mercredi, janvier 31, 2007

L'abbé Pierre te les chips

Dans son excellent blog sur le langage, Jean Veronis donne, dans un post sur l'Abbé Pierre, l'étymologie du mot chiffonnier d'où il ressort qu'il revient du verbe anglais to chip qui veut dire découper en petits morceaux (morceaux de tissu, naturellement, d'où les chiffons) mais que l'on retrouve dans les puces (heureux hasard) informatiques et dans les chips que l'on avale entre deux repas. Etrange plaisir de l'étymologie qui rapproche les plaisirs de bouche de l'informatique et des chiffonniers qui font (faisaient, plutôt) nos poubelles. Jeu gratuit qui renvoie les analyses philosophiques de Heidegger (et de quelques autres, mais surtout de lui) au délire du cratylisme que Gérard Genette a étudié avec une si belle sympathie dans ses Mimologiques.

Mais puisque l'on parle de l'abbé Pierre, je m'interroge sur l'émotion que sa mort a suscitée. Et j'ai envie de poser deux questions :
- cette émotion a-t-elle été ce qu'en ont dit les médias? ou n'a-telle été qu'une fabrication des mêmes médias? Si l'émotion avait été ce qu'on a dit, on l'aurait sans doute vue dans la rue, un peu comme lorsque la mort de François Mitterrand avait rempli la place de la Bastille de parisiens tristes,
- cette émotion, si émotion il y a, va-t-elle au delà de ce simple sentiment de tristesse que l'on éprouve lorsque l'on voit un inconnu souffrir ou conduit-elle à la compassion? nous rend-elle, en d'autres mots, meilleurs?

On l'aura compris, je suis sur l'une comme l'autre question plutôt sceptique…

lundi, janvier 29, 2007

André Glucksman choisit Nicolas Sarkozy

Dans une libre-opinion du Monde, André Glucksman indique qu'il a choisi Nicolas Sarkozy :


C'est son droit et on ne saurait le lui reprocher même si l'on attendait depuis quelque temps avec une certaine gourmandise cet aveu. Mais puisqu'il parle des droits de l'homme (et qu'il en fut l'un des théoriciens), on aimerait lui recommander de s'abonner à la lettre de RESF, le réseau qui lutte contre les expulsions d'immigrés sans papier. Il changerait peut-être d'avis… ou serait plus prudent quant à ses enthousiasmes.

Trou d'air

Une nouvelle formule a fait son apparition ces dernières semaines : le trou d'air, pour décrire les difficultés que rencontre Ségolène Royal. Etrange formule qui évite d'insulter l'avenir. Les trous d'air que l'on connaît lorsque l'on est en avion conduisent rarement à la chute, ils ne sont qu'un mauvais moment à passer. Tout se passe comme les socialistes avaient au moins gagné cette bataille des mots dans l'opinion et les médias : le recul de Ségolène Royal dans les sondages, les incidents qui se multiplient ne seraient donc pas si graves que cela…

Reste à comprendre ce qui se passe. Ce que l'on reproche à Ségolène Royal est pour l'essentiel, et quoique disent les gens de l'UMP, assez insignifiant. On n'y fait vraiment attention que parce qu'elle a choisi une stratégie qui ne laisse aucun os à ronger à ses adversaires. Sa démarche participative lui permet de retarder la présentation de son programme, de laisser le doute sur ce qu'elle présentera (le programme du PS, le sien, un mélange des deux?). Et en l'absence de vrais os à ronger, ses adversaires se précipitent sur ses bévues, n'hésitant pas, à l'occasion, à en fabriquer de toutes pièces. On les aura rapidement oubliées lorsqu'elle égrénera des propositions que ses adversaires pourront combattre. Reste que ces attaques répétées sur ces maladresses d'expression, ses à peu-près, ces formules prononcées un peu trop vite accréditent l'idée qu'elle serait incompétente ou pas à la hauteur, ce qui n'est pas très bon pour elle.

