D'un peu partout en Europe et en Asie (Chine, notamment), mais aussi de province, me viennent des échos de gens qui hésitent à se rendre en France (annulent leur voyage ou le repoussent) du fait des manifestations contre le CPE. Une fois passé le premier sourire, on peut s'interroger sur le rôle des médias. Tous ces gens (dont des journalistes) qui annulent leur voyage se décident au vu de ces gestes de violence que leur montre la télévision, comme ceux de ce jeune homme qui s'acharne à coups de pieds sur une personne à terre (un photographe, semble-t-il, dont on n'a pas depuis entendu parler).
Ces images donnent, nous sommes bien placés pour le savoir, une image déformée de ce qui s'est passé à Paris. Reste que le décalage entre les réactions (ne pas venir à Paris de crainte des violences) et la réalité (pas grand chose) met en évidence la puissance de la télévision : elle donne du sens aux événements. Et ce sens n'est pas sans effet sur les acteurs. Si la télévision montre la violence, monte en épingle la violence, ceux qui n'ont aucune intention violente (soit la quasi totalité) se trouvent dans l'obligation de lutter contre des violences qui restent en tout état de cause marginales.
D'où cette thèse : la télévision (les médias en général) en montrant les événements dans ce qu'ils ont de plus spectaculaire disciplinent les manifestants, les acteurs, aussi sûrement que les CRS quoique de manière plus subtile : ils n'empêchent pas les manifestants d'être violents, ils forcent les organisateurs des manifestations à lutter de manière préventive contre ceux qui pourraient se comporter de manière violente.
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