Avoir des opinions est l'un des éléments du bien-être, affirmait il y a une quinzaine d'années, l'économiste A.O.Hirshman. Les blogs sont une bonne manière d'afficher ses opinions mais aussi, et peut-être même surtout, de les construire. C'est ce qui m'a donné envie de tenir celui-ci
dimanche, décembre 25, 2005
Combien de temps dure Noël?
Le piratage et le juste prix
- la disponibilité : on trouve sur internet des choses qu'on ne trouve pas dans le commerce, et on les télécharge parce qu'on n'a pas d'autre manière de se les procurer. L'exemple le plus courant est celui des séries télévisées qui passent aux Etats-Unis et qu'on n'a pas en France ou (autre cas de figure) qu'on ne peut avoir qu'en s'abonnant à Canal Plus, ce qui fait un peu cher pour voir une émission, mais il y a d'autres exemples : Amazon, itunes et tous les distributeurs sur internet font pus de la moitié de leur chiffre d'affaires avec des disques, des livres… qu'on ne trouve pas dans le commerce (Amazon réalise un plus gros chiffre d'affaires avec les livres qui ne sont pas en vente chez Barnes Nobles qu'avec les 130 références que possède le grand libraire américain ;
- le coût trop élevé. Les éditeurs de disques, de films, de livres… vendent aux distributeurs sur internet à des coûts correspondant à leurs prix de vente en gros de leurs produits dans les circuits traditionnels. Apple achèrait les chansons qu'il vend 0,99$, 0,65$. L'objectif est, bien évidemment, déviter une révolte de leurs distributeurs, mais c'est évidemment bien trop cher et n'a aucun rapport avec ce que devrait être le prix d'une chanson prise sur internet.
On sait que les téléchargements pirates sont lents, très lents, prennent beaucoup plus de temps que les téléchargements payants.
Si l'on s'en tient à l'analyse économique, les pirates acceptent de travailler dans de mauvaises conditions (avec un ordinateur dont les performances sont ralenties) pour deux motifs :
- ils ne trouvent pas ailleurs le produit qu'ils recherchent,
- le prix à payer dans le circuit officiel ne compense les coûts qu'il y a à se fournir sur lecircuit parallèle : temps de connexion, ordinateur ralenti, attente du produit.
Le piratage cessera le jour où les producteurs se comporteront autrement qu'en défenseurs du passé.
samedi, décembre 24, 2005
Une exposition à ne pas manquer : Photo de ma photo
mercredi, décembre 21, 2005
Un nouveau navigateur
Je viens de découvrir un nouveau navigateur, encore à l'état de développement, tout à fait remarquable qui permet de stocker les signets sur la toile (et donc de les partager, mais aussi de les exploiter de manière infiniment plus commode que lorsqu'on les stocke sur son propre ordinateur), de rédiger des notes sur son blog et plein d'autres choses…
son nom : Flock. Je n'en ai pas encore fait le tour, je dois vérifier qu'il est plus rapide et aussi fiable que Safari, Camino ou Firefox que j'utilise régulièrement, mais il est sur plusieurs points déjà plus avancés que chacun de ces produits dont je pensais encore hier qu'ils étaient ce que l'on peut faire de mieux.
mardi, décembre 20, 2005
2 semaines de silence et… un livre
La technologie aura-t-elle la peau des auteurs?
jeudi, décembre 01, 2005
La renationaliation de la musique contemporaine
Phiippe Hurel explique cela par la réduction des budgets. Lorsqu'ils sont trop faibles, on tente de les garder pour soi et on évite de les laisser partir à l'étranger.
Comme quoi, la mondialisation n'est pas ce long fleuve tranquille qu'on nous décrit parfois.
Internet va-t-il améliorer la presse écrite?
Elles procédent de deux mécanismes :
- mimétisme du journalisme internet : multiplication des informations, des points de vue qui permet au lecteur qu'un sujet intéresse de l'approfondir,
- exploitation des atouts du papier : il est plus facile et agréable de lire sur papier que sur écran, meilleur contrôle et donc fiabilité de l'information.
