Le geste le plus fort, le plus fou, le plus incompréhensible des jeunes émeutiers a certainement été la mise à feu (pas à sac, mais à feu) d'écoles, crèches et gymnases. Incompréhensible, véritablement scandaleux et à ce titre, très significatif. On pourrait expliquer ce geste en remarquant, tout simplement que l'école, la crèche ou le gymnase sont les seules institutions publiques présentes dans les quartiers (les jeunes ne se sont pas atttaqués aux commissariats parce qu'il n'y en a pas dans leurs quartiers). Ce ne serait pas faux. Mais si ces institutions, et celles-là seulement, sont présentes dans les quartiers, c'est que ce sont les plus bienveillantes, les seules qui emploient des fonctionnaires capables de consacrer temps et énergie à aider, éduquer, former les enfants qui habitent ces quartiers, comme le montrent une nouvelle fois les reportages de Libération ce matin. C'est donc injuste, doublement injuste. Injuste pour l'institution qui se maintient envers et contre tout là où plus personne ne veut s'installer, injuste pour ses membres qui travaillent et s'investisent. On comprend donc la colère de ceux qui tiennent à l'école (je pense à Alain Finkelkraut) et qui ne comprennent pas qu'on puisse la détruire alors même que sa mission est, justement, de permettre aux enfants qui n'ont pas des parents fortunés (ce qui a sans doute été le cas de Finkelkraut, fils d'immigrés polonais) de s'en sortir et de réussir de brillantes carrières.
Mais cette même école, et c'est ce que nous disent à leur manière, violente, brutale, les émeutiers est aussi un lieu de souffrance et d'humiliation. Humiliation du mauvais élève que l'on montre du doigt, que l'on évalue et que l'on juge. Souffrance du petit gamin qui ne rève que de courir et que l'on force à se tenir assis, le dos raide sans s'endormir pendant de longues heures. Il y a dans l'enseignement de la discipline et du dressage que l'on supporte plus ou moins bien, que l'on supporte mal lorsque l'on est un petit graçon turbulent en quête d'un modèle masculin et que l'on ne trouve que des institutrices qui ont toutes les vertus du monde mais qui ne comprennent pas le plaisir que l'on peut éprouver à se battre, à voir les autres se battre ("du sang! du sang!" crions nous adolescents lorsque deux de nos camarades se battaient), à faire le malin.
Ceux que leur famille aide, soutient en lui répètant à l'envie que cette souffrance sera récompensée un jour supportent assez bien cette souffrance et ces humiliations. On la supporte moins bien lorsque votre famille ne vous dit pas cela, ne peut pas vous dire cela parce qu'elle sait bien que c'est faux.
Si l'on ajoute à cela que l'école est dans les quartiers, l'école est la seule institution qui rappelle les règles, on comprend mieux qu'elle soit visée lorsque ces règles sont contestées.
Mais cette même école, et c'est ce que nous disent à leur manière, violente, brutale, les émeutiers est aussi un lieu de souffrance et d'humiliation. Humiliation du mauvais élève que l'on montre du doigt, que l'on évalue et que l'on juge. Souffrance du petit gamin qui ne rève que de courir et que l'on force à se tenir assis, le dos raide sans s'endormir pendant de longues heures. Il y a dans l'enseignement de la discipline et du dressage que l'on supporte plus ou moins bien, que l'on supporte mal lorsque l'on est un petit graçon turbulent en quête d'un modèle masculin et que l'on ne trouve que des institutrices qui ont toutes les vertus du monde mais qui ne comprennent pas le plaisir que l'on peut éprouver à se battre, à voir les autres se battre ("du sang! du sang!" crions nous adolescents lorsque deux de nos camarades se battaient), à faire le malin.
Ceux que leur famille aide, soutient en lui répètant à l'envie que cette souffrance sera récompensée un jour supportent assez bien cette souffrance et ces humiliations. On la supporte moins bien lorsque votre famille ne vous dit pas cela, ne peut pas vous dire cela parce qu'elle sait bien que c'est faux.
Si l'on ajoute à cela que l'école est dans les quartiers, l'école est la seule institution qui rappelle les règles, on comprend mieux qu'elle soit visée lorsque ces règles sont contestées.
1 commentaire:
L'école est une valeur forte de notre société, le travail aussi. Pourtant elle catégorise et trie les individus, quand j'ai dis cela un jour sans bravade dans un cours de sociologie...L'intervenante outrée m'a dit qu'en tant que sociologue elle ne pouvait laisser dire cela, pourtant je suis un individu qui affirme que la pression parfois, comme ces jeunes et tant d'autres encore, sont comme une cocotte minute. On y a mit un couvercle bien fermer mais a force, la pression a été trop forte. Bien entendu que l'école est une institution qui les renvoie à leur condition et échecs, ils ont le sentiment d'avoir été reclassés et catégorisés. Sans autre forme de procès, pourtant l'intelligence c'est : "La capacité à s'adapter à une situaton nouvelle" et en matière d'adaptation, je pense que ces jeunes en tiennent beaucoup plus que nous. Ce qui est dommage, c'est que l'on "regrette de ne plus apprendre, mais moins que le fait qu'il n'existe pas d'école sans barrières, c'est à dire un lieu ou on pourrait réellement évoluer en préservant son individualité" (extrait protégé). Je continue de penser que l'école doit être repensée et travaillée, au niveau des contenus, les adapter à TOUS comme ce qui devrait être le cas, travailler sur une expression libre même si il y a un cadre, c'est a dire arrêter de se servir de l'école pour formater les individus qui doivent rester acteurs de leur histoire, stopper le selectionnement "élitiste" sans donner la chance égale à chacun, et tant et trop d'autre facteur, comme l'acceptation et l'intégration des handicapés, déficients qui sont reconduits à la porte de l'éducation nationale... Il y aurait beaucoup trop à en dire d'ailleurs.
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