vendredi, novembre 04, 2005

Sur les téléchargements sauvages

Les éditeurs et sociétés de collecte des droits d’auteur qui protestent contre le téléchargement insistent systématiquement sur les pertes de revenus qu’il entraîne et sur leurs conséquences à long terme. En copiant de manière sauvage des fichiers (films, chansons), on fait, disent-ils, du tort à l’ensemble de la profession et, in fine, à la culture. Si les chanteurs, les cinéastes ne sont plus rémunérés de leur travail, ils n’auront plus les moyens de le financer ou, version plus individualiste, ils choisiront une activité qui leur permet de mieux profiter de leurs efforts.
Mais est-ce vrai? Lorsque l’on a la curiosité de regarder un peu plus près ce qui se passe sur le réseau, les fichiers disponibles, ceux qui sont effectivement téléchargés, on découvre vite que ce sont les films, les séries télévisées, les chansons les plus populaires, ceux qui ont le plus de succès qui sont le plus demandés. Ce qui n’est, somme toute, pas très surprenant : ce sont ces films, ces séries, ces chansons que l’on a envie de voir et que l’on a le plus de chance de pouvoir télécharger rapidement (la vitesse du téléchargement est, sur les nouveaux systèmes type bittorrent, fonction du nombre d’ordinateurs sur lesquels on peut aller chercher le fichier).

Ces téléchargements réduisent, à première vue, les revenus des producteurs de ces oeuvres, mais cette réduction parait compensée (en partie? en totalité? je serai, bien sûr, incapable de le dire) par ce phénomène de concentration sur quelques oeuvres :

- le téléchargement contribue probablement à la popularité des oeuvres : celles que l’on télécharge sont celles que l’on attend, dont on parle, que l’on a envie de voir et de revoir ;

- le téléchargement se substitue aux modes traditionnels de diffusion là où celle-ci fait défaut. Il peut, alors contribuer à créer une attente, un marché potentiel. C’est ce qui se passe avec le téléchargement des séries télévisées américaines : ceux qui ont aimé les premières saisons d’une série vont télécharger les dernières saisons. Et comme ils en parleront à leurs proches, ils contribueront à créer une attente du produit.

Si l’on suit les sociétés d’auteurs et les adversaires du piratage dans leur lutte contre le téléchargement, on court donc deux risques :

- les producteurs des oeuvres les plus populaires risquent de se priver d’un moyen “naturel” et spontané de faire le marketing de leur travail,

- les producteurs d’oeuvres plus confidentielles risquent de ne pouvoir utiliser des moyens de diffusion moderne qui leur permettent d’échapper aux filtres des systèmes actuels qui privilégient les oeuvres qui ont le plus de succès (ou dont on pense qu’elles ont le plus de chance d’en avoir).

1 commentaire:

all a dit…

Bonjour,
vous utilisez le terme 'téléchargement sauvage', je rappelle qu'il n' y a pas en France de téléchargement illégal sur les réseaux. L'exception de copie privée (122.5 du CPI) a été confirmée par les cours d'appel de Montpellier et de Paris, seule la mise à disposition de fichier (upload) peut être illégale.
Pour la valeur ajoutée que peut représenter l'échange sur les réseaux de biens sans rivalité d'usage, je me permet de vous conseiller le blog d'Alban Martin
Cordialement
G.K