Dans son excellent blog sur le langage, Jean Veronis donne, dans un post sur l'Abbé Pierre, l'étymologie du mot chiffonnier d'où il ressort qu'il revient du verbe anglais to chip qui veut dire découper en petits morceaux (morceaux de tissu, naturellement, d'où les chiffons) mais que l'on retrouve dans les puces (heureux hasard) informatiques et dans les chips que l'on avale entre deux repas. Etrange plaisir de l'étymologie qui rapproche les plaisirs de bouche de l'informatique et des chiffonniers qui font (faisaient, plutôt) nos poubelles. Jeu gratuit qui renvoie les analyses philosophiques de Heidegger (et de quelques autres, mais surtout de lui) au délire du cratylisme que Gérard Genette a étudié avec une si belle sympathie dans ses Mimologiques.
Mais puisque l'on parle de l'abbé Pierre, je m'interroge sur l'émotion que sa mort a suscitée. Et j'ai envie de poser deux questions :
- cette émotion a-t-elle été ce qu'en ont dit les médias? ou n'a-telle été qu'une fabrication des mêmes médias? Si l'émotion avait été ce qu'on a dit, on l'aurait sans doute vue dans la rue, un peu comme lorsque la mort de François Mitterrand avait rempli la place de la Bastille de parisiens tristes,
- cette émotion, si émotion il y a, va-t-elle au delà de ce simple sentiment de tristesse que l'on éprouve lorsque l'on voit un inconnu souffrir ou conduit-elle à la compassion? nous rend-elle, en d'autres mots, meilleurs?
On l'aura compris, je suis sur l'une comme l'autre question plutôt sceptique…
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