Il y a actuellement au (petit) musée du Luxembourg une exposition de peintures du Titien que ses organisateurs ont étrangement choisi de titrer : "le pouvoir en face". C'est, comme toujours dans ce musée, trop petit, un peu court, mais cela plait au public qui le fréquente, public dont la jeunesse n'est pas la première caractéristique (on a même l'impression que le Sénat, qui gère ce musée, a emprunté ses fichiers au Figaro magazine tant la clientèle est âgée), mais l'exposition est intéressante. Elle ne présente que des portraits, tous ou presque pris de 3/4. Seules exceptions, deux ou trois portraits de profil (dont celui, célèbre, de François 1er). Une question vient immédiatement à l'esprit lorsque l'on visite cette exposition : pourquoi ces expositions de 3/4. Pourquoi pas de portraits de face?
La réponse vient rapidement : cette vue de 3/4 permet de mettre en évidence le regard des modèles ou, plutôt, de leur donner une vision panoramique. Tandis que l'on se déplace devant les tableaux, que ce soit de droite à gauche, ou de près à loin, on a l'impression d'être suivi du regard par le personnage peint. Cette exposition donne aux modèles une vision panoramique, j'allais dire panoptique qui serait inquiétante s'ils n'avaient le plus souvent un regard tendre, mélancolique. Tendresse et mélancolie qui ne leur étaient pas forcément naturelles si l'on en juge par les biographies de certains. Mais peu importe, cette présentation en coin les met en position de nous dominer, de nous scruter et, surtout, de vivre.
On pourrait se trouver mal à l'aise. Ce n'est pas le cas. Sans doute parce que cette présentation a toujours quelque chose d'artificiel. Elle ne cherche pas à nous tromper, elle ne cache pas son jeu : elle met de la vie dans ce qui ne se cache pas de n'être qu'une image.
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