On sait que Dominique Strauss-Kahn a introduit dans le discours politique, à l'occasion du second débat entre socialistes, l'idée d'un patrimoine de départ qui serait accordé aux jeunes en difficulté qu'il voudrait voir financé par les droits de succession.
L'idée, séduisante, n'est pas neuve. Je me souviens qu'Isidore Isou, que l'on connaît plus pour ses productions poétiques et picturales (il est le fondateur du mouvement lettriste qui a eu son heure de gloire au lendemain de la seconde guerre mondiale et que l'on redécouvre de temps à autre dans les musées d'art moderne), l'avait proposée dans les années 50 dans un livre que plus personne ne lit depuis longtemps mais qui mériterait un peu mieux : Le soulèvement de la jeunesse. Ce livre qui préfigurait les révoltes étudiantes de la fin des années 60 a joué un rôle dans le tournant politique pris par Guy Debord et les situationnistes, qui étaient proches d'Isou dans les années 50 (ils avaient créé un mouvement dissident du lettrisme, l'ultra-lettrisme). (Sur tous ces sujets, on peut en savoir un peu plus en lisant ce que j'ai écrit sur la sociologie du groupe lettriste).
Dans ce livre, Isou allait infiniment plus loin que Strauss-Kahn puisqu'il proposait de donner à chaque jeune un capital que celui-ci pourrait utiliser comme il le souhaitait : pour financer ses édudes, pour prendre du bon temps, pour créer une entreprise… mais il s'agit bien, au fond, de la même idée : donner aux jeunes la possibilité de décider eux-mêmes de leur avenir.
Je doute que Dominique Strauss-Kahn se soit inspiré d'Isou. Ses sources sont plus probablement américaines. Son projet évoque les "school vouchers" proposés par Milton Friedman. Ces "vouchers" permettent aux parents de mettre leurs enfants dans l'école qu'ils souhaitent, que celle-ci soit privée ou publique. On peut, pour en savoir plus, consulter l'article de Wikipedia sur le sujet où l'on apprend que le système est utilisé aux Etats-Unis, au Chili et à Hong-Kong et n'a pas que des effets positifs. Le projet de DSK est naturellement très différent du système de Milton Friedman, mais l'inspiration est voisine.
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