Libération nous apprend ce matin que Christine Albanel rejoint France Telecom comme directrice de la communication. D'autres (Villepin, Copé…) deviennent avocats. La fonction politique se banalise et se transforme. Elle devient une fonction comme une autre, que l'on occupe pendant quelques mois dans une carrière qui fait passer du public au privé, de celui-ci au gouvernement, du gouvernement au privé… Hier, les politiques faisaient de la politique tout au long de leur vie, maires, députés, sénateurs, ministres… Ce n'est plus le cas : ils changent de métier tout au long de leur vie.
Ce pourrait être l'un des effets des lois contre le cumul. C'est probablement autre chose : une conséquence de l'élargissement du vivier dans lequel on sélectionne les ministres. Si l'on peut faire appel à la "société civile" pour entrer au gouvernement, pourquoi les politiques, qui se voient ainsi concurrencer, n'iraient-ils pas tâter des plaisirs de cette même société civile?
Ils ont acquis en occupant des postes politiques un "capital humain", un réseau de relations, de contacts, de connaissance de la haute fonction publique qui a un prix. Ils le vendent…
Ajoutons que d'un point de vue économique, ils y ont tout intérêt : un député battu n'a que ses yeux (ou presque) pour pleurer et il se représente très régulièrement devant des électeurs impitoyables. Si Christine Albanel ne fait pas l'affaire, elle sera remerciée dans les formes, avec des indemnités conséquentes.
On voit ainsi se constituer, au sommet de la société, une véritable oligarchie constituée de hauts fonctionnaires, de cadres supérieurs, de politiques qui se partagent le pouvoir, qui s'échangent les postes. Un élu, malgré tous ses défauts, conserve un certain contact avec la population. Ces dirigeants qui vont de l'entreprise ou des cabinets ministériels au gouvernement et vice-versa n'en ont plus aucun.
PS Christine Albanel a longtemps écrit les discours de Jacques Chirac. C'est donc une spécialiste de la langue de bois. Elle ne peut certainement pas faire pire chez France Télécom
Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
lundi, février 22, 2010
dimanche, février 14, 2010
Sanglantes batailles à l'UMP
La presse nous dit que la constitutions des listes pour les prochaines régionales ne s'est pas faite sans grincements de dents à l'UMP. En voici un témoignage saisissant trouvé sur le blog d'un militant UMP du Tarn et Garonne. C'est sanglant! Il est vrai que tout ce blog respire l'acrimonie et la hargne, mais celles-ci sont, sur ce blog, en général réservées à la gauche. Les armes tournées contre ses propres amis sont toujours plus destructrices.
La violence des propos tenus sur ce blog me font penser à ceux de Xavier Bertrand face à ce malheureux journaliste du Courrier Picard dont nous parlait hier Le Monde.
On a beaucoup dit ces derniers mois que la débat sur l'identité nationale avait amené des élus à se lâcher plus facilement en public. D'autres, comme Dominique Wolton dont c'est devenu une spécialité, s'en prennent au net (voir son interview dans Libération). Le comportement de Nicolas Sarkozy, la violence de certains de ses propos ont sans doute contribué à desinhiber ses amis. Il ne faudrait pas que ces pratiques qui rappellent les violences verbales des années trente se développent. Or, il semble bien que ce soit le cas comme le montrent les propos outranciers de Philippe Lavaud, le maire d'Angoulême. Le drame est que le plus simple lorsque l'on se sent insulté est de répondre par d'autres insultes, alors que le plus sage serait de mettre ces excés sur le compte de la colère ou du mauvais caractère et de laisser tomber en espérant que la réprobation du public dissuade le fautif de recommencer.
La violence des propos tenus sur ce blog me font penser à ceux de Xavier Bertrand face à ce malheureux journaliste du Courrier Picard dont nous parlait hier Le Monde.
