lundi, mars 17, 2008

Sur la victoire de la gauche aux municipales

La victoire de la gauche aurait été acquise, à entendre les commentateurs tant de gauche que de droite, non pas pour ses propres mérites mais par défaut. Les électeurs auraient voulu en s'abstenant lorsqu'ils étaient de droite ou en se mobilisant lorsqu'ils étaient de gauche sanctionner le gouvernement, certains lui reprochant le contenu de ses réformes (à gauche), d'autres (à droite) leur trop grande lenteur. Qu'il y ait eu dans ces résultats une dimension nationale est l'évidence, mais les conquêtes de la gauche et, plus encore, les progrès saisissants de ses élus (de Bertrand Delanoë à Martine Aubry) me fait penser qu'il y a dans cette victoire autre chose.

Sachant qu'il n'y a pas de motif que les élus de gauche soient, en moyenne, meilleurs gestionnaires que ceux de droite, l'explication est à chercher du coté des programmes. Ceux qu'a proposés la gauche étaient plus de nature à séduire les classes moyennes qui occupent aujourd'hui la plupart des centre-ville (pas tous, pas celui de Marseille, notamment) que leurs concurrents de droite.

Deux éléments de ces programmes ont pu jouer un rôle déterminant :

- la volonté, au travers des politiques sociales (logement…), de maintenir la diversité de la démographie de ces villes. Plus que la droite, la gauche essaie de lutter contre la segmentation de l'espace urbain selon des lignes sociales ou économiques, segmentation dont les classes moyennes sont les premières victimes puisqu'elle les chasse des "beaux quartiers" auxquels elles ne peuvent pas accéder et les condamne à se réfugier dans des quartiers populaires qui leur donne le sentiment d'une disqualification sociale,

- la volonté de développer des services publics, qu'il s'agisse des transports, de la culture, de la santé ou de l'éducation dont les classes moyennes sont de gros consommateurs (elles se déplacent plus que les autres, vont au théâtre ou cinéma plus que les classes populaires…).

Dans les deux cas, il s'agit d'objectifs susceptibles de séduire un électorat culturellement ouvert, formé de fonctionnaires, de cadres moyens… à l'abri du besoin mais confronté directement ou indirectement aux difficultés de la vie quotidienne et qui est le premier à profiter des biens publics que la gauche développe.

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