Nous, socialistes et Français de gauche… ainsi commence une diatribe anti-Royal d'une pleine page publiée dans Libération et signée Spartacus, collectif de 30 hauts fonctionnaires en activité dans l'administration centrale…
Sur le fond, les motifs qui les amènent à préférer François Bayrou à Ségolène Royal sont plutôt banals : ils reprochent à la candidate socialiste son programme, son souci de proximité ("Mme Royal compte donc gérer la France comme on gère une région ou un département en créant toujours plus de charges pour la collectivité"), ce que l'on a beaucoup entendu et qu'on entendra sans doute souvent encore. C'est la forme qui interroge. Que veut donc dire ce "Nous, socialistes et Français de gauche…" anonyme?
Il y a deux façons de juger des positions politiques d'un individu : par ses propos ou ses actes passés, par ses positions actuelles. Si les mots ont un sens, le positionnement des auteurs de ce texte, tel qu'il transparait dans cet article, en fait des gens du centre. Ce seraient donc leurs actes passés qui leur permettraient de se dire de gauche. Peut-être est-ce le cas, mais comment le savoir s'ils restent anonymes? Comme vérifier qu'ils ne sont pas un banal sous-marin d'une officine de communication financée par l'UDF?
L'UDF n'étant pas très riche j'imagine qu'il s'agit plutôt de quelques amis qui ont un jour, dans leur jeunesse, voté à gauche et qui, depuis, parent de cette couleur toutes leurs positions politiques. Mais alors se dire de gauche n'est qu'un effet rhétorique…
On comprend que des (hauts, ils le précisent, ce qui permet de douter de la profondeur de leurs convictions de gauche) fonctionnaires, attachés à l'éfficacité et habitués aux alternances aspirent au centrisme qui donne aux experts la main. Sa victoire leur permettrait de poursuivre leurs projets sans hiatus ni contorsions, mais qu'ils nous le disent, plutôt que de se cacher derrière un masque qui leur va si mal.
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