Il serait amusant (juste amusant, rien de plus) de faire un petit dictionnaire de ces jeux de mots…
Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
mercredi, novembre 30, 2005
Jeux de mots
Il serait amusant (juste amusant, rien de plus) de faire un petit dictionnaire de ces jeux de mots…
jeudi, novembre 24, 2005
Casser le thermomètre
Plus grave : ils s'interdisent de comprendre ce qui s'y passe. car, à défaut de porte-parle, de leader ou de revendications, le seul moyen que l'on ait d'entendre les jeunes des quartiers difficiles, le seul outil qui permette d'analyser et de comprendre ce qui se passe dans leurs têtes, ce sont justement les textes de ces rappeurs, souvent violents, excessifs et maladroits, mais passionnants pour qui se donne la peine de les lire, ce qui n'est pas très difficile puisque la plupart sont accessibles sur internet. On y découvre la rage de ces jeunes (une rage qui leur interdit justement de formuler des revendications), leur colère contre la police qui les harcèle en permanence, contre la police qui condamne à des mois de prison un gamin qui incendie des voitures mais exonère de toute responsabilité un flic qui a tue un gosse, mais aussi contre leurs pères. Et s'il est vrai qu'ils parlent de violences et d'émeutes, ils éclairent ce qui s'est passé ces dernières semaines bien plus qu'ils n'appellent au meurtre.
dimanche, novembre 20, 2005
Tour de Babel
samedi, novembre 19, 2005
L'UMP a-t-il organisé l'arrivée de Le Pen au second tour?
Quand un économiste vole du fumier…
Pour en savoir plus sur cette passionnante affaire, vous pouvez vous rendre sur le site du Boston Globe
mardi, novembre 15, 2005
Retour à l'emploi : l'exemple coréen
Brûler les écoles
Mais cette même école, et c'est ce que nous disent à leur manière, violente, brutale, les émeutiers est aussi un lieu de souffrance et d'humiliation. Humiliation du mauvais élève que l'on montre du doigt, que l'on évalue et que l'on juge. Souffrance du petit gamin qui ne rève que de courir et que l'on force à se tenir assis, le dos raide sans s'endormir pendant de longues heures. Il y a dans l'enseignement de la discipline et du dressage que l'on supporte plus ou moins bien, que l'on supporte mal lorsque l'on est un petit graçon turbulent en quête d'un modèle masculin et que l'on ne trouve que des institutrices qui ont toutes les vertus du monde mais qui ne comprennent pas le plaisir que l'on peut éprouver à se battre, à voir les autres se battre ("du sang! du sang!" crions nous adolescents lorsque deux de nos camarades se battaient), à faire le malin.
Ceux que leur famille aide, soutient en lui répètant à l'envie que cette souffrance sera récompensée un jour supportent assez bien cette souffrance et ces humiliations. On la supporte moins bien lorsque votre famille ne vous dit pas cela, ne peut pas vous dire cela parce qu'elle sait bien que c'est faux.
Si l'on ajoute à cela que l'école est dans les quartiers, l'école est la seule institution qui rappelle les règles, on comprend mieux qu'elle soit visée lorsque ces règles sont contestées.
lundi, novembre 14, 2005
Marseille : des grèves mais pas d'émeutes
Est-ce que cela tient à un contrôle social plus fort du fait d'une plus grande mixité? d'une strtucture urbaine plus serrée? des comportements quotidiens de la police plus "civils" du fait même de cette mixité? des effets positifs d'une pauvreté largement partagée (quand tout le monde est pauvre, on a moins le sentiment d'être victime de discriminations)? Il y a là en tout cas quelquechose à regarder de plus près.
dimanche, novembre 13, 2005
Sarkozy a-t-il choisi l'affrontement?
"Au chapitre des similarités (entre la France et les Etats-Unis), Sudhir relève le rôle des "local brokers" : des intermédiaires entre la police et la communauté, parfois semi-institutionnels comme les animateurs de quartier ou les "grands frères", parfois beaucoup plus informels. Dans cette dernière catégorie, on peut trouver aussi bien des chefs de clans, des anciens, des mères de famille (c'est souvent le cas chez les Noirs américains pauvres), ou même des délinquants pas trop dangereux. Faveur contre faveur : ces intermédiaires maintiennent un semblant d'ordre, et la police ferme les yeux sur certaines de leurs activités et/ou leur accorde des traitements favorables pour, par exemple en France, l'obtention de papiers---ce qui renforce naturellement leur pouvoir.
