L'attention que Nicolas Sarkozy porte à des personnalités de gauche qui ont le double mérite d'être plutôt populaires (c'est vrai pour Kouchner et Védrine, moins pour Allègre, même si il a conservé une bonne image chez beaucoup) et à l'abri des mesures de rétorsion électorales (quand on n'est pas élu on n'a pas grand chose à craindre de son parti) peut être interprétée comme un coup de communication (un de plus), mais on peut avoir une interprétation plus généreuse pour Sarkozy. Une interprétation qui le crédite d'une réelle intelligence politique.
Faire des propositions à des personnalités de gauche, c'est répondre par anticipation à ce qui sera probablement à terme sa principale faiblesse : le pouvoir absolu, le contrôle de tous les leviers : Présidence, Sénat, Parlement, CSA, Conseil Supérieur de la Magistrature, Conseil Constitutionnel, haute fonction publique par le jeu des nominations… On le sait, le pouvoir absolu ne peut conduire qu'à commettre des erreurs. Là-dessus, Ségolène Royal a dit, dans la campagne, à propos du CPE, des choses excellentes.
Nicolas Sarkozy ayant choisi de ne pas modifier les institutions peut chercher dans cette introduction de personnalités de gauche dans son gouvernement une sorte de contre-pouvoir. Pour éviter les dérives que le pouvoir absolu entraîne forcément, il faudrait aller au delà et nommer des personnalités de gauche à des postes qui exercent un contrôle sur le pouvoir. Il peut le faire au Parlement, avec les Présidences des Commissions, et plus tard au CSA, au Conseil Supérieur de la Magistrature… Le fera-t-il? On peut en douter, tant la tentation est forte chez chacun de se protéger des critiques.
Ces annonces de nomination ont un autre avantage : elles lui permettent d'affirmer son autorité sur son camp. Il prouve à tous ceux qui l'ont soutenu qu'il ne leur doit rien, c'est paradoxalement la meilleure manière de s'assurer de leur fidélité.
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