vendredi, mai 04, 2007

Et si c'était tout sauf Ségolène?

On a beaucoup parlé du Tout sauf Sarkozy, et il est vrai que chez beaucoup d'électeurs de gauche que Ségolène Royal ne séduisait pas forcément, il a pu jouer en sa faveur. Mais je me demande si on n'assiste pas aujourd'hui (et depuis quelques temps) chez des électeurs qui auraient pu voter Strauss-Khan, qui ont voté Bayrou, à une sorte de Tout sauf Ségolène qui va les pousser au vote blanc ou, plus sûrement, au vote Sarkozy. Ce que je retire des quelques conversations que j'ai pu avoir avec quelques uns de ces électeurs est assez paradoxal :
- ils ne sont pas convaincus par le programme de Sarkozy,
- ils sont plutôt d'accord avec plusieurs des propositions de Ségolène Royal,
- mais ils ne voteront pas pour elle tant sa personnalité les inquiète.

Quand on fouille un peu, on s'aperçoit que c'est son anti-conformisme, sa manière de faire de la politique en dehors des chemins battus qui les gênent. Ils apprécient qu'elle ait su renouveler le discours du PS, mais ils craignent l'aventurière autoritaire qui n'en ferait qu'à sa tête. Ils lui trouvent de nombreuses qualités mais ils n'aiment pas, au fond, la femme insoumise, celle qui ne respecte aucune règle, qui parle de la dette au début du débat quand on l'interroge sur les institutions alors que le choix des thèmes du débat avait été négocié par ses proches. Ce qui lui a permis de gagner l'investiture du PS, de s'imposer dans la campagne est, au fond, ce qui la desservirait aux yeux de cet électorat formidablement conformiste.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cette "indépendance" de Ségolène Royal ne confine-t-elle pas parfois aussi à la désinvolture?

Cette capacité par exemple à s'avancer de manière péremptoire sur des sujets qu'elle maîtrise mal (la scolarisation des enfants handicapés, l'énergie nucléaire, par exemple, lors du débat d'entre deux tours. Mais les exemples abondent...). Certains diront que c'est du culot, d'autres que c'est de la légèreté...

Cette confiance (exagérée?) en sa propre intuition et cette propension à l'improvisation, au détriment de l'analyse, de la préparation, bref, du travail... ne relèvent-ils pas de cette même désinvolture?

Le renvoi pur et simple de toute critique de la même nature que celles que je viens de faire à une accusation de sexisme... même désinvolture...

On en revient au procès en incompétence, encore et toujours... Au regard des graves dysfonctionnements de la manière dont Ségolène Royal a géré sa candidature et sa campagne, n'est-ce pas finalement elle-même qui nourrit ce procès?