C’est une question subsidiaire au regard de l’enjeu de la constitution mais que l’on doit se poser. A qui profiterait un vote négatif au prochain référendum ? Sur le plan intérieur, la réponse est claire : à Nicolas Sarkozy. Candidat déclaré à la succession de Jacques Chirac, un non lui laisserait une voie royale à droite en éliminant le seul qui pourrait éventuellement lui faire concurrence, l’actuel Président de la République. Elle caserait par ailleurs durablement la gauche en deux sinon trois ou quatre blocs. Les fabusiens qui pensent qu’un non mettrait en selle leur candidat préféré se trompent lourdement. Il ne pourrait être candidat qu’après des primaires au sein du Parti où les partisans du oui forts de leur légitimité (la victoire au référendum interne) ne lui feront pas de cadeaux. Et s’il passe cet obstacle, il lui faudra affronter l’hostilité de cette partie de l’extrême-gauche populiste qui semble avoir fait du PS son premier adversaire. Elle a il y a deux ans fait passer Le Pen avant Jospin, et tout dans son attitude et ses propos fait penser qu’elle est prête à recommencer. Elle le fera d’autant plus volontiers qu’elle saura se souvenir en temps opportun que Fabius a longtemps été classé à la droite du PS.
On peut se demander pourquoi l’extrême-gauche mène depuis quelques années une bataille aussi vive contre le PS. La réponse est probablement dans l’analyse qu’elle fait de la situation, que l’on peut résumer ainsi : parce qu’ils ont occupé des postes de responsabilité, qu’ils ont dirigé le pays et qu’ils se sont heurtés aux réalités les dirigeants du PS sont convaincus comme la droite et comme, sans doute, une majorité des élites qu’il faut engager des réformes dans toute une série de domaines, réformes que l’extrême gauche (le PC, les trotskystes, une partie des verts) refuse et combat. La droite et la gauche auraient donc les mêmes objectifs et si l’une est plus brutale et l’autre plus sociale, la différence ne justifie pas que l’on s’y attarde. Seuls, dés lors, prévalent les arguments tactiques : avec qui au pouvoir a-t-on le plus de chance de retarder ces réformes ? Réponse : avec la droite. Sa présence au gouvernement permet de mobiliser plus largement : une partie des électeurs du parti socialiste, voire même tout le parti serait contraints de suivre le mouvement, alors qu'avec la gauche les choses seraient beaucoup plus compliquées : la sensibilité plus sociale des réformes, les contacts de la gauche avec la presse, les associations, les organisations syndicales, l’atonie de la droite (qui n’aurait aucun intérêt à jeter de l’huile sur le feu) rendraient toute opposition plus difficile. Si l'extrême-gauche veut exister, il lui faut des combats qui la mettent au premier plan et des alliés qui lui donnent une chance de les gagner. C'est plus facile lorsque la droite est au pouvoir. Reste, bien sûr, à savoir si l’on peut vivre longtemps sans réforme. Nos 10% de chômeurs, notre million de rmistes, nos 3 millions de pauvres… parlent tout seul.
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