Le gouvernement Raffarin a choisi, comme son prédécesseur socialiste, une politique économique basée sur une relance de la consommation sans augmentation des salaires. mais là où l’équipe Jospin avait choisi de lutter contre le chômage (et donc, d’augmenter le pouvoir d’achat global), il a choisi de jouer sur :
- la baisse de l’impôt sur le revenu,
- la réduction de l’épargne des Français dont on sait qu’elle est très importante,
- les baisses de prix des produits de première consommation,
- l’allongement de la durée de travail (révision des 35 heures).
Ce choix dont la dimension politique est évidente puisqu’il a été conçu pour satisfaire tout à la fois le Medef (pas d’augmentations des salaires), Bruxelles (lutte contre le déficit), les clientèles électorales (riches qui paient des impôts et salariés faiblement rémunérés qui peuvent espérer une augmentation de leurs revenus) est beaucoup plus contestable sur le plan économique. Il est, en effet, plein de contradictions :
- la baisse de l’impôt sur le revenu (qui ne concerne que ceux qui en paient beaucoup) est largement compensée par les hausses des impôts locaux que favorise la politique de décentralisation de ce même gouvernement ;
- l’essentiel de l’épargne est détenue par les seniors. Or, les plus jeunes de ces seniors sont en train de découvrir les effets des différentes réformes des retraites, ce qui les affole et ne les incite certainement pas à se défaire de leur épargne ;
- les baisses de prix favorisent les délocalisations : elles incitent les entreprises que la grande distribution bouscule à fabriquer dans des pays à main d'oeuvre bon marché et poussent les distributeurs à se tourner vers des produits fabriqués en Chine, à l’instar de ce qui s’est passé ces dix dernières années aux Etats-Unis. Or qui dit délocalisation dit destruction d'emplois et donc réduction du pouvoir d'achat global ;
- les mesures prises contre les 35 heures se heurtent à trois obstacles majeurs : les réticences des entreprises à revenir sur des accords difficiles à négocier et souvent avantageux, les résistances des salariés qui se sont adaptés à un emploi du temps allégé et la faiblesse de l’activité (les entreprises n’ont pas besoin d’heures supplémentaires).
Autant dire que cela ne peut pas marcher…
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