vendredi, juin 05, 2009

Petite plaidoirie pour la défense de la téléréalité

Un tribunal vient de tuer la téléréalité. La mesure a probablement fait plaisir à la plupart d'entre nous. Ce genre n'a pas très bonne presse en France (en a-t-il une meilleure ailleurs?). J'ai cependant envie de la défendre. Non que ces émissions aient toutes été de grande qualité, loin s'en faut, mais la téléréalité représente un progrès considérable sur un point majeur : l'effet réalité. Elle donne un coup de vieux à toutes les autres représentations, au jeu des acteurs qui parait décalé à la télévision comme au cinéma ou au théâtre : on n'y croit plus vraiment. Si la première saison du Loft (Big brother ailleurs dans le monde) a eu tant de succès, c'est qu'elle donnait à un très grand nombre de téléspectateurs (dont j'étais) l'occasion d'entendre et de voir des jeunes gens tels qu'en eux-mêmes, comme on ne les voit jamais, dans une situation artificielle mais somme toute assez proche des colonies de vacances.

Je n'ai ni regardé les saisons suivantes ni les autres émissions du même type, mais je viens de voir quelques épisodes d'une très étrange émission américaine conçue dans le même esprit, Family Business, réalisée et produite par l'une des spécialistes américaine du genre, Allison Grodner.

Cette émission suit, accompagne, un entrepreneur, sa mère, son cousin, tous les membres donc d'une petite PME dont le métier est la production de films pornographiques (profession dont cette série nous montre les dessous : le casting, la mise en scène, le tournage…). C'est probablement à demi scénarisé, mais on a, comme dans le Loft (ou dans Strip-tease, cette excellente émission belge), ce même sentiment de réalité : les "acteurs" ne jouent pas, ils sont comme saisis dans leur quotidien tels qu'en eux-mêmes. C'est assez amusant, c'est à l'occasion instructif, mais cela donne surtout le sentiment d'être dans l'intimité des personnages, ce qui permet de découvrir des aspects inattendus de leur vie. Ainsi dans la seconde saison, le cousin (dont le vocabulaire parait réduit à deux ou trois mots de quatre lettres) a oublié le 25ème anniversaire de son mariage à la grande fureur de sa femme. Il la rejoint à Las Vegas où elle assiste à un salon professionnel. Pour se faire pardonner, il organise un remariage (comment dit-on en français? une confirmation? un renouvellement de ses voeux de mariage? un mariage bis?). Ce qui nous donne l'occasion de visiter, comme je ne l'avais jamais fait, ces chapelles dont le mariage est le business et où un faux Elvis Presley peut célébrer la cérémonie. Cela fait de la très bonne télévision. Si celle-ci peut prétendre à une dimension esthétique, c'est dans des émissions comme celle-ci et dans les émissions sportives… bien plus que dans les émissions culturelles qui importent sur le petit écran des pratiques développées pour d'autres média.

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