On a beaucoup dit ces derniers mois que la débat sur l'identité nationale avait amené des élus à se lâcher plus facilement en public. D'autres, comme Dominique Wolton dont c'est devenu une spécialité, s'en prennent au net (voir son interview dans Libération). Le comportement de Nicolas Sarkozy, la violence de certains de ses propos ont sans doute contribué à desinhiber ses amis. Il ne faudrait pas que ces pratiques qui rappellent les violences verbales des années trente se développent. Or, il semble bien que ce soit le cas comme le montrent les propos outranciers de Philippe Lavaud, le maire d'Angoulême. Le drame est que le plus simple lorsque l'on se sent insulté est de répondre par d'autres insultes, alors que le plus sage serait de mettre ces excés sur le compte de la colère ou du mauvais caractère et de laisser tomber en espérant que la réprobation du public dissuade le fautif de recommencer.
mercredi, février 10, 2010
Les immigrés et la criminalité
Un article intéressant de Tito Boeri sur la criminalité des immigrés en Italie qui s'appuie, une fois n'est pas coutume, sur des statistiques et qui remet les choses à leur place. A garder en mémoire pour le jour où l'un de nos apprentis sorciers nous expliquera que la criminalité est l'affaire des immigrés, comme fit il y a quelques jours Berlusconi.
Le NPA, le voile et les réactions qu'il suscite, suite
Les réactions multiples et toutes dans le même sens (entre protestations et incompréhension) au choix d'une jeune femme voilée par le NPA comme candidate aux prochaines régionales m'a surpris. On ne peut, en effet, accuser la plupart de ceux qui se sont exprimés d'anti-islamisme primaire ou de démagogie. Ce qui me fait penser que l'expression publique de l'Islam se heurte à une triple opposition qui s'est pour l'occasion retrouvée de manière improbable :
- les anti-islamistes classiques qui n'aiment pas les étrangers,
- les féministes qui assimilent le voile (et plus encore la burqa) à une forme d'oppression,
- les ultra-laïcs qui ne supportent pas de voir dans l'espace public l'expression de la moindre foi religieuse.
Je laisserai un instant de coté les premiers, cible trop facile, pour revenir sur les deux autres. Commençons par les féministes. Je comprends parfaitement leur malaise et il est vrai que l'idée même qu'un mari puisse imposer à son épouse, un frère à ses soeurs, un père à ses filles une toilette a de quoi choquer. Et lorsque c'est le cas, il faut effectivement les aider à se libérer de cette oppression. Mais on sait que certaines de ces jeunes femmes (combien, je l'ignore faute de statistiques sur le sujet, mais leur nombre n'est, semble-t-il, pas négligeable) choisissent délibérément, volontairement, souvent contre leur famille ces toilettes. Je dis contre leur famille parce que, on a tendance à l'oublier, l'immigration est aussi un rejet du milieu d'origine et beaucoup d'immigrés ont choisi la France pour, justement, échapper à des traditions et coutumes jugées trop contraignantes. Pourquoi le font-elles? Par souci religieux, pour certaines, pour se protéger de regards masculins jugés trop intrusifs pour d'autres. Il y a quelques années, Ségolène Royal s'était élevée contre le port du string. Les mêmes qui protestent aujourd'hui contre le voile avaient ri, s'étaient moqué, comme si le fait de montrer un bout de ses fesses était plus "catholique", "casher" ou "orthodoxe" (on ne sait plus comment dire), plus convenable en un mot, que cacher ses cheveux. Le port d'un voile peut aussi être une marque de pudeur. Et je ne vois pas en quoi ce serait moins respectable qu'une pointe d'exhibitionisme? La pudeur serait-elle une valeur interdite, maudite dans notre société post-moderne?
C'est l'idée même que des préférences religieuses puissent s'exprimer dans l'espace public (dans la rue, à l'Assemblée nationale…) qui gêne les laïcs. Mais, à l'inverse de ce qu'ils disent souvent cet intégrisme est récent. Dans ma jeunesse (pas si lointaine) les prêtres se promenaient en soutane sans que personne n'y trouve à redire, les bonnes soeurs se promenaient librement dans les rues et les fonctionnaires pouvaient exprimer leurs opinions et préférences idéologiques sans crainte. Je me souviens d'avoir eu, dans un grand lycée parisien, un professeur, Henri Agel, qui affichait son catholicisme, se promenait avec une croix. Nous l'adorions tout autant qu'un autre professeur, dont j'ai oublié le nom, qui ne cachait pas son appartenance au parti communiste. Le seul qui fut un peu discret sur ses opinions, un professeur d'histoire, Georges Lefranc avait signé la charte du travail de Pétain… Quant à nos parents, ils n'y trouvaient rien à redire et savaient que nous ferions le tri entre toutes ces opinions contradictoires.