Les socialistes tout à la défense de leur candidate accusent leur adversaire de taper sous la ceinture, de faire une politique des boules puantes, ce qui est habile : l'affaire Clearstream, pour ne citer qu'un exemple très récent, a montré combien certains pouvaient utiliser de détestables méthodes pour faire de la politique. Et il n'est jamais bon de passer pour un mauvais joueur. Tant que Nicolas Sarkozy restera ministre de l'intérieur il leur sera facile de créer le doute et de suggérer qu'il utilise les moyens de l'Etat au service de sa carrière et de sa campagne.

On objectera que ce n'est pas nouveau. Ce qui n'est pas faux. Ce qui l'est, par contre, c'est que même le ministre de l'intérieur ne puisse plus faire ses coups en douce. L'article du Canard Enchaîné qui révélait l'enquête des Renseignements Généraux sur le collaborateur de Ségolène Royal était d'une impitoyable précision. Il ne racontait pas une rumeur mais donnait les noms des fonctionnaires responsables de l'opération. Même dans les services de police les plus discrets, il n'y a plus de secrets. Cela ne fait que confirmer une tendance que l'on observe depuis quelques années.

Dans l'affaire Clearstream, on a vu un général, présenté comme une vedette des services de contre-espionnage, habitué donc, a priori, à travailler dans l'ombre, tout raconter à des juges. Il y a quelques années, on avait vu comment un secret d'Etat (les liens présumés de Charles Hernu et des services secrets des pays de l'Est) était tombé entre les mains des journalistes. Les mésaventures de Chirac et de ses valises de billet se situent dans la même logique : on ne peut plus tenir, dans nos sociétés modernes, de secret. Et avec le secret, c'est l'espace privé de chacun qui se rétrécit comme peau de chagrin, comme dans cette conversation téléphonique sur la Corse avec un humoriste…

Je ne suis pas sûr que les politiques, même les plus modernes, aient pris conscience de ce que cela implique. Je ne suis pas sûr non plus que nous ayons collectivement beaucoup à gagner à cette transparence de tous les instants. D'un coté, elle peut nous permettre d'exercer un contrôle plus serré sur les élus, mais de l'autre, elle rend plus difficile toute action politique qui suppose réflexion, maturation des idées et un peu de liberté dans leur expression…

lundi, janvier 22, 2007

Le prix d'une réputation

Dans une société marquée par le recul des syndicats et la montée des consommateurs, c'est de leur coté que peut venir la contestation. L'idée n'est pas nouvelle, les boycotts existent depuis longtemps, mais ils sont longtemps restés inefficaces. Il semble que ce ne soit pas une fatalité si j'en juge par ce post sur Walmart, le premier distributeur mondial où l'on apprend que 8% des consommateurs américains refusent de faire leurs courses chez ce distributeur pour sanctionner ses comportements en matière sociale.

Ce blog est d'autant plus intéressant qu'il montre comment politiques et médias peuvent se iguer contre une entreprise, les premiers en se contentant de citer, dans chaque reportage qu'ils font dessus, les critiques de l'entreprise dans un simple souci d'équilibre (les critiques sont assez bien organisés pour avoir obtenu cela de la presse), les seconds en ayant la possibilité de tenir des propos d'une brutalité qu'aucun concurrent ne pourrait s'autoriser.

Il faut dire que les Américains ont deux bons motifs d'en vouloir à Wallmart :
- sa politique sociale extrêmement brutale,
- sa politique d'achat qui a largement contribué à faire de la Chine le premier fournisseur d'un très grand nombre de produits de consommation courante aux Etats-Unis.