On verra si la nouvelle formule de Libération s'oriente dans la même direction. Reste à la presse à résoudre deux problèmes :
- inventer une articulation entre sa version imprimée et sa version électronique : les blogs des journalistes que proposent Le Monde et Libération sont une première piste intéressante, mais il y a encore beaucoup à faire (comme, par exemple, une meilleure exploitation des archives) ;
- résoudre le problème de sa distribution. Même lorsque l'on vit au centre de Paris, on n'est pas assuré de trouver facilement un quotidien (pour ne citer que cet exemple, il m'arrive d'aller à pied de Saint-Germain des Près à Boulogne. Je traverse la moitié de Paris sans passer devant un kiosque).
mercredi, novembre 30, 2005
Jeux de mots
Il serait amusant (juste amusant, rien de plus) de faire un petit dictionnaire de ces jeux de mots…
jeudi, novembre 24, 2005
Casser le thermomètre
Plus grave : ils s'interdisent de comprendre ce qui s'y passe. car, à défaut de porte-parle, de leader ou de revendications, le seul moyen que l'on ait d'entendre les jeunes des quartiers difficiles, le seul outil qui permette d'analyser et de comprendre ce qui se passe dans leurs têtes, ce sont justement les textes de ces rappeurs, souvent violents, excessifs et maladroits, mais passionnants pour qui se donne la peine de les lire, ce qui n'est pas très difficile puisque la plupart sont accessibles sur internet. On y découvre la rage de ces jeunes (une rage qui leur interdit justement de formuler des revendications), leur colère contre la police qui les harcèle en permanence, contre la police qui condamne à des mois de prison un gamin qui incendie des voitures mais exonère de toute responsabilité un flic qui a tue un gosse, mais aussi contre leurs pères. Et s'il est vrai qu'ils parlent de violences et d'émeutes, ils éclairent ce qui s'est passé ces dernières semaines bien plus qu'ils n'appellent au meurtre.
dimanche, novembre 20, 2005
Tour de Babel
samedi, novembre 19, 2005
L'UMP a-t-il organisé l'arrivée de Le Pen au second tour?
Quand un économiste vole du fumier…
Pour en savoir plus sur cette passionnante affaire, vous pouvez vous rendre sur le site du Boston Globe
mardi, novembre 15, 2005
Retour à l'emploi : l'exemple coréen
Brûler les écoles
Mais cette même école, et c'est ce que nous disent à leur manière, violente, brutale, les émeutiers est aussi un lieu de souffrance et d'humiliation. Humiliation du mauvais élève que l'on montre du doigt, que l'on évalue et que l'on juge. Souffrance du petit gamin qui ne rève que de courir et que l'on force à se tenir assis, le dos raide sans s'endormir pendant de longues heures. Il y a dans l'enseignement de la discipline et du dressage que l'on supporte plus ou moins bien, que l'on supporte mal lorsque l'on est un petit graçon turbulent en quête d'un modèle masculin et que l'on ne trouve que des institutrices qui ont toutes les vertus du monde mais qui ne comprennent pas le plaisir que l'on peut éprouver à se battre, à voir les autres se battre ("du sang! du sang!" crions nous adolescents lorsque deux de nos camarades se battaient), à faire le malin.
Ceux que leur famille aide, soutient en lui répètant à l'envie que cette souffrance sera récompensée un jour supportent assez bien cette souffrance et ces humiliations. On la supporte moins bien lorsque votre famille ne vous dit pas cela, ne peut pas vous dire cela parce qu'elle sait bien que c'est faux.
Si l'on ajoute à cela que l'école est dans les quartiers, l'école est la seule institution qui rappelle les règles, on comprend mieux qu'elle soit visée lorsque ces règles sont contestées.
lundi, novembre 14, 2005
Marseille : des grèves mais pas d'émeutes
Est-ce que cela tient à un contrôle social plus fort du fait d'une plus grande mixité? d'une strtucture urbaine plus serrée? des comportements quotidiens de la police plus "civils" du fait même de cette mixité? des effets positifs d'une pauvreté largement partagée (quand tout le monde est pauvre, on a moins le sentiment d'être victime de discriminations)? Il y a là en tout cas quelquechose à regarder de plus près.
dimanche, novembre 13, 2005
Sarkozy a-t-il choisi l'affrontement?
"Au chapitre des similarités (entre la France et les Etats-Unis), Sudhir relève le rôle des "local brokers" : des intermédiaires entre la police et la communauté, parfois semi-institutionnels comme les animateurs de quartier ou les "grands frères", parfois beaucoup plus informels. Dans cette dernière catégorie, on peut trouver aussi bien des chefs de clans, des anciens, des mères de famille (c'est souvent le cas chez les Noirs américains pauvres), ou même des délinquants pas trop dangereux. Faveur contre faveur : ces intermédiaires maintiennent un semblant d'ordre, et la police ferme les yeux sur certaines de leurs activités et/ou leur accorde des traitements favorables pour, par exemple en France, l'obtention de papiers---ce qui renforce naturellement leur pouvoir.