Comme beaucoup de francais dans le public, je n'avais jamais entendu parler du rôle de ces brokers en France ; mais je doute que Sudhir les ait inventés. Il paraît effectivement logique que devant le semi-échec de la police de proximité (largement rejetée par les policiers comme on le sait), il ait fallu trouver un substitut. Il y a là un danger évident : voir les dérives corses, ou la Mafia en Sicile, quand les brokers commencent à s'organiser en réseau et deviennent incontrôlables. D'après les contacts de Sudhir, la police francaise aurait rompu ses liens avec ces intermédiaires dès le début des émeutes ; si c'était vrai, il faudrait en conclure que le gouvernement, ou au moins le Ministre de l'Intérieur, a délibérément choisi la carte de l'affrontement. Ce serait évidemment extrêmement grave."A vérifier et… à comprendre. Quel pouvait bien être l'intérêt de N.Sarkozy dans cette affaire? De se montrer capable d'assurer la sécurité? C'est le contraire qui semble se produire puisque 1/ ces émeutes n'en finissent pas, 2/ elles remettent en cause une politique (sa politique) qui a consisté à en finir avec la police de proximité dont chacun dit aujourd'hui qu'elle seule peut faire régner l'ordre dans les quartiers les plus difficiles.
samedi, novembre 12, 2005
Le printemps des séries américaines
Quand on les regarde de près, ces séries partagent quelques traits communs qui expliquent sans doute leur succès :
- un regard critique, et pas du tout complaisant, sur l'Amérique (Desperate Housewives étant, sans doute, de ce point de vue, la plus incisive de ces séries même si ce que Urgences dit du système médical ou West Wing des rapports de force dans le monde politique ne manque pas non plus de sel),
- une forme dictée par les contingences matérielles qui incite à la construction solide de personnages, au tissage d'intrigues, à la densité du récit. On retrouve à peu près partout le même modèle : quatre personnages (chez Friend, dans Desperate Wives, Sex in the city…), des séquences courtes (quelques minutes entre deux coupures publicitaires), une unité de lieu (les urgences, un quartier petit-bourgeois…),
- de la variété dans la réalisation : ce sont rarement les mêmes réalisateurs qui filment plusieurs épisodes de la même série.
On aimerait que les séries télévisées françaises attteignent la même qualité. A part cettte série de Krivine qui se passe dans un commissariat du quai Saint-Martin et (peut-être, mais je l'ai trop peu vue pour en juger autrement que par ouïe dire) cette série d'Arte sur des esthéticiennes, on en est vraiment loin.
Construire des ghettos
- la fuite et l'éloignement de tous ceux qui en auront la possibilité : difficile de vivre dans des quartiers dans lesquels on risque à tout moment de voir brûler sa voiture,
- en brûlant voitures et autobus, les jeunes gens se sont attaqués à ce qui permet justement de sortir de ces quartiers, d'aller travailler ou vivre ailleurs,
- en s'en prenant aux écoles, aux gymnases, à leurs lieux de vie, ils ont dégradé les seuls services publics qui fonctionnaient à peu près dans ces quartiers, ils auront contribué à rendre plus difficile la vie dans ces quartiers.
Les émeutes, dernier épisode de notre histoire coloniale
Si la plupart des émeutiers sont d'origine étrangère, si l'on insiste beaucoup sur cette dimension étrangère, il convient de rappeler qu'il ne s'agit pas de n'importe quelle origine. Ces enfants, ces familles viennent, dans l'immense majorité des cas de pays qui appartenaient, avant la décolonisation, à l'Empire français qui s'est effondré il y a une quarantaine d'années. La France métropoitaine est devenue, à elle seule, une sorte d'image en réduction de la mosaïque de peuples qu'il constituait et que l'on mettait en avant comme une de ses forces dans les livres de géographie jusqu'au milieu des années 50. Les événements de ces jours-ci sont un bout de l'histoire que nous n'avons jamais faite de la colonisation, des relations complexes, cruelles et douloureuses qui se sont nouées entre ces peuples dominés et leur envahisseur. Relations paradoxales puisque ce sont ceux qui militaient le plus vigoureusement pour le maintien de l'Empire français, ce sont les plus ardents défenseurs de l'Algérie française qui sont aujourd'hui les plus farouches opposants de l'immigration.