Notre paysage s'est enrichi de kippas et de voiles. Ni plus ni moins. Est-ce gênant? Ce le serait si ces porteurs de signes religieux faisaient du prosélytisme, voulaient nous empêcher de manger du porc, de nous promener en string… mais ce n'est pas le cas. Alors… pourquoi empêcher un juif de porter une kippa s'il pense qu'il respecte mieux ainsi le Dieu qu'il vénère? pourquoi empêcher une musulmane de porter un voile si elle pense ainsi respecter une obligation religieuse.
J'ajouterai qu'à tant se fixer sur l'Islam et ses signes extérieurs portés par des jeunes femmes qui partagent l'essentiel de nos valeurs on ne voit pas que d'autres immigrés, venus de l'Est de l'Europe, de Roumanie ou de Pologne, immigrés invisibles, introduisent dans notre société un autre poison autrement dangereux : l'antisémitisme et le racisme d'avant-guerre. Je ne dis pas cela à la légère : j'ai eu récemment plusieurs conversations avec des sans-papiers venus de ces pays qui, fiers de leur blanchitude, tiennent des propos auprès desquels ceux de Georges Frèche ne sont que roupie de sansonnet. Et ils le font gentiment, naturellement, sans pour autant partager le moins du monde les fantasmes du Front National. S'il y a un combat à mener, c'est bien celui-ci : leur rappeler, leur enseigner que l'anti-racisme est une valeur de notre société et plus encore depuis qu'elle est devenue multi-culturelle.
- les anti-islamistes classiques qui n'aiment pas les étrangers,
- les féministes qui assimilent le voile (et plus encore la burqa) à une forme d'oppression,
- les ultra-laïcs qui ne supportent pas de voir dans l'espace public l'expression de la moindre foi religieuse.
Je laisserai un instant de coté les premiers, cible trop facile, pour revenir sur les deux autres. Commençons par les féministes. Je comprends parfaitement leur malaise et il est vrai que l'idée même qu'un mari puisse imposer à son épouse, un frère à ses soeurs, un père à ses filles une toilette a de quoi choquer. Et lorsque c'est le cas, il faut effectivement les aider à se libérer de cette oppression. Mais on sait que certaines de ces jeunes femmes (combien, je l'ignore faute de statistiques sur le sujet, mais leur nombre n'est, semble-t-il, pas négligeable) choisissent délibérément, volontairement, souvent contre leur famille ces toilettes. Je dis contre leur famille parce que, on a tendance à l'oublier, l'immigration est aussi un rejet du milieu d'origine et beaucoup d'immigrés ont choisi la France pour, justement, échapper à des traditions et coutumes jugées trop contraignantes. Pourquoi le font-elles? Par souci religieux, pour certaines, pour se protéger de regards masculins jugés trop intrusifs pour d'autres. Il y a quelques années, Ségolène Royal s'était élevée contre le port du string. Les mêmes qui protestent aujourd'hui contre le voile avaient ri, s'étaient moqué, comme si le fait de montrer un bout de ses fesses était plus "catholique", "casher" ou "orthodoxe" (on ne sait plus comment dire), plus convenable en un mot, que cacher ses cheveux. Le port d'un voile peut aussi être une marque de pudeur. Et je ne vois pas en quoi ce serait moins respectable qu'une pointe d'exhibitionisme? La pudeur serait-elle une valeur interdite, maudite dans notre société post-moderne?
