Un malade qui a de la fièvre peut prendre de l'aspirine ou casser le thermomètre. C'est cette dernière solution qu'ont intelligemment retenue un certain nombre de députés UMP (pas quelques uns, 153 d'après Le Monde auxquels il convient d'ajouter 40 sénateurs) qui ont ont demandé au ministre de la justice d'envisager des poursuites contre sept groupes de rap. S'ils voulaient mettre de l'huile sur les braises mal éteintes des banlieues, ils ne pouvaient guère faire mieux. Mais peut-être s'en moquent-ils : plus les banlieues brûlent, plus la France, dit-on, vire à droite.
Plus grave : ils s'interdisent de comprendre ce qui s'y passe. car, à défaut de porte-parle, de leader ou de revendications, le seul moyen que l'on ait d'entendre les jeunes des quartiers difficiles, le seul outil qui permette d'analyser et de comprendre ce qui se passe dans leurs têtes, ce sont justement les textes de ces rappeurs, souvent violents, excessifs et maladroits, mais passionnants pour qui se donne la peine de les lire, ce qui n'est pas très difficile puisque la plupart sont accessibles sur internet. On y découvre la rage de ces jeunes (une rage qui leur interdit justement de formuler des revendications), leur colère contre la police qui les harcèle en permanence, contre la police qui condamne à des mois de prison un gamin qui incendie des voitures mais exonère de toute responsabilité un flic qui a tue un gosse, mais aussi contre leurs pères. Et s'il est vrai qu'ils parlent de violences et d'émeutes, ils éclairent ce qui s'est passé ces dernières semaines bien plus qu'ils n'appellent au meurtre.
Plus grave : ils s'interdisent de comprendre ce qui s'y passe. car, à défaut de porte-parle, de leader ou de revendications, le seul moyen que l'on ait d'entendre les jeunes des quartiers difficiles, le seul outil qui permette d'analyser et de comprendre ce qui se passe dans leurs têtes, ce sont justement les textes de ces rappeurs, souvent violents, excessifs et maladroits, mais passionnants pour qui se donne la peine de les lire, ce qui n'est pas très difficile puisque la plupart sont accessibles sur internet. On y découvre la rage de ces jeunes (une rage qui leur interdit justement de formuler des revendications), leur colère contre la police qui les harcèle en permanence, contre la police qui condamne à des mois de prison un gamin qui incendie des voitures mais exonère de toute responsabilité un flic qui a tue un gosse, mais aussi contre leurs pères. Et s'il est vrai qu'ils parlent de violences et d'émeutes, ils éclairent ce qui s'est passé ces dernières semaines bien plus qu'ils n'appellent au meurtre.
2 commentaires:
Je suis d'accord avec votre analyse sauf sur la partie qui concerne la police qui, je trouve, manque d'argument et fait un peu dans le combat de classes... Dommage pour cette partie donc, mais bravo pour votre réaction tout de même !
La classe intellectuelle dans son ensemble, de gauche comme de droit, doit prendre position dans ce débat et étouffer au plus vite ces 200 voix qui s’élèvent au non de quoi déjà ?
J'ai fréquenté quelques enfants d'un quartier difficile de Trappes dans le cadre d'opérations de soutien scolaire, et ce que j'y ai vu s'accorde à ce que vous dites : les violences que le rap peut contenir ici ou là ne sont que la manifestation d'une situation de frustration, et les jeunes ont souvent une réaction saine par rapport à cela (commentaire typique : "ce qu'il dit, c'est pas bien").
Stigmatiser une population déjà fragile, voilà un bien mauvais recours. La droite flatte là son électorat le plus conservateur...
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