Posner et Becker, les deux gourous de l'école de Chicago, relancent, dans leur blog à quatre mains le débat sur la peine de mort. Débat qui ne nous concerne guère de ce coté ci de l'Atlantique, Dieu merci, mais à lire ces deux auteurs, plutôt réactionnaires mais intelligents, on voit combien leurs arguments sont faibles. Tous deux économistes, ils s'intéressent, comme il est naturel, à l'effet d'incitation de la peine de mort. Effet qu'ils disent contre tout bon sens être réel. Si cet effet était réel, les pays qui ont conservé ce châtiment seraient-ils ceux dans lesquels les meurtres sont le plus fréquent? Effet, ajoutent-ils, qui serait plus fort si l'exécution était plus proche de la condamnation, ce qui revient, en somme, à réduire les droits de la défense pour ceux qui sont condamnés à la peine la plus lourde. Ce qui est, naturellement, absurde.
Si j'en parle ici, c'est que cette discussion met une nouvelle fois en évidence l'erreur de raisonnement qui consiste à croire que le malfaiteur regarde la seule peine encourue. Comme tout bon économiste devrait le comprendre il pondère cette peine encourue du risque de la subir effectivement. Il y a une relation étroite entre la dureté des peines et l'efficacité (ou, plutôt, l'inefficacité) de la police. Là où la police attrape tous les délinquants, il n'est pas nécessaire de les punir sévèrement : une petite sanction aura un effet dissuasif. Lorsque la police travaille mal, on tente de compenser par des peines plus lourdes, mais c'est sans espoir.
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