C'est l'idée même que des préférences religieuses puissent s'exprimer dans l'espace public (dans la rue, à l'Assemblée nationale…) qui gêne les laïcs. Mais, à l'inverse de ce qu'ils disent souvent cet intégrisme est récent. Dans ma jeunesse (pas si lointaine) les prêtres se promenaient en soutane sans que personne n'y trouve à redire, les bonnes soeurs se promenaient librement dans les rues et les fonctionnaires pouvaient exprimer leurs opinions et préférences idéologiques sans crainte. Je me souviens d'avoir eu, dans un grand lycée parisien, un professeur, Henri Agel, qui affichait son catholicisme, se promenait avec une croix. Nous l'adorions tout autant qu'un autre professeur, dont j'ai oublié le nom, qui ne cachait pas son appartenance au parti communiste. Le seul qui fut un peu discret sur ses opinions, un professeur d'histoire, Georges Lefranc avait signé la charte du travail de Pétain… Quant à nos parents, ils n'y trouvaient rien à redire et savaient que nous ferions le tri entre toutes ces opinions contradictoires.
Notre paysage s'est enrichi de kippas et de voiles. Ni plus ni moins. Est-ce gênant? Ce le serait si ces porteurs de signes religieux faisaient du prosélytisme, voulaient nous empêcher de manger du porc, de nous promener en string… mais ce n'est pas le cas. Alors… pourquoi empêcher un juif de porter une kippa s'il pense qu'il respecte mieux ainsi le Dieu qu'il vénère? pourquoi empêcher une musulmane de porter un voile si elle pense ainsi respecter une obligation religieuse.
J'ajouterai qu'à tant se fixer sur l'Islam et ses signes extérieurs portés par des jeunes femmes qui partagent l'essentiel de nos valeurs on ne voit pas que d'autres immigrés, venus de l'Est de l'Europe, de Roumanie ou de Pologne, immigrés invisibles, introduisent dans notre société un autre poison autrement dangereux : l'antisémitisme et le racisme d'avant-guerre. Je ne dis pas cela à la légère : j'ai eu récemment plusieurs conversations avec des sans-papiers venus de ces pays qui, fiers de leur blanchitude, tiennent des propos auprès desquels ceux de Georges Frèche ne sont que roupie de sansonnet. Et ils le font gentiment, naturellement, sans pour autant partager le moins du monde les fantasmes du Front National. S'il y a un combat à mener, c'est bien celui-ci : leur rappeler, leur enseigner que l'anti-racisme est une valeur de notre société et plus encore depuis qu'elle est devenue multi-culturelle.
mardi, février 09, 2010
La langue de plomb des managers
Pris hier sous une pluie battante dans une voiture de location, j'écoutais un peu par hasard BFM radio, une radio dédiée aux managers et au monde des affaires. Plusieurs responsables d'entreprises, consultants, financiers… réagissaient à l'actualité, aux mesures prises pour conclure (enterrer…) le débat sur l'identité nationale. J'y ai appris qu'un pays était une marque (sic) et qu'il fallait le vendre comme tel (resic). Remarque d'un spécialiste des marques, naturellement, aussitôt complétée par cette autre d'un financier ébahi par la finesse du gouvernement espagnol qui est allé parler aux analystes financiers. Enfin, les budgets de l'Etat seront aussi clairs que ceux des entreprises, nous expliqua-t-il (mais dans quel monde vivent-ils donc? ne savent-ils donc pas que dans les démocraties, les budgets sont votés par le Parlement contrôlés par le parlement et par des magistrats façon Cour des Comptes?)
L'un des participants avait passé son week-end à fair travailler ses enfants. Il a découvert que l'Education Nationale faisait bien son travail (sic). Mais aussi que les programmes d'économie parlaient surtout des entreprises qui licencient (vous en connaissez beaucoup qui recrutent massivement?) Conclusion : les Français ne s'aiment pas (ah bon! je croyais qu'on leur reprochait au contraire leur arrogance) alors que nous sommes très compétitifs, que les Américains (les cadres supérieurs, les seuls qui intéressaient ces messieurs) ont à peu près autant de vacances que nous… Un quart d'heure de sottises, donc.
