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dimanche, octobre 30, 2005
Un film subtil : Don't come knocking
Les inrockuptibles dont j’apprécie en général les critiques n’ont pas aimé le dernier film de Wim Wenders : Don’t come knocking. Ils y ont vu un cousin de Broken Flowers (qui était un excellent film mais très différent), une histoire mélancolique de l’Amérique de notre jeunesse d’amateurs de westerns et de randonnées à la Kérouac dans ce pays immense troué de villes improbables et de bars sinistres. Il y a de tout cela, bien sûr, dans ce film, mais le sujet est tout ailleurs, il est dans ce que l’on appelle, dans les associations, le « lien social », ce qui nous unit (ou devrait nous unir) et s’est, dans nos sociétés modernes, défait, décousu sous le coup de nos libertés, de nos rebellions mais aussi de notre angoisse. Le héros, acteur spécialisé dans les westerns, décide de quitter le film qu’il tourne. Il part, va retrouver sa mère qu’il n’a pas vue depuis des années, qui lui annonce, chose qu’il ignore, qu’une femme a cherché à le joindre, il y a de cela plus de vingt ans, pour lui dire qu’elle était enceinte de lui. Il ne sait où aller et part à sa recherche. Il la retrouve, il retrouve un fils, mais aussi une fille qui se promène avec les cendres de sa mère, morte quelques jours plus tôt. Mais ce n’est pas cette promenade qui intéresse Wenders, même s’il la traite à la manière des grands réalisateurs de westerns, avec force, c’est, de manière plus subtile, ce contrat que le comédien ne respecte pas et qui finit par le rattraper, ces liens familiaux qu’il a constamment négligés au profit de l’alcool, de la drogues et des filles d’un soir, dont il ne sait même pas s’ils lui manquent. Ce sont ces liens (le dialogue dit en anglais « related ») dont il met en évidence l’absence. Et si le personnage que joue Sam Shepard est vide et creux, comme le dit le critique des Inrocks, c’est qu’il a usé jusqu’à la corde sa liberté. Ce pourrait être un film sur la solitude, c’est, de manière plus subtile, un film sur ce qui nous désunit. C’est, à ce titre, un film infiniment moderne sous ses airs mélancoliques.
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