Dans une précédente note, je parlais du modèle japonais de la retraite (on continue de travailler après sa retraite, tout en touchant sa pension mais pour un salaire plus faible). S’il était à l’origine japonais, il se développe un peu partout dans le monde anglo-saxon, en Grande-Bretagne, au Canada, aux Etats-Unis où l’on trouve des auteurs pour expliquer que la retraite est une catastrophe et que l’on est beaucoup plus heureux lorsque l’on continue de travailler (Jerry Sedlar, Rick Miners, Don’t Retire, rewire, publié en 2003 ou Too young to retire : 101 ways to start the rest of your life de Marika et Howaard Stone également publié en 2003).
Et il est vrai que l’on voit aux Etats-Unis beaucoup de personnes âgées travailler dans la grande distribution ou la restauration. Certaines entreprises se sont fait même une spécialité du recrutement de ces travailleurs âgés qui auraient, paraît-il, l’avantage d’être plus sérieux et compétents. J’imagine qu’il faut plutôt entendre : moins cher. Moins cher parce qu’ils ne travaillent que pour compléter une pension qui n’est pas suffisamment importante. Le mouvement paraît appelé à se développer. Le Bureau of Labor Statistics américain prévoit qu’en 2012 65% des personnes âgés de 55 à 65 ans travailleront contre 61% en 2004. Plus significatif, il prévoit qu’à cette date 16% des gens de plus de 65 ans travailleront contre 14% en 2004.
Pour autant que l’on puisse en juger d’après les quelques indications que j’ai pu glaner ici ou là, les emplois de ces retraités présentent deux caractéristiques :
- ils sont mal rémunérés, moins bien en tout cas que les emplois qu’ils occupaient précédemment,
- ils ne se situent pas dans les domaines de compétences que les retraités ont exploré dans leur vie professionnelle.
Ce qui confirme bien qu’il s’agit, pour l’essentiel, d’emplois pris pour compenser des pensions trop faible et n’a donc rien à voir avec la lutte contre les discriminations contre les travailleurs les plus âgés ni même à un allongement de la durée de la vie professionnelle et l’abandon de la retraite à 60 ans. Aucun homme politique n’a en France, à ma connaissance, proposé de faire travailler les plus âgés, mais c’est une idée que pourrait développer Nicolas Sarkozy dont on imagine bien l’argumentaire :
- on est en pleine forme à 57 ans, bien trop jeune pour s’arrêter (« regardez Chirac, pourrait-il ajouter, il est bien Président à 72 ans », mais son animosité à l’égard du Président pourrait nous éviter cet argument) ;
- le monde du travail a beaucoup changé : les retraites « précoces » se justifiaient lorsque les travailleurs avaient des tâches manuelles, elles ne se justifient plus dans des économies dominées par des activités de service ;
- il y a plein d’activités bénévoles qui ont besoin des compétences acquises dans le monde professionnel ;
- il faudrait être bien bête pour cracher sur un supplément, même minime, de rémunération, surtout si l’on y attache une pointe de déduction fiscale (ce n’est pas le cas dans la plupart des pays qui ont organisé le travail des retraités, mais on pourrait l’envisager en France où l’on aime bien compliquer les règles fiscales ;
- enfin, les autres le font et nous ne sommes pas plus intelligents qu’eux. Du reste, cette interdiction de travailler après la retraite n’est qu’une nouvelle forme de notre exception sociale qui nous fait tant de tort.
Politique fiction ? Je n’en suis pas si sûr…J’en suis d’autant moins sûr que la question des retraites est loin d’être réglée alors même que l’on ne mesure pas encore tous les effets sur les pensions versées des dispositions prises par Balladur il y a quelques années et plus récemment par Fillon.
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