Marine Le Pen a fait de la nation et du fait national un marqueur de son discours, comme Chevènement en faisait un des mots République et républicain.
Vu l’intérêt que lui portent les médias, il n’est pas impossible que ce mot revienne régulièrement dans les débats et que les journalistes, toujours avides de questions qui mettent en défaut les politiques qu’ils interviewent ne demandent à ses adversaires de droite comme de gauche : “que faites-vous donc de la question nationale?” Dans la foulée des instituts de sondages pourraient demander aux Français ce qu’ils pensent de la Nation, s’ils y sont attachés…, ce qui reviendrait à faire de la question nationale un sujet, ce apportant ainsi de l’eau au moulin du FN.
On n’en est pas là. Mais on devine comme un frémissement. Des poissons-pilote comme Elizabeth Levy ou Alain Finkielkraut ont commencé d’évoquer l’incontournable question nationale sur des plateaux de télévision. D’autres continueront avec moins de talent. Le retour d’un concept qui paraissait démodé, dévalué et ringard intrigue. Le fiasco des débats sur l’identité nationale montre que la société française reste pour le moins prudente. Comment oublier que le patriotisme, l’amour du drapeau et des anciens combattants ont chez nous surtout rimé avec réaction, collaboration, inertie et… stupidité?
Mais peut-être serait-il plus judicieux de parler de l’émergence d’un “nouveau nationalisme”, objet insolite qui associe des éléments assez hétéroclites. J’en ai identifié quatre :
- le souverainisme à la Chevénement (ou à la Dupont-Aignan) qui s’inspire de la tradition gaulliste et valorise l’indépendance nationale,
- l’assimilation d’un peuple et d’une nation qui mobilise les défenseurs d’Israël et expliquerait que l’on trouve tant de juifs chez les avocats de ce nationalisme nouveau : celui leur permettant en effet d’affirmer tout à la fois et d’un même geste leur francité et leur défense d’Israël dans ce que la politique de ce pays peut avoir de plus contestable,
- le laïcisme intégral qui serait une spécificité française et permet d’en découdre avec l’Islam,
- un conservatisme de bon aloi qui mélange allégrement références culturelles, citations historiques et amour de la langue.
Ce nationalisme nouveau est naturellement réactionnaire, même s’il arrive qu’il soit porté par des gens qui se situent à l’extrême-gauche (je pense à Mélenchon). Il est, dit-on, populaire. J'en doute tant il me parait aveugle. La France populaire n'est pas celle des sixième et septième arrondissement. On aimerait recommander aux théoriciens et avocats de ce nouveau nationalisme de prendre plus souvent le RER. Ils verraient que la France a changé ces quarante dernières années, qu’elle ne ressemble plus du tout à celle que rêvaient Peguy ou Renan. Elle s'est enrichie de mille couleurs, de mille cultures et d'autant de langues. Elle se construit dans ces banlieues qui nous nourrissent de leurs idées, de leurs passions, de leurs inventions.
Vu l’intérêt que lui portent les médias, il n’est pas impossible que ce mot revienne régulièrement dans les débats et que les journalistes, toujours avides de questions qui mettent en défaut les politiques qu’ils interviewent ne demandent à ses adversaires de droite comme de gauche : “que faites-vous donc de la question nationale?” Dans la foulée des instituts de sondages pourraient demander aux Français ce qu’ils pensent de la Nation, s’ils y sont attachés…, ce qui reviendrait à faire de la question nationale un sujet, ce apportant ainsi de l’eau au moulin du FN.
On n’en est pas là. Mais on devine comme un frémissement. Des poissons-pilote comme Elizabeth Levy ou Alain Finkielkraut ont commencé d’évoquer l’incontournable question nationale sur des plateaux de télévision. D’autres continueront avec moins de talent. Le retour d’un concept qui paraissait démodé, dévalué et ringard intrigue. Le fiasco des débats sur l’identité nationale montre que la société française reste pour le moins prudente. Comment oublier que le patriotisme, l’amour du drapeau et des anciens combattants ont chez nous surtout rimé avec réaction, collaboration, inertie et… stupidité?
Mais peut-être serait-il plus judicieux de parler de l’émergence d’un “nouveau nationalisme”, objet insolite qui associe des éléments assez hétéroclites. J’en ai identifié quatre :
- le souverainisme à la Chevénement (ou à la Dupont-Aignan) qui s’inspire de la tradition gaulliste et valorise l’indépendance nationale,
- l’assimilation d’un peuple et d’une nation qui mobilise les défenseurs d’Israël et expliquerait que l’on trouve tant de juifs chez les avocats de ce nationalisme nouveau : celui leur permettant en effet d’affirmer tout à la fois et d’un même geste leur francité et leur défense d’Israël dans ce que la politique de ce pays peut avoir de plus contestable,
- le laïcisme intégral qui serait une spécificité française et permet d’en découdre avec l’Islam,
- un conservatisme de bon aloi qui mélange allégrement références culturelles, citations historiques et amour de la langue.
Ce nationalisme nouveau est naturellement réactionnaire, même s’il arrive qu’il soit porté par des gens qui se situent à l’extrême-gauche (je pense à Mélenchon). Il est, dit-on, populaire. J'en doute tant il me parait aveugle. La France populaire n'est pas celle des sixième et septième arrondissement. On aimerait recommander aux théoriciens et avocats de ce nouveau nationalisme de prendre plus souvent le RER. Ils verraient que la France a changé ces quarante dernières années, qu’elle ne ressemble plus du tout à celle que rêvaient Peguy ou Renan. Elle s'est enrichie de mille couleurs, de mille cultures et d'autant de langues. Elle se construit dans ces banlieues qui nous nourrissent de leurs idées, de leurs passions, de leurs inventions.
