J'ai dit dans un précédent post combien il fallait défendre le droit de Robert Redeker de dire pis que pendre de l'Islam. Mais cela ne doit pas nous interdire de le critiquer et de nous inquiéter d'une dérive que l'on observe chez lui comme chez plusieurs auteurs qui viennent de l'extrême-gauche et prennent aujourd'hui des positions sur l'Islam, les banlieues, la globalisation, l'Europe qui les rapprochent dangereusement de la droite la plus… à droite. Je pense à Bruckner qui dans son dernier livre s'en prend aux rappeurs qui insultent la France (si l'on peut insulter l'islam, alors on doit aussi pouvoir insulter la France) mais aussi aux gens de Mariane et à quelques autres lus ici ou là.
Les points de convergence (encore en pointillés, fragiles, discrets) entre ces deux extrèmes semblent se situer autour :
- d'une critique de la globalisation et d'un repli sur l'espace clos des frontières (le protectionnisme d'Attac et des partisans du non lors du référendum sur la constitution européenne a pris à l'occasion des tournures nationalistes déplaisantes) ;
- d'une défense de la laïcité (souvent confondue avec la spécificité nationale) qui tourne à l'intolérance, comme on l'a vu à l'occasion des débats sur le voile ;
- d'une défense de l'histoire nationale qui revient à la figer et à interdire qu'on la revisite. Quoi de choquant à ce que les petits enfants des esclaves demandent que l'on fasse plus de place à l'histoire de leurs grands-parents dans nos livres de classe? C'est aussi notre histoire,
- d'une défense de l'Etat qui se cache, à gauche, derrière une critique convenue d'un ultra-libéralisme qui n'a jamais existé que dans l'imagination de ses critiques.
Ce ne serait pas la première fois que des intellectuels d'extrême-gauche se retrouvent avec des gens très à droite dans des combats douteux. Ce n'est jamais agréable.
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