D'ici à ce que Wallmart s'effondre à cause de la rébellion de ses consommateurs, il y a un immense pas à franchir, ce que je ne ferai pas, mais on a là une des premières illustrations vraiment convaincantes des thèses sur les consommateurs comme partie prenante.

vendredi, janvier 19, 2007

Sur les 4000€ de François Hollande

En fixant un seuil à 4000€ net pour les augmentations d'impôts, François Hollande a fait hurler beaucoup de monde. C'était certainement maladroit et… cependant… cependant…

Qu'il ait fait hurler à Paris ne devrait surprendre personne. On me parlait hier d'un appartement de 120m2 (belle surface, sans doute, mais ce n'est pas non plus un chateau) loué à Paris dans le 8ème (quartier élégant, mais pas forcément le plus choisi) 4500€ par mois. J'imagine que le locataire de cet appartement qui ne se sent pas forcément riche (ce loyer peut prendre une part importante de ses revenus) ni réactionnaire (peut-être était-il de voter à gauche) a pris les propos de François Hollande pour une déclaration de guerre. Mais, un sondage montre que 65% (chiffre cité de mémoire) des militants socialistes sont d'accord avec lui et des conversations avec des connaissances, cadres moyens dont les rémunérations sont de cet ordre, me font penser que pour beaucoup de gens, 4000€ reste un seuil acceptable.

Ce que confirme ce post de Bernard Salanié que j'ai retrouvé. Il y parle des salaires des universitaires américains et montre que là aussi le seuil des 4000€ n'est pas absurde. Je le cite : "Comme mon camarade Chiappori a lancé un débat sur le salaire des profs sur Débat 2007, j'apporte mon eau au moulin en donnant les chiffres suivants, extraits d'une enquête de l'American Association of University Professors. Px représente le pourcentile x : P10 est le salaire au-dessous duquel se situent 10% des individus, P95 celui au-dessus duquel on trouve 5% des individus. Il s'agit du salaire de base (9 mois de l'année) ; de nombreux profs obtiennent un "summer stipend", par un grant par exemple, qui rajoute deux mois. Comme 1 dollar vaut 0,8 euros, je multiplie par 10/9*0.8/12 pour avoir un salaire en euros par mois, et j'enlève 45% en prélèvements sociaux et fiscaux pour avoir ce que nous appellerions en France un salaire net. Les universitaires ont généralement de très bons benefit packages, si bien que je n'applique pas de facteur rendant compte de la supériorité moyenne de la Sécu---vous pouvez appliquer celui que vous voudrez, ceci est à la louche. Je ne tiens pas compte non plus du fait que le logement dans certaines grandes villes américaines est cher ; Paris n'est pas donné non plus, et les universités américaines subventionnent souvent le logement.

Tout ceci est bien sûr à la louche, mais en voici le résultat :

Professors :

P20 : 88 000 dollars, soit 3 600 euros par mois
P40 : 95 000 dollars, soit 3 900 euros par mois
P60 : 106 000 dollars, soit 4 300 euros par mois
P80 : 117 000 dollars, soit 4 800 euros par mois
P95 : 141 000 dollars, soit 5 700 euros par mois.

Assistant professors :

P20 : 55 000 dollars, soit 2 200 euros par mois
P40 : 60 000 dollars, soit 2 400 euros par mois
P60 : 64 000 dollars, soit 2 600 euros par mois
P80 : 70 000 dollars, soit 2 900 euros par mois
P95 : 79 000 dollars, soit 3 200 euros par mois.

Ces chiffres valent pour la moyenne de tous les établissements qui délivrent des doctorats, toutes matières confondues. Certaines matières (l'économie...) paient beaucoup mieux : on voit régulièrement de jeunes docteurs engagés par des business schools pour des salaires deux fois plus élevés que ceux qui figurent ci-dessus---les départements d'économie sont un peu moins riches. Et les salaires des profs laissent souvent P95 loin derrière.

