En proposant à Farnçois Bayrou un débat, Ségolène Royal a construit, sans l'anticiper, un piège dans lequel Nicolas Sarkozy s'est enfermé à toute vitesse.
Rappelons la séquence des événements.
- Dès qu'elle a anoncé son intention de dialoguer avec le candidat centriste, Nicolas Sarkozy a fait savoir qu'il n'était pas dans son intention de faire de même. Logique : il n'a pas envie de ramener sur le devant de la scène celui de ses adversaires qui a eu au premier tour (Le Pen mis à part, bien sûr), les mots les plus durs sur sa personne.
- Et il fait tout pour éviter que le débat ait lieu. Ce qui lui est facile puisque les règles d'égalité des temps de parole pendant la campagne lui donnent la possibilité de l'empêcher. Il suffit qu'il dise non, qu'il refuse de participer à un débat pour que la télévision qui aurait accepté de recevoir Bayrou et Royal se retrouve dans l'illégalité.
On a envie de dire : bien joué. Le débat n'aura pas lieu à la télévision et Ségolène Royal passe pour ridicule : elle a, une nouvelle fois, improvisé. Sauf que… On ne parle que de ce débat dont personne ne voit bien en quoi il pourrait faire du mal à la démocratie. Amener deux candidats du premier tour à échanger en public est certainement plus moral que de détourner en cachette les élus du perdant.
Bayrou reste donc dans l'actualité et pas n'importe comment : comme victime de l'ostracisme des médias. On l'interdit de télévision, de parole. Et qui l'interdit? Pas Ségolène Royal dont les collaborateurs se démènent pour trouver une solution (qu'ils auront sans doute trouvé lorsque vous lirez ce post), mais Nicolas Sarkozy, celui-là même qui traîne derrière lui, depuis des semaines, des mois, plusieurs casseroles médiatiques : licenciement du patron de Paris-Match, agressions verbales à l'égard des journalistes et de la direction de FR3, amitiés avec les dirigeants des trois grands groupes de média française : Lagardère, Bouygues et Dassault… Si l'on avait voulu illustrer les dangers du contrôle d'un clan sur les médias, on ne s'y serait pas mieux pris. Et c'est toute la campagne de redressement de l'image du candidat UMP, cette opération cosmétique qui vise à effacer ces angles trop rugueux, qui s'en trouve compromise. Il nous fait des risettes à la télévisions, mais derrière les écrans, il se comporte en grand méchant loup.
On peut deviner que Bayrou ne lâchera pas le morceau et que Ségolène Royal ne manquera pas une occasion d'enfoncer le clou. Tous deux ont là une belle occasion de tacler leur adversaire et, plus encore, un motif de se faire les yeux doux…
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