On reproche beaucoup aux hommes politiques leur langue de bois, celle des managers est plus épaisse encore. De plomb, peut-être
L'un des participants avait passé son week-end à fair travailler ses enfants. Il a découvert que l'Education Nationale faisait bien son travail (sic). Mais aussi que les programmes d'économie parlaient surtout des entreprises qui licencient (vous en connaissez beaucoup qui recrutent massivement?) Conclusion : les Français ne s'aiment pas (ah bon! je croyais qu'on leur reprochait au contraire leur arrogance) alors que nous sommes très compétitifs, que les Américains (les cadres supérieurs, les seuls qui intéressaient ces messieurs) ont à peu près autant de vacances que nous… Un quart d'heure de sottises, donc.
On reproche beaucoup aux hommes politiques leur langue de bois, celle des managers est plus épaisse encore. De plomb, peut-être
lundi, février 08, 2010
Le voile du NPA les rend fous
A lire les commentaires des politiques de tous bords, de Jean-Paul Huchon ("C'est une aberration, je ne sais même pas où Olivier Besancenot a été chercher ça") à Nadine Morano (qui parle d'un "coup médiatique contre les valeurs de la République") en passant par Fabius que l'on a connu mieux inspiré ("Je ne savais pas, a-t-il déclaré, jusqu'à présent que le port du voile était un signe de laïcité")présenter une candidate voilée serait faire offense à la République. Mais où sont-ils allés chercher cela. Nos rues sont pleines de jeunes filles qui portent le voile, bonnes citoyennes, bonnes françaises, aimables, sages, souvent prudes, et l'on voudrait leur interdire de se présenter aux élections? Mais au nom de quels principes? De quelles valeurs? Celles de Mme Morano? Mais pourquoi celles-ci plutôt que celles de ces jeunes femmes tout aussi "bonnes" françaises que notre ministre?
Les électeurs sont libres de voter contre cette candidate voilée s'ils le souhaitent, mais cette jeune femme a tout à fait le droit de se présenter. Qui plus est en portant les couleurs d'un parti laïc qu'on ne peut certainement pas soupçonner de porter les valises d'on ne sait quel complot islamiste.
Il serait temps que nos politiques ouvrent les yeux : il y a des musulmans en France qui pratiquent leur religion et n'en ont pas honte. C'est comme ça. La société réelle ne ressemble pas forcément celle qu'imaginent nos politiques. S'ils ne veulent pas qu'elle finisse par ressembler à leurs cauchemars, ils feraient bien d'en prendre acte. Et d'apprendre la tolérance. Cela leur fera gagner des électeurs et leur évitera de dire des bêtises comme celles entendues ce week-end.
Les électeurs sont libres de voter contre cette candidate voilée s'ils le souhaitent, mais cette jeune femme a tout à fait le droit de se présenter. Qui plus est en portant les couleurs d'un parti laïc qu'on ne peut certainement pas soupçonner de porter les valises d'on ne sait quel complot islamiste.
Il serait temps que nos politiques ouvrent les yeux : il y a des musulmans en France qui pratiquent leur religion et n'en ont pas honte. C'est comme ça. La société réelle ne ressemble pas forcément celle qu'imaginent nos politiques. S'ils ne veulent pas qu'elle finisse par ressembler à leurs cauchemars, ils feraient bien d'en prendre acte. Et d'apprendre la tolérance. Cela leur fera gagner des électeurs et leur évitera de dire des bêtises comme celles entendues ce week-end.
vendredi, février 05, 2010
Van Gogh à Londres
Il y a actuellement à la Royal Academy de Londres, une passionnante exposition Van Gogh qui rapproche ses peintures des lettres qu'il écrivait à des collègues (à commencer bien sûr par Gauguin) mais aussi, et surtout, à son frère Théo. On y découvre une utilisation du dessin tout à fait surprenante mais aussi la lettre qu'il portait sur lui le jour où il d'est suicidé.
Cette exposition a, naturellement, du succès. Ce matin il fallait faire une heure de queue pour entrer (Dieu merci le ciel londonien était ensoleillé), non que les visiteurs aient été particulièrement nombreux, mais il n'y avait qu'une caisse ouverte alors qu'il y en avait 5 (cinq) ouvertes à la librairie ou l'on vendait le catalogue. Si j'avais mauvais esprit…
Cette exposition a, naturellement, du succès. Ce matin il fallait faire une heure de queue pour entrer (Dieu merci le ciel londonien était ensoleillé), non que les visiteurs aient été particulièrement nombreux, mais il n'y avait qu'une caisse ouverte alors qu'il y en avait 5 (cinq) ouvertes à la librairie ou l'on vendait le catalogue. Si j'avais mauvais esprit…
L'anglais et les Français : effrayant!