En revanche, il ne faut pas oublier que de nombreux docteurs travaillent dans des "baccalaureate institutions", où 1) les salaires sont plus bas (de 25% environ : l'assistant professor médian y gagne à peu près 45 000 dollars, soit 1 600 euros par mois) 2) la charge d'enseignement est plus lourde 3) l'environnement de recherche est peu porteur. Il me semble que ces chiffres confirment dans ses grandes lignes le diagnostic de Chiappori : c'est surtout au niveau des "stars" que la différence se fait sentir. "

François Hollande aurait sans doute mieux fait de se taire, mais… ses 4000€ n'étaient pas si mal vus. Ils avaient en tout cas le mérite de ne pas être démagogique, ce que l'on ne peut pas dire des propositions de Nicolas Sarkozy, mais c'est une autre affaire.

jeudi, janvier 18, 2007

La valeur travail et la critique du salariat

Les valeurs du travail, de l'effort devraient être l'un des thèmes de la campagne présidentielle. Ce qui serait un changement par rapport aux campagnes précédentes dans lesquelles le travail n'était envisagé que comme manque.

Ce retour de la valeur travail est un peu étrange alors que le chômage n'a pas disparu et que la critique du salariat s'est évanouie. Bien malin qui peut aujourd'hui trouver en librairie un ouvrage qui le critique comme on pouvait le faire dans les années 60 ou 70. Des décennies de chômage ont rendu inaudible des thèses qui étaient à l'origine de la réflexion sur le temps de travail (réflexion devenue, avec la loi sur les 35 heures, recherche d'une meilleure organisation du temps de travail, ce qui est tout différent).

Mais qu'une critique s'évanouisse ne veut pas dire que ses raisons ont disparu. Le salariat n'est pas plus aimable aujourd'hui qu'hier, mais ces critiques ont changé de nature, elles sont passé de l'espace public à l'espace privé. Lorsque l'on examine les comportements des salariés, des cadres notamment, on découvre de nombreuses attitudes qui sont l'expression d'une attitude critique à l'égard du travail. Je prendrai trois exemples :

- le succès des pré-retraites. Tout le monde s'accorde pour les condamner et, cependant, leur succès ne se dément pas. Vu du coté des entreprises, c'est assez logique (cela leur permet de se séparer de salariés dont elles n'ont plus besoin), mais les salariés ne sont pas les derniers à en profiter. Tous les programmes de pré-retraite ont du succès, même lorsqu'ils s'accompagnent d'une réduction significative des revenus. Comment l'interpréter sinon comme une critique de la vie au travail. Je le fais d'autant plus volontiers que j'ai, il y a une vingtaine d'années, réalisé une étude pour une grande entreprise dont le programme de pré-retraite venait de connaître un succès foudroyant. "Essayez donc, m'a-t-on demandé, d'aller comprendre ce qui motive tous ces gens? Sont-ils donc si malheureux chez nous?" Je me souviens de la réponse de l'une des personnes que j'ai alors interviewée, qui illustrait le sentiment général : "J'ai 53 ans, une maison, des enfants éduqués, je n'en peux plus des comportements de la hiérarchie, j'en ai assez de devoir en permanence dire oui, monsieur, même lorsque je pense non." Je précise qu'il s'agissait d'une entreprise qui avait bonne réputation et traitait plutôt bien ses collaborateurs ;

- le succès du bénévolat que j'ai analysé dans un papier (Le bénévolat, critique silencieux du travail salarié) que l'on peut trouver ici, comme une critique implicite et indirecte du salariat : en investissant dans des actions bénévoles, humanitaires, sans visée commerciale ni lucrative, des salariés, souvent des cadres expriment leur refus d'un monde dans lequel les seules valeurs seraient celles de la relation salariale ;

- les comportements électoraux des cadres supérieurs que j'ai analysés dans ce papier (Pourquoi les cadres supérieurs votent-ils à gauche?) publié en 2005 dans le Banquet dans lequel je montre que ces cadres votent à gauche, voire à l'extrême-gauche, pour exprimer leur critique du modèle social développé par les entreprises.

