Après quelques autres, Jean Tirole demande à la fin de sa chronique de l'Expansion que l'on agisse pour limiter l'intervention des juges dans les licenciements. C'était un peu l'esprit du CPE, mais présenté de manière tellement maladroite et discriminatoire que personne n'a compris de quoi il retournait (allonger la période d'essai pendant laquelle on peut se séparer d'un salarié sans motiver sa décision revient, en fait, à enlever à celui-ci la possibilité de contester la décision au tribunal). Comme je le disais dans un précédent post, le recours au juge est certainement une gêne pour les employeurs (les petits, surtout) qui n'ont ni le temps ni les compétences ni les ressources pour construire des dossiers. Mais peut-être conviendrait-il de s'interroger sur les motifs de ces recours si fréquents au juge.
J'en vois deux :
- la situation sur le marché du travail qui limite les départs volontaires qui sont, on l'oublie trop, un moyen naturel de régulation des situations tendues (l'exit plutôt que la prise de parole de Hirschman) : du fait du chômage massif, les salariés sont condamnés à se battre jusqu'à la dernière extrémité pour conserver leur emploi,
- la faiblesse des organisations syndicales qui se révèle particulièrement contre-productive : à défaut de pouvoir mener des actions collectives, elles mulitiplient les actions individuelles et délèguent au Parlement le soin de créer des textes qui leur facilitent le travail (le développement des affaires concernant le harcèlement moral est, de ce point de vue, significatif).
L'Etat a mieux à faire que de combattre les OPA
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