C'est de plus en plus clair, avec ce deuxième tour se joue la deuxième manche de la recomposition du paysage politique.
La première manche a été la mise au rancart de l'idéologie marxiste et néo-gauchiste, par les militants du PS qui ont choisi Ségolène Royal contre les barons du PS, par les électeurs qui ont donné des scores ridicules à l'extrême-gauche. Le vote utile a été, dans les deux cas, le moteur : à force de faire peur, Nicolas Sarkozy et Le Pen ont accéléré le mouvement.
La seconde manche est le rapprochement de Ségolène Royal et de Bayrou. Un rapprochement qui ne dit pas son nom et ne le dira pas avant, au plus tôt, les législatives, mais qui fait glisser vers le centre le point d'équilibre de la politique française. C'est ce qui s'était déjà passé en Italie il y a quelques années. Ce rapprochement est d'autant plus facile que Bayrou l'a amorcé très tôt en s'opposant frontalement à Nicolas Sarkozy et que les programmes sont compatibles sur l'essentiel (souvenons-nous qu'il s'agit d'une élection présidentielle dans laquelle on discute plus de méthode et de principe que de mesures de gouvernement).
La troisième manche s'enclenchera dés demain. Bayrou et Royal sont aussi adversaires que complices. L'un et l'autre peuvent prétendre au leadership de ce centre gauche recomposé qui pourrait occuper un large pan de l'espace politique. L'un et l'autre ont du talent et de l'habileté stratégique. Ségolène Royal part cependant avec un handicap : elle a plus besoin de Bayrou que lui d'elle et elle est plus tenue par ses électeurs qu'il ne l'est. Reste qu'il doit lui aussi jouer une partie difficile. Si Ségolène Royal gagne l'élection, il lui sera plus facile de créer son groupe charnière à l'Assemblée que si elle perd et il aura un boulevard pour mener son opération. Ségolène Royal exclue du paysage, puisqu'à l'Elysée, il aura pour adversaire Hollande, DSK, Fabius… Mais peut-il appeler à voter pour elle sans casser ce qui lui reste de troupes et sans se déjuger?
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