On pourrait ajouter à cela, une critique des organisations dont le fonctionnement ressemble à celui des sectes qui serait à mener.

mercredi, janvier 17, 2007

La campagne électorale et la blogosphère

Cette campagne électorale sera la première à laquelle la blogosphère va participer massivement (voir là-dessus, l'enquête de l'observatoire de la netcampagne qu'a mis en place l'Ifop qui relativise, 10% seulement des internautes visitent les sites politiques, mais estime tout de même que cela représente de 2 à 3 millions de personnes). Elle a commencé de le faire à sa manière qui n'est pas celle des médias classiques dont le rôle est amené à évoluer. On peut dores et déjà faire quelques remarques :

- la communication à l'ancienne, telle que la pratique Nicolas Sarkozy sur son blog n'est pas satisfaisante : les photos trop léchées (trop visiblement retouchées), les réponses "spontanées" au micro-trottoirs, tout cela sonne creux et faux : la blogosphère a son style, ce n'est pas celui des plaquettes politiques traditionnelles ;

- les rumeurs ne circulent plus tout à fait de la même manière : elles sortent plus rapidement de la semi-clandestinité, ce qui force les candidats à y répondre plus vite (exemple, la polémique sur la feuille d'impôts des Hollande). Elles gagnent à être écrites et diffusées largement une sorte d'autorité qui permet de les citer dans les grands médias et, ainsi, de les officialiser. Si la rumeur n'avait été que de bouche à oreille, le député UMP Jacques Godfrain n'aurait certainement pas pris le risque de la révéler dans une interview à la Dépèche du Midi (ne serait-ce que parce que des poursuites en diffamation perdent beaucoup de leur sens lorsqu'une information a circulé sur de nombreux sites) ;

- le partage entre le privé et le public s'estompe. On l'a vu tout récemment avec l'exécution de Saddam Hussein. Cette exécution qui aurait du être privée a fait le tour du monde grâce à un téléphone portable et à internet. Les propos que Ségolène Royal avait tenu sur le temps de travail des enseignants avait de la même manière quitté l'intimité d'une réunion de militants pour se retrouver dans l'espace public ;

- les grands médias ont emboité le pas à la blogosphère et bien loin de la combattre ou d'en réduire l'influence, ils mettent leurs moyens à sa disposition (papiers de la presse écrite qui citent des blogs, appel des grandes chaînes de télévision aux images des internautes, comme France 2 qui vient de créer un espace dédié à la campagne présidentielle sur GoogleVidéo) ;

- de nouveaux acteurs s'imposent dans le débat public : les experts, économistes, sociologues, juristes dont les opinions "éclairées" sortent de la semi-clandestinité pour être affichées en plein jour. Le projet de droit au logement opposable a été une des premières mesures gouvernementales à faire les frais de cette montée en puissance des experts : en quelques jours, les juristes qui connaissent le dossier on décortiqué, critiqué le projet gouvernemental et fait connaître leur scepticisme. Sans la blogosphère ces réflexions seraient restées éparpillées, réservées aux proches de ces juristes.

Tout cela suggère un contrôle beaucoup plus serré de l'opinion sur les candidats, mais également des mécanismes nouveaux de formation de l'opinion. Les politiques n'ont plus l'exclusivité des propositions et des discours politiques. La société civile se réapproprie une partie de ces discours.

Autant de défis nouveaux pour les candidats. Ségolène Royal sans doute trouvé le mot juste en parlant de transparence et en demandant à Nicolas Sarkozy de publier également ses feuilles d'impôt. Mais la campagne ne se joue pas que dans la blogosphère comme le montre la montée en puissance de Sarkozy après sa grand-messe réussie du 14 janvier.

mercredi, janvier 10, 2007

L'humanitaire à la sauce web

Internet révolutionne aussi les manières de donner.

