création de comptes à l'étranger). Le FN parait d'autant plus menacé qu'il est fort probable que Jean-Marie Le Pen a mis de coté beaucoup d'argent. Quant à l'UMP, combien de ses donateurs pratiquent l'évasion fiscale? La presse et la justice enhardies par ces premiers succès pourraient très bien, demain, se faire plus curieuses,
  • le gouvernement et le Président de la République ont respecté à la lettre les institutions et laissé presse et justice faire leur travail, ce qui est l'essentiel, nouveau et devrait demain être porté à leur crédit,
  • François Hollande a réagi rapidement et fermement. Je l'ai d'abord écouté à la radio et l'ai trouvé excellent. Je l'ai trouvé moins bon à la télévision, comme si son corps et son allure de bourgeois provincial le rendaient moins martial. Reste qu'il n'a ni traîné ni tergiversé.
Cette affaire fait aujourd'hui grand bruit. Elle tombe certainement au plus mal pour le gouvernement et le Président de la République. En faire un tsunami est certainement excessif.

Mise à jour : le monde de ce jour (daté du 5 avril) publie un texte de Myret Zaki, rédactrice en chef adjointe du magazine genevois Bilan où l'on peut lire : "Souvenons-nous des comptes suisses de Jean-Marie Le Pen, dissimulés à la banque UBS, puis transférés chez Darier. C'est Pierrette Le Pen, son épouse, qui en a fait état à la presse suisse en 1997. Une enquête de Swissinfo en 2002 a même révélé le numéro du compte de M. Le Pen à l'UBS. Et on parlait alors de 8 millions d'euros, soit 13 fois plus que les avoirs de Jérôme Cahuzac. Pourtant, les autorités françaises n'ont pas, à ce jour, ouvert d'enquête à la suite de ces soupçons fondés, et n'ont pas demandé de renseignements à la Suisse."   Ces comptes existent-ils toujours?

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