Dans une libre opinion que publie Le Monde de ce soir, Christian Piquet de la LCR, Claude Debons et Eric Coquerel appellent à une refondation de la gauche qui reprend les thèmes classiqies de l'extrême-gauche et ses recettes pour "retrouver enfin le chemin des catégories populaires".
A les lire, il me semble qu'ils ne rencontrent pas souvent ces "catégories populaires" (quelle étrange expression, c'est comme s'ils se mettaient à part) ou, plutôt, qu'ils ne les rencontrent que dans ces circonstances exceptionnelles (et rares) où elles sont engagées dans des luttes sociales qui les incitent à durcir et gauchir leur discours.
Au quotidien, les "classes populaires", disons, pour simplifier, les salariés, ouvriers, employés, petits cadres, sont toutes différentes de l'image qu'en ont ces politiques. Au moins, celles qui vivent et travaillent dans le secteur privé :
- elles s'intéressent à leur travail, souhaitent que leur entreprise s'en sorte et sont tout à fait conscientes des difficultés qu'elle rencontre. En ce sens, les slogans maximalistes (du type Smic à 1500€) les font sourire : non qu'elles les récusent sur le fond, mais elles en voient très bien les effets pervers et négatifs. Pour que les "classes populaires" adhèrent à des revendications de ce type, il faut qu'elles aient le sentiment qu'elles sont réalisables. Et cela, elles en jugent en regardant autour d'elles, en analysant ce qu'elles voient, ce qu'elles savent de la situation économique des entreprises dans lesquelles elles vivent, qu'elles côtoient et fréquentent ;
- elles évaluent également les mesures sociales et sont capables d'en identifier les effets pervers, comme je l'ai indiqué sur ce blog à propos du RMI.
Dit autrement, les classes populaires ont des compétences économiques, des capacités d'analyse réelles, elles sont arrimées à la réalité économique qu'elles connaissent souvent mieux que des militants issus de la fonction publique qui ne voient celle-ci que de très loin. Elles savent que l'objectif de donner à tous les Français les avantages dont bénéficient les salariés du secteur public, ce à quoi revient trop souvent le programme d'une gauche paresseuse, est inapplicable. Et c'est ce doute qui en a convaincu beaucoup de voter à droite.
Si la gauche veut revenir aux affaires, il faut qu'elle réinvente un programme qui ne soit pas seulement un toujours plus mais aussi et surtout : un toujours mieux (et il y a matière à faire dans tous les domaines!). Tony Blair que l'on a si souvent critiqué l'avait compris. Cela explique peut-être qu'il ait duré aussi longtemps.
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