L'une des curiosités de cette élection aura été le nombre de transfuges, de soutiens traditionnels de la gauche qui se sont rapprochés de Nicolas Sarkozy. Outre Besson, on peut citer Hanin, Tapie, Allègre (qui ne s'est pas prononcé pour Sarkozy mais a annoncé si fort qu'il ne voterait pas Royal que l'on peut penser qu'il contribuera par le plus simple des moyens, le vote, à sa défaite), Séguéla, Sevran…
Difficile de dire si ces défections ont eu un impact sur les électeurs. La plupart se moquent bien de savoir pour qui votent ces personnalités, mais on ne peut exclure que ces annonces aient libéré et déculpabilisé des électeurs qui hésitaient. Reste à comprendre pourquoi tant de compagnons de route du PS ont quitté sa candidate.
Il me semble que l'on peut avancer deux ou trois raisons.
La première tient à la manière dont Ségolène Royal s'est imposée, en contournant le parti qu'elle a pris par surprise de manière non conventionnelle en s'appuyant sur les militants et sur les électeurs beaucoup plus que sur les dirigeants. Elle n'avait aucun réseau, elle n'entretenait aucun lien avec cette "bourgeoisie mitterrandienne" et n'a à aucun moment cherché à les retenir, à les flatter ou à les séduire : ils n'existaient tout simplement pas à ses yeux. Ils se sont donc trouvés libres de toute obligation de fidélité à leurs engagements antérieurs. Et comme tout, âge, statut social, revenus… concourt à en faire des électeurs de droite, ils se sont tout naturellement reportés vers leur famille politique naturelle.
On pourrait également avancer un comportement psychologique un peu particulier. Ce sont des gens attirés par les puissants. Plus que le puissant, ils aiment l'amitié que celui-ci leur porte et ce qu'elle leur dit d'eux-mêmes (le puissant qui m'aime et le montre me donne un peu de son prestige, de son pouvoir). Ils aiment aujourd'hui Sarkozy pour ces mêmes raisons qui leur ont fait aimer en son temps Mitterrand.
Ce transfert s'est fait d'autant plus facilement que Mitterrand est mort depuis assez longtemps pour qu'ils ne se sentent pas coupables de trahison à son égard et que Sarkozy affiche ce goût de la puissance et du pouvoir qu'un Chirac avait plutôt tendance à cacher derrière son coté sympa. Avec lui le pouvoir, le désir de pouvoir est quasiment nu, c'est-à-dire canaille (comme l'affichait cette Rolex qu'il portait au poignet lors du débat, geste d'une formidable insolence que la presse n'a pas relevé, alors même que ces montres valent plusieurs dizaines de Smic). Mitterrand habillait son goût du pouvoir de culture, de livres, de désinvolture… Sarkozy n'a pas de ces subtilités. Il aime le pouvoir et bien loin de le cacher l'affirme. Comment ne pas séduire ceux qui n'aiment, en politique, que le pouvoir qu'elle donne?
6 commentaires:
Il me semble que vous oubliez une raison, certainement la plus importante, Ségolène Royal est une femme....
Autre raison peut-être:
Le PS n'aurait-il pas tout simplement oublié ce que c'est que d'être de gauche?
On en saura plus dans 1h30.
Peut-etre aussi par ce que Sarkozy c'est le candidat des vieux et que tout ces enfants joyeux du baby-boom ont vieillis aussi...
Moi je dis ça...
Un jeune con
Puis il y a aussi un point commun indicible ici entre Arthur, hanin, Enrico macias, Gluksman, Klarsfeld... Et sarko! Qu'en pensez vous?
"Anonyme" ce que vous dites est indigne. L'antisémitisme n'a rien à faire à gauche.
Armand, militant PCF
Vous avez oublié Kouchner. §Le problème est cette opposition de façade. Certains électeurs ont même cru que Sarko avait des tendances fascistes alors qu'en fait Sarko, Ségo et Bayrou ne se différencient guère.
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