Comme beaucoup de francais dans le public, je n'avais jamais entendu parler du rôle de ces brokers en France ; mais je doute que Sudhir les ait inventés. Il paraît effectivement logique que devant le semi-échec de la police de proximité (largement rejetée par les policiers comme on le sait), il ait fallu trouver un substitut. Il y a là un danger évident : voir les dérives corses, ou la Mafia en Sicile, quand les brokers commencent à s'organiser en réseau et deviennent incontrôlables. D'après les contacts de Sudhir, la police francaise aurait rompu ses liens avec ces intermédiaires dès le début des émeutes ; si c'était vrai, il faudrait en conclure que le gouvernement, ou au moins le Ministre de l'Intérieur, a délibérément choisi la carte de l'affrontement. Ce serait évidemment extrêmement grave."A vérifier et… à comprendre. Quel pouvait bien être l'intérêt de N.Sarkozy dans cette affaire? De se montrer capable d'assurer la sécurité? C'est le contraire qui semble se produire puisque 1/ ces émeutes n'en finissent pas, 2/ elles remettent en cause une politique (sa politique) qui a consisté à en finir avec la police de proximité dont chacun dit aujourd'hui qu'elle seule peut faire régner l'ordre dans les quartiers les plus difficiles.
samedi, novembre 12, 2005
Le printemps des séries américaines
Quand on les regarde de près, ces séries partagent quelques traits communs qui expliquent sans doute leur succès :
- un regard critique, et pas du tout complaisant, sur l'Amérique (Desperate Housewives étant, sans doute, de ce point de vue, la plus incisive de ces séries même si ce que Urgences dit du système médical ou West Wing des rapports de force dans le monde politique ne manque pas non plus de sel),
- une forme dictée par les contingences matérielles qui incite à la construction solide de personnages, au tissage d'intrigues, à la densité du récit. On retrouve à peu près partout le même modèle : quatre personnages (chez Friend, dans Desperate Wives, Sex in the city…), des séquences courtes (quelques minutes entre deux coupures publicitaires), une unité de lieu (les urgences, un quartier petit-bourgeois…),
- de la variété dans la réalisation : ce sont rarement les mêmes réalisateurs qui filment plusieurs épisodes de la même série.
On aimerait que les séries télévisées françaises attteignent la même qualité. A part cettte série de Krivine qui se passe dans un commissariat du quai Saint-Martin et (peut-être, mais je l'ai trop peu vue pour en juger autrement que par ouïe dire) cette série d'Arte sur des esthéticiennes, on en est vraiment loin.
Construire des ghettos
- la fuite et l'éloignement de tous ceux qui en auront la possibilité : difficile de vivre dans des quartiers dans lesquels on risque à tout moment de voir brûler sa voiture,
- en brûlant voitures et autobus, les jeunes gens se sont attaqués à ce qui permet justement de sortir de ces quartiers, d'aller travailler ou vivre ailleurs,
- en s'en prenant aux écoles, aux gymnases, à leurs lieux de vie, ils ont dégradé les seuls services publics qui fonctionnaient à peu près dans ces quartiers, ils auront contribué à rendre plus difficile la vie dans ces quartiers.
Les émeutes, dernier épisode de notre histoire coloniale
Si la plupart des émeutiers sont d'origine étrangère, si l'on insiste beaucoup sur cette dimension étrangère, il convient de rappeler qu'il ne s'agit pas de n'importe quelle origine. Ces enfants, ces familles viennent, dans l'immense majorité des cas de pays qui appartenaient, avant la décolonisation, à l'Empire français qui s'est effondré il y a une quarantaine d'années. La France métropoitaine est devenue, à elle seule, une sorte d'image en réduction de la mosaïque de peuples qu'il constituait et que l'on mettait en avant comme une de ses forces dans les livres de géographie jusqu'au milieu des années 50. Les événements de ces jours-ci sont un bout de l'histoire que nous n'avons jamais faite de la colonisation, des relations complexes, cruelles et douloureuses qui se sont nouées entre ces peuples dominés et leur envahisseur. Relations paradoxales puisque ce sont ceux qui militaient le plus vigoureusement pour le maintien de l'Empire français, ce sont les plus ardents défenseurs de l'Algérie française qui sont aujourd'hui les plus farouches opposants de l'immigration.
Un député faisait récemment voter un amendement pour introduire dans les livres d'histoire une vision positive de la colonisation. Voilà une piste pour les historiens que j'imagine ennuyés (prétendre que la colonisation fut positive pour les colonisés relève de l'exploit) : montrer comment la colonisation a orienté les flux de population du Sud vers le Nord et contribué à la diversité de la société française.