La tribune libre d'Antoine Gallimard que publie aujourd'hui le Monde des Livres est intéressante, mais je ne suis pas sûr qu'il ait pris tooute la mesure des changements en cours dans le monde de l'édition.
Il a raison de souligner l'impact de la concentration de la distribution sur le marché du livre, mais il aurait fallu, pour être complet et au risque de déplaire aux petits éditeurs avec lesquels il souhaite manifestement se réconcilier après ses propos dans la presse, y ajouter la baisse vertigineuse des coûts de production de livres (ou d'ailleurs, de disques et de films) grâce aux technologies numériques. Il est aujourd'hui possible de produire un livre à quelques centaines d'exemplaires et de le rentabiliser en vendant ce que l'on a imprimé. Il est même possible de produire des livres à l'unité à des coûts pour le lecteur raisonnables. Les techniques d'impression héritées de la xérocopie existent depuis longtemp, ce sont celles qu'utilisent les producteurs de factures en gros volumes (EDF, banques…). Manquaient les fichiers numériques avec les textes. Ils sont aujourd'hui massivement disponibles grâce à internet.
Si tant de jeunes éditeurs se lancent dans l'aventure, c'est que, séduits par un ouvrage ou un auteur, ils pensent pouvoir gagner de l'argent en le mettant sur le marché avec un tirage correspondant à leurs moyens forcément faibles. Ce faisant, ils inondent les libraires de titres nouveaux qui ne sont pas forcément des "me-too products", des doublons de ce qui est publié ailleurs. Reste que les libraires, envahis de livres, ne mettent trop souvent en avant que ceux dont on parle le plus et qu'ils ont donc plus de chance de vendre. Ce sont presque toujours ceux des grandes maisons, non parce qu'elles choisissent mieux (et Antoine Gallimard a sur ce point raison), mais ce sont les seules qui ont les moyens d'entretenir des armées d'attachées de presse (combien de ces professionnels du contact avec les journalistes chez Gallimard? au Seuil, chez La Martinière? chez Flammarion?…).
Comme il parait difficile de revenir sur les progrès techniques de la fabrication, c'est du coté de la diffusion que des progrès devraient être faits. C'est en cours, mais cela se fera malheureusement au dépens des librairies générales. On le sait peu, mais 57% des livres que distribue Amazon sont absents du catalogue de Barnes Nobles, le grand libraire américain, ce qu'un bon observateur des technologies internet a appelé la "long tail". Ce qui veut dire :
- que la concentration de la distribution ne satisfait pas forcément les lecteurs qui sont capables de plus de curiosité et d'audace que ne veulent bien le croire les stratéges de la grande distribution,
- que les outils de "découverte" des titres que les éditeurs électroniques ont mis au point (recherche à partir du contenu, des préférences des précédents lecteurs…) permettent de mieux circuler dans la masse de textes numériques aujoud'hui à portée de tout un chacun pour un clic ou deux.
Ce ne sont pas aujourd'hui les éditeurs, petits ou grands, qui ont à craindre quelque chose de la technologie, ce sont ces distributeurs qui ont chassé les libraires traditionnels et qui pourraient très bien se retrouver demain éliminés eux-mêmes du marché. Ceux d'entre eux qui avaient ouvert des rayons de vente de logiciel ont une idée du scénario qui pourrait toucher aussi bien le livre que le disque et la vidéo.
Il a raison de souligner l'impact de la concentration de la distribution sur le marché du livre, mais il aurait fallu, pour être complet et au risque de déplaire aux petits éditeurs avec lesquels il souhaite manifestement se réconcilier après ses propos dans la presse, y ajouter la baisse vertigineuse des coûts de production de livres (ou d'ailleurs, de disques et de films) grâce aux technologies numériques. Il est aujourd'hui possible de produire un livre à quelques centaines d'exemplaires et de le rentabiliser en vendant ce que l'on a imprimé. Il est même possible de produire des livres à l'unité à des coûts pour le lecteur raisonnables. Les techniques d'impression héritées de la xérocopie existent depuis longtemp, ce sont celles qu'utilisent les producteurs de factures en gros volumes (EDF, banques…). Manquaient les fichiers numériques avec les textes. Ils sont aujourd'hui massivement disponibles grâce à internet.
Si tant de jeunes éditeurs se lancent dans l'aventure, c'est que, séduits par un ouvrage ou un auteur, ils pensent pouvoir gagner de l'argent en le mettant sur le marché avec un tirage correspondant à leurs moyens forcément faibles. Ce faisant, ils inondent les libraires de titres nouveaux qui ne sont pas forcément des "me-too products", des doublons de ce qui est publié ailleurs. Reste que les libraires, envahis de livres, ne mettent trop souvent en avant que ceux dont on parle le plus et qu'ils ont donc plus de chance de vendre. Ce sont presque toujours ceux des grandes maisons, non parce qu'elles choisissent mieux (et Antoine Gallimard a sur ce point raison), mais ce sont les seules qui ont les moyens d'entretenir des armées d'attachées de presse (combien de ces professionnels du contact avec les journalistes chez Gallimard? au Seuil, chez La Martinière? chez Flammarion?…).
Comme il parait difficile de revenir sur les progrès techniques de la fabrication, c'est du coté de la diffusion que des progrès devraient être faits. C'est en cours, mais cela se fera malheureusement au dépens des librairies générales. On le sait peu, mais 57% des livres que distribue Amazon sont absents du catalogue de Barnes Nobles, le grand libraire américain, ce qu'un bon observateur des technologies internet a appelé la "long tail". Ce qui veut dire :
- que la concentration de la distribution ne satisfait pas forcément les lecteurs qui sont capables de plus de curiosité et d'audace que ne veulent bien le croire les stratéges de la grande distribution,
- que les outils de "découverte" des titres que les éditeurs électroniques ont mis au point (recherche à partir du contenu, des préférences des précédents lecteurs…) permettent de mieux circuler dans la masse de textes numériques aujoud'hui à portée de tout un chacun pour un clic ou deux.
Ce ne sont pas aujourd'hui les éditeurs, petits ou grands, qui ont à craindre quelque chose de la technologie, ce sont ces distributeurs qui ont chassé les libraires traditionnels et qui pourraient très bien se retrouver demain éliminés eux-mêmes du marché. Ceux d'entre eux qui avaient ouvert des rayons de vente de logiciel ont une idée du scénario qui pourrait toucher aussi bien le livre que le disque et la vidéo.
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