Le Canard Enchainé raconte que Nicolas Sarkozy aurait dit à Hilary Clinton, parlant de la météo détestable de ces derniers jours à Paris (pas hier, il y avait un beau soleil) : I am sorry for the bad time, confondant le temps qu'il fait (weather) et le temps qui passe (time). Un lecteur de Charles Bremer, le correspondant parisien de Times online, précise que l'anglais de Sarkozy est semble-t-il catastrophique, "awful not to say inexistent."
Ce faisant, il est à la hauteur de beaucoup de Français et l'on peut craindre que cela ne s'améliore pas. J'étais, comme je l'ai dit dans un précédent post, hier sur France 24, pour parler de la burqa en anglais. Nous étions trois Français parlant anglais. Le journaliste, dont l'anglais était "fluent", le jeune patron (24 ans) des jeunes UMP et moi-même. Que dire? Sinon que c'était, pour nous deux… désolant comme on peut le voir ici. Pour moi, passe encore vu mon grand âge (je dis cela mais n'en pense pas un mot), mais pour le jeune politique… Cela se passe de commentaires.
Ce faisant, il est à la hauteur de beaucoup de Français et l'on peut craindre que cela ne s'améliore pas. J'étais, comme je l'ai dit dans un précédent post, hier sur France 24, pour parler de la burqa en anglais. Nous étions trois Français parlant anglais. Le journaliste, dont l'anglais était "fluent", le jeune patron (24 ans) des jeunes UMP et moi-même. Que dire? Sinon que c'était, pour nous deux… désolant comme on peut le voir ici. Pour moi, passe encore vu mon grand âge (je dis cela mais n'en pense pas un mot), mais pour le jeune politique… Cela se passe de commentaires.
jeudi, février 04, 2010
Burqa, France 24 et le Président des jeunes UMP
France 24 m'a demandé de parler de la Burqa face au Président des jeunes UMP, Benjamin Lancar, en anglais. Pourquoi moi? Sans doute parce que cette même chaîne m'avait demandé il y a quelques mois de traiter de la question du voile et que je sais un peu d'anglais. Sujet difficile : comment garder une position de tolérance (surtout dans une langue que l'on maîtrise mal) lorsque l'opinion est droit devant contre (la jeune femme qui me maquillait avant le passage à l'antenne me disait sa gêne devant ces femmes voilées qu'elle croisait parfois sur les marchés)? Et pourtant, c'est bien la seule position qui ait, à mon avis, du sens. Reprenons les arguments que j'ai essayé de développer face à un jeune homme (24 ans) aussi vindicatif que sympathique :
- cette affaire est essentiellement politique à quelques semaines d'une élection difficile pour le gouvernement : pendant que l'on parle de la burqa, sujet secondaire, on ne parle pas du chômage, des échecs du gouvernement…
- preuve que cette affaire est essentiellement politique : son déroulé. Alors qu'il faut plusieurs semaines pour renouveler sa carte d'identité à Paris (mais oui!), le dossier de ce marocain déposé en janvier à la préfecture était moins d'un mois plus tard sur le bureau du ministre. Belle efficacité de services plutôt réputés pour leur lenteur!
- autre preuve que cette affaire est essentiellement politique : on communique sur la burqa mais celle-ci est une affaire privée, une pratique religieuse (pratique extrême et aussi condamnable qu'on voudra, mais choisie pour des motifs religieux) qui ne concerne en rien l'Etat, comme l'a à plusieurs reprises rappelé le Conseil d'Etat.
- le marocain en question est l'époux depuis plus de quatre ans d'une française (c'est elle qui porte la burqa). Or la loi autorise tout étranger marié à un Français à obtenir la nationalité française au bout de quatre ans de mariage et de vie commune pour peu qu'il parle le français et qu'il partage nos valeurs (notion fumeuse, en l'espèce).
