mercredi, novembre 18, 2009

Le soleil nous boude, mais il brille à l'étranger

Nicolas Sarkozy est en Arabie Saoudite, pour un voyage que l'on dit semi-privé tandis que François Fillon se fait huer par les maires et les élus locaux à Paris. Deux poids, deux mesures? Non, une illustration de ce qu'est la politique au plus haut niveau en France : difficile à l'intérieur des frontières, souvent brillante à l'extérieur. Nicolas Sarkozy n'est pas le premier président à partir à l'étranger pour goûter un peu de répit et quelques succès. Et, pour dire vrai, il y réussit plutôt bien (Europe, G20, demain peut-être Copenhague…). Tout comme, d'ailleurs, ses prédécesseurs qui n'ont pas manqué, eux non plus, d'accumuler les déboires dans l'hexagone.

Ce grand écart entre des difficultés récurrentes à l'intérieur et des succès à l'extérieur est, me semble-t-il, une particularité française qui tient probablement à ce que la politique étrangère y fait moins débat chez nous qu'ailleurs. Cela tient sans doute à une tradition d'indépendance nationale qui unit gauche et droite dans la volonté de se démarquer des Etats-Unis, dans la volonté partagée par tous, à gauche comme à droite, de maintenir un certain rang dans le monde, ce qui suppose ouverture aux problèmes des autres et activisme diplomatique, dans un pacifisme de façade (de façade puisque nos soldats se battent depuis longtemps un peu partout) qui évite les aventures trop risquées. Cela tient aussi à des institutions qui font des affaires étrangères un domaine réservé que le Président peut labourer comme il l'entend sans l'obligation de s'expliquer devant les parlementaires.

Le tout rend cette politique relativement efficace : le Président sait qu'il peut compter sur l'opinion et cela renforce ses positions dans les négociations avec ses partenaires. Tout le contraire des Présidents américains qui doivent en permanence négocier avec les parlementaires et une opinion tentée par le renfermement sur elle-même.

Et comme cette politique est assez efficace, elle produit des succés dont profitent des Présidents qui souffrent bien plus sur la scène nationale. Pas étonnant, dans ces conditions, qu'il leur arrive de préférer l'Arabie Saoudite au Congrès des maires.

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