C'est Libération qui nous l'apprend : Christian Jacob, Président du groupe UMP à l'Assemblée, veut remettre en cause l'embauche à vie des fonctionnaires."Lorsque j’étais ministre, j’en avais parlé de manière informelle avec les syndicats. L’accueil avait été frais, mais il ne faut pas s’interdire d’en débattre. Comme il ne faut pas s’interdire non plus de réfléchir à la pertinence de l’embauche à vie des fonctionnaires." Drôle de proposition qui devrait combler d'aise le candidat naturel de la droite aux prochaines présidentielles.
Mais au delà de ce qui n'est peut-être qu'une provocation (ou, plus simplement, une nouvelle expression de ce fonctionnaire-bashing dont la droite est si friande), on ne peut que s'interroger sur la manière de raisonner. Jacob confond le statut et la mobilité des fonctionnaires, vrai problème qui mériterait d'être traité. Et qui devrait commencer de l'être au sein même de la fonction publique, ce qui n'est pas aujourd'hui, malgré quelques efforts, le cas, chaque administration, chaque corps défendant becs et ongles ses compétences, se prérogatives et avantages… Essayez donc de devenir prof lorsque vous avez commencé votre carrière au ministère de l'intérieur ou de la justice! Ou, plus simplement, d'entrer dans la fonction publique d'Etat lorsque vous avez commencé votre carrière dans la fonction publique territoriale. C'est un véritable parcours d'obstacles auquel tout concourt : diplômes demandés, horaires, règles diverses, rémunérations, primes…
Pour ce qui est du statut, on aimerait recommander à Jacob d'aller voir du coté des pays qui ont abandonné l'embauche à vie des fonctionnaires, qui ont mis en place ces contrats d'objectifs dont il parle. Il y apprendrait que cela n'a concerné que les cadres dirigeants et que cela s'est immédiatement traduit par une hausse significative des rémunérations pour des performances au mieux équivalentes. Et pour cause : l'embauche à vie a une valeur pour les fonctionnaires qui en bénéficient. Et ils acceptent de la payer en ayant une rémunération plus faible. Si l'on veut voir exploser les rémunérations des hauts-fonctionnaires il suffit de suivre les conseils de Christian Jacob et de fixer leurs salaires en fonction des prix du marché. Pourquoi un directeur de ministère gagnerait-il moins que le directeur général d'une grande entreprise?
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