- on nous dit que ce marocain ne partage pas nos valeurs, mais d'où viennent ces informations? qui en a décidé? et sur quels critères? critères définis par qui? dans quelles circonstances? sur quels textes? Le fait que Nicolas Sarkozy nous ait dit tout le mal qu'il pense de la burqa suffit-il à en faire un critère de non respect de nos valeurs?
- cette affaire est essentiellement politique à quelques semaines d'une élection difficile pour le gouvernement : pendant que l'on parle de la burqa, sujet secondaire, on ne parle pas du chômage, des échecs du gouvernement…
- preuve que cette affaire est essentiellement politique : son déroulé. Alors qu'il faut plusieurs semaines pour renouveler sa carte d'identité à Paris (mais oui!), le dossier de ce marocain déposé en janvier à la préfecture était moins d'un mois plus tard sur le bureau du ministre. Belle efficacité de services plutôt réputés pour leur lenteur!
- autre preuve que cette affaire est essentiellement politique : on communique sur la burqa mais celle-ci est une affaire privée, une pratique religieuse (pratique extrême et aussi condamnable qu'on voudra, mais choisie pour des motifs religieux) qui ne concerne en rien l'Etat, comme l'a à plusieurs reprises rappelé le Conseil d'Etat.
- le marocain en question est l'époux depuis plus de quatre ans d'une française (c'est elle qui porte la burqa). Or la loi autorise tout étranger marié à un Français à obtenir la nationalité française au bout de quatre ans de mariage et de vie commune pour peu qu'il parle le français et qu'il partage nos valeurs (notion fumeuse, en l'espèce).
- on nous dit que ce marocain ne partage pas nos valeurs, mais d'où viennent ces informations? qui en a décidé? et sur quels critères? critères définis par qui? dans quelles circonstances? sur quels textes? Le fait que Nicolas Sarkozy nous ait dit tout le mal qu'il pense de la burqa suffit-il à en faire un critère de non respect de nos valeurs?
mercredi, février 03, 2010
Gardes à vue
On ne parle plus depuis deux ou trois jours à la télévision que des gardes à vue et de leur scandale. J'en ai déjà fait état sur ce blog il y a un an en racontant la mésaventure arrivée à deux de mes proches. Ce post avait amené un officier de police judiciaire à me faire une longue et très riche réponse qui en disait beaucoup plus que ce l'on entend aujourd'hui à la télévision.
Je ne reviendrai donc pas dessus sinon pour dire mon étonnement. Tous les débats sur le sujet opposent des avocats, des personnes mises en garde à vue et des syndicalistes policiers. Pourquoi des syndicalistes? et pourquoi eux seulement pour représenter l'institution? N'y a-t-il pas au Ministère de l'intérieur des responsables, des hauts-fonctionnaires capables de s'exprimer sur le sujet?
C'est un fait constant : lorsque des questions de police sont discutées en public, l'administration se fait systématiquement représenter par des syndicalistes. Ce qui est gênant :
- le point de vue des policiers est forcément biaisé : le respect des droits d'autrui n'est pas, naturellement, leur première préoccupation. Chaque fois qu'on leur oppose les traitements humiliants infligés à des personnes mises en garde à vue, ils avancent des arguments qui ne valent que pour une toute petite minorité (risque de suicide, problèmes de sécurité…)
- les syndicalistes ont naturellement (c'est leur rôle) tendance à défendre leurs collègues, à se rebiffer contre les critiques, ce qui peut les amener à justifier l'injustifiable (il fallait entendre hier un syndicaliste expliquer que ses collègues travaillaient dans les mêmes locaux que ceux dans lesquels on mettait en garde à vue)
- tout cela, enfin, instille un doute sur le fonctionnement de l'institution. Qui prend les décisions? qui commande? Le ministre et la hiérarchie ou les syndicats?
Je ne reviendrai donc pas dessus sinon pour dire mon étonnement. Tous les débats sur le sujet opposent des avocats, des personnes mises en garde à vue et des syndicalistes policiers. Pourquoi des syndicalistes? et pourquoi eux seulement pour représenter l'institution? N'y a-t-il pas au Ministère de l'intérieur des responsables, des hauts-fonctionnaires capables de s'exprimer sur le sujet?