4 commentaires:
1) Vous dites que la nation était un "concept qui paraissait démodé, dévalué et ringard".
Mais l'Assemblée n'est-elle pas "Nationale". L'article III de la Déclaration des Droits de l'Homme n'énonce-t-il pas que "Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation"...? Le sigle BnF ne veut-il pas dire Bibliothèque nationale de France ? L'organisme de soutien à la création littéraire ne s'appelle-t-il pas le Centre national du livre ?
Il y aurait des milliers d'exemples...
2) Vous écrivez sans aucune prudence historienne : "comment oublier que le patriotisme, l’amour du drapeau et des anciens combattants ont chez nous surtout rimé avec réaction, collaboration, inertie et… stupidité"
Complètement faux, monsieur...!
Le patriotisme est né à gauche, les patriotes sont les révolutionnaires à partir des années 1789.
L'historien Antoine Prost a montré que le patriotisme des anciens combattants n'était pas cocardier et revanchard mais épris d’humanité mettant l’accent sur les aspects défensifs et tolérants du patriotisme.
Quant à la Collaboration; elle a justement niée la patrie et la nation. Ce sont les résistants qui en ont représenté l'esprit.
Faut-il vous rappeler les derniers vers de "l'Affiche Rouge" d'Aragon : "Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant"...?
Votre aveuglement, compte tenu de votre âge est impardonnable.
Michel Renard
professeur d'Histoire
La nation est la base du contrat social.
Les lois sont rédigées par les représentants d'un peuple, d'une nation.
On ne gagne rien à vouloir diluer le concept de nation. Enfin, cela dépend du point de vue, évidemment cela fait l'affaire des technocrates, qui n'aiment pas le pouvoir du peuple et cherchent avec constance à l'affaiblir et à le contourner. C'est surtout un risque pour la démocratie.
« Ce nationalisme nouveau est naturellement réactionnaire ». Ce que vous désignez ainsi (et qui n'est pas à qualifier de nationalisme, en tous cas pas pour Mélenchon et bcp d'autres) n'est ni l'un ni l'autre (ni nouveau, ni réactionnaire).
Ce que nous désignez par nationalisme n'en est pas un. C'est un attachement à la nation, ce qui est très différent. Comme je disais plus haut les lois de la république sont votées par une communauté de gens désignés par "nation", et n'ont pas de sens autrement.
Une nation, un peuple, qui accueille les étrangers (ou devrait le faire, certes ce n'est pas parfait...) sans considération d'origine, mais si la base de droits civiques qu'on peut acquérir.
Je vous trouve une sacrée dose de mauvaise foi, sur ce sujet-là.
Vous devez bien savoir, tout de même, la différence qu'il y a entre patriotisme et nationalisme, entre valeurs françaises (basées sur la citoyenneté) et racisme (basé sur l'origine, la couleur etc...). Egalement, la différence entre droit du sol (à la française) et droit du sang (à l'allemande).
L'âge n'interdit pas, cher Michel Renard, les erreurs. Mais en ai-je commis en disant que chez nous le "patriotisme, l'amour du drapeau et des anciens combattants ont souvent rimé avec réaction…"? Je dis souvent, pas toujours et je faisais naturellement allusion à la ligue des patriotes fondée par Paul Déroulède, à la Légion Française des Combattants, née de la fusion d'associations d'anciens combattants chargées, pendant la guerre, "de faire respecter et exécuter les sages conseils de leur chef de Verdun et de 18." Je faisais également allusion à ces 38 sénateurs anciens combattants (ils le soulignaient) qui proposèrent très tôt de donner les pleins pouvoirs à Pétain. Je suis sûr que l'historien que vous êtes sait tout cela.
Quant à la stupidité, permettez moi de la voir à l'oeuvre dans l'utilisation du drapeau, de la Marseillaise dans les compétitions sportives.
Pour ce qui est de la nation, dire, chère Odile, qu'elle est à la base du contrat social, c'est supposer que ce contrat n'existait pas avant le développement des nations. On sait que les historiens discutent pour savoir de quand date la nation française, certains, comme Colette Beaune, l'associent à Jeanne d'Arc, d'autres à la bataille de Bouvines, d'autres encore aux guerres napoléoniennes, mais peu importe : le contrat social est bien antérieur à la nation.
Pour ce qui est de "l'attachement à la nation", il me semble qu'il s'est ces dernières années fortement dilué tant du coté des riches qui vont s'installer à l'étranger pour payer moins d'impôts que des jeunes qui vont chercher un travail ailleurs pour échapper à une société qu'ils trouvent trop rigide.
" ... de prendre plus souvent le RER. Ils verraient que la France a changé ces quarante dernières années, qu’elle ne ressemble plus du tout à celle que rêvaient Peguy ou Renan. Elle s'est enrichie de mille couleurs, de mille cultures et d'autant de langues. Elle se construit dans ces banlieues qui nous nourrissent de leurs idées, de leurs passions, de leurs inventions."
C'est bizarre moi qui suis condamnée aux divers RER, je n'y voit qu'insultes, menaces, violences, dégradations, tags anti-blancs ...
On doit pas vous voir souvent à la station Sartrouville en soirée...
Enregistrer un commentaire