Il aura suffi d'une bagarre sur une aire d'autoroute de deux bandes rivales de supporters du Paris-Saint-Germain, des protestations d'entraîneurs dont des vedettes ont été sifflées (Barthez et Mishalak) et, peut-être, d'articles dénonçant les comportements racistes des supporters italiens et espagnols pour que notre ministre de l'intérieur annonce son intention de déposer un nouveau projet de loi pour résoudre ces différents problèmes (dont un au moins n'en est, à ma connaissance, pas un en France : je n'ai jamais entendu dire que les spectateurs des rencontres sportives avaient des comportements racistes). Comme si ces phénomènes étaient nouveaux (les bagarres dans les stades sont sans doute aussi anciennes que les stades. Dans le beau livre qu'il a consacré à la France du 19ème siècle, l'historien américain Egen Weber cite de multiples rapports de préfets se plaignant des bagarres violentes, allant jusqu'à mort d'homme, qui accompagnent les compétitions sportives les plus banales)! Comme si notre arsenal juridique manquait de textes adaptés à ce genre de situation!
Une nouvelle fois, tout se passe comme si nos gouvernants ne savaient gouverner qu'en faisant voter des textes qui sont en général aussitôt oubliés.
Les parlementaires, le Conseil Constitutionnel s'en plaignent, mais rien n'y fait.
Tout cela donne l'impression que nos politiques n'ont le sentiment d'exister qu'en réagissant, devant des micros ou des caméras, au quart de tour au moindre incident, qu'en faisant des discours à l'Assemblée Nationale, qu'en se bagarrant avec l'opposition.
Parler en public leur donne le sentiment d'agir, alors qu'il serait tellement plus simple (mais tellement moins rentable en terme d'audimat!) de gérer leur ministère, de faire travailler leurs collaborateurs, de réfléchir avec les policiers aux meilleures manières de lutter (prévenir) des incidents que la Police connaît sans doute parfaitement bien. Mais évidemment, rien de tout cela ne mène devant les caméras.
On nous parle tout le temps de réforme de l'Etat. La première de ces réformes serait certainement d'amener les politiques à diriger effectivement leur ministère. Alors qu'ils se contentent, le plus souvent, aujourd'hui de ce qu'un proche collègue de notre ministère de l'intérieur, appelle le ministère de la parole.
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