C'est un fait constant : lorsque des questions de police sont discutées en public, l'administration se fait systématiquement représenter par des syndicalistes. Ce qui est gênant :
- le point de vue des policiers est forcément biaisé : le respect des droits d'autrui n'est pas, naturellement, leur première préoccupation. Chaque fois qu'on leur oppose les traitements humiliants infligés à des personnes mises en garde à vue, ils avancent des arguments qui ne valent que pour une toute petite minorité (risque de suicide, problèmes de sécurité…)
- les syndicalistes ont naturellement (c'est leur rôle) tendance à défendre leurs collègues, à se rebiffer contre les critiques, ce qui peut les amener à justifier l'injustifiable (il fallait entendre hier un syndicaliste expliquer que ses collègues travaillaient dans les mêmes locaux que ceux dans lesquels on mettait en garde à vue)
- tout cela, enfin, instille un doute sur le fonctionnement de l'institution. Qui prend les décisions? qui commande? Le ministre et la hiérarchie ou les syndicats?
mardi, février 02, 2010
Prisonniers chinois en Afrique?
Je croise ce matin une jeune femme qui rentre du Cameroun, son pays d'origine, qui me parle de la situation là-bas et de ses craintes de tensions sociales liées à la présence de Chinois qui vendent des beignets dans la rue. Ce sont, me dit-elle, des prisonniers que la Chine envoie en Afrique. Rumeur, fantasme comme il y en a tant (les discriminations à l'égard des étrangers ne sont pas moins violentes en Afrique qu'en Europe)?
Je regarde sur internet et je trouve ce rapport préparé par des étudiants de l’Ecole de Guerre Economique, institution dont je ne sais rien et dont je ne peux évaluer le sérieux. Et quelques autres références sur des sites de débat sur l'Afrique, comme ici. C'est peu.
Tout cela se ferait dans le cadre de missions de BTP : les entreprises chinoises enverraient en Afrique une main d'oeuvre très bon marché "fournie" par les autorités qui trouveraient là un bon moyen de vider des prisons surchargées.
Comme devant toute rumeur, on reste perplexe. Est-elle plausible? Ce ne serait jamais qu'une variante de la relégation d'autrefois mâtinée de travaux forcés bien dans le style d'un régime qui n'a jamais montré un grand respect des droits de l'homme. Mais on peut imaginer d'autres explications plus raisonnables à cette présence de vendeurs de rues chinois dans certaines villes africaines, comme l'abandon, à la fin du chantier, d'ouvriers qui n'ont pas les moyens de rentrer chez eux. Ou la décision de certains de rester en Afrique pour tenter de faire fortune.
Il est en tout cas clair que cette rumeur, si elle continue de circuler, ne va pas améliorer la qualité des relations entre ces immigrés et la population.
Je regarde sur internet et je trouve ce rapport préparé par des étudiants de l’Ecole de Guerre Economique, institution dont je ne sais rien et dont je ne peux évaluer le sérieux. Et quelques autres références sur des sites de débat sur l'Afrique, comme ici. C'est peu.
Tout cela se ferait dans le cadre de missions de BTP : les entreprises chinoises enverraient en Afrique une main d'oeuvre très bon marché "fournie" par les autorités qui trouveraient là un bon moyen de vider des prisons surchargées.
Comme devant toute rumeur, on reste perplexe. Est-elle plausible? Ce ne serait jamais qu'une variante de la relégation d'autrefois mâtinée de travaux forcés bien dans le style d'un régime qui n'a jamais montré un grand respect des droits de l'homme. Mais on peut imaginer d'autres explications plus raisonnables à cette présence de vendeurs de rues chinois dans certaines villes africaines, comme l'abandon, à la fin du chantier, d'ouvriers qui n'ont pas les moyens de rentrer chez eux. Ou la décision de certains de rester en Afrique pour tenter de faire fortune.
Il est en tout cas clair que cette rumeur, si elle continue de circuler, ne va pas améliorer la qualité des relations entre ces immigrés et la population.
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