J'ai découvert il y a quelques semaines un site (dont je parle ailleurs, mais je ne sais plus bien où) qui a choisi d'utiliser les techniques de la publicité sur le web pour financer des actions humanitaires. Ce site vend donc à des annonceurs des publicités à la manière de Google. L'annonceur ne paie que lorsqu'un internaute clique sur sa publicité. L'astuce est ici qu'une partie de la recette ainsi collectée est reversée à des associations à but humanitaire. Le visiteur qui veut marquer son intérêt pour la lutte contre la faim peut ainsi cliquer plusieurs fois sur les annonces. Celui lui prend un peu de son temps, mais c'est un autre qui paie pour lui. Etrange, un peu farfelu, mais pas complètement absurde. Cela peut permettre aux entreprises de donner aux causes qui suscitent le plus d'intérêt.

Dans un esprit voisin, je trouve sur le site internet de Tétu une information qui propose une autre manière de faire des dons. Je cite :

Alors que la quatrième saison de «The L Word» vient de débuter aux États-Unis, les producteurs de la série proposent jusqu'à ce soir d'acheter sur Ebay une petite apparition dans l'un des épisodes. L'argent récolté ira à l'association Queer Lounge qui se bat pour faire connaître les œuvres de cinéastes gay et lesbiennes à l'industrie du cinéma. L'association officie notamment dans les festivals de Toronto ou de Sundance, offrant la possibilité à des jeunes scénaristes ou réalisateurs de rencontrer les producteurs de grands réseaux américains. L'enchère qui remportera la mise sur Ebay offrira au gagnant, outre un rôle de figuration dans la saison 4 de «The L Word», une rencontre avec les acteurs et un déjeuner avec l'équipe de la série à Vancouver. L'enchère se termine aux alentours de 19 heures (heure française) le 8 janvier. L'enchère était montée à 6.300 dollars le 8 janvier au matin. Quand à la série elle-même, la saison 4 s'annonce beaucoup plus légère. Les fans du show avaient été déçus par la série de drames endurés par les héroïnes dans la saison 3, les scénaristes ont donc décidé de retrouver légèreté et humour dans les prochains épisodes et réservent quelques coups de théâtre sentimentaux.

Pour enchérir, aller sur ebay.com et chercher «L Word walk on».

Pour ceux qui ne seraient pas très au courant des dernières nouveautés dans le monde des séries télévisées, The L word est une série (bien faite) qui met en scène une communauté de lesbienne en Californie. Ceci explique cela. Reste que l'on va donner un peu de son temps pour passer à la télé (on n'a donc pas tout perdu) et le salaire ira à une association.

lundi, janvier 01, 2007

Histoire sans commentaires

C'est l'histoire d'une jeune ivoirienne, installée en France depuis cinq ans, qui garde des enfants à la plus grande satisfaction des parents qui lui ont confié les leurs. Au bout de quatre ans, fatiguée de vivre sans papier, de n'être payée qu'au noir, elle achète des papiers, se fait déclarer et ouvre un compte en banque au Crédit Lyonnais (LCL comme on dit maintenant).

Ell y dépose de l'argent, prend une carte bancaire, puis cherche à tirer de l'argent sur son compte. Le distributeur avale sa carte. Elle téléphone à sa banque qui lui dit : "nous avons effectivement un petit problème, il faudrait que nous prenions rendez-vous." Chose faite. Comme elle garde des enfants, deux nourrissons, elle se rend à l'agence avec ces deux enfants.

Là, deux policiers en civil l'attendent, avertis par la banque qui a découvert que ses papiers étaient faux. Ils l'emmènent au commissariat avec les deux bébés. Destination : centre de rétention avant, sans doute, expulsion. Le commissariat téléphone aux mamans leur disant : il faut que vous veniez chercher votre bébé au commissariat sans plus d'explication ("nous ne pouvons pas vous en dire plus…).

Cela s'est passé à Paris, il y a quelques semaines. Je tiens le récit de l'une des deux mères qui ne s'en est pas encore remis.