Un député faisait récemment voter un amendement pour introduire dans les livres d'histoire une vision positive de la colonisation. Voilà une piste pour les historiens que j'imagine ennuyés (prétendre que la colonisation fut positive pour les colonisés relève de l'exploit) : montrer comment la colonisation a orienté les flux de population du Sud vers le Nord et contribué à la diversité de la société française.
mercredi, novembre 09, 2005
Statistiques et sites internet
dimanche, novembre 06, 2005
Emeutes : victimes, voyous ou carnaval?
Prétendre que ces émeutes sont le fait de délinquants, de professionnels de l’économie souterraine, de petits caïds attachés à la défense de leur territoire, comme l’a fait à plusieurs reprises le ministre de l’intérieur n’est guère plausible : qui peut un instant imaginer que les caïds et autres spécialistes de l’économie parallèle chercheraient à faire entrer plus de policiers et plus de contrôles dans les cités? Ils risquent d’être les premières victimes de ces affrontements et l’on peut même penser qu’ils sont plus que quiconque attachés au retour au calme. Faut-il le rappeler : jamais les voyous n’ont aimé les révolutions.
Dire que ces émeutes sont le fruit du racisme et des discriminations n’est guère plus convaincant. C’est vrai que le racisme et les discriminations existent. Je serai le dernier à le nier comme en témoigne tout ce que j’ai pu écrire sur le sujet. Reste que la jeunesse des émeutiers (entre 13 et 22 ans selon tous les témoignages) fait douter de cette explication : ils sont tout simplement trop jeunes pour avoir souffert des discriminations, sinon (et ce n’est pas rien) du harcèlement policier. Si les lycées qu’ils fréquentent ne sont pas les meilleurs (et c’est un euphémisme!), ils n’ont pas encore mesuré ce que cela veut dire. Si les employeurs leur préfèrent systématiquement des candidats d’autres origines (et c’est là encore une vérité), ils ne le savent, au mieux, que par ouï-dire. Ce sont leurs parents, leurs frères plus âgés, qui sont eux victimes de ces discriminations qui avancent cela comme explication.
Il me semble que très loin de la guerre civile dont parle CNN, il y a dans ces émeutes quelque chose d’un jeu. Les jeunes jouent à la guerre, mais une guerre dérisoire. Ils ne s’en prennent ni aux symboles de l’Etat ni, à quelques exceptions près, aux acteurs de la discrimination (écoles, commissariats de police, entreprises…), ils ne déboulent pas dans les quartiers plus riches, ils brûlent les voitures de leurs voisins et détruisent ce qui est souvent leur seul richesse sans la moindre haine (qui dit que la voiture qu’ils attaquent n’est pas celle de leurs parents?). Ces feux sont spectaculaires, ils se voient de loin, ils font beaucoup de flammes et de fumée, ils sont impressionnants et faciles à allumer.
Il y a dans ces “actions” réalisées par de petits groupes très mobiles, montés à deux ou trois sur des mobylettes ou des scooters quelque chose des actions de commando que l’on voit à longueur de soirée sur les chaînes de télévision. Les images de ces villes qui flambent rappellent celles de Bagdad ou d’ailleurs que les télévisions nous montrent dans leurs journaux. Les jeunes émeutiers ne font ni la révolution ni la guerre au système, ils s’amusent, ils jouent à la guerre avec Sarkozy dans le rôle de Bush (aussi maladroit et irresponsable) et les policiers dans celui des marines. Ils font des compétitions (c’est à la bande, au quartier qui fait le plus de feu et de fumée…) On est plus dans le registre du carnaval et du charivari plus que dans celui de la révolution. Ce qui ne veut pas dire que ce soit sans danger ni sans conséquences : les propriétaires des voitures brûlées doivent l’avoir amer. Le carnaval était, on l’a trop oublié, à l’origine subversif. Il précédait le carême, celui-ci le conclut (c’est au lendemain de la rupture du jeune que les événements ont débuté) et mettait le monde à l’envers : ce sont aujourd’hui les jeunes des banlieues, ces quartiers de la périphérie que l’on néglige en permanence, qui sont, inversion des valeurs, au centre de l’attention. Le carnaval pouvait finir par des révoltes sociales. On ne peut exclure qu’il en aille de même cette fois-ci.
