On a beaucoup dit que la blogosphère favorisait le développement de rumeurs. L'actualité récente fait penser que les choses sont un peu plus complexes. S'il est vrai que la blogosphère accélère la diffusion d'informations contrôlées, il faut ajouter qu'elle en modifie profondément la nature.
La blogosphère fait sortir la rumeur de l'univers des échanges verbaux, ce qui change beaucoup de choses :
- alors qu'il est à peu près impossible de savoir d'où vient la rumeur qui circule dans les conversations, il est relativement facile d'identifier les sources des rumeurs sur le web,
- alors qu'il est à peu près impossible de saisir la rumeur, invisible à qui n'est pas partie prenante des conversations, il est très facile d'accéder à la rumeur sur internet qui est écrite et au vu et su de tout le monde : la victime est plus tôt informée,
- alors que la rumeur verbale vaut par sa clandestinité, la rumeur sur internet, parce qu'elle est écrite, prend une existence nouvelle, l'écriture lui donne une existence nouvelle, elle peut être reprise dans la presse, ce qui donne aux victimes la possibilité de la combattre, de démentir de faire intervenir la justice, de prouver leur innocence.
Pour tous ces motifs, et à l'inverse de ce qui est souvent dit, internet ne multiplie pas les rumeurs, il en change la nature. On en a récemment eu, à l'occasion de la campagne présidentielle plusieurs exemples : les impôts de Ségolène Royal, ses amants…
Dans les deux cas, la publicité faite sur internet à des informations sans fondement a permis aux victimes de réagir très vite, de démentir des informations fausses, d'identifier les responsables de leur diffusion (des gens proches de l'UMP), de les dénoncer et, éventuellement, de les poursuivre en justice. Résultat : des rumeurs qui auraient pu circuler pendant des mois sans être démenties sont mortes dans l'oeuf.
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