Lancement réussi pour le prochain livre de Lhomme et Davet (4 pages et un éditorial dans Libération dont la formule change lentement sous nos yeux, c'est la deuxième fois en quinze jours qu'un livre fait l'objet de pareil traitement) : Sarkozy m'a tuer, livre faits d'entretiens avec des personnalités que Nicolas Sarkozy a poursuivies de sa vindicte et dont il a cassé la carrière. La vedette de ce livre, si j'en crois Libé (mais le livre ne sort que demain, je ne l'ai donc pas lu), est Isabelle Prevost-Déprez, cette juge d'instruction qui a traité un temps de l'affaire Bettencourt. Elle affirme qu'un des témoins, l'infirmière de Madame Bettencourt, aurait dit à sa greffière, après son audition, avoir vu Nicolas Sarkozy recevoir de l'argent des mains de Madame Bettencourt. Ce sera parole contre parole, et il n'en sortira probablement pas grand chose, mais cette révolte de la juge (et sans doute des autres fonctionnaires dont parle ce livre) est inédite. En général, les hauts fonctionnaires mécontents des politiques réservaient leurs piques pour leurs conversations privées (je me souviens, entre tant d'autres, de ces confidences acerbes d'un ancien patron de la SNCF qui racontait comment il avait du faire avancer le projet TGV en cachette de Giscard qui y était, dit-il, totalement opposé). Ils acceptent aujourd'hui d'en parler en public et trouvent des journalistes et des éditeurs prêts à publier et à faire connaître ces confidences. Et pas seulement vingt ans plus tard, une fois à la retraite, mais alors qu'ils sont encore en activité. Cela signifie tout à la fois la volonté d'autonomie et d'indépendance de ces fonctionnaires et, notamment, des magistrats et la perte de considération et d'autorité des politiques. Si Madame Prévost-Desprez avait le moins du monde respecté la fonction présidentielle, elle se serait tue. Et son exemple, celui des autres fonctionnaires cités dans ce livre, feront sans doute des émules. Le prochain Président devrait y penser et tenter de renouer ce lien de confiance et de respect entre la haute administration et le pouvoir politique sans lequel un Etat ne peut correctement fonctionner. Car, il ne faut pas s'y tromper, l'éclat de Madame Prévost-Desprez est un symptôme : combien de fonctionnaires, dans leur coin, refusent d'appliquer ou appliquent a minima des mesures qu'ils jugent mauvaises?
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