mardi, août 31, 2010

Sécurité de gauche : gare au sarkozysme light

La gauche a donc choisi de s'attaquer au dossier de la sécurité. Très bien. Il ya matière à faire. Elle a commencé par critiquer la politique du gouvernement. Elle peut poursuivre et approfondir ces critiques en dénonçant son inefficacité, depuis 8 ans que Nicolas Sarkozy gère ces dossiers, l'insécurité n'a pas diminué, mais aussi :
- ses injustices : on poursuit plus durement une gamine qui mendie qu'une milliardaire qui fraude le fisc,
- et ses inégalités : la police ne se comporte pas, mais alors pas du tout de la même manière sur tout le territoire. Dans le 16ème arrondissement, les policiers rendent régulièrement visite aux vieilles dames pour les rassurer, leur dire qu'ils sont, en cas de problème, à leur disposition. A la campagne, les gendarmes n'hésitent pas à frapper à la porte des nouveaux venus pour se présenter. Dans les banlieues, et pas forcément dans les quartiers les plus difficiles, on ne connait que la police anti-émeutes ou les raids de policiers en civil.

Ces critiques seront utiles si elles conduisent à identifier ce qui ne va pas dans la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Elles seront inutiles si elles consistent à faire du Sarkozy light, avec un peu plus de policiers, un peu moins de répression mais aucun changement dans les politiques de sécurité. Or le risque existe. D'un coté, on entend Manuel Valls expliquer qu'il a des caméras dans sa ville, que certaines villes socialistes ont des polices municipales armées, qu'il fait donc tout comme la droite, de l'autre, on entend des responsables socialistes expliquer que tout est affaire d'effectifs : il suffirait d'avoir plus de policiers sur le terrain pour que les choses s'arrangent.

Se contenter de ce sarkozysme light serait une double erreur : cela ne réglerait aucun des problèmes et donnerait à l'UMP la possibilité d'appliquer au PS la potion indigeste que lui impose chaque jour le FN : pourquoi ne pas aller plus loin?

Le PS doit inventer une nouvelle manière d'organiser la sécurité. Il doit se poser des questions difficiles :
- comment mieux lutter contre la drogue (avec ce qu'elle entraîne de délinquance)? en poursuivant un combat sans fin contre des trafiquants qui se renouvellent constamment tant les bénéfices de ce commerce sont importants? en légalisant les drogues dures? en médicalisant les drogués (en leur fournissant dans des centres médicalisés les drogues dont ils ne peuvent se passer dans le cadre de protocoles de sortie de la dépendance?) Comment faire accepter des politiques de ce type à une opinion hostile à toute forme de légalisation?
- comment rétablir une relation normale entre la police et les habitants dans tant de banlieues? Les dernières émeutes ont montré que des gens sans histoire étaient prêts à prendre la défense de délinquants tant les comportements de la police les exaspère. Comment en est-on venu là? Comment corriger cela? en mettant des policiers en plus grand nombre au contact de la population avec une mission de maintien de l'ordre au quotidien? sans doute. Mais où trouver ces policiers? Faut-il déplacer ceux qui sont installés dans les centre-ville au risque de déplaire à leurs habitants?
- comment enrayer le développement du trafic d'armes qui équipe les gangs de banlieue?
- comment lutter contre la récidive qui exaspère tant l'opinion?
- comment rendre à la prison son rôle d'épouvantail? Comment éviter qu'elle soit un lieu d'apprentissage de la délinquance? Quels types de sanction alternative peut-on développer pour les petits délits?

En un mot : comment construire une politique de sécurité qui rende confiance à la population.

1 commentaire:

Avenue Mozart a dit…

Et les vieilles dames du XVI ème tendent des embuscades aux flics, les caillassent, leur tirent dessus à la kalashnikov, s'entretuent dans des guerres de gang, c'est bien connu !