C’est en regardant dans cette direction plus que dans celle de mai 68 que l’on a de chances de comprendre le phénomènes et de le traiter. Car, il faut, bien évidemment, le traiter. Et rapidement. Car, après tout, laisser ces incendies de voitures se multiplier, n’est-ce pas un signe de plus de l’indifférence de la société française à l’égard de ce que l’on a appris à appeler ses banlieues, de leurs souffrances (à commencer par les discriminations dont sont victimes leurs habitants). Si les voitures avaient brûlé dans le septième arrondissement, il y a bien longtemps que l’on aurait trouvé des solutions.
Amartya Sen : Pourquoi ses livres sont-ils si mal traduits?
Comme souvent chez Odile Jacob, ce livre est à peine édité. C’est à croire que personne n’a relu le manuscrit avant de l’envoyer chez l’éditeur. Deux exemples, entre mille :
- les notes que l’on a oublié de traduire (comme celle de la page 74),
- les bibliographies qui nous sont données en couper coller des versions anglaises des textes, sans traduction ni renvoi aux éditions françaises qui existent (notamment aux PUF).
Mais le pire, c’est, comme si souvent pour ce genre de livre, la traduction. Je ne suis pas certain que la traductrice ait compris tout ce qu’elle traduisait. Elle n’a en tout cas fait aucun effort pour aider à la compréhension de textes difficiles mais abordables dans leur version originale. Ce qui est particulièrement gênant pour des articles qui valent pour leur rigueur dans la définition des concepts.
Ce n’est pas la première fois que ce genre de mésaventure arrive à ce type de livre. Je me souviens encore de la traduction carrément illisible d’un livre de Nozick aux PUF (Anarchie, Etat et Utopie). On souhaiterait maintenir ces textes à l’écart du public français ou on voudrait le convaincre de se tourner vers l’original qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
vendredi, novembre 04, 2005
Sur les téléchargements sauvages
Mais est-ce vrai? Lorsque l’on a la curiosité de regarder un peu plus près ce qui se passe sur le réseau, les fichiers disponibles, ceux qui sont effectivement téléchargés, on découvre vite que ce sont les films, les séries télévisées, les chansons les plus populaires, ceux qui ont le plus de succès qui sont le plus demandés. Ce qui n’est, somme toute, pas très surprenant : ce sont ces films, ces séries, ces chansons que l’on a envie de voir et que l’on a le plus de chance de pouvoir télécharger rapidement (la vitesse du téléchargement est, sur les nouveaux systèmes type bittorrent, fonction du nombre d’ordinateurs sur lesquels on peut aller chercher le fichier).
Ces téléchargements réduisent, à première vue, les revenus des producteurs de ces oeuvres, mais cette réduction parait compensée (en partie? en totalité? je serai, bien sûr, incapable de le dire) par ce phénomène de concentration sur quelques oeuvres :
- le téléchargement contribue probablement à la popularité des oeuvres : celles que l’on télécharge sont celles que l’on attend, dont on parle, que l’on a envie de voir et de revoir ;
- le téléchargement se substitue aux modes traditionnels de diffusion là où celle-ci fait défaut. Il peut, alors contribuer à créer une attente, un marché potentiel. C’est ce qui se passe avec le téléchargement des séries télévisées américaines : ceux qui ont aimé les premières saisons d’une série vont télécharger les dernières saisons. Et comme ils en parleront à leurs proches, ils contribueront à créer une attente du produit.
Si l’on suit les sociétés d’auteurs et les adversaires du piratage dans leur lutte contre le téléchargement, on court donc deux risques :
- les producteurs des oeuvres les plus populaires risquent de se priver d’un moyen “naturel” et spontané de faire le marketing de leur travail,
- les producteurs d’oeuvres plus confidentielles risquent de ne pouvoir utiliser des moyens de diffusion moderne qui leur permettent d’échapper aux filtres des systèmes actuels qui privilégient les oeuvres qui ont le plus de succès (ou dont on pense qu’elles ont le plus de chance d’en avoir).